Pollution : ti-train va loin

La maison brule mais il ne faut pas s’énerver selon nos sages

Greta Thunberg est à la fois hystérique selon des experts en pragmatisme comme Donald Trump, Jair Bolsonaro et Maxime Bernier. Ça va se passer qu’ils disent : elle est jeune. En plus de Maxime Bernier, comptons-nous chanceux car il y a d’autres spécialistes de la tempérance climatique ici même au Québec, comme le fabuleux libéral Gaétan Barrette qui a dit : «Climat : Barrette met en garde contre les discours extrémistes (comme ceux de Greta)» (Le Journal de Montréal, 26 septembre 2019). Gaétan est bien mal placé, selon moi, pour parler d’extrémistes.

Pour ceux qui ne sont pas convaincus qu’il faille se calmer le pompon, il y a aussi le fin philosophe du Journal de Montréal, Mathieu Bock-Côté, celui qui parle beaucoup et qui adore s’écouter parler, qui a tout simplement qualifié les propos tenus par Greta Thunberg d’«hallucinations apocalyptiques». Le penseur a beaucoup de vocabulaire. Il y a aussi les bonzes du Sénat, qui sont payés à ne rien faire, qui jugent que face aux pipelines qui acheminent du pétrole sale des sables bitumineux de l’Alberta : «les citoyens sont trop émotifs».  

«Un pas à la fois», le slogan des hypocrites

Ceux qui veulent rien faire vont toujours dire, pour vous endormir, qu’il faut y aller avec modération «un pas à la fois», sauf quand il s’agit de varger dans nos services publics et dans les droits des travailleurs. Il faut être pragmatique, réaliste, censé et ne rien bousculer selon ces mystificateurs. Ils vont aussi mettre en opposition l’économie et l’écologie. Trop de protection de l’environnement va se faire au détriment de l’emploi et de la création de la richesse pour une infime minorité qu’ils prétendent. Ils n’ont qu’une vision étroite à court terme et les coûts de la pollution n’entre jamais dans leurs calculs, de même que la dette écologique qu’ils lègueront aux générations futures.

J’aime Catherine McKenna et Steven Guilbeault

Ah que c’est grandiose et original ce qu’a dit la ministre libérale fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna. On croirait entendre les poèmes écologiques de Steve Guilbeault, la nouvelle recrue fédérale qui, comme toujours, est sur le pilote automatique en matière environnementale : «Un pas à la fois, dit McKenna» (Le Devoir, 15 mars 2019). La ministre a même été jusqu’à saluer «le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)» (Radio-Canada, 7 octobre 2018). Rapport du GIEC qui a dit qu’il va falloir implanter des changements rapides, profonds et sans précédent afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Mais au PLC, on préfère adopter une autre vitesse de croisière, c’est-à-dire reculer et polluer davantage à court terme avant de prendre des mesures soi-disant draconiennes plus tard, mais pas tout de suite.

Au Parti libéral du Canada, on ne niaise pas avec les clichés

«Environnement. Les libéraux (de Trudeau) lancent une offensive sur la question climatique» (Le Devoir, 4 mars 2019). Le PLC est comme les conservateurs de Scheer et Harper, mais en plus hypocrites. Vous en voulez une drôle, alors lisez celle-ci : «Ottawa. Les libéraux veulent (c’est juste un souhait) déclarer l’urgence climatique nationale» (Le Devoir, 15 mai 2019). Parler pas seulement pour rien dire, mais pour rire du monde. J’en ai d’autres très comiques mais je vais me limiter à cette dernière : «Le budget (2020) Morneau (ministre libéral des Finances) portera une grande attention à l’environnement» (Le Devoir, 14 janvier 2020). Les caquistes sont pareils : gros parleurs et gros pollueurs.

Le gouvernement libéral passe à l’action

Trudeau, Guilbeault et McKenna ont fait suivre les bottines à leurs babines encore plus en raison du coronavirus : «L’ONU plaide pour un avenir vert après la pandémie» (Le Devoir, 6 juin 2020). Oui à un avenir très vert après la COVID-19, mais pas tout de suite qu’ont répété les ténors libéraux pressurisés par le patronat. Contrairement à l’ONU, pour le gouvernement libéral du Canada : «Environnement. La pandémie force le Canada à revoir ses exigences (qui déjà étaient minimales et insuffisantes) envers les pétrolières» (Radio-Canada, 19 juin 2020). Ça sera le «free for all» en matière d’émission de gaz à effet de serre jusqu’en 2025 mais attention, le gouvernement sera plus exigeant après 2030. Et entre 2025 et 2030, le party de pollution va se poursuivre. Et il faut les croire sur paroles quand ils prétendent qu’ils seront plus exigeants après 2030!

