Il faudrait hausser le salaire minimum mais ils ne le feront pas

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Les «working poors»

Soyons honnêtes, ce qui, j’en conviens, est beaucoup demandé à certains. Au cours des quarante dernières années, la croissance économique a surtout profité aux plus riches comme l’expose de façon implacable la montée fulgurante des inégalités économiques pour lesquelles vos élus ont été complices avec leurs baisses d’impôts répétées; leurs coupures énergiques dans nos programmes sociaux; le ratatinement de l’État avec beaucoup de privatisations et l’instauration de leurs pseudo-partenariats public-privé; la signature de traités de libre-échange, etc.

Pendant ce temps-là, le salaire des travailleurs ordinaires a stagné et a même diminué en termes de pouvoir d’achat réel : loyer, alimentation, tarifs de services publics, taxes à la consommation (TVQ), etc. Aie, il faut arrêter de niaiser et de rire du monde et il faut, au sortir de la crise du coronavirus, augmenter le salaire minimum à 15$ de l’heure, et ça c’est vraiment le minimum. Il faut arrêter d’exploiter les plus vulnérables dans la société pour leur permette de vivre décemment et d’avoir un véritable accès aux services publics de qualité gratuits et universels. Mais il ne faut malheureusement pas rêver en couleurs et ce n’est pas le gouvernement caquiste qui va le faire afin d’atténuer les écarts de richesse.

Oubliez la CAQ, je vous en prie

La CAQ a accordé, pas une unique fois en 2018 mais aussi une deuxième fois en 2020, une grosse baisse d’impôts aux nantis par le biais déguisé d’une réduction des taxes scolaires qui privera le gouvernement de plus d’un milliard de dollars par année : «Fiscalité. Une mesure au profit des (riches) propriétaires. Uniformiser les taux de taxes scolaires coûtera 900 millions (par année), soit 30% plus cher que prévu» (Le Devoir, 7 décembre 2018). Et puis, sous la pression du gratin, de leurs lobbyistes et de leurs experts universitaires, la CAQ a récidivé en 2020 avec une deuxième diminution : «Baisse de la taxe scolaire» (Le Journal de Montréal, 11 mars 2020).

Après les riches propriétaires, au tour des docs de passer une fois à GO

En voici une bonne pour vous, qui vous démontrera la vraie nature des politiciens, pas seulement la CAQ ou le PLQ, qui reculent toujours devant la pression des gros mais qui font les matamores et jouent les gros bras face aux petites gens. Bah, le monde ordinaire, ce n’est pas lui qui finance et corrompt les partis politiques. Ce n’est pas avec lui que l’on fait des élections. Vous vous souvenez, du moins je l’espère, la CAQ et Legault avaient bel et bien promis de réduire les salaires démesurés des docteurs d’un milliard par année. Ça, c’était en campagne électorale afin d’embobiner les naïfs. Une fois au pouvoir, comme l’ont fait d’ailleurs avant eux le PLQ et le PQ, François Legault s’écrase devant le puissant syndicat des médecins et de leur négociateur en chef Lucien «Lulu» Bouchard : «Médecins. Pas de gel (et surtout pas de baisses) des salaires des spécialistes (gracieuseté de la CAQ)» (Le Devoir, 1er novembre 2018). C’est comme la CAQ qui remet de l’argent dans les poches disons de «certains» québécois.

Plus courageux avec les chauffeurs de taxi et les commis d’État

C’était quoi l’empressement de la CAQ à vouloir à tout prix «moderniser» les chauffeurs de taxi, d’honnêtes gens qui travaillent fort pour pas beaucoup, afin de répondre à la commande des transnationales Uber, Lyft et compagnie : «Manifestation des chauffeurs de taxi : le ministre François Bonnardel reste ferme devant la grogne» (Le Journal de Montréal, 5 avril 2019). Mais ils se sont aplatis devant la «grogne» des toubibs : «La grève des taxis n’ébranle pas la volonté du ministre François Bonnardel (CAQ) d’aller de l’avant avec sa réforme de l’industrie» (Le Devoir, 26 mars 2019). Hélas, la CAQ a eu moins de volonté d’aller de l’avant afin de «réformer» la business médicale. Caniche avec certains et pitbull avec d’autres.

