Paroles d’éditorialistes : il ne faut pas taxer les riches

Pandémie et crise financière de 2008 : tout allait changer

Les banquiers cupides ont été responsables de la crise financière mondiale de 2008. Même si les banques étaient responsables de cette crise et qu’elles étaient très grosses et très riches, nos élus ont cru bon les subventionner à coups de milliers de milliards de dollars et de taxer les innocentes victimes, en l’occurrence la population, afin de financer ces aides gouvernementales gargantuesques consenties à ces bandits et d’éponger les déficits publics. On nous a dit que les politiciens ont agi ainsi, non pas par idéologie, mais par pragmatisme et au nom du bien commun. Faites-moi rire. Il en sera de même après la pandémie. Monde ordinaire, préparez-vous à payer car on ne peut pas et on ne doit pas faire payer les riches que nous disent pas seulement le patronat, ses universitaires, ses lobbyistes et ses élus, mais aussi beaucoup de journalistes, chroniqueurs et éditorialistes qui se comportent ainsi de façon indigne et qui sont une honte à leur profession. Bah, que voulez-vous, comme les politiciens, il ne faut point contrarier ceux qui, peut-être, les emploieront dans un certain avenir et qui sont des gros publicitaires de leurs médias.

Il ne faut pas les taxer même s’ils s’enrichissent

Pandémie ou pas, les gras durs empilent et s’enrichissent. Cela n’est pas nouveau : «D’après Bloomberg, les plus riches ont vu leurs fortunes croître (aux États-Unis comme au Canada) de 1300 milliards US$ depuis janvier 2020 (c’est-à-dire en 10 mois), en hausse de (seulement) 23%» (Le Devoir, 25 novembre 2020). Et ce même 25 novembre, on apprenait que les indices boursiers avaient atteint de nouveaux records : «Le Dow Jones au-dessus des 30 000 points». Je suppose que la hausse du marché boursier profite à tous? Et bien non. Ça ne fait qu’enrichir la minorité possédante puisque selon une étude de la Réserve fédérale américaine, la «Fed», la détention des actions est concentrée dans les mains des 10% les plus riches : «Pourquoi Wall Street sourit-elle alors que l’économie s’effondre» (Le Journal de Montréal, 12 mai 2020). Ça fait que les scandaleuses inégalités économiques continuent à s’agrandir. Il en sera ainsi à moins que les gouvernements renforcent les lois du travail et les politiques sociales et rendent la fiscalité vraiment progressive (plutôt que régressive comme elle l’est actuellement), contrairement à ce que certains affiliés et franchisés prétendent : «Pas de répit (durant la pandémie) pour les écarts de richesse» (Agence QMI, 26 novembre 2020). Et une autre avant de poursuivre : selon Statistique Canada, «les revenus du 1% ont augmenté, mais leurs impôts ont diminué» (Journal Métro, 25 septembre 2019). Il ne faut pas toucher aux vaches sacrées des pontifes.

Nos misérables chroniqueurs et éditorialistes en service

Face à l’augmentation des inégalités économiques et à l’explosion du gros cochon des nababs, le Fonds monétaire international (FMI), qui est pourtant loin d’être à gauche, l’économiste français de réputation mondiale, Thomas Picketty, et même des milliardaires comme Warren Buffet et Bill Gates, demandent, afin de rendre l’économie encore plus performante, de hausser l’impôt des plus riches. Mais pas – oh surprise – nos élus d’ici (comme Leitao, Bachand et Coiteux du PLQ), nos économistes émérites universitaires d’ici (pierre Fortin et Luc Godbout) et plusieurs de notre élite journalistique comme malheureusement ces éditorialistes du Devoir Jean-Robert Sansfaçon («Fiscalité. Temps durs pour les riches) et Gérard Bérubé («Hausser l’impôt des mieux nantis ne rapporte pas») (Le Devoir, 24 novembre 2020 et 29 septembre 2018). De petits représentants de la presse écrite qui, dans leur texte, ont écrit des faussetés, se sont servis d’opinions «d’experts» de droite liés au patronat et ont démontré éloquemment leur ignorante. Ils ont déballé tellement d’énormités que je vais rédiger à cet effet un deuxième texte. Des inexactitudes répétées, comme affirmer que l’impôt au Québec et au Canada est progressif, même si des gens d’affaires et des médecins ont un taux d’impôt effectif moins élevé que le travailleur moyen, et de larguer que ce sont les Québécois qui sont les plus imposés en Amérique du Nord et plus particulièrement au Canada, même si cela a été contredit récemment par Statistique Canada et d’autres. Ces gens ont une conception étriquée de la fiscalité.