Doug Ford et Stephen Poloz : le comique et le faiseux

Doug Ford est un autre qui aime rire, surtout rire des gens : «Le gouvernement Ford de l’Ontario commande une étude sur les changements climatiques, mais pour 2022» (Radio-Canada, 8 novembre 2019). Comme disait La Fontaine : «rien ne sert de courir, il faut partir à point». Décodé, en 2022, ça veut dire jamais.

Pour plusieurs banquiers centraux de pays occidentaux : «La pandémie offre une occasion sans précédent de verdir l’économie mondiale. Personne ne pourra s’isoler pour éviter la crise climatique, disent des banquiers centraux» (Le Devoir, 6 juin 2020). Verdir l’économie mondiale signifie pour le PLC polluer davantage et contrairement à d’autres banquiers centraux, notre récent ex-gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz a opté pour ceci : «L’ancien gouverneur de la Banque du Canada siègera au conseil d’administration d’Enbridge» (Radio-Canada, 4 juin 2020). Enbridge est une compagnie canadienne de l’Alberta qui opère dans le pétrole, le gaz et les pipelines. Une belle job payante pour Poloz vaut mieux que les beaux principes moraux environnementaux, n’est-ce pas?

Un gouvernement sournois

En pleine pandémie, le PLC en a profité pour procéder à une consultation publique bidon sur les forages pétroliers en mer (Le Devoir, 23 mars 2020). Répondant aux critères de son urgence climatique et faisant suite à sa «consultation publique», voilà le résultat surprenant de toute cette manigance : «Faune. Les forages en mer exemptés d’une évaluation environnementale» (Le Devoir, 5 juin 2020). Bravo! On constate l’impact qu’a eu l’élection de l’écologiste très consensuel Steven Guilbeault : «Ottawa (PLC) autorise BP (responsable de la marée noire du golfe du Mexique) à forer au large de la Nouvelle-Écosse» (Le Devoir, 14 avril 2018).

Par solidarité, il faut aussi polluer l’Arctique

Deux autres merveilleux gestes verts posés par le PLC : «Climat. Ottawa abandonne un programme sur l’Arctique» et «Pétrole en Arctique : vers une levée du moratoire sur l’exploration» (Le Devoir, 23 janvier et 5 octobre 2018).

Le coup écologique du siècle

Ceux qui doutent encore de la sincérité écologiste du PLC, je vous prierais de lire le titre de ces deux articles : «Le Canada (PLC) achète le gazoduc Trans Mountain pour 4,5 milliars$» et «Trans Mountain coûtera 5 milliards$ de plus (et même plus puisque le compteur est rendu à 12,6G$ et ce n’est que le début)» (Les Affaires, mai 2018 et le Journal de Montréal, 8 février 2020). On a bien fait de privatiser Air Canada, le CN, Canadair, Pétro-Canada et d’autres afin de pouvoir acquérir Trans Mountain. Et puis, la privatisation d’Air Canada a été bonne pour les régions!

Et laissez-moi tranquille avec les bibittes

Vous ne remettrez pas en question le très fort accent écologiste du gouvernement libéral d’Ottawa en vous apitoyant de façon larmoyante sur le sort de quelques bibittes qui, hélas, doivent disparaître? À quoi ça sert les bibittes de toute manière…

  • «Un gazoduc passera à travers l’habitat de caribous menacés» (Le Devoir, 22 août 2017). Même à ça, l’Office national de l’Énergie a jugé le projet Wynwood Pipeline d’intérêt public;
  • «L’inaction d’Ottawa (PLC) menace la morue d’extinction» (Le Devoir, 10 septembre 2019). Bah, on a juste à la remplacer par la carpe asiatique;
  • «Espèces en voie de disparition : le Canada traîne de la patte» (Agence QMI, 22 avril 2019). Traîne juste de la patte, et non des pattes… Disparition des caribous, c’est juste triste pour les chasseurs…

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