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Les banques alimentaires : un vrai oligopole
Bon, mettons les choses au clair tout de suite en partant : nos cinq grandes banques canadiennes forment un oligopole de fait, pour ne pas dire un cartel structuré et organisé. Voilà pourquoi elles réalisent toutes chaque année des profits records. Il n’y a que des gagnants dans cette mafia bancaire, aucun perdant. Oligopole, c’est pas moi qui le dis, mais c’est, en 2010, la prestigieuse revue internationale The Economist : «Leur conservatisme est le revers de la médaille d’un oligopole confortable. Elles se sont partagé un marché intérieur lucratif et elles ont mis fin aux guerres de prix. Il en résulte que les Canadiens paient plus cher que les autres leurs services financiers» (Les Affaires, 22 mai 2010). Services financiers du genre frais bancaires, taux d’intérêt, commissions, pénalités, etc.
Pas facile, mais il faut en rire
Alors, ça fait que les banques canadiennes ne se font aucunement concurrence, bien au contraire, comme pourtant le postulent lesdites lois naturelles de l’économie de marché supposément très compétitif. Elles s’entendent comme larrons en foire en évitant de se faire concurrence. Ce qui n’a pas empêché par contre l’ex-président de la Banque Scotia de «favoriser la concurrence interuniversitaire». Cela démontre encore une fois que le patronat considère depuis toujours tous les services publics (santé, eau, éducation, garderies, etc.) comme de simples marchandises qu’il faut privatiser afin de mieux créer des «monopoles» privés comme dans les domaines bancaire, pétrolier, pharmaceutique, ferroviaire, internet, sans-fil, alimentaire, etc. À l’ancien p.d.g. de la Scotia, Peter Godsoe, j’ai seulement une chose à lui dire : «Petit faiseux, comment donc à instaurer une certaine concurrence dans ton propre domaine bancaire avant de suggérer niaiseusement de mettre en concurrence nos institutions d’enseignement au profit de qui et pourquoi? Mais nos médias continuent à leur servir d’instruments de propagande en publiant de telles inepties. Des haut-parleurs quoi!
Coronavirus, banques et Justin
En voulez-vous une autre bonne, encore une fois très comique? Alors lisez le titre de cet article du Journal de Montréal publié le 26 mars 2020 : «COVID-19 : Trudeau souhaite une baisse des taux (shilockiens) des cartes de crédit (qui affectent le plus mal-pris)». Justin n’ordonne pas aux banques de diminuer, même un peu, leur taux d’intérêt démentiel sur leurs cartes de crédit (Visa et MasterCard, qui représentent un autre monopole privé) mais il fait juste exprimer un pieux souhait. La responsabilité sociale des entreprises n’existe que dans les livres savants et est enseignée par des universitaires à qui elles ont souvent payé une belle grosse chaire de «recherche». Il faut que Justin arrête de rire du monde, car je sais que les politiciens ne veulent pas irriter les banques qui leur donnent beaucoup de financement et leur fournissent de nombreux ministres des Finances et de l’économie. Juste au Québec, mentionnons les ministres-banquiers Éric Girard, Carlos Leïtao, Martin Coiteux, Clément Gignac et d’autres.
La réponse des banques à l’appel de compassion lancé langoureusement par notre premier ministre n’a pas tardé à venir : «Les banques n’ont pas réduit les taux d’intérêt malgré la demande d’Ottawa» (La Presse, 31 mars 2020). Un gouvernement responsable obligerait légalement les banques à réduire non seulement leurs taux d’intérêt sur les cartes de crédit, mais aussi sur leurs prêts hypothécaires et ordonnerait une réduction des gros et nombreux frais bancaires et autres.
Dernière nouvelle : pour sauver la face, certaines banques ont réduit «temporairement» leurs hyper-taux de façon insignifiante à environ 11%. C’est encore trop peu. Ça ressemble à une autre manœuvre de relations publiques de leur part.
