
Tout va mal pour vous? C’est la faute des Russes
Vous êtes malheureux, vous avez de gros problèmes existentiels? Votre partenaire vous a quitté? Vous avez perdu votre chat? Votre boss vous a «flushé»? Vous ne gagnez jamais dans vos pool de toutes sortes? Vous ne vous trouvez pas tellement beau? Alors, pour vous soulager et vous remonter le moral, faites comme nos médias dépendants et subjectifs et dites-vous que c’est la faute des Russes, et pourquoi pas des Chinois. Vous allez voir, ça va vous recrinquer. Déjà vous vous sentez mieux, n’est-ce pas? Pas besoin de consulter et de dépenser à cet effet des centaines de dollars. Entrez-vous bien dans la tête que c’est la faute aux Russes qui, comme ce n’était pas assez, sont communistes avec un parti politique unique. Aux States, ils ont deux partis politiques qui se ressemblent et promeuvent l’hégémonie américaine dans le monde, mais deux c’est mieux qu’un, même en présence de milliards de dollars en contributions politiques à chaque élection. L’argent et la démocratie capitaliste vont de pair.
Quand les Russes empoisonnent les opposants : Ouach!
L’Agence France-Presse (AFP) est un pur et vrai organisme de propagande occidentale qui sélectionne judicieusement les faits (et les non-faits) à traiter, les pays à couvrir et les citoyens et les experts à interroger, mais ça reste pour nos médias québécois et canadiens la référence et la norme. Vrai qu’ils sont nuls ces Russes communistes : même pas capables d’empoisonner comme du monde leurs opposants en Russie, comme Alexeï Navalny. Je suis sûr que son histoire palpitante va donner lieu à un documentaire ici même au pays afin que nous haïssions encore plus ces méchants russes autant que notre chère vice-première ministre libérale du Canada, madame Chrystia Freeland, d’origine ukrainienne. Oh que la madame n’aime pas les Russes et les Chinois… Par chance, elle aime nos amis américains.
Grosse nouvelle de l’AFP vite rapportée dans tous nos médias qui ont avalé ça tout cru : «Alexeï Navalny victime d’un poison? L’opposant russe dans le coma à l’hôpital (en Russie) après un malaise dans un avion» (Le Devoir, 21 août 2020). Les journalistes du Devoir sont drôles : ils ont mis un point d’interrogation à la fin du titre de cet article alors que tous leurs autres et nombreux articles quotidiens laissaient clairement voir au lecteur qu’il avait été empoisonné par le gouvernement russe qui, encore une fois, a manqué son coup. Ils sont tellement maladroits. Quand une grande puissance comme la Russie n’est même pas en mesure d’empoisonner ses opposants récalcitrants, c’est qu’ils sont «zéro» comme dans Ouellet. Ça c’est dans l’hypothèse que vous croyez vraiment que les autorités russes ont vraiment tenté de tuer Nalvany comme le laissent entendre nos médias et l’AFP qui, pendant plusieurs semaines et sur une base quotidienne, nous ont tenu informés, à leur façon particulière, des péripéties du monsieur.
L’important c’est de ramasser les Russes à tous les jours
Oui, pendant ce temps, ils se passaient des choses nettement plus importantes au Brésil, en Éthiopie, en Palestine, au Myanmar mais comme ils ne peuvent pas tout couvrir et rapporter en même temps, les médias occidentaux privés, qui sont préférables aux médias publics, ont dû faire un choix. L’important pour l’élite occidentale afin de maintenir sa mainmise économique dans le monde, est de toujours taper sur le clou idéologique du socialisme, des Russes (depuis au moins 75 ans) et depuis une vingtaine d’années sur ces satanés chinois qui nous espionnent tout le temps et qui ont supposément volé les trouvailles de Bombardier et de Nortel. S’il est vrai que Huaweï, selon les dires du chef conservateur Érin O’Toole, a volé les découvertes de Nortel, ancienne filiale de Bell Canada, alors dites-nous pourquoi Nortel a fait faillite? Ce n’est pas Apple, Samsung ou Nokia qui ont chippé les trouvailles scientifiques de Nortel, c’est Huaweï, qu’on se le dise bien.
L’empoisonné est guéri et pète le feu
Revenons à Navalny, empoisonnement supposé que les Russes ont loupé. Soyez donc dans l’allégresse, il a été transféré dans un hôpital en Allemagne (bien évidemment, on ne peut pas faire confiance aux hôpitaux russes) : «Russie, Navalny pourra être transféré en Allemagne» (Le Devoir, 22 août 2020). En Allemagne, il a été, dit-on, placé dans le coma, et, bonne nouvelle : «Navalny sorti de son coma artificiel» (Le Devoir, 8 septembre 2020). Et encore mieux : «Alexeï Navalny se porte mieux. Le détracteur numéro 1 du Kremlin, qui s’est réjoui mardi de pouvoir respirer sans assistance, rentra en Russie une fois rétabli» (Le Devoir, 16 septembre 2020). Mais Alexeï est masochiste, il veut retourner en Russie où on a voulu l’empoisonner? Il y retourne au péril de sa vie et pour sa lutte héroïque pro-démocratie et pro-liberté comme d’autres le font à Hong Kong. Il y a encore du monde libre et courageux. Moi, pleutre comme je suis, je serais parti vivre aux États-Unis. En passant, dites-moi donc pourquoi la vaste majorité des hockeyeurs russes venus jouer en Amérique-du-Nord retournent-ils vivre dans leur pays d’origine une fois leur carrière professionnelle terminée? Ils sont fous, non? On est tellement mieux dans nos belles démocraties du Canada et des States.
