
Comme Trump et Harper, Legault ne veut rien savoir de l’environnement
Comment peut-on être si jeunes et autant assujettis au pouvoir? C’est tellement drôle et décourageant à la fois ce qui s’est passé lors du dernier congrès virtuel des jeunes caquistes tenu à la mi-septembre 2020, tel que rapporté dans Le Devoir du 21 septembre 2020 sous le titre de : «Environnement. Legault ne s’engage pas pour un Québec carboneutre en 2050». À cet effet, des pays comme la Norvège et la Suède s’y sont engagés, ainsi que Justin Trudeau et même Dominique Anglade, la nouvelle cheffe du PLQ, à respecter cet objectif fixé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Rien de nouveau à ça puisque le gouvernement caquiste avait déjà annoncé ses couleurs au mois de février 2020 : «Climat. Québec (CAQ) n’a pas l’intention de suivre les recommandations du GIEC» (Le Devoir, 6 février 2020).
Autant que Donald Trump, que Maxime Bernier et du patronat, mais en plus hypocrite, la CAQ et Legault sont des climatonégationistes pour qui la business à tout prix prime. Déjà en 2018, fraîchement arrivé au pouvoir, le gouvernement caquiste décline en grandes pompes ceci : «Environnement. Réduction des GES : l’atteinte des cibles (fixées à 2020) reportée à 2030» (Le Devoir, 30 novembre 2018). Et là, François Legault, vient de refuser catégoriquement de se prononcer pour 2050. Par contre, au début de 2020, dans un grand élan de pragmatisme durable et vert : «le gouvernement caquiste compte assouplir sa politique environnementale» (Radio-Canada, 19 février 2020). La CAQ qui veut assouplir sa politique environnementale qui déjà se résumait à rien.
Les mignons jeunes toutous caquistes
Alors, au dernier congrès de l’aile jeunesse de la CAQ, les jeunes fougueux caquistes ont demandé, sur le bout des lèvres, à leur chef François Legault de rendre le Québec carboneutre pour 2050. La demande tiède des jeunes caquistes, qui sont loin d’être des révolutionnaires progressistes, a évidemment été rejetée du revers de la main par leur chef. Pas grave pour le président des jeunes caquistes, Keven Brasseur, qui malgré ce refus catégorique, «ne s’est pas montré déçu de la réponse du premier ministre. Au contraire, il dit avoir bon espoir que le gouvernement caquiste prenne cet engagement». Mais sur quoi il fonde son bon espoir? Legault rejette la proposition des jeunes caquistes et le jovial Keven est content. Il a de l’avenir à la CAQ.
Keven Brasseur (qui n’aime pas brasser) en rajoute
Sur le refus de Legault de s’engager réellement contre le réchauffement climatique et contre ses effets sociaux et économiques néfastes, Keven a renchéri dans ses propos flagorneurs : «Je n’ai pas d’inquiétude sur ce plan, soit que la CAQ s’engage à être carboneutre pour 2050». Si Keven est sincère, je vous demande de prier pour lui. Une personne informée et objective devrait plutôt s’inquiéter grandement du comportement environnemental «pragmatique» réel de la CAQ! Plus loin, je vais énumérer quelques gestes «verts» posés par la CAQ afin de favoriser l’émergence d’un développement durable comme les projets de gaz GNL; l’usine d’engrais de Bécancour; le troisième lien; les coupes à blanc; les motoneiges dans nos parcs nationaux; les investissements miniers, etc. C’est jeune et ça dit déjà n’importe quoi, comme cette autre perle : «je crois que le gouvernement caquiste va répondre favorablement à la demande des jeunes caquistes». Je «crois» qu’il a dit.
Une jeunesse caquistes tranquille
Toujours dans l’article publié dans le Devoir du 21 septembre 2020, il est écrit que : «La relève caquiste s’est montrée plutôt docile : le premier ministre Legault n’a fait face à aucune question difficile, et n’a dû répliquer à aucune critique de sa gestion gouvernementale des deux dernières années». Pour l’esprit critique des jeunes caquistes en congrès, on repassera. Même les jeunes libéraux brassaient plus la cage que ça des gouvernements Couillard et Charest. Il me semble que c’est justement le rôle des jeunes de critiquer leur propre gouvernement et de faire valoir leur point de vue pour une planète moins polluée pour les générations futures; pour l’application de politiques afin de réduire les inégalités économiques; pour mettre fin au système d’éducation à plusieurs vitesses; pour freiner l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux et l’évitement fiscal comme le privilège des médecins de s’incorporer, pour le droit à un médecin de famille et pour moins d’attente à l’urgence; etc. Mais non, rien de ça. Tout est beau, et tout est bien fait par le gouvernement caquiste.
