Il faut ramener le REM dans le giron public

https://rem.info/fr/actualites/5-elements-retenir-sur-les-voitures-du-rem

Que fait la Caisse de dépôt dans le transport en commun?

Comment se fait-il que ce soient les dirigeants de la Caisse de dépôt et placement du Québec qui viennent nous annoncer, en grande pompe, la deuxième version du REM, c’est-à-dire son prolongement vers l’est et le nord de Montréal? (Le Devoir, 16 décembre 2020). Le rôle de la Caisse de dépôt n’est pas de gérer et surtout d’être propriétaire de notre transport en commun, qui relève du service public et du bien commun. C’est drôle mais les mêmes gestionnaires de la Caisse de dépôt ont en partie justifié la vente de leur participation majoritaire dans Ciment McInnis en Gaspésie à une firme brésilienne en prétextant que ce n’est pas le rôle de la Caisse de dépôt d’être un opérateur de cimenterie. Est-ce plus son rôle d’être un gestionnaire de transport en commun? La réponse est non. Le REM et autres éléments du contexte du transport en commun constituent un service public et leur gestion devrait relever des gouvernements du Québec et des municipalités. C’est quoi la compétence de la Caisse de dépôt dans le transport en commun? Aucune, niet et nada. C’est fort, ce sont les boss de ladite Caisse qui décident des voies à suivre pour notre transport en commun : de leur gestion, à leur parcours, à leur type de véhicules choisis, de leur financement et au choix des fournisseurs qu’ils soient locaux ou étrangers. Incroyable mais vrai, et on laisse faire ça. On a plus besoin des anglais pour nous coloniser, on est capable de s’auto-coloniser nous-mêmes.

Une privatisation hypocrite du transport en commun

Une autre privatisation à gogo et encore sans débat public orchestrée en 2015 par nuls autres que le parti libéral du Québec et son chef d’alors Philippe Couillard, le «king» de luxe de l’austérité. Comme pour bien d’autres choses, exemple la santé, les garderies et les écoles supposément privées, le REM de la Caisse de dépôt sera majoritairement financé par des fonds publics provenant de nos trois paliers de gouvernements, mais c’est la Caisse qui décide tout et nos élus, placés devant le fait accompli, sont appelés à se comporter comme simples figurants. Cela n’a aucun sens.

Qui a applaudi à cette privatisation sournoise du REM?

Ceux qui ont milité pour ça et qui l’ont généreusement applaudi, ce sont toujours les mêmes, soit ceux qui préconisent la privatisation de tous nos services publics et de nos instruments collectifs et qui exigent toujours moins d’État au nom de le moderniser et de la lutte à l’immobilisme : le patronat et ses valets que sont certains partis politiques, comme le PLQ, des chroniqueurs et éditorialistes (comme Picher, Dubuc, Pratte et Vailles de La Presse) chevronnés, d’universitaires affranchis, de l’Institut économique de Montréal, du Conference Board, etc. :

  • «La Caisse de dépôt investira dans les infrastructures québécoises. Même l’agence de notation DBRS applaudit. Le milieu des affaires accueille favorablement cette nouvelle mission du gestionnaire» (Le Devoir, 14 janvier 2015);
  • «On aurait dû y penser avant» (La Presse, 14 janvier 2015). Ça c’est le clown à Alain Dubuc recyclé dans le pot et dans l’enseignement universitaire aux HEC de Montréal;
  • «REM. Faire entrer la métropole dans le XXIe siècle. Michel Leblanc président de la Chambre de commerce de Montréal» (Le Devoir, 25 janvier 2017). Couillard et Charest du PLQ disaient la même ineptie, que les mesures d’austérité allaient faire entrer le Québec dans le 21e siècle;
  • «Prolongement du REM. Angus et la Chambre de commerce saluent cette décision historique» (Le Devoir, 16 décembre 2020). Le propriétaire des anciennes shops Angus, Christian Yaccarini, celui qui a converti une partie de ce quartier en un développement immobilier sans âme (comme d’ailleurs DIX et Griffingtown) peut bien applaudir car cela va l’enrichir encore plus. C’est lui qui veut des écoles privées mais entièrement financées par des fonds publics pour la clientèle de sa mini-cité et de ses développements immobiliers. En passant, pour Angus, DIX, Griffingtown et autres : comment en est-on rendu à privatiser aussi des quartiers complets de nos municipalités à des petits opportunistes dont les principes élémentaires d’un sain urbanisme ne sont pas leur priorité?

Achat local et trains fabriqués en Inde

Traités de libre-échange ou pas, les États-Unis avec son «buy america act», le Japon, la France et d’autres exigent que tous les bien liés aux projets d’infrastructure soient fabriqués localement à plus de 60% et même 100%. Une simple question de gros bon sens, mais pas au Québec où le juteux contrat de fabrication des trains du REM a été accordé, par la Caisse de dépôt (qui dirige et décide pour tout dans ce projet de transport collectif du REM qui constitue, après les barrages d’Hydro-Québec, le plus gros investissement public, soit plus de 17 milliards de dollars) à la firme française Alston qui elle fera construire les trains en Inde alors que nous avons au Québec une usine à La Pocatière : «Les voitures du REM seront construites en Inde» (Le Journal de Montréal, 12 avril 2018). Et Legault de la CAQ qui n’arrête pas de nous dire combien il est tellement important d’acheter localement alors que élus ont laissé agir les petits cadres de la Caisse de dépôt. Tout simplement révoltant. Pour le ministre caquiste tout-puissant de la santé, Christian Dubé, un ex-dirigeant de la Caisse de dépôt, il s’est dit «très à l’aise avec la décision de faire construire les wagons en Inde» (Le Journal de Montréal, 16 novembre 2019). C’est le même qui était favorable à la vente de Rona à l’américaine Lowe’s et le don de la C-Series à Airbus. Fitzgibbon et Dubé, c’est pas mal la même chose.

