
D’abord les faits incontestables
Au Canada, le sans-fil, l’internet, le téléphone résidentiel et la câblodistribution sont dominés par un puissant oligopole formé de Bell, Telus, Rogers, Shaw, et… Vidéotron. Comme il n’y a pas de véritable concurrence, alors c’est ici que l’on paie le plus cher au monde pour ces services. Et nos gouvernements ne font rien pour aider les consommateurs pris en otages comme dans d’autres domaines : pétrole, médicaments, services bancaires et aériens, etc. Par rapport aux Russes et aux Chinois, nous on est fier de prétendre que l’on vit en démocratie où le consommateur et l’électeur sont supposément rois. On est libre de choisir Bell ou Vidéotron, Esso ou Shell, la Banque Nationale ou la Royale, mais ces compagnies ont tous les mêmes prix et tarifs. Disons enfin que les Bell, Rogers, Vidéotron et cie sont plus riches et plus puissantes que l’État, comme le sont Air Canada, Shell, le tandem CN-CP, Scotia Bank, etc. Nous devenons alors des clients captifs dans les mains de ces mastodontes qui imposent leurs prix et leurs conditions.
Un exemple éhonté de chantage
Comme le gouvernement fédéral libéral voulait, avec raison, diminuer le prix de gros payé aux membres de l’oligopole par les petits fournisseurs régionaux afin d’amener plus de concurrence, il se trouve que Bell a décidé de couper son programme en régions touchant ainsi 340 000 foyers qui n’ont pas internet. Honteux comme chantage et le tonitruant ministre caquiste Pierre Fitzgibbon qui prend la défense de Bell et dit que ce n’est pas grave, puisque le gouvernement va payer pour brancher ces gens : «Internet. Fitzgibbon se fait rassurant. L’Impact sera minime selon le ministre» (Le Devoir, 23 août 2019). Évidemment, le gouvernement a cédé aux pressions du cartel et n’a pas réduit les prix de gros.
Plusieurs preuves à l’appui
Vous voulez des preuves que l’on se fait arnaquer par les Vidéotron, Bell et cie? Alors en voici :
- «Techno. Les données mobiles, plus chères au Canada (en 2020) que presque partout ailleurs» (Radio-Canada, 13 août 2020). Par exemple, le coût moyen de 1 GO de données mobiles est de 12,55$ US au Canada, contre 0,09$ US en Inde, de 0,43$ US en Italie et sensiblement le même tarif dans les pays européens. Vraiment écœurant. Du vol institutionnalisé et toléré par nos élus soumis. Attendez-vous pas à ce que les journalistes de TVA, LCN et le Journal de Montréal enquêtent sur le sujet : Vidéotron fait partie de la famille.
Et ça fait longtemps que l’arnaque dure. Ainsi en 2015 : «Internet et sans-fil. Les Canadiens paient toujours plus cher. Un rapport du CRTC décortique les dépenses des ménages du pays en services de communication» (Le Devoir, 28 octobre 2018). En 2009, idem : «Téléphonie sans-fil et internet. Factures salées pour les Canadiens. Selon l’OCDE, les consommateurs d’ici dépensent 55 fois plus d’argent qu’au Japon pour avoir accès à Internet haute vitesse» (Le Devoir, 12 août 2009). Et en 2005 : «Les Canadiens paient 60% plus cher pour le cellulaire que les Américains» (La Presse, 27 juillet 2005). Que c’est dont formidable l’économie de marché.
Les profiteurs nient et se moquent de vous
Vraiment méprisant les grossières tentatives de nos exploiteurs canadiens pour nier les faits comme dans cet exemple : «Communications sans fil. Plus de concurrence pourrait être coûteux, dit un allié (un Autrichien) de Telus» (Le Devoir, 1er octobre 2014). C’est vraiment effrayant de nous dire que plus de concurrence ferait monter les tarifs et que baisser les prix stratosphériques affecterait le service. C’est du n’importe quoi. Et l’Institut économique de Montréal (IEDM), l’organisme de recherche de la droite radicale au service du patronat, qui vient défendre les prix faramineux de notre oligopole canadien (Vidéotron, Bell, Telus, Rogers et Shaw) en disant que oui on paie plus cher qu’ailleurs, mais on a supposément en retour un service de meilleure qualité (Le Devoir, 11 mai 2018, «Lexus ici, Yaris ailleurs»). Et Telus qui se paie de pleines pages de publicité pour essayer de nous faire avaler, par des calculs bidons, que les prix élevés au Canada sont des mythes et que nous dépensons moins cher que les Américains» (Le Devoir, 7 mars 2020). Des calculs malhonnêtes de Telus qui ne prend pas les tarifs effectivement payés pour les services mobiles (ce qui est probant) mais qui comparent les montants dépensés annuellement par rapport au revenu disponible. Franchement minable comme procédé.
Les belles promesses de vos gouvernements souverains
En 2020, le ministre fédéral libéral du Développement économique, Navdeep Bains, et le président du Conseil du Trésor, Jean-Yves Duclos, paradent en promettant des «nouvelles mesures visant à réduire les factures de cellulaire». Et «Bains veut une baisse des prix dans le sans fil» (Le Journal de Montréal et Le Devoir 6 mars 2020). Et les prix ont continué à augmenter malgré ces «nouvelles mesures» qui s’assimilent à des vœux pieux du ministre fédéral.
