Le français à l’agonie au Québec et ils ne font rien

Août 2020, l’OQFL vient de publier un nouveau rapport dévastateur et consternant sur l’état de la langue française ici même au Québec, tel que rapporté dans le Devoir du 12 août 2020 : «Emploi. Mieux vaut parler anglais pour trouver du travail au Québec». Dans cet excellent texte du journaliste Alexis Riopel, on peut lire ceci, entre autres choses :  «Pour décrocher un emploi au Québec mieux vaut parler anglais. 40% des entreprises de la province et 63% de celles de Montréal ont exigé ou souhaité des compétences dans cette langue lors de leur embauche.  Sur l’Île de Montréal, près d’un travailleur sur quatre utilise majoritairement l’anglais au travail. Tout simplement révoltant.

Le parti libéral du Québec (PLQ) a fait régresser le français

Loi 101 ou pas, le français régresse depuis plus de trente ans au Québec, et les gouvernements péquiste et encore plus libéral n’ont rien fait pour freiner cette érosion, sinon grimper dans les rideaux et mettre en place des commissions et des États généraux bidons. En fait, le parti libéral du Québec est responsable de l’effritement du français au Québec, lui qui est, il faut bien le dire en toute franchise, le parti des anglophones, comme le démontre éloquemment le titre de ces trois articles :

  • «Parti libéral du Québec. Pas une loi ne serait adoptée sans un examen de ses effets sur les anglophones» (Le Devoir, 15 novembre 2017). Décodé, ça veut dire plus d’anglais…
  • «PLQ. Pas d’argent frais pour la francisation des enfants d’immigrants». Une invitation pure et dure à l’anglicisation.
  • «Immigration. Québec (PLQ) ouvre la porte aux entrepreneurs ne parlant pas français» (Le Devoir, 2 août 2018). Et si les entrepreneurs ne parlent que l’anglais, leurs employés vont parler quelle langue?  

Déjà en 2003, l’anglais primait au Québec

C’est drôle, mais les priorités des gouvernements libéraux de Charest et de Couillard étaient de sortir la province de son immobilisme et de moderniser le Québec par des mesures d’austérité préconisant des grosses coupures dans nos services publics, des privatisations, des attaques contre les syndicats, par l’assouplissement des irritants à l’apprentissage de l’anglais dès le primaire et à l’usage intensif de cette langue dans les milieux de travail afin de gagner l’appui du patronat et des anglos. Plus d’anglais partout était leur façon de «moderniser» le Québec.

Déjà en 2003, l’Office québécois de la langue française sonnait l’alerte : «Le français ne parvient pas à s’imposer au travail. Un travailleur sur deux doit utiliser l’anglais» (Le Devoir, 4 novembre 2003). Et un an plus tard, l’OQLF récidivait dans un énième rapport sonnant l’alarme de la dégradation constante du français dans la «belle province» de plus en plus anglophone : «L’anglais gagne du terrain au Québec» (La Presse, 23 novembre, 2004). Et nos élus, qui non seulement n’ont rien fait mais ont accentué la montée de l’anglais en créant de plus en plus de cégeps bilingues et unilingues anglophones et en n’imposant pas la loi 101 au niveau collégial. Pour le PLQ, l’OQFL est un obstacle au développement des affaires et un irritant à l’investissement étranger.

2009, une pertinente enquête du Journal de Montréal

Plus je fouille sur le sujet dans mes vieux dossiers d’articles de journaux, plus je suis découragé devant l’apathie de nos élus. Aux mois de janvier et septembre 2008, la journaliste Noée Murchison du Journal de Montréal a fait un travail empirique admirable sur le drame de notre langue en perdition au Québec grâce à la complicité de nos gouvernements qui ne font jamais rien. Ce n’est pas en misant sur l’État minimal que l’on va s’attaquer au problème de la survie du français au Québec. Voici le titre de ces deux reportages parus les 14 janvier et 15 septembre 2008 :

  • «Difficile d’être servi en français à Montréal». «Sorry I dont speak french». Notre journaliste trouve 15 emplois en parlant seulement anglais»;
  • «Notre deuxième enquête sur la langue de travail à Montréal. Francophone unilingue, refusée 20 fois. Anglophone unilingue, refusée 8 fois. Plus facile en anglais».

Il n’y a pas que les élus qui doivent être tenus responsables de l’État épouvantable du français au Québec mais aussi l’ensemble des Québécois qui restent assis paisiblement sur leur «steak» et qui continuent à ronronner.