Pourtant, hausser l’impôt des richards et des compagnies pour rendre notre système fiscal plus progressif, plus équitable (afin ainsi de créer plus de richesse globale) et de s’assurer que tous paient sa juste part, ce n’est pas du tout s’attaquer sauvagement aux pachas. Est-ce si difficile à comprendre?

Des éditorialistes qui disent comme le 1%

Il est tout à fait outrageant d’entendre les arguments du patronat et de leurs préposés de ne point hausser les impôts de Crésus individuels et corporatifs. Vraiment une insulte à l’intelligence comme celui de l’universitaire de droite Luc Godbout, qui a présidé en 2015 la Commission du PLQ sur la fiscalité : «Pas assez de riches à taxer» (Les Affaires, 12 février 2011). Le journaliste a évidemment omis de lui répliqué gentiment que l’impôt est calculé sur le revenu et non pas sur le nombre d’individus. On sait bien qu’ils sont peu nombreux, mais ils sont très riches. On appelle ça la concentration de la richesse : «Les deux Canadiens les plus riches ont autant que 30% les plus pauvres» et «Le 1% possède 82% de la richesse mondiale» (Le Devoir, 17 janvier et le Journal de Montréal, 22 janvier 2018).

Le caquiste de l’IEDM

Et il y a aussi l’universitaire Robert Gagné des HEC, très populaire au Journal de Montréal, qui a dit, comme ça, qu’il y a «trop d’impôts pour les 100 000$ et plus» (Le Journal de Montréal, 27 août 2020). Et le député caquiste Youri Chassin, anciennement de l’Institut économique de Montréal (IEDM) qui lui a dit : «Taxer les riches les fait fuir» (La Presse, 25 juillet 2012).

Les trois as de La Presse

En passant, afin de rendre notre fiscalité plus équitable, Godbout a même suggéré de taxer (TVQ)  les aliments et Gagné a suggéré de hausser la TVQ à «seulement» 18% afin de sortir le Québec du rouge. À La Presse, il y a les incontournables valets (Vailles et Dubuc) qui ont pondu ces éditoriaux : «La fuite fiscale des riches» et «L’art de taxer les riches» (5 et 9 décembre 2015). Pour ces deux énergumènes, l’art de taxer les riches c’est de ne pas les taxer afin qu’ils restent ici. Mieux vaut taxer les autres qui sont captifs et qui ne peuvent pas s’exiler. Il fallait y penser. Et à La Presse, il y a le chroniqueur émérite Jean-Philippe Décarie qui nous a averti solennellement dans sa chronique du 27 septembre 2012 : «Impôt des riches. La frontière à ne pas franchir». Mais, pour le monde ordinaire, on peut presser généreusement le citron fiscal car il n’y a pas de frontière. Sky is the limit comme on dit.

Les fantassins du Journal et d’ailleurs

Michel Girard, du Journal de Montréal et anciennement de La Presse, qui, pour nous faire pleurer, a rédigé cette touchante chronique : «L’oppression fiscale des entrepreneurs (même ceux qui sont incorporés)» (La Presse, 2 octobre 2012). Et l’ex-chroniqueur vedette du Devoir et de Radio-Canada, René Vézina, qui a parlé plus ou moins d’une guerre faite par quiconque ose hausser l’impôt des grosses pointures : «La chasse aux riches est maintenant ouverte» (Les Affaires, 17 novembre 2012). Et enfin, suggérer d’augmenter l’impôt de ceux qui sont pleins comme des boudins c’est, pour la chroniqueuse du Journal de Montréal, Denise Bombardier, elle-même pas pauvre, faire preuve de ceci : «La haine des riches» (Le Journal de Montréal, 23 avril 2019). Il faut les aimer en tout temps et en toutes circonstances. Surtout ne pas faire preuve de bonne volonté et ne pas les taxer, ou si peu. Il faut leur être reconnaissant de créer de la richesse. De la richesse pour qui, là n’est pas la question.

Alors dans mon prochain texte je reviendrai sur les faussetés répétées par Jean-Robert Sansfaçon dans son dernier éditorial paru dans Le devoir du 24 novembre 2020 et intitulé : «Fiscalité. Temps durs pour les riches». Pôvres petits, c’est triste à pleurer…. Mais je lui rappellerais que l’impôt n’est pas progressif au Québec, et nous ne sommes pas les plus taxés. Vouloir hausser l’impôt des riches et des compagnies ne relève pas du domaine idéologique. Si Québec solidaire suggère des mesures fiscales pragmatiques, monsieur Sansfaçon préférerait revenir aux conclusions de la Commission libérale sur la fiscalité dirigée par Luc Godbout, avec comme membres des «experts» du patronat et qui a reçu l’appui u-n-a-n-i-m-e du Conseil du patronat.

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