Il faut bien rire : sophismes et tromperies drôles

J’aime mes dossiers de vieux articles de journaux

Oui, je suis un dinosaure électronique car j’ai mes dossiers de vieux et de récents articles de journaux qui cachent des pièces d’anthologie. À ma retraite, je vais m’ouvrir un musée. Suite au confinement, je vais instaurer des visites guidées. Il se cache peut-être en moi l’âme du véritable entrepreneur créateur de richesse. Ça ferait tellement plaisir à Alice, ma mère, de me voir faire partie intégrante du Québec Inc. et de la Chambre de commerce de Sainte-Adèle.

Commençons par une semi-vérité de Dominique Anglade

Afin de nous prouver, hors de tout doute déraisonnable, que la vente de Rona à l’américaine Lowe’s en 2016, manigancée par les libéraux, était merveilleuse pour le Québec, l’ex-ministre libérale de l’Économie, Dominique Anglade, a largué cette perle d’inexactitude, affirmant que le Québec colonisé achetait plus de firmes à l’étranger que l’inverse : «Le Québec est libre-échangiste. Ses entreprises achètent et vendent. En 2014, il y a pour 30 milliards$ d’acquisitions faites par des entreprises québécoises à l’étranger» (La Presse, 3 février 2016).

Encore une fois, nos vaillants journalistes ont avalé ça tout cru et ont retransmis tel quel la nouvelle sans aucune critique ou réserve, se faisant ainsi partie prenante de la désinformation et de l’aliénation de leurs commettants.

On veut des précisions : je me fais journaliste

Premièrement, nos vénérables journalistes auraient dû demander la liste et le détail de ces entreprises québécoises ainsi que les montants impliqués. Il me semble que c’est élémentaire.

Deuxièmement, ils auraient dû demander à la nouvelle cheffe du PLQ ce qu’elle entend par «entreprise québécoise». Une entreprise québécoise, est-ce que ça signifie une entreprise détenue par des Québécois ou simplement celles qui ont un pseudo siège social au Québec comme Bell, la Banque de Montréal, Air Canada, Rio Tinto et le CN détenu majoritairement par des Américains? Si c’est le cas, Rona reste une entreprise québécoise. Il y a du flou dans l’air!

Troisièmement, ces fameux investissements à l’étranger comprennent certainement les acquisitions, fusions, partenariats effectués par nos fleurons dans les paradis fiscaux. À combien se chiffrent-ils?

Quatrièmement, les investissements à l’étranger incluent-ils les délocalisations d’usines d’ici, de centres d’appels et de services, etc. à l’étranger? Et les investissements à l’étranger englobent-ils des immeubles, des titres financiers spéculatifs, etc.? Au minimum, madame Anglade a tourné les coins très ronds, et cela a suffi à en endormir certains.  

Une vente n’est pas une vente : un point c’est tout

En 2007, la Bourse de Montréal a bel et bien été vendue à la Bourse de Toronto : «Toronto s’offre Montréal pour 1,3G$» (Le Journal de Montréal, 11 décembre 2007). Vous savez, quand une entreprise québécoise comme Rona, Alcan,, Provigo, Cambior, IAF Biochem Pharma est vendue à des étrangers, les gestionnaires en place, qui ne sont nullement les fondateurs de l’entreprises, et les administrateurs empochent des millions de dollars, comme c’est le cas pour les bureaux d’avocats, de comptables et les banques. D’où l’intérêt pour certains de vendre nos joyaux afin de s’enrichir personnellement. Ne les faites pas rire avec vos principes moraux de l’intérêt supérieur de la collectivité.

Luc passe à go

Ce fut le cas pour l’ex-président de la Bourse de Montréal vendue à la Bourse de Toronto, monsieur Luc Bertrand. Le monsieur aurait pu partir plus riche de plusieurs millions de dollars mais non, il a cru bon en sortir des bonnes que nos journalistes ont bien aimé puisqu’ils en ont fait le titre de leurs articles, du genre démagogique : «Pour moi (Luc Bertrand), c’est pas une vente, c’est une combinaison» et aussi «Dans l’esprit (mais pas dans la lettre) de la transaction, ce n’est pas une mainmise (c’est quoi alors?)» (Les Affaires, 15 décembre 2017 et le Journal de Montréal, 18 janvier 2008). Félicitations aux journalistes pour leur esprit critique et leur ouverture d’esprit à du n’importe quoi. Une combinaison… à «grands manches» je suppose?

