Les écoles québécoises sont les plus inégalitaires : c’est ce que veut l’élite et les élus

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Les plus inégalitaires au pays

En 2016, le Conseil supérieur de l’éducation, qui est loin d’être un ramassis de socialistes purs et durs, a publié un rapport dévastateur qui critiquait durement les gouvernements successifs qui ont dirigé le Québec. Il concluait que : «Les écoles québécoises sont les plus inégalitaires au pays» (La Presse, 2 novembre 2016). Le Conseil supérieur de l’éducation estimait alors que la «justice sociale» et les valeurs défendues collectivement étaient en péril à l’école.

 

Plus attentifs aux besoins du patronat et des entreprises, le parti libéral du Québec et la Coalition avenir Québec ont adopté par après des mesures qui ont empiré les choses comme les nouvelles classes de «surdoués» que vient de créer la CAQ et son obsession d’instaurer des maternelles à quatre ans que personne a demandé. La population veut des investissements majeurs dans les écoles publiques et aussi : «Éducation. Près de 75% des Québécois contre le financement des écoles privées» (Agence QMI, 30 janvier 2018).

 

Quant à l’ex-ministre libéral de l’éducation, Yves Bolduc, un vrai incompétent de luxe et un danger public, il avait candidement dit que moins de livres dans nos bibliothèques scolaires ne ferait pas mourir personne et que : «Augmenter la taille des classes ne nuira pas à la réussite scolaire» (La Presse, 16 décembre 2014).  Après la publication de ce rapport choc du CSE, les libéraux ont coupé des milliards dans notre système d’Éducation publique, sans toutefois le faire au niveau des généreuses subventions de centaines de millions accordé aux écoles privées : «Révision des programmes gouvernementaux. Québec (PLQ) épargne les écoles privées» (La Presse, 30 octobre 2014). Le remplaçant de Bolduc à l’éducation, aussi pire que celui-ci, avait dit, avec son assurance coutumière, que même si les écoles publiques tombaient en lambeaux : «Investir maintenant dans l’éducation serait «maladroit». Le ministre François Blais croit qu’il faut d’abord rétablir les finances publiques (c’est-à-dire de continuer à varger dans nos services publics)» (La Presse, 3 octobre 2015). Comment est-il possible de se retrouver au Québec avec de tels ministres en charge d’un domaine aussi important que l’éducation?

 

Un regroupement de 4000 parents à l’ONU

Bravo à ce regroupement de 4000 parents qui iront faire valoir leurs griefs légitimes directement à l’Organisation des nations unies (ONU) lors d’une audience prévue au mois de mars 2020 : «Éducation. Des parents à l’ONU pour dénoncer l’école québécoise «à trois vitesses»» (Le Devoir, 22 février 2020). Avec la dernière trouvaille substantielle et songée de la CAQ de créer des classes spéciales pour les surdoués, qui eux aussi ont droit, dit-on, à de l’aide, et bien on parlera dorénavant d’un système scolaire à quatre vitesses. C’est quoi l’idée élitiste de créer de nouvelles classes de supposés surdoués qui rendront nos écoles encore plus inégalitaires? Après les riches écoles privées «full» subventionnées et les programmes particuliers à l’école publique, instaurés dans le but de «concurrencer» les écoles privées, voilà les nouvelles classes de surdoués. Fantasmagorique! Imaginez si votre enfant est relégué dans une classe dite régulière ou ordinaire de l’école publique. Disons que ça part ben mal son instruction publique. Les parents vont être presque gênés de dire que leurs enfants sont dans une classe dite régulière de l’école publique. Vraiment surréaliste.

 

Les classes régulières, ça donne quoi?

