
Le rôle fondamental d’une banque
La mission première d’une banque est de recevoir nos dépôts d’argent et d’effectuer des prêts aux individus et aux entreprises. Voilà qui n’est pas très compliqué mais qui assure le meilleur rendement économique collectif. Mais les banquiers n’en ont rien à cirer du mieux-être collectif. L’important pour eux se résume à leur enrichissement personnel et à celui de leurs actionnaires. C’est pourquoi ils ont milité, en embauchant plusieurs lobbyistes, universitaires, ex-politiciens, journalistes, etc., afin que les gouvernements déréglementent et décloisonnent le secteur financier. Cela a permis aux banques de se lancer dans le courtage, l’assurance, les paradis fiscaux, les produits dérivés, les fonds spéculatifs, etc. Et cette dérèglementation débridée des banques les a amené à spéculer sur tout de façon irréfléchie afin de réaliser de gros profits rapidement, ce qui a malheureusement mené à la crise financière mondiale de 2007. Les banques, trop grosses pour faire faillite, ont été rescapées par l’État qui leur a versé des centaines de milliards en fonds publics alors que plusieurs individus ont perdu leurs économies, leur emploi, leur maison, leurs caisses de retraite. Bizarre tout de même de voir nos gouvernements subventionner des banques responsables de la crise financière et de taxer les innocentes victimes afin de renflouer les coffres de l’État. Ainsi est la véritable essence de la démocratie et de l’économie capitaliste dirigées par les ploutocrates et les oligarques. Plusieurs banquiers auraient mérité la prison pour longtemps.
Les banques spéculent sur tout
Si on éliminait la spéculation effectuée par les rapaces économiques, le prix des produits miniers, des aliments, de l’électricité, des loyers, du pétrole baisserait de beaucoup au bénéfice des citoyens, entraînant par le fait même une meilleure répartition de la richesse et une diminution des scandaleuses inégalités économiques : «Pétrole, gaz, aliments et minéraux : la spéculation, les deux tiers du problème» (La Presse, 15 avril 2013). Qui a dit ça? La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CN UCED).
Dans le domaine de l’électricité par exemple, comptons-nous chanceux au Québec d’avoir Hydro-Québec, un instrument économique et social qui appartient à tous les Québécois et non à de petits faiseux (qui militent pour sa privatisation) comme c’est le cas aux États-Unis. Évidemment, cela attire les banques prédatrices qui, voulant faire de l’argent rapidement, se fichent éperdument de faire grimper les tarifs d’électricité pour les consommateurs : «Barclays (grande banque du Royaume-Uni) de nouveau prise la main dans le sac. La banque est mise à l’amende (453 milliards de dollars US) pour avoir manipulé les prix de l’électricité aux États-Unis» (Le Devoir, 18 juillet 2013). Idem pour la plus grande banque américaine qui a fait de même et qui a écopé d’une pénalité de 410 millions$ US : «Enquête criminelle sur JP Morgan Chase» (Le Devoir, 9 août 2013). Que c’est merveilleux la non-ingérence de l’État dans l’économie et la déréglementation.
Et pourquoi ne pas spéculer dans le pétrole et le gaz naturel tant qu’à y être? «Morgan Stanley fait des (gros) sous à Montréal-Est. La banque de Wall Street possède un lucratif terminal de carburants» et aussi «La banque Morgan Stanley vend des barils de pétrole…».
Être pragmatique et privilégier le bien commun et l’intérêt collectif
Afin de créer de la richesse pour tous, les banques devraient être de propriété collective. Oui, c’est ça, vous l’avez bien deviné : il faudrait les nationaliser de même que les ressources naturelles (pétrole, gaz, minerai, forêt, etc.) qui nous appartiennent en droit. Merci encore une fois d’être d’accord avec moi : ça m’encourage à continuer. Ce n’est pas parce que je suis au centre à gauche et au milieu à droite que je dois être dogmatique et m’opposer à la propriété collective au nom de l’intérêt général. Je le répète : je suis un pragmatique réaliste qui veut combattre notre immobilisme collectif. Il ne faut pas, au nom de l’intérêt particulier de quelques-uns, opter toujours pour la privatisation, la sous-traitance et les PPP.
Aliments : achat local, autonomie et spéculation
Pour vraiment favoriser la souveraineté alimentaire et encourager l’achat local, nos gouvernements doivent être sérieux et interdire la spéculation des tripoteurs financiers sur nos terres agricoles et sur les aliments, sinon le bel élan de patriotisme alimentaire de nos élus relève de la duperie et du fantasme.
