
Arrêtez donc de prétendre que vous vivez libre dans votre belle démocratie
Traités de libre-échange, fusions et acquisitions d’entreprises, paradis fiscaux, milliers de lobbyistes souvent d’ex-politiciens (Charest, Bachand, Castonguay, Jérôme-Forget, Bouchard, etc.), politiciens issus du privé qui y retournent après leur service au parlement, corruption et collusion, privatisations de biens publics, sous-traitance et partenariats public-privé et autres font que, depuis plusieurs années, le grand capital mène le monde sauf dans certains pays socialistes comme la Chine et la Russie. La démocratie et la liberté du peuple ne sont que des illusions et des fantasmes. Arrêtez de vous gargariser avec des symboles comme celui d’aller voter aux quatre ans pour des partis politiques qui se ressemblent. Avant de vouloir défendre la pseudo-démocratie à Hong-Kong ou au Venezuela, battez-vous donc pour en instaurer une vraie ici. Mais il est trop tard, les gens sont trop intoxiqués pour faire la révolution économique, sociale et écologique et nos médias sont en partie responsables de cette aliénation en se comportant trop souvent comme des haut-parleurs et de porte-voix de l’agenda patronal. Avant de me garrocher des pierres et me crier de vilains noms, ayez, je vous en prie, l’obligeance de lire les quelques exemples qui suivent.
Walmart : Angade «implore» et Legault est «déçu
Vous le savez : les monopoles et les oligopoles privés, plus puissants et plus riches que l’État, avec la complicité de leurs élus, sont ceux qui dictent le menu. Prenons la transnationale américaine Walmart, qui exploite plein de travailleurs dans le monde : elle vient de décider unilatéralement de baisser de 1,25% à 6,25% les prix de ses fournisseurs. Comme seule réponse : «Dominique Anglade demande (dans le sens implore) à Walmart de reculer sur les frais (qu’elle juge) inacceptables» (Le Journal de Montréal, 28 juillet 2020). Ben oui, Walmart va reculer et annuler la baisse des versements prévus à ses fournisseurs, souvent des PME, qui sont obligés de s’exécuter.
Anglade et ses acolytes Barrette, Coiteux et Leitao étaient plus forts en bras pour varger dans nos programmes sociaux et les services publics offerts à la population. Et que fait notre cher premier ministre caquiste devant ce geste dictatorial de Walmart? Le ministre André Lamontagne s’est dit «déçu» de la décision de Walmart et il ne fera rien. C’est ce même ministre qui avait dit qu’aux ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, il y avait des commis d’État qui se comportaient comme des ayatollahs. Les ayatollahs ne sont pas ceux que l’on pense. Ledit ministre se montre plus «tough» avec les fonctionnaires qu’avec les grosses compagnies.
Où est l’économie de marché?
Elle est où cette supposée économie de marché avec des prétendus milliers de concurrents qui se livrent continuellement une guerre sans merci? Elle fait quoi la tonitruante Fédération canadienne de l’entreprise indépendante pour défendre ses membres de petites et moyennes entreprises face aux diktats de Walmart? La FCEI est plus vigoureuse et plus mordante pour s’attaquer continuellement aux gouvernements et aux travailleurs qu’il faut payer peu afin d’assurer la survie de ses PME et pour de plaindre de tout et surtout de rien.
Le cartel de l’alimentation au détail
Autre gros joueur du commerce de détail, Loblaw, la compagnie-mère de Provigo et de Maxi, avait fait la même chose en 2017 sans que les gouvernements et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante interviennent : «Loblaw serre la vis à ses fournisseurs (les plus petits). Il leur impose de nouveaux frais d’approvisionnement» (Le Journal de Montréal, 7 novembre 2017). C’est ça la vie en démocratie : c’est toujours le plus petit (individuel et entreprise) qui écope sans que nos gouvernements lèvent le petit doigt car eux aussi sont portés à frapper les sans voix et sans pouvoir. Ils ne font que sympathiser avec le bon peuple et les petits commerçants pour la forme seulement. Libres vous dites?
Esso-Impériale et sa conception étriquée de la gouvernance
J’en ai une autre bonne : «L’Impériale (filiale canadienne d’Exxon Mobil) a réalisé des économies «stupéfiantes» en encourageant la concurrence» (Le Devoir, 24 septembre 2015). En encourageant surtout pas la concurrence entre les compagnies d’essence qui forment un puissant cartel de fait au Canada (Shell, Esso et Pétro) et qui dictent les prix aux consommateurs captifs. Elles obligent ses nombreux fournisseurs (encore des PME) à baisser leurs prix sinon c’est bye bye mon cowboy.