La résurrection du russe Babtchnko en Ukraine
C’est Chrystia Freeland qui était contente puisque l’on a assisté à un vrai miracle en Ukraine, son pays adoré d’où viennent ses parents. Un mort est ressuscité, rien de moins. Rien à l’épreuve de l’AFP et autres médias internationaux occidentaux (Reuters, Associated Press, Blooberg, etc.) qui, à la fin du mois de mai 2018, nous ont annoncé sérieusement qu’un journaliste, dit indépendant (selon l’AFP, mais plus dépendant de certains autres pays étrangers), aurait été assassiné, un autre, par les services secrets russes. Quelle triste histoire à faire détester encore plus les diaboliques russes.
Alors soyez dans l’allégresse, car ledit journaliste «indépendant» russe très critique de la Russie est réapparu bien vivant en chair et en os : «La mort n’était pas au rendez-vous. Les services secrets ukrainiens ont simulé l’assassinat d’un (prétendu) journaliste afin, disent-ils, de lui sauver la vie (car les Russes voulaient le liquider)» (Le Devoir, 21 mai 2018). Un vrai vaudeville. Pas grave, l’important est de s’épancher sur les mauvais plis et les travers des communistes russes afin d’endoctriner les populations occidentales. Disons merci à l’Ukraine d’avoir sauvé la vie dudit journaliste russe indépendant, en tout cas, selon la version officielle de nos médias internationaux. On doit les croire. Bon, un autre que les Russes voulaient zigouiller. Et comme d’habitude, ils ont raté leur coup.
Les Russes empoisonnent même en Grande-Bretagne : rien à leur épreuve
«La Russie «probablement» derrière l’empoisonnement de l’ex-espion russe (Sergueï Skripal) à Londres» (Le Journal de Montréal, 3 mars 2018). Encore une fois, ces nuls ont manqué leur coup, et ils n’ont pas réussi à l’assassiner. Et avec raison : «Moscou réclame des preuves ou des excuses» (Le Journal de Montréal, 20 mars 2018). Les excuses ne sont jamais venues même si, dans les faits : «Affaire Skripal. Aucune preuve d’un poison russe (selon le laboratoire britannique qui a analysé la substance utilisée)» (Le Journal de Montréal, 4 avril 2018). En fait, pour les Occidentaux et leurs médias «indépendants», l’important n’est pas de rapporter les faits ou de dire la vérité, mais de toujours déblatérer sur les Russes et les Chinois. À force de répéter souvent et partout des inexactitudes malveillantes, des suppositions malicieuses et même des mensonges, le but recherché est que les gens croient vraiment que les Russes et aussi les Chinois sont du méchant monde qui veulent mettre en péril notre sécurité nationale, nos pseudo-libertés et nos prétendues démocraties. Nous envahir et nous conquérir quoi. Il faut exacerber le patriotisme des Occidentaux face à l’ennemi et faire accroire qu’on est chanceux d’avoir les Américains de notre côté pour nous défendre.
Il ne faut pas que les Russes perturbent le désordre économique
Bravo, les pharmaceutiques arnaqueuses occidentales subventionnées par leurs élus viennent de trouver le vaccin antivirus que nos gouvernements s’empressent d’acheter à coups de milliards de dollars. Oui, les Russes et les Chinois en ont aussi découvert mais pas question d’en acheter, même s’ils sont moins chers : «La Russie annonce que son vaccin (Spoutnik) est efficace à 92%» (Radio-Canada, 11 novembre 2020). Et d’après vous, ils l’ont trouvé en faisant qui? «Coronavirus. Les recherches de vaccin cibles de pirates russes» (Le Devoir, 17 juillet 2020). Je vous le dis, ils ne sont pas du monde. Et nos universitaires, chroniqueurs et spécialistes d’entonner comme à leur habitude : «Coronavirus. Les experts (financés par…) émettent des doutes (et des gros) sur le vaccin russe (mais pas sur ceux de Pfizer et de Moderna)» (Le Devoir, 12 août 2020). Une vraie comédie burlesque.
En rafale pour mieux rire encore
- «Une journaliste (indépendante) russe s’immole par le feu» (La Presse, 2 octobre 2020). Elle s’est immolée avant d’être emprisonnée!
- «Le Canada pourrait être une cible de Moscou, dit Chrystia Freeland» (Le Devoir, 7 mars 2017). Pour nos enfants, le plus grand problème qui met en péril leur avenir, ce n’est pas le changement climatique, ce sont les…
- «Russe. Des talibans payés (par les Russes) pour tuer des (vaillants et humanitaires) soldats américains?» (Le Devoir, 29 juin 2020). Rien ne les arrête de faire du mal.
- Et les damnés iraniens aussi : «L’Iran a payé des talibans pour attaquer des Américains en Afghanistan» (La Presse, 17 août 2020). L’axe du mal incarné : Iraniens, Russes et Talibans.
Et ce n’est pas fini :
- «La Russie pourrait (c’est plus qu’une probabilité) fournir les talibans, croit l’OTAN» (Le Journal de Montréal, 24 mars 2017). Ayoye! Mieux vaut fournir des armes aux Israéliens comme le font les USA.
Les Russes, les Iraniens, les Talibans, les Chinois, tous du monde à éviter. Mieux vaut fréquenter les Américains, l’Arabie saoudite, les Israéliens, les Birmaniens, etc. Alors si ça va mal dans votre vie, c’est la faute à qui?