La culture et les musées : une business importante

Modernisation de l’État : tout au privé, même la culture

J’espère que vous n’avez pas été surpris de voir que le Musée des beaux-arts de Montréal et le Musée McCord Stewart sont dirigés dans les faits par des gens d’affaires?

Privatisé mais financé par nos impôts

Même si l’État du Québec verse directement 16 millions de dollars par année au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) et plusieurs autres millions de dollars du fait que les dons en culture effectués par les «mécènes» et les «philanthropes» sont éligibles à de généreuses déductions d’impôts, il se trouve que c’est le conseil d’administration formé de gens d’affaires ou de leurs représentants qui mène. Le gouvernement du Québec et sa ministre caquiste de la culture, Nathalie Roy, n’ont rien à dire. Même que le président du conseil d’administration du MBAM, le multimillionnaire et ancien éditeur Michel de la Chenelière a refusé net, fret, sec de remettre à la ministre de la culture le fameux rapport qu’il a commandé à une firme privée, démontrant supposément un climat de travail toxique. Ledit rapport qui a servi de prétexte pour congédier la directrice en poste depuis treize ans Nathalie Bondil. Quelle façon cavalière de procéder.

La famille Desmarais de Power Corp. en mène large partout

C’est drôle, mais les administrateurs du MBAM ont congédié de façon suspecte madame Bondil afin de la remplacer par – oh surprise – Mary-Daley Desmarais de l’illustre famille milliardaire qui contrôle la transnationale Power Corp., firme intensément présente dans les services publics (santé, régimes de retraite, produits pharmaceutiques), dans les ressources naturelles comme l’eau et les aqueducs, le pétrole, l’électricité, etc. et aussi dans la culture de plus en plus privatisée. La famille Desmarais en mène large depuis toujours au Musée des beaux-arts de Montréal. Madame Mary-Daley Desmarais a très très peu d’expérience mais ce n’est pas très grave, elle vient d’une bonne famille qu’il ne faut pas irriter.

Approximativement 75% financé par l’État

Dans son autre excellent article du 20 juillet 2020, consacré aux deux musées montréalais (McCord et Beaux-arts), le journaliste et chroniqueur du Devoir, Jean-François Nadeau, a mentionné que la subvention annuelle de 16 millions de dollars versée par Québec au MBAM représentait environ 45% de son budget. Toutefois, le financement est beaucoup plus élevé car il faut ajouter à la subvention directe les grosses déductions d’impôts consenties aux mécènes sur leurs dons qui occasionnent un manque à gagner fiscal de l’État et aussi l’aide attribuée par le gouvernement fédéral, la ville de Montréal, etc. Comme pour les écoles privées qui n’ont de privé que le nom, je dirais que le MBAM est lui aussi subventionné par l’État aux environs de 75% et même davantage.

La culture financée par les contribuables : une business

Oui, pour les lucides, les affairistes, le parti conservateur du Canada, etc., la culture (comme d’ailleurs la santé, les garderies, le transport en commun et l’éducation), c’est une grosse business qu’il faut remettre au privé mais toutefois financée par des fonds publics. Ce n’est pas moi qui le dis, mais bel et bien la préposée aux commandes du privé, l’ex-ministre libérale Monique Jérôme-Forget, du temps de Jean Charest, de la corruption et de la collusion qui régnaient au Québec : «La culture, nerf de la guerre de l’économie québécoise. C’est une «business importante», plus importante que l’aéronautique (full subventionné aussi) en matière de valeur et de retombés (mais pour qui?), tranche Monique Jérome-Forget» (Le Devoir, 23 juin 2016). La Dame de fer, comme l’autre ex-libéral, l’homme de main Martin Coiteux, avait une main de fer pour varger et privatiser nos services publics, souvent à des généreux bienfaiteurs à la caisse du PLQ, et une généreuse main de velours afin de saupoudrer d’argent et de biens publics les «entrepreneurs».  