La «pédagogie» à la sauce libérale

Pour nous faire avaler les mesures d’austérité contenues dans le budget de l’ex-ministre libéral des Finances, Raymond Bachand, devenu lobbyiste, la très éthique Nathalie Normandeau nous a dit en gros que si on ne voyait pas la beauté et la nécessité de couper des milliards de dollars dans nos services publics, c’est que l’on comprenait pas et qu’il faudrait nous éduquer afin de nous sortir de notre ignorance et de nos mauvais penchants idéologiques : «Nathalie Normandeau mise sur la pédagogie» (La Presse, 12 avril 2010). Nathalie Normandeau qui veut nous faire la leçon…

Idem pour les traités de libre-échange. Si vous évoquez quelques critiques, c’est parce que vous êtes un peu beaucoup ignares et il faudra faire ce qu’il faut faire : «Libre-échange. Il faudra de la pédagogie, selon l’ambassadeur canadien à Washington» (Le Devoir, 17 novembre 2016). Trop c’est comme pas assez. On risque de faire une overdose de pédagogie. Moi je trouve ça bien tout ce grand monde qui veut nous instruire bénévolement. De vrais philanthropes.

Parler pour parler ou parle parle, jase jase

Oui, Philippe Couillard a toujours voulu votre opinion avant de passer aux actes avec ses vigoureuses mesures de «rigueur», même s’il s’en foutait éperdument  de votre opinion : il préférait se concentrer sur les directives de certains et obéir à leurs ordres : «Couillard promet (allô promesses) un «dialogue social» avant les compressions» (La Presse, 30 avril 2014). Un «dialogue social» qu’il a vraiment dit.

Philippe Couillard et sa gang de ministres avaient un peu beaucoup du George W. Bush dans le nez, celui qui avait dit ceci le plus sérieusement du monde : «Bush offre à ses adversaires (qui incluait les démocrates et les dirigeants de plusieurs pays) de discuter (ça fait au moins ça) sur l’Irak mais pas de négocier» (Le Devoir, 11 avril 2007). Bush et sa bande de criminels Rumsfeld, Cheney, Rice et cie l’avaient bien dit : «Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous».

La minorité a souvent raison et la majorité a tort

Pour revenir à Philippe Couillard, qui en bon érudit qu’il est aimait bien se moquer un petit gros brin de nous, comme quand il avait lâché cette merveilleuse réflexion : «Non, la majorité n’a pas toujours raison… Le courage politique consiste à affirmer et à maintenir des positions différentes (soit celles d’une certaine minorité) si elles s’appuient sur des principes profonds» (La Presse, 12 janvier 2017). Ohlala, Couillard qui nous dit que «moderniser» l’État à la sauce libérale relevait de «principes profonds». Il faut le faire, non? Allô démagogie! Une chance que le PLQ a coupé et vargé : «Le gouvernement a sauvé le Québec, selon Couillard» (Le Journal de Montréal, 7 décembre 2016).

Tout est dans tout et dans l’ajustement méthodologique

Gaétan Barrette avait promis un médecin de famille à 85% des Québécois avant la fin de 2017. Promesse non tenue, évidemment, et les faits le démontraient parfaitement. Oh, oh, attendez, Gaétan Barrette a modifié sa méthode de calcul et grâce à ce correctif méthodologique, il a tenu sa promesse : «Accès à un médecin de famille : Barrette change d’approche» (Le Devoir, 26 octobre 2017).

Mais comme le disent certains, il y a les faits et il y a les faits alternatifs. L’avocat de Donald Trump, Rudy Giuliani, a dit en gros la même chose : «Giuliani décrypte ses propos sur la «vérité n’est pas la vérité»» (Le Journal de Montréal, 21 août 2018). Oui il y a les faits alternatifs et aussi la vérité alternative ou dit autrement, l’autre vérité.

La méthode de calculer les pauvres : des pauvres, où ça?

Selon les calculs de Statistiques Canada, un organisme public neutre et compétent, il y avait, en 2000, 17% de pauvres eu Canada vivant sous le seuil du faible revenu. Évidemment, le patronat et les gouvernements n’appréciaient guère ce genre de vérité.  Alors comment procéder pour faire passer le nombre de pauvres au Canada de 17% à 8%, soit moins du double? Il suffit de changer ses méthodes de calculs de la pauvreté afin de retenir celle de l’organisme patronal très à droite du Fraser Institute, comme l’ont fait nos gouvernements fédéral et provincial : «Ottawa comptera les pauvres autrement» et «Québec reverrait le calcul de la pauvreté» (La Presse, 25 juillet et 20 août 2001). Bingo, pas besoin de rien changer pour que le niveau de pauvreté baisse comme ça par enchantement. «Où sont les femmes» que chantait Patrick Juvet dans les années 80’s. Aujourd’hui on chante plutôt «où sont les pauvres».  

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