Si, pour plusieurs journalistes, les banquiers sont de généreux philanthropes qu’il faudrait béatifier de leur vivant et pour tous les partis politiques qui font d’eux des candidats vedettes experts en finance et des ministres importants, il se trouve que pour moi ils ne sont que des opportunistes qui n’ont jamais créé aucune entreprise. Tout ce qui est payant attire les banquiers. Il y a vraiment un gros problème de société quand on en est rendu à spéculer sur les aliments qui sont essentiels à la vie. Et nos politiciens laissent les spéculateurs miser sur les aliments et sur les terres agricoles au nom de la liberté du marché.
Les banques spéculent sur les aliments
C’est à lever le cœur quand on voit la Deutsche Bank (Allemagne) publiciser la vente de ses produits financiers issus du domaine alimentaire : «Réjouissez-vous de la hausse des prix. Récolter les fruits de la flambée (en raison de la spéculation) des prix alimentaires». Franchement dégueulasse. Et l’autre banque qui essaie de nous faire croire qu’elle cessera de spéculer sur les aliments : «Barclays (encore elle) cessera de spéculer sur les aliments. La banque britannique tente de rétablir sa réputation mise à mal par des scandales» (Le Devoir, 13 février 2013). «Rétablir sa réputation» qu’ils ont dit sans rire.
Les banques spéculent sur les fermes
Quelle belle affaire que celle d’acheter des terres agricoles, pas pour devenir fermier, mais juste pour spéculer : «Terres agricoles. Quand les banques s’en mêlent» (La Presse, 29 mai 2012). Et aussi celles-ci : «Les terres agricoles font saliver les investisseurs», «Prix des denrées. Retour à la terre des spéculateurs» et enfin «Acheter des terres agricoles, un pari peu risqué» (Le Devoir, 27 octobre 2018, La Presse 25 mars et 5 avril 2010).
Et les terres agricoles laissées dans les mains des spéculateurs produisent inévitablement une hausse du prix des fermes et, en dernier ressort, des aliments : «La valeur des terres agricoles explose» (Le Journal de Montréal, 18 décembre 2018). À mon humble avis, il faut interdire toute forme de spéculation sur les produits alimentaires, les terres agricoles et les ressources naturelles au nom de l’intérêt général. Il me semble que ça va de soi.
Nos petits arrivistes québécois entrent dans la danse
Un vrai esprit d’entrepreneurship que le fonds spéculatif québécois Agriterra : «Nouveau fonds d’investissement agricole. De la terre dans le portefeuille» (La Presse, 25 octobre 2010). Bravo! Et félicitations aussi à ce petit faiseux milliardaire, siphonneux de fonds publics, qu’est Charles Sirois, co-fondateur avec François Legault de la CAQ, qui investit dorénavant dans les cliniques de santé privée, l’hôtellerie et autres patentes subventionnées, mais aussi dans les terres agricoles au Québec par le biais d’une de ses firmes nommée Pangea. Et pour rire du monde, il prétend vouloir acheter des fermes pour nous aider. Un vrai petit parvenu mais qui est un ami de Fitzgibbon et de Legault à la CAQ : «Pour aider la relève agricole (pas du tout pour spéculer). La Commission sur l’accaparement des terres agricoles a entendu le confondateur de Pangea» (Le Devoir, 18 mars 2015). Et avec à sa tête un banquier de la Scotia Bank (Charles Émond) et avant lui un ex-dirigeant de Bell Canada (Michel Sabia) et de notre Caisse de dépôt, déjà très présente dans les paradis fiscaux et les sables bitumineux de l’Alberta, qui s’y met aussi : «La Caisse de dépôt lorgne les terres agricoles» (Le Devoir, 23 janvier 2013). Et il y a aussi la Banque Nationale du Canada et d’autres. C’est ce même Sirois qui a dit : «Il faut soulager les entreprises de la sécurité d’emploi, des augmentations de salaires et des grèves» (Le Devoir, 22 février 2011). Mais il faut continuer de les subventionner et de les détaxer.
L’ignorance volontaire de journalistes
La spéculation fait monter le prix des aliments mais pour certains de nos journalistes critiques, objectifs, indépendants et aguerris, il faut se soumettre à la loi des spéculateurs : «Hausse du prix des aliments. Le temps est venu de passer à la caisse» et aussi «La fin de la nourriture bon marché?» (La Presse, 4 avril 2009 et 8 juin 2011).
Au Québec, nos élus donnent priorité aux spéculateurs
En Europe, plusieurs pays ont légiféré afin d’affranchir les fermes des spéculateurs et de sauvegarder les fermes familiales. Même l’ex-président français de droite : «Prix des aliments. Sarcozy refuse de laisser le champ libre aux spéculateurs» (Le Devoir, 15 juin 2011). Mais, au Québec, pays de la collusion et de la corruption, pas question d’irriter les arrivistes : «L’accaparement des terres agricoles n’inquiète pas le gouvernement caquiste» (Le Devoir, 7 septembre 2018). Legault et Fitzgibbon sont des gens de principe. Pas question pour eux de brimer les droits de leur bon ami Charles Sirois de spéculer.