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Le Journal répète intégralement le communiqué de presse
Vraiment désespérant de voir le journaliste Jean-Michel Genois-Gagnon du Journal de Québec reprendre textuellement, dans son article du 11 mars 2020, les mots du communiqué de presse rédigé par le service des relations publiques d’Hydro-Québec. On reprend tel quel le communiqué sans évidemment poser des questions, sans se poser des questions, sans gratter et sans aucune analyse critique. Ah oui, l’article s’intitulait : «Résultats sous les attentes pour les sociétés d’État (Hydro, SAQ. Et Loto-Québec). Sous les attentes, pourquoi selon vous?
Ainsi, dans cet article, disons «orienté», le journaliste mentionne ceci aux deux premiers paragraphes : «Les sociétés d’État font moins bien que prévu en raison de la performance d’Hydro-Québec. Elles verseront (en 2019) au gouvernement du Québec 4,69 milliards$, soit une diminution de 15,4% par rapport à l’année précédente. Hydro-Québec remettra au gouvernement cette année (2020) 2,175 milliards$ (sous forme de dividende), soit 250 millions$ de moins que prévu». La belle affaire!
Hydro versera à Québec 3,4G$ et non «seulement» 2,175G$
C’est une tactique reconnue appliquée par nos élus et reprise par nos médias professionnels que de toujours sous-estimer les montants reçus par les gouvernements de nos sociétés d’État et d’amplifier ceux versés par les entreprises et les nantis au gouvernement, tout en sous-estimant l’aide gouvernementale qui leur est octroyée sous forme de subventions, de tarifs d’électricité bonbons, de garanties de prêts et de supposés prêts qui sont dans les faits de vraies subventions car ils seront jamais remboursés. Sans compter les cadeaux que l’État fait aux papetières en défrayant les coûts de reboisement et la construction de routes et aux minières en payant pour elles des millions de dollars en frais de décontamination, d’infrastructures électriques et portuaires, etc.
Non, en 2020, Hydro-Québec ne versera pas seulement un dividende de 2,175 milliards de dollars au gouvernement du Québec. Déjà qu’avec un dividende versé de 2,175 milliards$, Hydro-Québec est de très loin, comparée aux entreprises privées, celle qui contribue le plus au Trésor québécois. Hydro-Québec qui théoriquement nous appartient, est par une immense marge le plus grand créateur de richesse au Québec, et il le serait beaucoup plus si nos élus arrêtaient de s’en servir pour faire des cadeaux de centaines de millions de dollars chaque année aux affairistes, comme les alumineries, les serres, les centres de données, les minières, etc., sous forme de tarifs d’électricité ridiculement bas d’environ 3 cents le kilowattheure (contre 9 cents pour les particuliers qui sont censé être les propriétaires) et par la privatisation en douce d’Hydro-Québec par le biais de production d’électricité sous forme de biomasse, d’éolien et de petits (mais très payants) barrages cédée à des arrivistes de qui Hydro-Québec se voit forcé, par le gouvernement, d’acheter leur électricité produite au très gros prix, soit environ 11 cents le kwhre. De l’argent vite réalisé sans aucun risque sur le bras des Québécois. Et ils appellent ça des créateurs de richesse et des entrepreneurs.
En fait, en 2019, Hydro-Québec aurait généré un profit net dépassant (pas sous) les attentes si le gouvernement du Québec arrêtait d’obliger Hydro-Québec et les Québécois à s’appauvrir avec des tarifs d’électricité bonbons chargés à plusieurs entreprises, sous le prétexte fumant de créer de la richesse, et à acheter de l’électricité privée au gros prix. De l’électricité qu’Hydro-Québec a nullement besoin. Cherchez l’erreur!
En 2020, si le journaliste du Journal de Québec s’était donné la peine de consulter les notes 5 et 6 des états financiers 2019 d’Hydro-Québec, il aurait constaté qu’en plus du gros dividende annuel de 2,175G$, Hydro-Québec versera en 2020 au gouvernement du Québec les autres montants qui suivent, comme il le fait d’ailleurs à chaque année.
De grosses redevances, taxes et frais payés par Hydro-Québec
Hydro-Québec est tenu de verser en 2020, au gouvernement du Québec, un montant «modeste» de 720 millions$ à titre de redevances hydrauliques. Une vraie farce. C’est probablement plus que ce que versent tous les autres producteurs privés d’électricité, incluant Rio Tinto, le plus gros producteur privé, et les minières. Tous les moyens sont bons pour nos élus de siphonner Hydro-Québec et par le fait même les Québécois sans que les journalistes s’en aperçoivent ou désirent s’en apercevoir.
Attendez, ce n’est pas fini. Toujours à la note 5 des états financiers 2019 d’Hydro-Québec, on constate que notre société d’État sera tenue de verser en plus à Québec une jolie taxe sur les services publics, pas de 300 millions, mais de seulement 299 millions$ pour faire un chiffre rond. Puis, vous en dites quoi?
Frais de garantie vous dites? Ça, c’est la meilleure
Et pourquoi ne pas imaginez lucidement d’autres façons de saigner Hydro-Québec? Après le dividende de 2,175G$ versé en 2020 à Québec, les redevances hydrauliques de 720 millions$, la taxe sur les services publics de 299 millions$, il faut ajouter, tel qu’indiqué à la note 6 des états financiers 2019 d’Hydro-Québec, un montant de 220 millions de dollars que le gouvernement du Québec l’oblige à lui verser chaque année afin de supposément garantir sa dette d’environ 45G$.
Quelle farce monumentale quand l’on sait bien que c’est plutôt Hydro-Québec qui garantit dans les faits la dette publique du gouvernement du Québec plutôt que le contraire. C’est Hydro-Québec qui devrait à cet effet facturer le gouvernement et non l’inverse. Je vous l’ai dit, tous les moyens sont bons pour siphonner Hydro-Québec et certains journalistes n’y voient rien (et ne disent rien).
Faisons le total
Alors, au dividende de 2,175 milliards$ qu’Hydro-Québec versera à Québec en 2020, il faut ajouter 720 millions$ à titre de redevances hydrauliques, 299 millions$ au chapitre de la taxe sur les services publics et 220 millions$ à titre de frais de garantie (par le gouvernement) relatifs aux titres d’emprunt d’Hydro-Québec. Ça fait donc au total un montant de 3,414 milliards$ qu’Hydro-Québec versera en 2020 au gouvernement du Québec. Et à ça, il faut ajouter les gros cadeaux, qui coûtent des milliards de dollars chaque année à Hydro-Québec, que la société d’État est forcée, sous l’ordre de nos élus affranchis, de faire aux affairistes sous forme de tarifs d’électricité bonbons dérisoires et d’achats, à un prix shilockien, de l’électricité produite par les producteurs privés, électricité que l’on a pas besoin puisque Hydro-Québec a et aura jusqu’en 2027 d’énormes surplus d’électricité. Évidemment, Hydro-Québec ne reçoit aucune subvention du gouvernement.
Les firmes privées, quant à elles, qui sont souvent plus riches et plus grosses que l’État, sont tenues par nos élus de payer peu d’impôts sur le revenu, d’évacuer plusieurs revenus dans les paradis fiscaux et de daigner accepter d’être inondés de subventions. En fait, l’ensemble des compagnies faisant affaire au Québec reçoit plus de subventions qu’elles paient d’impôts sur le revenu. On appelle ça l’économie de marché avec la main de l’État qui est censée être invisible. En fait, visible pour certains et invisible pour d’autres.