
Le PLQ au service de l’intérêt privé depuis longtemps
Ces dernières années, les étrangers ont acheté des entreprises québécoises en grand nombre, que ce soit Alcan, Cambior, Camso, Rona, Sico, Provigo, Saint-Hubert, Culinar, Uniprix, Institut Armand Frappier (IAF0Biochem Pharma), Axcan Pharma, etc. À chaque fois, nos politiciens québécois commandités et nos chambres de commerce ont applaudi à cette forme de colonisation qui nous appauvrit collectivement mais qui enrichit certains.
Contrairement aux autres pays, notamment les États-Unis, nos gouvernements se font les apôtres de la colonisation volontaire depuis longtemps. Ainsi, en 2007, l’ex-ministre libéral des Finances, Raymond Bachand, invitait les étrangers à acquérir encore plus d’entreprises québécoises : «Bachand ne s’inquiète pas de la mainmise étrangère» (La Presse, 30 novembre 2007). Bel état d’esprit et attitude positive de Bachand qui lui ont permis, après son retrait en politique, d’obtenir de belles grosses jobs dans le privé de Bombardier, à la Banque Nationale et d’autres. Voilà pourquoi des élus comme lui ont toujours plus à cœur l’intérêt de l’élite, qui en plus finance leur formation politique, à l’intérêt public et du bien commun. Même que dans le développement de la filière éolienne, nos politiciens ont préféré donner ce klondike à des étrangers, comme Électricité de France (EDF), société d’État à hauteur de plus de 85% (plutôt qu’à notre propre société à propriété collective Hydro-Québec) : «La propriété étrangère des parcs éoliens (au Québec)) n’inquiète pas Québec (c’est-à-dire le PLQ)» (Le Journal de Montréal, 28 octobre 2017).
Et Jean Charest, qui lui aussi a eu de beaux emplois dans le privé après son «service» politique, affirmait déjà en 2004, qu’au Québec, c’était «bar open» pour les étrangers : «Réélection de George Bush (qui a plu au PLQ). Jean Charest annonce que le Québec est ouvert aux affaires» (La Presse, 5 novembre 2004). À ce niveau, on ne pourra jamais accuser Charest et les libéraux de ne pas avoir tenu promesse. Comme deux frères siamois au plan idéologique, Philippe Couillard en remet en 2o16 en s’exclamant ainsi : «Couillard prône une économie ouverte aux marchés étrangers» (Le Devoir, 5 février 2016). Doté d’une grande cohérence intellectuelle, en 2014, il affirmait déjà ceci : «Couillard critique l’intervention de l’État dans l’économie (sauf quand vient l temps d’abreuver de subventions publiques le privé)» (Le Devoir, 7 mars 2014).
Prenons le cas de Rona
Dans aucun endroit en Occident les élus auraient réagi de façon aussi pathétique que les nôtres lors de la vente en 2016 de Rona à l’américaine Lowe’s pour environ 2,3 milliards$. Ainsi, la nouvelle cheffe du PLQ qui aspire à devenir première ministre, Dominique Anglade, a dit niaiseusement que : «Vente de Rona. Une transaction bénéfique pour le Québec, selon la ministre Anglade» (Agence QMI, 3 février 3016). Plus colonisée que ça, tu meurs! Et puis, Philippe de larguer ces deux perles d’une légère insignifiance : «La vente de Rona, signe d’une économie ouverte selon Couillard» et aussi «Rona. Nous ne construirons par un mur (comme Trump le fait) autour du Québec, dit Couillard» (Radio-Canada et La Presse, 4 février 2016). C’est effrayant de prononcer de telles inepties. Et le gros canon de la CAQ, actuel ministre de la Santé et ancien cadre à la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui a renchéri en affirmant que : «La vente de Rona était justifiée (pour qui au juste?), dit Christian Dubé» (Le Journal de Montréal, 7 septembre 2018). Est-ce structurel et systémique pour nos gouvernements d’être aussi pitoyables?
Des opportunistes à la Caisse plutôt que de véritables commis d’État
La Caisse de dépôt est un instrument collectif qui est censé être un outil de développement et de souveraineté économiques au Québec. Alors pourquoi a-t-on nommé à la direction de ce bien public des affairistes comme Henri-Paul Rousseau qui a quitté la Caisse pour se joindre à Power Corp.; à Michel Sabia, un ex-président de Bell Canada et dernièrement Charles Émond, un ancien de la Banque Scotia, qui nous a garroché cette énormité : «Les paradis fiscaux sont simplement utilisés comme terrains neutres pour structurer des transactions financières internationales» (Le Journal de Montréal, 21 février 2020). Ben non, les paradis fiscaux n’ont absolument rien à voir avec l’évasion fiscale pratiquée par les gros bonnets. Le monsieur nous prend pour des cruches.
