CAQ : Monsieur Fitzgibbon, comment ça va?

Pierre Fitzgibbon (Fitz pour les intimes) récompense ses amis sur notre bras

Tout le monde sait que l’actuel ministre caquiste de l’Économie aime jouer au gars important qui ne se gêne pas pour vilipender et même insulter ceux qui ne pensent pas comme lui. Monsieur aime aussi dire et montrer qu’il côtoie des gens importants issus évidemment du privé : pas des groupes communautaires, syndicaux et écologistes. Monsieur Fitzgibbon, à titre de ministre de l’Économie, gère aussi Investissements Québec où, oh surprise, il a nommé au mois d’avril 2020, Guy Leblanc, un ami personnel (un ancien de la firme comptable Price Waterhouse) à la tête de cette société d’État qui gère des milliards de dollars en fonds publics : «Nomination d’un ami à la tête d’Investissement Québec : le ministre Pierre Fitzgibbon démissionnera s’il nuit au gouvernement» (Le Journal de Montréal, 24 avril 2020). Monsieur Fitzgibbon n’est pas un ingrat avec ses amis et partenaires d’affaires (Move Protéine), puisqu’il a bonifié le salaire du nouveau p.d.g. de 50% par rapport à celui de son prédécesseur. Pas bien grave, ce n’est pas lui qui paie.

Comme Trump et Legault, Fitz s’en prend aux médias

Il ne faut pas remettre en doute l’intégrité des nominations de Fitz, même s’il s’agit d’amis et d’associés en affaires. Oh, au Journal de Montréal, on a juste mentionné la possibilité d’un conflit d’intérêt potentiel à la nomination de son ami et associé Guy Leblanc. Alors Fitz, montant sur ses grands chevaux, a menacé de démissionner (du chantage en bonne et due forme) si «les médias continuaient à s’acharner sur lui». L’ex-banquier Fitz se croit au-dessus de toute critique… négative.

Fitz est sensible à sa personne mais pas à celle des autres

En 2019, le Mouvement Desjardins était réticent à participer financièrement au sauvetage des ex-journaux de la transnationale Power Corp. (Le Soleil, Le Nouvelliste, le Quotidien, le Droit, la Tribune, etc.). Fitz n’aime pas être contrarié et a accusé gratuitement madame Sylvie Lalande, la présidente du conseil d’administration de Capital régional et coopératif Desjardins, de conflits d’intérêt dû au fait qu’elle est vice-présidente du conseil d’administration de Québecor (propriétaire du Journal de Montréal, TVA, LCN, etc.). Selon Fitz, elle a donc supposément intérêt à voir disparaître un compétiteur de Québecor, soit Groupe Capitales Médias, les ex-journaux de Power Corp. Même si les accusations gratuites et sommaires de Fitz relèvent de la diffamation, le monsieur important refuse de s’excuser pour son comportement indigne d’un ministre. Même qu’il en a remis une couche : «Fitzgibbon persiste et signe. Le ministre mis en demeure par une administratrice de Québecor, Sylvie Lalande» (Le Journal de Montréal, 28 novembre 2019).

Les contradictions inquiétantes de Fitz : Nemaska Lithium

D’abord les vrais faits. Dans un article du Journal de Montréal du 20 août 2020, Fitz largue ces propos assassins sur le controversé et risqué projet minier Nemaska Lithium dans lequel la CAQ a investi à ce jour 130 millions$ de fonds publics : «Le ministre caquiste de l’Économie a qualifié à de nombreuses reprises jeudi l’usine de Nemaska Lithium de «patente à gosses». Il a multiplié les images peu flatteuses pour dénoncer le projet suite aux questions du député péquiste Martin Ouellet. «L’arbre de Noël a disjoncté. Aujourd’hui cette patente à gosses ne fonctionne plus» a-t-il laissé tomber, en se désolant (pas en s’excusant car le ministre ne s’excuse jamais) d’avoir perdu 80 millions d’argent public (plutôt 130M$) dans ce projet «excessivement mal ficelé». Pas grave Fitz, c’est juste l’argent des citoyens.

Puis, 5 jours plus tard, Fitz se revire sur un trente sous

Après ces propos incendiaires, vous pensiez que le dossier Nemaska Lithium était mort et enterré? Mais pas du tout. Et comme le dit la maxime : seuls les fous ne changent pas d’idée. Et bien seulement cinq jours plus tard après ces propos virulents sur ladite patente à gosses, voilà que Fitz et la CAQ se revirent de bord et annoncent des investissements publics minimums additionnels de 95 millions de dollars dans ce projet de lithium qui est soudainement devenu, pour Fitz, rien de moins qu’un «projet de société» : «Minéraux. Québec réinvestit dans Nemaska Lithium. Il faut prendre une place dans la chaîne d’approvisionnement des batteries (son nouveau dada), insiste le ministre Pierre Pitzgibbon» (Le Devoir, 25 août 2020).  

Je m’excuse mais je me pose des questions sur l’intelligence, le sérieux et l’indépendance de Fitz. Je le répète, à titre de ministre caquiste de l’Économie et patron d’Investissement Québec, monsieur Fitzgibbon a le pouvoir de dépenser des milliards de dollars en fonds publics. Peut-il nous dire ce qui l’a fait changer d’idée aussi rapidement sur ce projet qu’il a qualifié cinq jours plus tôt de patente à gosses? A-t-il des études sérieuses en main ou se fie-t-il sur son «pif» et sur les arguments de certains amis et lobbyistes? Ça n’a aucun bon sens. Fitz fait peur et est un potentiel danger public. Ça ne fait nettement pas sérieux et ce dernier doit s’expliquer.