Le collaborateur de La Presse : André Pratte

Et l’ex-rédacteur en chef de La Presse à Power Corp., le lucide André Pratte, qui est venu en rajouter dans son éclairant éditorial du 23 novembre 2009 en arguant que : «L’érosion du français à Montréal est une vue de l’esprit». Un vrai laquais. Et dire que les journaux sont censés nous informer sur les faits.

Et le PLQ qui en rajoute encore et toujours

J’ai peut-être bien caché mon jeu dans le passé, mais je dois aujourd’hui vous faire une confidence. Je ne suis plus capable de supporter les libéraux du Québec, de Jean Charest à Philippe Couillard. Et comme le dit le poète : «jamais deux sans trois». Et le trois dans cette maxime c’est l’arrivée de Dominique Anglade, comme cheffe du PLQ.

En 2009, l’ex-ministre libérale de la Culture, toujours élue dans un comté à majorité anglophone et allophone, madame Christine St-Pierre, une ex-journaliste «vedette» de Radio-Canada, qui, pour la parade, s’exclame : «Unilingues francophones défavorisés. Situation inacceptable» (Le Journal de Montréal, 16 septembre 2008). Inacceptable peut-être, mais le PLQ continuera par ses politiques à empirer la situation du français au Québec. Et pas question pour Christine St-Pierre de modifier la loi 101.

Jean Charest, le p’tit comique

Je sais que c’est révoltant, mais il faut bien rire un peu malgré tout grâce à une autre ineptie larguée par Jean Charest, celui qui est devenu lobbyiste pour plusieurs compagnies, comme Lucien Bouchard d’ailleurs : «Jean Charest se permet (avec l’ignorance qui le caractérise) de faire la leçon aux cousins français. Le premier ministre juge que la France glisse facilement vers les anglicismes» (Le Devoir, 30 juillet 2009). Bonjour, Hi, mon petit Jean. Comme Jésus de Nazareth l’a dit : «Avant de regarder la paille dans l’œil de ta sœur ou de ton frère, regarde donc la poutre qui est dans le tien».

Et une drôle de l’ex-vice-président du PQ, François Rebello

Faut-tu être colonisé pas à peu près, et encore plus pour un parti qui se dit nationaliste et indépendantiste, que de suggérer cette mesure afin d’améliorer le fait français au Québec, idée novatrice et courageuse qui a alors reçu l’assentiment empressé de l’ex-présidente de la Chambre de commerce de Montréal, Isabelle Hudon : «Un crédit de taxe (c’est-à-dire une subvention directe) à la francisation» (Le Journal de Montréal, 19 janvier 2008). On en est rendu à vouloir subventionner les entreprises pour qu’elles parlent et adoptent le français. On fait vraiment dur.

Et en 2014, il y a l’ex-commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, qui est venu à la défense des pauvres anglos déprimés du Québec : «Le PQ alimente le climat d’incertitude chez les anglophones» (Le Devoir, 27 février 2014). Pôvres petits! 

La CAQ promet d’agir, mais ça reste à voir

Dans tout pays qui se prétend démocratique et dans lequel les gens sont supposément libres, on dit que le peuple est souverain. Mais ces beaux discours se revèlent être que des chimères. Nos gouvernements ont toujours été au service de l’intérêt supérieur d’une certaine minorité.

Quant à la régression du français au Québec : «Pas moins de 70% des francophones se disent préoccupés par l’avenir de leur langue. Sondage Léger : la place du français se dégrade, jugent les Québécois» (Le Journal de Montréal, 18 novembre 2019). Alors si 70% des Québécois francophones ont peur pour leur langue et veulent que les élus légifèrent pour la renforcer, alors pourquoi ils ne font rien? Et la ministre caquiste responsable de la langue française qui nous fait une autre promesse : «Nathalie Roy promet une approche musclée de la loi 101. Je crains un recul de la langue française à Montréal, dit la ministre» (Le Devoir, 19 décembre 2018).

Je dirais que le recul de la langue française est un fait, pas une crainte. Je ne sais pas pour vous, mais moi je ne fais pas confiance à la CAQ, surtout quand on entend une ministre caquiste larguer cette monstruosité : «Le Québec est une province bilingue, selon Sonia Lebel» (Le Devoir, 20 septembre 2019).

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