François Legault, le petit comique
Alors que les jeunes caquistes se sont écrasés lors de leur dernier congrès folklorique, Legault a poussé l’ironie et le sarcasme encore plus envers ses jeunes suiveux. Il est allé jusqu’à leur demander d’avoir de l’«audace» afin de convaincre les sceptiques face au danger de la COVID-19. Aie, demandez de l’«audace» à ceux qui ont fait preuve d’asservissement est tout de même rigolo. Demandez de l’«audace» à des jeunes caquistes qui viennent justement de s’aplatir concernant les positions de leur parti face aux émissions de GES, ça fait vraiment dur. Après on demande aux gens de prendre les politiciens au sérieux et de les respecter. Et si c’est ça la relève caquiste, il y a matière à se poser des questions.
En voulez-vous une autre drôle même si ce n’est pas du tout comique? Elle a été larguée en 2019 par le président des jeunes caquistes, Kevin Paquette (lui c’est Kevin, l’autre Keven, deux beaux prénoms francophones) : «L’environnement fait partie de l’ADN de la CAQ, assure le président de l’aile jeunesse» (Le Journal de Montréal, 24 mai 2019). La relève caquiste fait vraiment peur.
Du n’importe quoi c’est ça
Quand le premier ministre caquiste affirme ces grosses généralités vides et évasives, ça veut tout dire sur les véritables intentions vides de la CAQ en matière environnementale : «Legault veut une CAQ «verte», mais «pragmatique»» (Le Journal de Montréal, 25 mai 2019). Une CAQ à la fois verte et pragmatique, vous pigez le sens incongru de ces fumeux engagements? Et puis, François de rajouter : «Environnement. Legault veut un Québec «plus vert» et «plus riche»» (Le Devoir, 27 mai 2019). Plus riche pour qui? La maxime de la CAQ pourrait être celle-ci : «Moins de politiques environnementales qui briment la création de richesse et surtout de riches au Québec». Il y a moyen de faire plus en matière de protection de l’environnement avec moins. Afin de protéger l’environnement, mieux vaut s’en remettre aux lois naturelles du marché et laisser les marchands s’autodiscipliner, eux qui ont un code d’éthique et un sens de la responsabilité sociale exemplaires.
Quelques exemples de la CAQ verte et durable
- Août 2020
«Toujours pas de BAPE en vue à la mine du lac bloom», même si quelques 160 milieux humides et 35 cours d’eau, dont 16 lacs, seront affectés par le déversement de résidus miniers : «Des lacs sacrifiés pour stocker des résidus miniers» (Le Devoir, 13 août et 23 juillet 2020). Des résidus miniers verts je suppose, et la décontamination sera payée par qui?
- Janvier 2020
GNL un projet d’usine de gaz liquéfié, de port et de transport maritimes qui va annuler tous les efforts faits depuis 1990 en matière environnementale : «François Legaut rencontre GNL Québec et vante le projet», même si : «GNL admet un risque pour le béluga». Et rien à l’épreuve de leurs 18 lobbyistes : «GNL demande l’appui financier de l’État». En fait, les affairistes nous demandent de se faire hara-kiri. Peut-on être aliéné à ce point? (Radio-Canada, 17 janvier 2020 et Le Devoir, 17 février 2020 et 14 mai 2019).
- Janvier 2020
«CAQ. La loi sur la protection des milieux humides sera assouplie» (Radio-Canada, 10 janvier 2020). Des milieux humides, ça attire les maringouins.
- Septembre 2019
«Le gouvernement Legault (comme Bolsonaro au Brésil) veut couper plein de forêts pour réduire les GES» (Le Journal de Montréal, 30 septembre 2019). Complètement fou.
- Septembre 2020
Ma dernière vient d’un autre excellent texte de Jean-François Nadeau du Devoir, publié le 21 septembre 2020 et qui mentionne que Legault, comme preuve d’un geste environnemental probant posé par la CAQ, vient d’interdire des activités industrielles dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent, qui étaient déjà interdites depuis… juin 2011…