Après écrémage et sélection des meilleurs étudiants par le privé, par les nouvelles classes de doués et par les programmes particuliers de l’école publique, il reste les classes régulières qui donnent et donneront ceci : «Quand la moitié de la classe est en difficulté. Le problème touche au moins 200 classes du réseau québécois de l’éducation» (Le Journal de Montréal, 5 mars 2020). Enfants qui proviennent de milieux défavorisés, et qui souvent n’ont pas déjeuné, et des jeunes avec de sérieux problèmes d’apprentissage sont «parkés» dans les classes dites régulières. Ça ressemble à de la ségrégation fondée sur les revenus des parents et les aptitudes de l’élève : «De plus en plus de ventres vides. Le nombre d’écoles qui demandent de fournir le repas du matin à leurs élèves est en augmentation» (Le Journal de Montréal, 28 août 2019).

 

Des enfants que l’on retrouve dans les classes ordinaires de l’école publique. Et si les enfants n’ont pas déjeuné le matin, la mère monoparentale ou les parents ne doivent pas avoir beaucoup mangé eux aussi, n’est-ce pas? Pas grave, l’accent doit être mis sur le développement de classes pour les jeunes cerveaux pour les programmes particuliers de l’école publique et sur le financement public des écoles privées.

 

Le Québec, champion de l’école privée au pays

Le Québec est la province qui a le plus d’écoles privées et qui sont, par une très forte marge, les plus subventionnées au Canada. En Ontario, aux États-Unis et dans plusieurs pays européens, l’État ne subventionne pas du tout l’école privée. Le Québec fait bande à part : cela explique peut-être en partie pourquoi notre produit intérieur brut (PIB) par habitant est moins élevé que dans le reste du Canada et des States? Écoles privées qui n’ont de privée que le nom, puisqu’un comité de travail, mis sur pied par le gouvernement libéral du Québec, avait conclu que : «Les écoles privées financées à 75% par l’État» (La Presse, 12 juin 2014). Et il faut ajouter à ce 75% de fonds publics généreusement versés aux écoles privées, les déductions fiscales allouées par l’État aux donateurs à leurs fondations philanthropiques que les écoles privées ont mis sur pied, encore aux frais des contribuables qui bien souvent ont des enfants qui ne fréquentent pas du tout l’école privée. Dans les faits, que vos enfants fréquentent ou pas l’école privé, tous doivent la financer.

 

Autre bonne nouvelle pour nos fabuleuses écoles privées : «Réseau de l’éducation inéquitable. Six fois moins d’élèves défavorisés dans les écoles privées du Québec» (Le Journal de Québec, 9 septembre 2018). Mais ils sont où ces démunis? Peut-être qu’ils sont regroupés et paquetés dans des classes ordinaires? Je ne suis pas contre l’école privée. Mais pour une véritable école privée qui ne carbure pas aux fonds publics.

 

Le problème est l’école privée et il faut arrêter de la subventionner

La situation actuelle qui prévaut au Québec en termes d’éducation est radicale. L’Ontario, les États-Unis et plusieurs pays européens, dont la Finlande et la Suède qui sont parmi les meilleurs en termes de système d’éducation publique, ne subventionnent pas leurs écoles privées. L’école privée rend notre système d’Éducation plus inéquitable; diminue l’accès universel à des services publics de qualité; sélectionne les meilleurs étudiants «sans problème» et réduit l’égalité des chances. L’école privée coûte chère en fonds publics. Elle est un frein à la justice sociale.

 

Alors, on a simplement qu’à faire comme ailleurs et couper totalement ou en bonne partie l’aide publique de centaines de millions de dollars accordées chaque année aux écoles privées afin de l’investir dans nos écoles publiques. Il faut que les gens reprennent confiance dans leur école publique et y envoient leurs enfants. On a un gros problème lorsqu’on voit les familles de classe moyenne avoir peur d’envoyer leurs enfants à l’école publique et se priver financièrement en faisant appel à l’école privée. Cela n’a aucun bon sens. Pourquoi nos gouvernements tardent à agir de manière pragmatique en faisait comme ailleurs?

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