En parfaite lignée avec le parti libéral du Québec (PLQ) et le patronat, le président d’alors de la Caisse de dépôt, Henri-Paul Rousseau a affirmé en 2008 cette grosse connerie sans que le gouvernement du PLQ le rabroue : «La Caisse n’empêchera pas les prises de contrôle étrangères» (Le Devoir, 24 avril 2008). Vous voyez bien que l’on est aliéné depuis longtemps? Le Québec. À titre de société distincte sans le sens qu’il est le seul pays occidental à nourri sa dépossession, pas du tout tranquille mais plutôt «express». Ket collectivement, on se laisse dire de telles grossièretés. Le «smatte» à Henri-Paul Rousseau d’en rajouter une couche en 2007 en s’exclamant : «Incontournable. Henri-Paul Rousseau fait l’éloge de la mondialisation et n’est pas inquiété par la vente d’Alcan» (Le Journal de Montréal, 9 mai 2007). Peut-être que lui trouve ça merveilleux mais : «Mondialisation. Les Occidentaux de plus en plus contre» (Le Journal de Montréal, 23 juillet 2007). Les populations sont contre mais les compagnies sont pou7r. Donc cela fait que les politiciens et les experts en service sont pour.
«incontournable» que nous disait le bonze de la Caisse de dépôt alors que la Banque CIBC affirmait être plutôt le contraire : «Selon les économistes de la CIBC. La mondialisation est réversible» (Le Journal de Montréal, 28 mai 2008). La mondialisation heureuse, selon le lucide Rousseau, mais pas si heureuse pour l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) et l’Organisation internationale du travail (OIT) : Mondialisation : l’État doit intervenir pour limiter les dégâts (qui perlent sur le monde ordinaire mais qui est providentielle pour le monde extraordinaire)» (Le Devoir, 21 février 2007). Intervention de l’État que le PLQ a toujours vigoureusement combattue. Ce n’est pas avec des dirigeants tels que Rousseau, Sabia et Émond que le Québec retrouvera sa souveraineté économique.
Les universitaires lucides et les chroniqueurs embrigadés
Comme pour le patronat et les élus du PLQ, le contrôle étranger de notre économie a toujours été vu d’un bon œil par l’expert économiste universitaire Pierre Fortin, celui qui a suggéré notamment de privatiser Hydro-Québec; l’impôt zéro pour les compagnies; de ne surtout pas augmenter le salaire minimum à 15$ de l’heure; de tarifier tous les services publics et autres belles choses du genre. Voilà pourquoi les médias, le patronat et les élus l’aiment tant : «La vente de fleurons de Québec inc. N’inquiète pas (Pierre Fortin(» (Les Affaires, 20 septembre 2003). Encore aujourd’hui, le lucide auto-proclamé ne s’émeut guère de la vente de compagnies québécoises à des étrangers. Monsieur est toujours serein contrairement à la population qui, en 2001 : «Les Québécois veulent que le gouvernement freine les acquisitions étrangères» (Les Affaires, 21 avriul 2011). Réaction toujours hautaine de Pierre Fortin? La plèbe a intérêt à se calmer le pompon. La démocratie a ses limites, comme l’a dit Philipppe Couillard en 2013 : «Non, la majorité n’a pas toujours raison. Le courage politique consiste à affirmer et à maintenir des positions différentes si elles s’appuient sur des principes profonds (comme du moins d’État et plus de privé, de l’austérité, de la tarification des services publics, etc.) ( La Presse, 12 janvier 2013). Les principes profonds du PLQ… faites-moi rire car je suis ricaneur.
Bah, pour l’ex-chroniqueur de La Presse, Claude Picher, le contrôle étranger de nos entreprises est un mirage et une illusion qu’il nous a dit en 2001 : «Le mythe du contrôle étranger». Claude dit encore la même chose aujourd’hui. Aie, c’est une homme d’affaires connu, Serge Godin, qui vient alerter nos élus : «Le président de CGI s’inquiète que tant d’entreprises passent aux mains d’étrangers» (La Presse, 5 décembre 2001). Ça c’est en 2001 qu’il a fait part de ses craintes. Depuis 2001, la vente de nos fleurons économiques s’est amplifiée. Dans mon prochain texte, nous verrons ce que font, à cet effet, d’autres pays comme les États-Unis, et ce que recommandent les organismes internationaux.