Monique Jérôme-Forget, présidente du C.A. du Musée McCord Stewart

Je suis presque tombé en bas de ma chaise quand j’ai lu dans un des articles du Devoir consacré à la saga du MBAM que c’était nulle autre que Monique Jérôme-Forget, une authentique représentante de commerce et lobbyiste en plus de ça (c’est elle-même qui l’a admis), qui présidait le conseil d’administration du Musée McCord Stewart. Ça, c’est bien le modus operandi du privé : aux élus qui ont fait une bonne job durant leur service politique, le patronat leur réserve un bon emploi bien rémunéré, comme ce fut le cas, entre autres, pour Jean Charest, Lucien Bouchard, Brian Mulroney, Stephen Harper, Guy Chevrette, Clément Gignac, etc. Un emploi dans le privé pour d’ex-politiciens, c’est plus prestigieux et plus payant que d’aller travailler dans un groupe communautaire, n’est-ce pas? On voit souvent Bouchard, Charest et Jérôme-Forget dans des bals élitistes organisés pour ramasser de l’argent pour les pauvres, les malades, la culture, l’éducation, etc. Mais ce sont les mêmes qui s’opposent à la hausse du salaire minimum et qui demandent de couper dans l’aide sociale. Ah oui, comme aux États-Unis, il faut aussi laisser au privé le «soin» de s’occuper de la pauvreté et de veiller sur les pauvres par le biais de la «charité» privée mais financée par des fonds publics. Pour leur «mieux-être», les pauvres régis par le patronat deviendraient plus responsables et générateurs de plus-value collective en les encadrant rigoureusement afin d’éviter les excès.

L’arrogante et la diva

Non, ce n’est pas moi qui a taxé Monique J-F d’être arrogante et diva. Ce sont les journalistes du Journal de Montréal, Yves Chartrand et Marie Plourde, que j’aimais beaucoup. Dans son texte du 21 février 2008, Yves Chartrand a écrit ceci sur Monique

J-F : «Comme c’est souvent le cas, quand elle se sent coincée, Monique Jérôme-Forget s’est présentée devant les journalistes avec une pointe d’arrogance». Le journaliste a voulu être gentil en écrivant qu’elle affichait une «pointe» d’arrogance alors que la dame est plus qu’arrogante.

En 2003, la dame de fer a piqué une crise de nerf à la boutique Hermès d’Outremont en criant après une vendeuse à propos de l’achat d’un foulard de soie pour lui dire de façon hautaine et méprisante : «Je suis ministre, moi. Je peux vous dénoncer». Et comme il va de soi, la direction de la boutique «high class» (Hermès ce n’est pas l’Aubainerie ou Dollorama) a été chez Monique J-F pour s’excuser et la dédommager. Une autre crise de diva de cette personne très imbue de sa personne qu’a en quelque sort écrit Marie Plourde, ex-journaliste au Journal de Montréal dans ces deux articles publiés les 30 et 31 octobre 2003 et intitulés respectivement : «Crise de… ministre» et «La princesse du Trésor». Pas la princesse, la «Queen»!

4 mois après son élection, la dame démissionne et passe à GO

Élue aux élections provinciales du 8 décembre 2008, Monique remet sa démission le 8 avril 2009, en n’oubliant pas d’encaisser sa généreuse allocation de départ sur le bras de contribuables : «La dame de fer jouera les grands-mères» (Le Devoir, 9 avril 2009). À 68 ans, la dame a dit aux journalistes, qui l’ont cru bien évidemment et qui ont reproduit ses propos attendrissants, qu’elle voulait dorénavant se consacrer à ses enfants, ses petits-enfants, sa famille et tout le tralala.

L’appel du privé et l’âme de la lobbyiste

Après avoir, en politique, si bien aimé et aidé les affairistes, Monique J-F ne pouvait pas résister à l’appel de ceux qui ont profité du «dégraissage» de l’État, qui ont financé généreusement le PLQ et qui ont parfois versé dans la corruption et dans la collusion. La dame a des principes moraux à géométrie variable. C’est ainsi qu’elle s’est jointe, comme d’autres avant et après elle, au gros cabinet d’avocats Osler à titre de conseillère qui, décodé, veut dire lobbyiste : «Monique Jérôme-Forget chez Osler» et «Monique Jérôme-Forget, lobbyiste (chez Osler)» (Le Devoir, 1er septembre 2009 et Argent, 18 novembre 2011). Puis vint sa nomination chez les consultants internationaux Korn Ferry et au conseil d’administration d’Astral (La Presse, 8 novembre 2011 et 16 novembre 2000). Puis, en 2012, elle fait son entrée triomphale au Musée McCord Stewart.

À faire pleurer (ou vomir, à vous de choisir)

C’est elle qui, en 2003, avait dit, afin de mousser la privatisation et les PPP que : «L’État en fait trop et il le fait bien mal» (Le Devoir, 21 octobre 2003). En 2004, elle affirmait ceci : «Des PPP pour pallier la négligence de l’État» (Le Devoir, 8 octobre 2004). Comme le ridicule ne tue pas, elle a largué cette perle d’ignorance et de parti pris en 2004 : «Finis les nids-de-poule avec les partenariats public-privé (PPP) prédit Jérôme-Forget» (La Presse, 8 octobre 2004).

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