Trudeau récidive
Afin de passer au travers de la crise du coronavirus, Justin Trudeau va même aider les multinationales en payant 75% des salaires de leurs employés pour ne pas qu’elles les licencient : «Une subvention salariale aussi pour les grandes entreprises. Il leur suffira de déclarer (sans vérification valable) avoir perdu au moins 30% de revenus en raison de l’épidémie» (Le Devoir, 31 mars 2020). Attendez-ce n’est pas fini : Justin a dit se fier à la bonne foi des entreprises et compte sur elles pour ne pas exagérer au buffet de fonds publics. C’est drôle, je commence à trouver ce vaudeville de moins en moins rigolo : «Ottawa verse une aide sans précédent (de 71 milliards$) aux entreprises. Le plus important programme économique de l’histoire du pays» (Le Devoir, 2 avril 2020). C’est bizarre, le patronat ne se plaint pas de cette énorme aide publique. Cela aurait été différent si le gouvernement avait alloué 71G$ à nos services publics.
La banque du Canada baisse encore son taux directeur et…
Afin d’atténuer l’impact de la crise créée par la pandémie, la Banque du Canada a elle aussi mis l’épaule à la roue et a fortement récemment baissé à nouveau son taux directeur, ce qui permettra à nos cinq grosses banques canadiennes de profiter de taux d’intérêt plus bas et ainsi, selon la théorie, de réduire leur taux d’intérêt sur les prêts hypothécaires, sur les marges de crédit, sur les emprunts commerciaux, etc. Aie, à la fin du mois de mars 2020, la Banque du Canada a abaissé son taux directeur pour une troisième fois durant ce seul mois pour le porter à… 0,25%.
Malgré ça et à l’encontre des lois naturelles du divin marché, et bien croyez-le ou pas, les banques ont plutôt «augmenté» leurs taux hypothécaires : «Pourquoi cette nouvelle hausse des taux hypothécaires?» (Radio-Canada, 28 mars 2020). Ça mériterait la prison, si vous voulez mon humble avis.
Des pleines pages de publicité en signe de propagande
Et elles ont le culot d’acheter à chaque semaine des pleines pages de publicité dans nos médias écrits, comme celle-ci parue dans Le Devoir du 24 mars 2020 : «Banque TD. Nous sommes avec vous». Ayoye, ça donnerait quoi si elle était contre nous?
Et c’est comme ça depuis longtemps. Elles investissent la radio, la télé et les journaux afin de nous endoctriner à l’os et de promouvoir chez nous la servitude et la soumission volontaires. Que pensez-vous de celle-ci que j’ai trouvée dans mes dossiers et qui a été publiée dans La Presse du 22 octobre 2013 : «Banque Royale. Quand on croit en nos enfants, ils peuvent s’épanouir (comme en leur donnant une carte de crédit afin qu’ils apprennent à consommer de façon responsable)». Moi qui suis fragile et sensible, cette publicité humaniste vient me chercher à chaque fois.
En vrac : frais bancaires et paradis fiscaux
Pour terminer, pourquoi ne pas ressortir des articles de journaux afin que vous aimiez encore plus nos bonnes banques :
- «Les frais des banques canadiennes grimpent malgré la croissance de leurs profits» (La Presse, 15 juin 2010). Mais c’est toujours comme ça. Elle est où la nouvelle?
- «Plusieurs banques haussent (en même temps) leurs taux hypothécaires» (Le Devoir, 13 janvier 2018). Comme on dit, elles sont solidaires.
- «Les banques affirment freiner l’évasion (dans les paradis fiscaux) et l’évitement fiscaux» (Le Journal de Montréal, 18 novembre 2015).
En cette période de crise due au virus, il faudrait que nos gouvernements interdisent aux banques tout transfert dans les paradis fiscaux et mieux, qu’ils les obligent à fermer toutes leurs filiales et affiliées dans les paradis fiscaux. Croyez-vous que je rêve en couleurs?