Ah oui, en 2017, Navdeep Bains avait également exprimé un autre souhait : «Le gouvernement fédéral (libéral) veut plus de concurrence dans le sans-fil» (Le Devoir, 6 juin 2017). En fait, il y a eu moins de concurrence puisque les gros ont avalé quelques petits joueurs. Même en 2012, l’ex-ministre fédéral des télécommunications avait largué la même promesse creuse, mais en vain : «Sans fil. Marc Garneau souhaite plus de concurrence» (La Presse, 10 décembre 2012). Elle est où la nouvelle concurrence? Ne perdez pas votre temps à la chercher, il n’y en en a pas.
Les gros bras corporatifs font entendre «raison» au gouvernement
Afin d’amener plus de concurrence, le gouvernement fédéral voulait obliger les gros joueurs de l’oligopole des télécommunications canadiennes à réduire quelque peu leurs prix du gros facturés aux petits revendeurs de services internet comme Espacenet au Québec. Alors la cavalerie est montée au créneau et devinez quoi? Le gouvernement fédéral a cédé aux pressions du big brother : «Position du fédéral sur les tarifs internet de gros : Vidéotron se réjouit» (Le Journal de Montréal, 17 août 2020). Vidéotron et Québecor se réjouissent pour leurs actionnaires et tant pis pour les consommateurs. La vache à lait de Québecor c’est Vidéotron. TVA et les journaux opèrent à perte ou pataugent.
Les bonzes de Vidéotron en rajoutent une couche
Et les dirigeants rigolos de Vidéotron qui prétendent, sans rire, que diminuer les prix de gros ferait baisser leurs profits et ainsi il ne pourrait plus «investir» dans les régions rurales et éloignées alors qu’il n’y est pas ou si peu. Et puis, des boss de Vidéotron ont prétendu que leurs juteux prix de gros et leurs immenses profits leur sert d’incitatif à investir dans leurs réseaux et infrastructures et pas du tout à verser de plus gros dividendes à leurs actionnaires. Si cela est vrai, on devrait leur permettre d’augmenter encore plus leurs tarifs afin qu’ils les investissent davantage, créent plus d’emplois, paient plus d’impôts, etc. Vous connaissez la chansonnette qui vient en contradiction avec les lois dites naturelles du marché? Dans le domaine des communications au Canada, il n’y a jamais eu de marché proprement dit.
Québecor aussi pire que les autres
La concurrence effrénée dans les marchés est un mythe dans plusieurs secteurs d’activités. Chez Vidéotron et chez Québecor, la farce se poursuit comme lorsque le président de Québecor a affirmé le 22 février 2020 dans son Journal de Montréal que : «Québecor et Vidéotron, figures de proue de la saine concurrence». Saine concurrence dans le sens que la poignée de pseudo-compétiteurs dans ce domaine d’activités collaborent et coopèrent fraternellement entre eux plutôt que d’adopter un comportement belliqueux. De vrais gentlemans. Et les boss de Québecor qui en rajoutent encore : «Québecor vante les vertus d’une vraie concurrence en téléphonie sans fil» (Le Journal de Montréal, 26 février 2020). Sur quelle planète vivent-ils au juste?
Vertueuse, saine et vraie concurrence mais…
Pour Québecor, il y a une saine et humaine concurrence même si : «Québecor. Pas de guerre de prix en vue avec Bell» (La Presse, 12 août 2010). Mieux vaut s’entendre entre gens bien élevés, quitte à faire payer les consommateurs prisonniers du cartel. Et Bell qui le rend bien à Québecor : «Sans-fil, pas de guerre de prix, prédit BCE» (Le Journal de Montréal, 7 mai 2010). Et les boss de Bell ont deviné juste : «il n’y en a pas eu de guerres de prix et il n’y en aura jamais. Qu’on se le dise une fois pour toutes.
Et puis, que c’est donc beau la vraie de vraie concurrence : «Vidéotron et Rogers forment une alliance» et aussi «I Phone : de nouveaux fournisseurs (fabricants) mais pas de guerre de prix (chez les distributeurs Vidéotron, Bell, Telus et Rogers)» (La Presse, 30 mai 2013 et Le Devoir, 21 octobre 2009).
Vidéotron achète des licences de spectre ailleurs au Canada
Le gouvernement fédéral est complice de ce cartel, de cette absence de concurrence et de ces prix élevés en vendant des spectres de sans-fil partout au Canada à des entreprises qui y n’iront jamais, comme Vidéotron. En 2015, Vidéotron a acheté pour environ 200 millions de dollars de spectres dans l’Ouest canadien et les a revendus à ses amis compétiteurs Rogers et cie en 2017 pour plus de 600 millions$. 400 millions$ de profits vite réalisés, sans effort et sans risque. Transaction qui renforcit l’oligopole. Pourquoi vendre des spectres à Vidéotron ailleurs qu’au Québec? Le gouvernement libéral aurait dû garder la propriété de ces spectres et les louer aux intervenants, car ces spectres constituent un bien public : «Québecor Média vend sept licences à Shaw» (Le Devoir, 14 juin 2017).