
Le pantin universitaire du patronat
Comme le patronat, le fiscaliste universitaire attitré du parti libéral du Québec, Luc Godbout, préconise depuis toujours une tarification accrue des services publics jumelée à une vigoureuse hausse de la taxe à la consommation (TVQ) afin de réduire les impôts sur le revenu : «Réduire les impôts sur le revenu et monter les taxes à la consommation (TVQ). La commission Godbout propose aussi d’augmenter les tarifs d’électricité» (Le Journal de Montréal, 20 mars 2015).
Comme le dit le dicton, les grands esprits se rencontrent car Luc Godbout a toujours les mêmes idées «progressistes» en matière de politiques fiscales que le patronat : «Le Conseil du patronat du Québec préfère une taxe à la consommation (TVQ et TPS) à l’impôt sur le revenu» et aussi «Le principe de l’utilisateur-payeur (c’est-à-dire tarifier les services publics) privilégié par le patronat» (Le Devoir, 6 juillet 1994 et 20 octobre 2014). Le gros bureau de comptables KPMG, fin connaisseur de l’évitement fiscal et des paradis fiscaux, l’a dit : «La TPS du Canada (et encore plus la TVQ), un taxe conviviale, selon KPMG» (La Presse, 20 août 2008). La TPS-TVQ, une taxe conviviale… l’impôt sur le revenu un impôt détestable selon le patronat, sa brigade universitaire et sa cellule journalistique que l’on peut décrire comme la sainte-trinité.
L’impôt est fondé sur le revenu : pas sur le nombre
Dans un de mes textes récents, j’ai fait part d’une autre ineptie fiscale larguée par Luc Godbout sans qu’aucun journaliste, chercheurs obstinés de la vérité et des faits, intervienne suite à ce grossier sophisme avancé par l’universitaire : «Pas assez de riches à taxer» (Les Affaires, 12 février 2011). Pas un seul représentant des médias, supposément des professionnels, n’a osé reprendre l’universitaire en formulant seulement cette vérité : «L’impôt sur le revenu porte bien son nom : il est fondé sur le revenu, et non sur le nombre». Qu’on nous donne leur revenu économique total par rapport à l’ensemble de la population.
L’impôt n’est pas calculé sur le produit intérieur brut (PIB)
Comme Luc Godbout et le patronat sont toujours favorables à des baisses d’impôts sur le revenu et à moins de services publics gratuits et universels, ils font couramment preuve de démagogie et de désinformation afin de convaincre les gens, avec la complicité de certains journalistes et de certains médias qui boivent les paroles de Godbout et qui lui font de beaux reportages, comme celui publié dans le Journal de Montréal du 30 mars 2015, intitulé : «Le fiscaliste bienheureux». Il faut être kétaine à souhait. Bientôt les journalistes du Journal de Montréal vont le béatifier.
Alors, presqu’à chaque année Luc Godbout et sa chaire en fiscalité de l’Université de Sherbrooke pondent une étude genre bonhomme sept-heures fiscal prétendant chaque fois que le Québec est l’endroit où les individus sont les plus imposés en Amérique du Nord et au monde : «Les Québécois encore parmi les plus lourdement imposés» et «Québec. Le deuxième plus imposé au monde, tout juste derrière le Danemark» (Le Journal de Montréal, 10 janvier 2019 et 14 janvier 2018). Trop, c’est comme pas assez.
