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Toujours la même cabale émanant d’une certaine élite intellectuelle
Non mais ça ne finira jamais ces séances de défoulement médiatiques, politiques et patronales sur le dos du communisme, du socialisme, de la Russie et maintenant de la Chine. Déjà, il y a soixante ans, quand j’étais jeune (et beau), nos maîtres à penser et à diriger en sortaient des vertes et des pas mûres afin de nous convaincre que «les communistes mangeaient les enfants» et que s’il pleuvait, c’était la faute aux Russes avec leurs «spoutniks».
Et dire que ça continue aujourd’hui avec certains médias, des journalistes, des chroniqueurs et des éditorialistes qui ont pris le relais et qui se comportent comme des bonhommes sept-heures en agitant les épouvantails du communisme et du socialisme qui, selon leur hystérie, menacent nos démocraties de façade, notre illusion de liberté et notre presse supposément libre appartenant souvent à des milliardaires, comme l’Agence de presse américaine Bloomberg. En 2015, l’expert en affaires internationales de l’Université de Montréal, Jocelyn Coulon, publiait cette opinion révélatrice dans La Presse du 24 septembre 2015 : «Malgré le fait que taper sur la Chine est pratiquement un sport national aux États-Unis (et au Québec), plusieurs observateurs remarquent qu’elle est plutôt bon élève» (La Chine, facteur de paix). Mais pas pour certains de nos chroniqueurs vedettes qui régulièrement y vont de leurs séances de détestation chinoise. Il faut croire que ça leur fait du bien. En passant, les épouvantables inégalités économiques, les paradis fiscaux, les piètres services publics, ça relève bel et bien de nos belles démocraties et tout le monde, dit libre, veut qu’il en soit ainsi. Voter aux quatre ans pour des partis qui se ressemblent, c’est le summum démocratique.
Les chroniques de Facal au Journal et de Rioux au Devoir
J’ai été horripilé et dévasté de lire, au début du mois d’avril 2020, ces deux chroniques parues dans Le Devoir sous la plume de Christian Rioux et dans le Journal de Montréal sous la signature de Joseph Facal, cet ex-ministre péquiste ultralibéral, ex-chroniqueur au Journal Les Affaires et ex-lucide autoproclamé. Il faut être imbu de sa petite personne pour s’auto-qualifier de «lucide».
Christian Rioux a écrit, à propos de lui-même: «Sachez que la hargne ne fait pas partie des sentiments du chroniqueur». Monsieur Rioux aime bien jouer sur les mots, mais ce qu’il a écrit sur la Chine, ce n’est peut-être pas de la hargne, mais bel et bien de la haine refoulée qu’il défoule à l’occasion.
Le papier de monsieur Rioux s’intitulait : «L’enfumage chinois» et celui de Joseph Facal : «Féliciter et remercier la Chine?!».
De vrais pantins qui aliènent les gens
Le fondement principal de leurs «preuves» pour traiter, entre autres, les Chinois de menteurs et de propagandistes est tellement risible que j’ai honte pour eux. Leurs sources fiables relèvent du renseignement américain et des journalistes étrangers qui œuvrent en Chine et qui travaillent pour des agences et des organismes de presse comme l’Agence France-Presse, Reuters, Bloomberg, le Wall Street Journal, etc. Ça prend des innocents ou des gens de mauvaise foi pour penser et pour nous faire accroire que les journalistes occidentaux de ces agences de presse privées sont objectifs et qu’ils nous disent la vérité en tout temps. Il faut bien comprendre que ces journalistes sont autant des agents de propagandes des pays occidentaux que les journalistes russes et chinois.
Prise 2 au Devoir sur l’enfumage chinois
Comme si ce n’était pas assez, le Devoir récidivait une fois de plus, cette fois le 4 avril 2020, avec cet article, disons quelque peu biaisé et orienté, titré : «La Chine nous a-t-elle induite en erreur? Nos gouvernements s’appuient sur l’expérience de la Chine pour réagir à la pandémie, mais la fiabilité de ses statistiques est remise en cause». Ben oui, tout le monde sait ça que la Chine et la Russie nous induisent toujours en erreur et que leurs statistiques sont toujours fausses alors que celles des pays occidentaux, tout particulièrement des États-Unis, disent toujours la vérité et sont en tout temps objectives. Oui, il est peut-être arrivé au service de renseignement américain, comme la CIA et la NSA, de se permettre certaines libertés avec la vérité afin de justifier parfois une invasion militaire humanitaire, le renversement d’un méchant gouvernement qui leur est hostile (Amérique latine, Moyen-Orient, Afrique, etc.). Mais ça, ça relève du passé. Ils ont bien changé depuis.