Face au cartel de l’essence, que font nos gouvernements?
J’en ai une autre bonne pour vous : «Depuis des années, vous payez votre essence de 15 à 20 cents (minimum) trop cher» (Le Journal de Montréal, 6 décembre 2018). Et qu’ont fait vos élus face à ce vol institutionnalisé? Le premier ministre libéral du temps a eu cette réaction «muselée» qui a effrayé les multinationales du pétrole : «La variation des prix de l’essence est apparemment concertée, dut Couillard». Le premier ministre incite les Québécois à s’acheter un véhicule électrique» (Le Devoir, 31 mai 2018). C’est fort, Couillard admet que l’on se fait voler et qu’il y a de la collusion entre les pétrolières. Ceci aurait dû l’amener à intervenir pour faire baisser les prix. Bien non, il demande plutôt aux gens d’acheter une automobile électrique et les laisser nous filouter en paix.
Et la réaction du nouveau premier ministre caquiste face à cette arnaque pétrolière que vous me demandez? «Le premier ministre Legault «très choqué» par les prix gonflés à la pompe. Une injustice très grave dit le Parti québécois, qui crie au scandale» (Le Journal de Montréal, 6 décembre 2018). Legault est choqué mais ne fera rien, comme le parti québécois n’a jamais rien fait dans le passé. Ce qui est bon de vivre dans une telle démocratie : on peut toujours acheter notre essence chez Esso ou Shell ou encore un indépendant, c’est toujours le même prix. Il serait démodé de parler de nationalisation du pétrole et du gaz… la privatisation de Pétro-Canada a été bonne pour qui, je vous le demande?
Trudeau et les banques
Pandémie ou pas, «money talks» : «COVID-19 : Trudeau souhaite (juste un souhait) une baisse des taux (de 20%) des cartes de crédit» (Le Journal de Montréal, 26 mars 2020). Visa et MasterCard, un autre cartel privé. Réponse des banques au «souhait» de Justin : «Les banques n’ont pas réduit les taux d’intérêt malgré la demande d’Ottawa» (La Presse, 31 mars 2020). À Québec, l’actuel ministre caquiste des Finances Éric Girard et l’ancien ministre libéral des Finances Carlos Leitao, deux ex-banquiers, sont des gens qui savent vivre. Jamais ils ne critiquent les banques, même pour l’évasion fiscale réglée comme une horloge dans leurs paradis fiscaux. Ils préfèrent que d’autres paient à leur place. Irritées par cette demande insultante de Justin, les banques ont répliqué, en pleine période de coronavirus, en haussant leurs taux hypothécaires : «Pourquoi cette nouvelle hausse des taux hypothécaires» (Radio-Canada, 28 mars 2020).
Le monopole privé d’Air Canada
Ah que ce fut une autre merveilleuse affaire de privatiser Air Canada qui du temps qu’elle était de propriété collective allait en régions à des prix abordables, qu’elle compensait par des routes achalandées et plus lucratives. Maintenant privatisée, Air Canada, comme le CN d’ailleurs, ne veut plus aller en régions à moins d’être subventionnée. Face aux prix exorbitants d’Air Canada pour ses vols régionaux : «Monsieur Legault a promis qu’il négocierait lui-même s’il devient premier ministre avec Air Canada des prix plafonds sur les billets d’avion» (Le Devoir, 15 septembre 2018). Bien évidemment, les boss d’Air Canada ont envoyé promener François Legault et ont même annulé leurs vols régionaux au Québec. Nos élus ont quel pouvoir au juste, et surtout sur qui?
D’autres drôles pour finir
- «Bains (ministre libéral) veut une baisse des prix dans le sans-fil» (Le Devoir, 6 mars 2020). Qu’il chante avec moi : «J’attendrai le jour et la nuit j’attendrai toujours…»
- «François Legault peu enclin à taxer les GAFA» (Radio-Canada, 29 août 2019) et «Legault prend garde d’effaroucher Google et cie» (Le Devoir, 11 décembre 2019). Plus facile d’effaroucher les petits chauffeurs de taxi…
- «Les Canadiens paient trop cher leurs médicaments» et «Philpott veut des médicaments plus abordables» (TVA Nouvelles, 12 juin 2017 et Le Devoir, 22 janvier 2016). Des prix abordables des médicaments relèvent de la fable.