C’est le même monsieur qui a dit très sérieusement qu’exiger par écrit, lors de la vente d’une entreprise québécoise dans laquelle l’État a investi des milliards de dollars, des garanties d’emploi et le maintien du siège social au Québec, comme dans le cas de la C-series donnée à Airbus, était un concept «idéologique» (probablement socialiste) et irréaliste. Ayoye! Je vous le dis, il faut l’avoir à l’œil. Fitz a dit naïvement, comme un enfant d’école, qu’il se contente dans ce cas de promesses «verbales» et d’engagements «moraux».

Oui il y a péril en la demeure

Il faut que ça arrête cette folie de nos élus de dépenser des milliards de dollars de notre argent, comme dans Bombardier et Stornoway, sur des projets qu’ils nous présentent pompeusement comme relevant du «bien commun» et de «projet de société» alors que bien souvent il s’agit d’affaires qui vont surtout profiter à des opportunistes que l’on nous présente comme des créateurs de richesse. Ils n’ont jamais d’études sérieuses et indépendantes supportant leurs prétentions et les investissements publics sauf celles découlant de leurs universitaires attitrés ou de leurs consultants privés, payés au gros prix, comme McKinsey, un abonné de nos gouvernements, où a travaillé Dominique Anglade, la cheffe du PLQ et l’ex-directrice de la CAQ. Ça ne m’inspire pas beaucoup confiance de voir quelqu’un comme madame Anglade conseiller l’État, du temps qu’elle était chez McKinsey, n’est-ce pas?

Oui, il y a matière à s’alarmer sur l’indépendance et les compétences de Fitz quand on voit le titre de ces articles : «Aucune limite de dépenses pour Pierre Fitzgibbon. Le ministre de l’Économie peut investir autant qu’il le souhaite pour soutenir les entreprises québécoises (même celles d’amis» (Le Journal de Montréal, 30 septembre 2020). Je vous le dis : il faut l’encadrer. Soutenir les entreprises québécoises et encore plus leurs propriétaires.

Un coup de pouce à un ami milliardaire

Il ne faut pas dire que je divague lorsque je mentionne l’aide publique à des amis personnels ou à ceux du parti : «Fitzgibbon a approuvé l’aide au cofondateur de la CAQ. Legault ignorait pour les 5 millions$ versés à la firme de Charles Sirois (un milliardaire) mais pas son ministre (Fitz)» (Le Journal de Montréal, 4 Mars 2020). Le simple fait de critiquer cette aide financière publique à un ami milliardaire et voilà que François Legault a sauté une coche, une fois de plus, et a attaqué les journalistes du Journal de Montréal et a même évoqué une éventuelle poursuite judiciaire. Oh là là, messieurs Legault et Fitzgibbon, prenez, je vous en prie, une grande respiration. Vous allez voir, ça va se passer. Comme disent les Italiens : «Piano, piano». S’il avait fallu que je poursuive en justice tous ceux qui m’ont critiqué, je ne serais pas sorti du bois.

Fitz aime le projet d’un ami lobbyiste

Luc Laperrière est un ami personnel (un autre) de Fitz. C’est Luc qui a racheté les actions que monsieur Fitzgibbon détenait dans Move Protéine, entreprise détenue par la famille de Guy Leblanc, celui que Fitz a nommé en 2020 à la tête d’Investissement Québec avec une grosse augmentation de salaire. Il ne faut rien insinuer car messieurs Legault et Fitzgibbon sont très sensibles à leur propre personne mais moins à celles des autres, comme celle de Sylvie Lalande de Desjardins et de Québecor.

Ah oui, Luc Laperrière en plus, le chanceux, d’être ami avec Fitz, est lobbyiste pour l’entreprise Polycor qui veut exploiter une mine de quartz sur le Côte-nord. Et suite à une rencontre fraternelle et fructueuse avec Fitz, celui-ci, onvaincu du bien-fondé du projet, s’est écrié «attaboy» : «Le ministre Fitzgibbon emballé par le projet (un autre) d’un ami lobbyiste» et «Éthique. Les libéraux (qui sont très mal placés pour faire la leçon aux autres en matière d’éthique) réclament une enquête sur une promesse (de fonds publics) de Fitzgibbon» (Le Journal de Montréal, 20 et 21 septembre 2019).

Une autre baloune gonflée à l’hélium de Fitz

Plus ça va et plus Fitz me fait peur : «30M$ (de fonds publics) dans des dirigeables (Flying Whales) rejetés par des experts. Le projet autorisé par le gouvernement caquiste avait été refusé sous les libéraux». Un autre projet de société, n’est-ce pas Fitz?

Trop c’est trop

Là vraiment le vase déborde quand j’entends Fitz déclarer ceci : «Fournir vos données personnelles aux pharmaceutiques, c’est «winner». Québec (CAQ) veut attirer des firmes pour «jouer dans nos platebandes» et, profiter de ça» (Le Journal de Montréal, 20 août 2020). Là c’est trop. J’y reviendrai dans mon prochain texte. Une autre patente de bien commun, enfin je suppose?

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