SNC-Lavalin comme exploiteur du REM : pas vrai?

La Société de transport de Montréal (STM) et l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) ont depuis longtemps l’expertise et les compétences pour gérer notre transport en commun. Il aurait donc été tout à fait normal de leur céder la gestion du REM. Mais non, les boss de la Caisse de dépôt ont plutôt décidé de donner le contrat d’exploitation du REM (600 millions$ pour la première phase du projet seulement) à la firme privée, très éthique, SNC-Lavalin qui n’a pas de compétence dans le domaine mais qui a plutôt une grosse expertise en matière de collusion et de corruption ici au pays et dans le monde. Une vraie farce : «REM : aucun contenu canadien n’est exigé» (Le Devoir, 16 juin 2017).

La Caisse, l’urbanisme et le REM aérien

La Caisse a décidé que pour l’est de Montréal, peuplé de gens ordinaires, le REM sera surélevé. Il faut les arrêter, ces gens de la Caisse sont incompétents et insensibles à la vie de quartier des gens. Cela va scinder les quartiers visés et sera d’une laideur épouvantable comme ce fut le cas pour la REM de Pointe-Saint-Charles, habité encore une fois par du monde ordinaire. N’ayez crainte, le train ne sera pas aérien, avec ses immenses blocs de béton, dans l’ouest de l’île : «L’horreur du REM aérien. Chronique de Loïc Tassé» (Le Journal de Montréal, 16 décembre 2020).

Il faut collectivement prendre en main ce projet collectif

Laissez les élus et les gens d’affaires décider de l’orientation de projets collectifs est catastrophique. Vous vous souvenez, à tout le moins les vieux comme moi, au début des années 60’s, ces smattes ont décidé d’implanter un secteur des médias dans l’est de Montréal. Pour se faire, ils ont tout bonnement décidé d’exproprier 5000 personnes de ce quartier afin de tout démolir, en ne tenant aucunement compte des bouleversements humains et sociaux. Il fallait moderniser Montréal et le Québec qu’ils disaient. Pas de chance pour ces petites gens, ils n’avaient pas les moyens d’embaucher des lobbyistes, de se payer des articles de journaux et de parler aux ministres. On y a alors construit la belle grosse tour de Radio-Canada et beaucoup de stationnements : «Réinventeer le Faubourg à m’lasse» (Le Devoir, 15 décembre 2008). J’en sais quelque chose puisque j’y habitais. Cela a bouleversé négativement la vie de milliers de personnes. Mais c’était seulement des familles composées de petits salariés.

Ces mêmes petits Jos Connaissants viennent de décider de vendre la tour et les spacieux terrains de stationnement de Radio-Canada à des promoteurs privés qui salivent à l’idée de construire de beaux et coûteux condos. Tout ça pour ça. Vraiment pathétique. La même chose s’est produite à Mirabel. On chasse des gens et des cultivateurs pour construire un aéroport moderne. Puis, pas longtemps après, on change d’idée, suite aux pressions du patronat, et on ferme l’aéroport ultra-moderne de Mirabel pour déménager le tout à l’aéroport Pierre-Elliot Trudeau de Dorval, une autre laideur. Prendre l’avion à Dorval est maintenant devenu un calvaire. Pas grave, l’important est de réingénierier le Québec au goût du patronat et du 1%. Si vous ne pouvez pas vous payer des publi-reportages, et bien, participer activement à des lignes ouvertes.

On commence par sous-financer nos services publics pour après dire qu’il faut privatiser : Le manque d’investissements plombe les transports collectifs» et aussi «Les sociétés de transport en commun laissées sur leur faim» (Le Devoir, 22 janvier et le 3 août 2020). Ce phénomène ne date pas de hier, comme l’illustre cet article de 2003 : «Les sociétés de transport crient famine» (La Presse, 13 novembre 2003). Et cet autre de 2001 : «Le transport en commun crie à l’aide» (La Presse, 22 novembre 2001). Et puis arrivent en bons samaritains et philanthropes les opportunistes : «Le secteur privé à la rescousse des transports en commun» (Le Devoir, 25 octobre 2003). Répondant à l’appel du privé : «Feu vert au privé dans les transports en commun» (Le Devoir, 30 janvier 2004). L’intérêt privé avant l’intérêt public.

La solution est de nationaliser le REM

Pour arrêter cette dilapidation et ces foleries, il faut avoir le courage de nationaliser le REM comme le suggère Québec solidaire : «QS entend racheter le REM» (Le Devoir, 7 septembre 2018). Vous êtes pas tannés de faire rire de vous par les péteux de broue?  

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