Le cancer et l’éthique pharmaceutique

thermometer on medical pills

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Responsabilité sociale mon œil!

Vous croyez encore à la responsabilité sociale, à la saine gouvernance et à l’éthique des entreprises? C’est votre problème. C’est écrit et répété ad vitam aeternam dans le merveilleux livre de l’économie du marché et du capitalisme : il faut prioriser la hausse des profits et la satisfaction des actionnaires. Cela découle des lois naturelles du marché. Et il est supposément bon d’agir ainsi car il est dit que la satisfaction des intérêts économiques des entreprises et de leurs actionnaires réalisera l’intérêt collectif et le bien-être de tous grâce à une répartition naturelle des richesses créée par un juste rapport de force prévalant entre les agents : gouvernements, compagnies, travailleurs, etc. Tout simplement exaltant et merveilleux.

 

Le privé et le fantasme de la concurrence

Selon la légende, le consommateur va toujours jouir du juste prix du marché, qui est le plus bas, grâce à une concurrence effrénée que se livrent les agents économiques dans un environnement où il y a plusieurs compétiteurs. Sauf que cela est une chimère postulée par des prestidigitateurs.

 

On est le plus souvent en présence d’oligopoles de fait dans une tonne d’activités comme les cinq grandes banques canadiennes qui s’entendent comme larrons en foire et qui réalisent chaque année des profits records. Il y a le trio internet canadien Bell-Télus-Rogers qui nous saupoudre généreusement de prix haletants. Et que dire d’Air Canada en région qui charge de gros tarifs en plus d’être subventionnée. Aussi, il y a les quatre bonnes pétrolières au Québec qui contrôlent massivement le marché, soit Esso, Ultrama et Petro et qui souvent nous font de belles surprises toutes en même temps et au même prix. Ajoutons à cela les tandems humanistes CN-CP et Visa-MasterCard ainsi que les autoroutes et les ponts privés. J’en oublie, mais pas celui des pharmaceutiques qui jouissent d’une longue protection légale de leurs médicaments qu’elles peuvent rallonger artificiellement en inventant un nouveau produit quasi identique à l’ancien mais beaucoup plus cher : «Pourtant, le Conseil d’examen des prix des médicaments brevetés a évalué que sur les 109 nouveaux médicaments mis en marché au Canada en 2011 (et c’est toujours pareil), la majorité ne constituait qu’une amélioration minime, voire nulle»» (Pourquoi payer plus cher? La Presse, 20 mars 2015). Et que dire du contrôle de Bayer dans le domaine des pesticides, de Nestlé dans l’agroalimentaire, de Provigo, Métro et IGA dans la vente du détail, etc.?

 

Prenons le cas du cancer

Je vous le dis : il n’y a rien à l’épreuve des transnationales pharmaceutiques quand vient le temps de réaliser plus de profits, peu importe la maladie en jeu et la souffrance des malades. La cupidité prime sur la vie. Afin de ne pas allonger outre-mesure mon texte, je me limiterai aux maladies reliées au cancer et à quelques exemples tirés de ma précieuse banque d’articles de journaux. Commençons par celle-ci issue de TVA Nouvelles le 5 janvier 2018 : «Vives critiques après l’explosion du prix d’un médicament contre le cancer». Bah, c’est quoi le problème? La pharmaceutique américaine Bristol-Myers Squibb a tout simplement décidé un jour d’augmenter sans raison valable le prix de son médicament contre les tumeurs au cerveau d’un petit 1400% à plus de 700 dollars le comprimé. Et puis, tant pis pour le sort réservé aux malades, à leur finance personnelle, aux primes d’assurance et aux dépenses gouvernementales relatives à la santé publique. Ça, c’est votre problème, pas le nôtre que disent nos aimables pharmaceutiques.

 

Barrette explose pour la galerie

Gaétan Barrette, Martin Coiteux et d’autres libéraux jouaient les gros bras avec le monde ordinaire et nos services publics mais étaient tolérants et même complices avec les puissants comme les docteurs, les pharmaceutiques, les minières, les pétrolières, les Bombardier et SNC-Lavalin. Tout d’un coup, comme ça, le prix du Paclitaxel «jumpe» de 42$ l’unité à 4000$ la fiole et notre fabuleux ex-ministre libéral de la santé, Gaétan Barrette, s’exclame : «Le côté sombre du capitalisme» (La Presse, 12 juin 2014). Mise à part cette mise en scène pathétique de l’ex-ministre, monsieur Barrette n’a rien fait afin de mettre fin à cette arnaque qui grevait le budget de la santé publique. Pour compenser, il a haussé la rémunération des médecins et a coupé davantage ailleurs. Où, je vous le demande? Une dernière drôle juste pour vous, extrait du Journal de Montréal du 6 janvier 2017 et intitulée : «Le prix d’un médicament double (juste ça!). La fabricant refuse de dire pourquoi le Trianal est passé de 85$ à 158$ par mois». Mais il n’y a pas d’explication à donner, voyons.

 

Et si les gouvernements réglementent ou rechignent à payer, qu’advient-il?

Voilà que les gouvernements, les patients et les assureurs privés font de la résistance et refusent de payer pour ces hausses «naturelles» des médicaments découlant de la stricte application des lois du marché. Ça vous apprendra à jouer au malin et faire le fin finaud : «Pénurie d’un médicament pour lutter contre le cancer. Les médecins doivent utiliser d’autres molécules pour les chimiothérapies» (Le Journal de Montréal, 5 janvier 2018). Et pour faire payer l’État à même vos impôts, les pharmaceutiques vont jusqu’à financer des pseudo-associations de malades et vont parler en leur nom : «Qui influence Québec? La Coalition (de malades) priorité cancer a reçu des centaines de milliers de dollars des pharmaceutiques» (Le Devoir, 28 novembre 2011).

 

Et que fera le gouvernement fédéral face à ces odieux stratagèmes criminels? Je vous laisse deviner…

 

Parlant de se faire complice des pharmaceutiques, il y a cette étincelante éditorialiste de La Presse qui a pondu cette perle de 12 février 2015 : «Les ruptures d’approvisionnement sont devenues un problème chronique. On peut s’en indigner tant qu’on veut, mais ça ne changera rien à la réalité». Scandaleux comme éditorial. Il faut donc s’écraser et se soumettre aux diktats des pharmaceutiques dans le cas de pénuries jumelées aux spectaculaires hausses de prix comme s’il n’y avait rien à faire. Un éditorial qui s’assimile à une publicité gratuite pour l’industrie pharmaceutique. Peut-être est-ce une coïncidence, mais Power Corp., qui était propriétaire de La Presse et de plein d’autres journaux, œuvre entre autres dans le domaine pharmaceutique et dans les pensions de vieillesse, la santé et les aqueducs privés, le pétrole, etc. Power aime bien les services publics privés, ce sont leurs dirigeants qui l’ont dit.

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