Les Iraniens pas plus fiables que les Chinois et les Russes
Ah non, pas les Iraniens aussi : «Pandémie. Les chiffres iraniens sont remis en cause. La République islamique est aujourd’hui l’un des plus touchés de la planète» (Le Devoir, 23 mars 2020). Sacrés iraniens va : c’est pas beau et c’est pas gentil de faire ça. C’est peut-être pour ça que Donald Trump et les États-Unis se sont retirés unilatéralement de l’entente sur le nucléaire signée entre plusieurs pays occidentaux et l’Iran et qu’ils ont promulgué un criminel embargo sur ce pays afin de répondre à une commande provenant d’Israël et de l’Arabie saoudite, deux pays qui, contrairement à la Chine, ne font jamais dans la désinformation. Ah oui, Richard Martineau a intitulé ainsi sa chronique du 18 février 2020 : «Serrer la main du diable». Pour Richard, le diable c’est le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zani. Et ces chroniqueurs sont censés nous conscientiser.
Chine : propagande, mensonges et corruption
Oui, la Chine et Cuba ont envoyé plusieurs médecins et infirmiers dans plusieurs pays afin de les aider dans leur lutte contre le coronavirus et ont aussi expédié, à cet effet, des équipements et des produits d’hygiène. Hélas, pour nos vénérables chroniqueurs, ce n’est pas par esprit charitable et humanitaire qu’ils ont fait ça, c’est seulement dans le but de s’adonner davantage à leur propagande communiste.
En plus, les Chinois sont les champions de la corruption que nous a dit sereinement un autre chroniqueur émérite au Journal de Montréal, monsieur Loïc Tassé : «La véritable force de la Chine (en Afrique) tient dans sa puissance de corruption. Les entreprises chinoises n’hésitent pas à arroser d’argent les décideurs africains» (Le Journal de Montréal, 8 février 2020). Ah ben non, les entreprises canadiennes, américaines et occidentales n’ont jamais penser corrompre des gens haut placés.
L’Organisation mondiale de la santé et son front de bœuf
Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo et le président Donald Trump, comme nos illustres chroniqueurs Rioux et Facal, prétentent que la Chine a menti sur la pandémie qui a sévi en Chine. Mais ce n’est pas du tout l’opinion de l’OMS : «L’organisation mondiale de la santé a pris la défense de Pékin hier après les critiques américaines sur le manque de transparence de la Chine concernant l’épidémie du coronavirus. Nous avons un gouvernement qui coopère avec nous, qui invite des experts internationaux, qui a partagé des séquences du virus avec le monde étranger…» (L’OMS prend la défense des autorités chinoises. Le Journal de Montréal, 15 février 2020). Pour Christian Rioux, «l’OMS a un front de bœuf» de dire de telles insanités et elle fait «preuve de bénédiction servile», rien de moins. Ah oui, comme le font toujours les journalistes dans leur genre, Rioux n’interview et ne cite que des «experts» qui fait son affaire, comme la sinologue Marie Holzman et la politicologue suédoise dont il a omis de mentionner le nom. Ah oui, la Chine, selon l’OCDE, a un des meilleurs systèmes d’éducation publique au monde. Comme pour l’OMS… un autre front de bœuf!
Désinformation ou coopération?
«G7 : Washington (Joseph Facal et Christian Rioux itou) met l’accent sur la «désinformation» chinoise, les Européens sur la coopération» (La Presse, 25 mars 2020). Et bravo à la ministre libérale fédérale de la santé Patty Hajdu qui a répondu ainsi à un journaliste qui lui demandait si les données chinoises étaient fiables : «Il n’y a pas d’indication montrant que le taux d’infection et le taux de mortalité chinois aient été falsifiées de quelque façon que ce soit. Je crois que votre question est alimentée par les théories du complot que les gens diffusent en ligne (et par des chroniqueurs)». Patty Hajdu, une autre avec un front de bœuf?
Le point de vue de Joseph Stiglitz
Terminons avec cette opinion publiée dans La Presse du 21 avril 2006 et rédigée par l’économiste américain de renom, Joseph Stiglitz, prix nobel d’économie : «La feuille de route de la Chine. Les autorités chinoises (pourtant socialistes) tentent de prolonger (et ils l’ont fait) ce qui est sans doute la transformation économique (et sociale j’ajouterais) la plus remarquable de l’histoire». Ça, certains ne le prennent pas. Pas pertinent selon certains de mentionner qu’ils ont sorti des millions de personnes de la pauvreté. Léo, je t’en prie, arrête avec ton front de bœuf!