
La publicité partout et en tout temps
Ça ne se peut pas. On ouvre la télé et hop, on a droit à deux grosses minutes de publicités à toutes les dix minutes. Et aussi à de la mini-pub en permanence dans les coins de votre tv. Toujours de la publicité délirante et pleine de prétention qui met en relief des très belles valeurs humaines, familiales et amoureuses pour vous inviter à acheter des produits souvent parfaitement inutiles avec comme figurants des beaux enfants souriants, des comédiens connus, de belles jeunes dames émancipées et des hommes débordant de confiance. Il y a aussi souvent de beaux paysages où l’on voit les motomarines, les véhicules tout terrain et les motoneiges envahir joyeusement lacs et forêts pour le plus grand bien de la protection de l’environnement. Et en guise de générosité, on a souvent droit, en toile de fond, de nos pubs préférées francophones, des chansons en anglais, ce qui nous permet d’apprendre gratuitement l’anglais tout en apprenant sur des choses nécessaires à notre vie en société.
La publicité envahissante et sclérosante est partout
Résumons. En plus d’avoir le privilège d’être bombardé de publicités à la télé et à la radio, vous ouvrez votre Journal de Montréal (beaucoup moins pour Le Devoir) et hop, une page sur deux au moins est de la publicité dite pédagogique. Vous ouvrez votre ordinateur et là vous avez droit à un festival de publicités, gracieuseté de nos médias préférés, et des Google, Facebook, Twitter et Youtube, des compagnies détenues par des milliardaires, ce qui nettement mieux en termes de liberté, d’intérêt national et de sécurité nationale que si elles étaient de propriété collective. Et puis, si vous sortez dehors, vous trouverez, accrochés à votre poignée de porte, quelques circulaires et un publi-sac, qui sont tellement bons pour la protection de la forêt et de la faune grâce au papier utilisé en grosse quantité.
Et ce n’est heureusement pas fini. Vous marchez sur le trottoir et quelle joie de voir passer des camions et des autobus avec de la publicité mobile; des abribus avec plein de pubs; des panneaux entiers réservés à cette fin et des taxis couverts de vos annonces favorites. Et si vous avez de la chance, vous allez apercevoir dans les airs des avions ou des ballons gonflables affichant de la pub. Et j’oubliais : comme pour faire durer le plaisir, plusieurs entreprises se paient des cahiers spéciaux, s’achètent des publireportages et même des articles dans nos très démocratiques journaux et revues. Veuillez me pardonner, j’ai omis de vous parler des gros panneaux publicitaires sur nos routes et autoroutes, comme sur les boulevards Taschereau à Longueuil et celui des Laurentides. Mais quel impair Léo! Tout à fait impardonnable! Et au resto ou encore à l’université, les toilettes sont bourrées de pubs!
Dans ce cas, comment ne pas être heureux?
Grâce à cette publicité, les gens des pays occidentaux sont plus informés, plus modernes et, n’ayons pas peur des mots, plus éduqués grâce à tous ces outils privés que l’on ne retrouve pas dans les pays socialistes. Vive le système démocratique capitaliste. Vous avez ainsi appris à connaître plein de produits qui accroissent votre bonheur et à vous les procurer comme Armor All qui nettoie votre tableau de bord et cire les pneus de votre auto. Je suis certain qu’en Russie ils ne «shinent» même pas les pneus de leurs autos.
Ben oui, au Venezuela, ils n’ont probablement pas de Febreze qui vous permet de tout aérer tout en répandant les douces odeurs de lilas, de la rose ou de la brise matinale à l’orée du bois. Comment peut-on prétendre être libre et avoir réussi dans la vie si on n’a pas de souffleur à feuilles ou si, au printemps, on ne fait pas l’achat d’engrais afin d’obtenir un gazon en santé, que l’on peut admirer pousser, et si l’on omet d’acquérir des insecticides et des pesticides? Moi je suis sûr qu’en Chine communiste, ils ont plein de mauvaises herbes envahissantes dans leur gazon.
Le plaisir de se trouver à Cuba
À chaque fois que je vais à Cuba, quel plaisir pour moi de ne pas voir de publicités aliénantes à la télé, dans les rues et dans mon journal Gramma. Non, les Burger King qui annoncent beaucoup à la télé ne me manquent pas. Je suppose que toute cette publicité démentielle qui vous invite à une consommation maladive relève de valeurs démocratiques. Cette publicité envahissante, jusqu’à l’écœurement (en tout cas, c’est mon cas), vous rend-elle plus libre? Consommez, consommez, car c’est bon pour le taux de croissance annuel du produit intérieur brut (PIB).
Cette surabondance de publicités est à la base de cette surconsommation effrénée qui a un impact dévastateur sur la santé de notre environnement et la survie de la planète. On inonde les gens de publicités et après on dit qu’il faut réduire notre consommation. Il faudrait que le déluge de publicités diminue, elles sont pleines de superficialité qui associe consommation des produits à bonheur, réussite dans la vie, prestige, beauté, etc.
Certains vont me dire que publicité rime avec démocratie et liberté. Alors, je préfère vivre dans un pays socialiste où les gens ne sont pas «brainwashés» par tout ce qui tourne autour du beau monde publicitaire. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi je suis littéralement écœuré par cette overdose de publicités aliénantes et superficielles que l’on m’impose. C’est une atteinte à ma liberté. Au moins, si c’était des choses utiles que l’on publicisait. Mais non, ce sont dans la vaste majorité des produits inutiles et superflus. Des publicités qui veulent faire de moi un robot et qui véhiculent des valeurs primaires et grossières qui amènent à la longue et à l’usure certains à les adopter.