Idem en 2010 pour l’épouvantail québécois, selon l’épitre de Luc Godbout : «Le Québec, champion canadien du fisc» (La Presse, 9 décembre 2010). Afin d’arriver à ces conclusions prédéterminées et souhaitées, l’universitaire rapproche les impôts payés avec le produit intérieur brut (PIB). Et, encore une fois, aucun journaliste du Journal de Montréal et de La Presse n’a voulu irriter le fiscaliste en lui servant poliment cette vérité tout simple : «l’impôt se calcule sur le revenu du particulier et non sur une donnée trompeuse et vraiment non pertinente qu’est le PIB du pays. Est-ce qu’on peut plutôt nous fournir le taux d’impôt sur le revenu réel ou effectif payé véritablement par les individus de chaque province, État ou pays». Calculer l’impôt sur le PIB ne fait aucun sens, car des pays comme le Luxembourg et les Îles Caïmans ont un gros PIB en raison de leur statut de paradis fiscal. Alors, selon la méthode particulière de Luc Godbout, les citoyens de ces pays sont moins taxés qu’au Québec, tout comme ceux des États-Unis qui doit son gros PIB à ses transnationales exploiteuses, surtout dans les pays en voie de développement. Ils sont où les journalistes quand vient le temps de défendre la vérité? Ont-ils peur de contrarier les gros bonnets?
Faussetés fiscales contredites par l’OCDE
Les affirmations découlant des études biaisées orientées du «bienheureux» fiscaliste sont pourtant faciles à infirmer pour quiconque, et encore plus pour les journalistes professionnels qui se comportent comme des commis voyageurs en gobant tout sans s’interroger, gratter et/ou critiquer afin de rapporter la vérité et non des publi-reportages.
C’est tellement simple et cela devrait être normal pour eux de poser des questions pertinentes. L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) l’a dit dans une étude : «Le fardeau fiscal du Canada (incluant le Québec) est parmi les plus faibles de l’OCDE» (Le Devoir, 12 avril 2014). Cette recherche remonte à 2014 et depuis, tant les conservateurs à Ottawa que les libéraux à Québec ont continué à baisser les impôts sur le revenu : «Au Canada, le prélèvement moyen d’impôt et de charges sociales sur les revenus du travail (pas sur le PIB) est de 31,1%, plaçant son fardeau fiscal parmi les plus faibles. Le Canada s’est classé au 26e rang sur 34, derrière le taux de 31,3% affiché par les États-Unis». Surprenant, n’est-ce pas?
Allant à l’encontre des contes de fées véhiculées par Godbout, le patronat, le PLQ, etc., l’article du 12 avril 2014 signale ce fait intéressant : «Un chapitre spécial du rapport de l’OCDE examine l’évolution de la progressivité des systèmes fiscaux, c’est-à-dire le rôle des impôts sur le revenu pour parvenir à une distribution plus équitable du revenu, depuis l’année 2000». Oui, diminuer les impôts sur le revenu, tarifier les services publics et augmenter les taxes à la consommation, comme le veulent le patronat et son illusionniste universitaire, est très inéquitable, profite seulement aux gens aisés et accroît les inégalités de richesse déjà scandaleuses. Luc Godbout veut non seulement augmenter la TVQ et la TPS mais aussi élargir l’assiette fiscale en taxant les aliments. Rien n’est à son épreuve. D’après vous, qui est le plus crédible : l’OCDE ou le fiscaliste émérite Godbout?
Statistique Canada tourne en ridicule les mythes de Luc Godbout
Statistique Canada a publié en 2019 une importante étude fiscale : «Canada. L’Impôt sur le revenu presque à son plus bas en 26 ans» (Le Devoir, 25 septembre 2019). L’article du Devoir rédigé par Éric Desrosiers signale ces éléments tirés de la recherche de Statistique Canada : «Le taux d’imposition effectif (ou réel) moyen au Québnec a dégringolé de 5,5% à 4% pour un taux combiné fédéral-provincial de 11,1%. Cela a valu au Québec le deuxième rang au classement des provinces canadiennes pour le taux d’impôt sur le revenu le plus bas derrière la Colombie-Britannique (10,6%)». Ce n’est pas ce que disent les pamphlets de Luc Godbout gobés intégralement par nos bienveillants journalistes concertés et consensuels qui n’aiment pas déranger les élites et leur commando.
D’après vous, qui est le plus sérieux : Statistique Canada ou l’autre que le patronat aime? Pour terminer, puis-je vous inviter à lire ce très bon article de Mathieu Gobeil de Radio-Canada publié le 6 mars 2020 : «Ces mythes à défaire en matière d’impôts». Des mythes fiscaux véhiculés par qui?