La morale de cette histoire est que vous devez oublier la hausse à 15$ l’heure du salaire minimum des travailleurs ordinaires. Mais payer les docteurs environ 300$ l’heure pour venir aider à lutter contre la pandémie, ça c’est correct. C’est presque du bénévolat : «Covid-19 : jusqu’à 2500$ par jour pour les médecins spécialistes» (Le Journal de Montréal, 15 avril 2020). Et pour les commis d’État et autres travailleurs, François Legault vous a averti. Et n’oubliez pas qu’une femme ou un homme averti(e) en vaut deux et même quatre : «Les surplus budgétaires n’appartiennent pas aux syndicats, avertit Legault» (Radio-Canada, 13 septembre 2019). Ne faites pas vos égoïstes, il faut se garder une «marge» de manœuvre afin de payer convenablement et noblement les docteurs; de baisser la taxe scolaire des richards, et d’aider nos entreprises même les transnationales. En passant, aux États-Unis, certains États ont eu le courage que la CAQ n’a pas eu afin de protéger les chauffeurs de taxi : «La Californie assigne en justice Uber et Lyft sur le statut des chauffeurs» (Le Journal de Montréal, 5 mai 2020). Pour l’État de Californie, il est faux de prétendre qu’ils sont des travailleurs autonomes. Ils sont, bel et bien, des employés ordinaires ayant le droit aux avantages sociaux qui viennent avec ce statut.

C’était pas mieux avec le parti libéral du Québec, croyez-moi

Pour l’ex-ministre libéral des Finances, l’ex-banquier Carlos Leitao, à 10,75$ l’heure : «Le salaire minimum actuel est suffisant, selon Leitao» (La Presse, 14 août 2018). C’est le même triste individu qui avait pris la défense des salaires orgiaques versés, avec notre argent, aux dirigeants de Bombardier. Lui et sa nouvelle cheffe Dominique Anglade font la paire. Ils vont tellement bien ensemble. Avec ces deux-là, le monde ordinaire n’a pas grand-chose à espérer, sauf d’autres mesures d’austérité et d’autres baisses d’impôts accordées à l’élite économique.

Pis Couillard l’avait bien dit qu’il fallait mieux mettre une croix sur la hausse du salaire minimum, car pour ce millionnaire : «Possible de nourrir une famille (avec deux adolescents) pour 75$ par semaine» (Le Journal de Québec, 20 septembre 2018). Par contre, Philippe Couillard, dans sa grande sagesse légendaire, avait donné ce judicieux conseil aux gueux : «Couillard dit que tu dois regarder les circulaires» (Le Journal de Montréal, 21 septembre 2018). Du mépris affiché ouvertement. Pour Couillard, Anglade, Leitao et autres du même genre, les travailleurs au salaire minimum, majoritairement des femmes, sont des gras durs.

Pandémie : le patronat fait appel à la solidarité de tous

Ah qu’ils sont beaux à voir ces hypocrites qui, en pleine période de crise du coronavirus, demandent aux gouvernements de baisser encore une fois leurs impôts et leurs taxes qui seront impossibles à augmenter après la fin de la pandémie. Les Chambres de commerce exigent aussi des grosses subventions, elles qui en reçoivent déjà beaucoup en temps ordinaire. Et puis, pour les patrons, il ne faut jamais augmenter le salaire minimum des travailleurs ordinaires; il serait même préférable de le diminuer. Là-dessus, ils sont cohérents avec leur comportement égoïste de toujours. En 2009, petite hausse du salaire minimum de 8,50 à 9$ de l’heure et hop : «Les entreprises sont furieuses» (Le Journal de Montréal, 31 janvier 2019). Et idem en 2019 : «Hausse du salaire minimum mal accueilli par les patrons» (Le Journal de Montréal, 30 janvier 2019).

Le premier mai dernier, le salaire minimum a été augmenté à 13,10$ de l’heure au Québec (Le Devoir, 16 avril 2020). Mais, afin d’aider les pauvres entreprises et de leur démontrer un minimum de compassion, Mario Dumont, le chroniqueur vedette au Journal de Montréal, à TVA, à LCN et partout chez Québécor, a enjoint la CAQ de laisser tomber cette hausse du salaire octroyée le 1er mai 2020 (Lire à cet effet l’excellent texte de Jean-François Nadeau paru dans le Devoir du 4 mai 2020).

Oui, par solidarité il faut l’augmenter à au moins 15$ l’heure

Si le titre de ces deux articles de journaux ne vous convainc pas, alors ça veut dire qu’il n’y a rien à faire avec vous. Il faudrait alors passer à un autre appel : «Près de la moitié des Québécois sont à 200$ ou moins de l’insolvabilité» et «Plus du tiers des Québécois vivent d’une paye à l’autre» (Le Journal de Montréal, 21 janvier 2019 et 6 septembre 2017). Je vous l’ai dit, il y a beaucoup de pas riches au Québec, comme aux États-Unis, et peu de très riches. Ces «pleins» sont peu nombreux mais détiennent la vaste majorité de la richesse collective. À quoi sert d’accroître le produit intérieur brut (PIB) alors qu’il est accaparé par une minorité? Il faut arrêter, pour notre propre bien-être et de celui de la planète, de toujours viser une hausse du PIB. Il faut plutôt s’arrimer sur une décroissance de l’activité économique mais avec une meilleure répartition de la richesse atteinte grâce à l’application de politiques fiscales, sociales et économiques progressives.

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