
Mettons ça au clair tout de suite : «God save America»
Oui, tirons ça au clair immédiatement afin qu’il n’y ait pas de quiproquo. Et par la même occasion, entendons-nous pour affirmer le droit inaliénable des USA de tuer qui que ce soit, et où que ce soit, pour le bien de l’humanité. Pourquoi en est-il ainsi que vous me demandez? Pour la simple et bonne raison que Dieu est du côté des Américains et des riches. C’est le sénateur républicain et ex-candidat à la présidence des States qui l’a dit : «Dieu a créé les États-Unis pour qu’ils dominent (en ayant carte blanche pour y parvenir) le monde» (La Presse, 8 octobre 2011). Et bonne nouvelle pour les loyalistes de l’Oncle Sam, le nouveau président démocrate Joe Biden sera fidèle à la volonté de Dieu : «Biden et son équipe de sécurité nationale (c’est-à-dire l’armée) entendent «mener» le monde» (Radio-Canada, 24 novembre 2020). En termes d’hégémonie et d’impérialisme, les démocrates, de façon plus hypocrite, et les républicains, c’est du pareil au même. Bravo, car ce sont les Américains qui, encore une fois, vont nous sauver tous en tenant au loin, militairement et économiquement, les Russes, les Chinois, les Iraniens et même ces irréductibles communistes cubains. Il faut remercier l’Oncle Sam de veiller sur nous.
Dieu veut que vous soyez pauvre
Autre chose qu’il vous faudra réaliser si vous êtes de bonne «foi» et pas jaloux. La richesse stratosphérique du 1% est tout simplement un phénomène naturel. Une loi naturelle voulue par Dieu qui va toutefois s’assurer que la richesse des riches ruisselle et dégouline un peu sur les prolos et les queux : «Dieu veut que vous soyez riche». Excellent et très instructif article rédigé par mon ami Richard Johnson, journaliste retraité du Journal de Montréal et publié le 30 mai 2005. Et remarquez que depuis 2005 Dieu s’est arrangé pour que les riches soient encore plus riches, même en pleine période de pandémie. Et par simple déduction cartésienne, si Dieu a voulu que vous soyez riches, disons qu’il a aussi voulu, par ricochet, que d’autres soient pauvres. Alors la plèbe doit accepter sans rechigner sa situation de misérable si elle ne veut pas désobéir à la volonté de Dieu. Voilà pourquoi Dieu est capitaliste et qu’il ne peut blairer les communistes qui veulent s’en prendre sans vergogne aux riches en promulguant des politiques athées qui viendront «artificiellement» réduire les écarts de richesse entre le 1% et le 99% et qui veulent assurer l’égalité des chances à tous. Si on fait ça, on va malheureusement éliminer la charité privée et les populaires guignolées annuelles des médias, celle du bon docteur Julien et aussi les majestueux bals de la pauvreté organisés par nos riches philanthropes et débonnaires. Le capitalisme a ses lois naturelles, pas le socialisme. Oui la charité privée est un geste naturel afin que la richesse des riches suinte sur les prolos et qui doit être massivement déductible d’impôts. Il ne faut tout de même pas ambitionner sur le mécénat des richards.
Permis de tuer partout
Le permis de tuer partout qui que ce soit revient bien évidemment seulement aux Américains et à leurs amis sincères comme Israël et l’Arabie saoudite. Vous voulez un exemple probant et concret? Le 3 janvier 2020, en Irak occupé et contrôlé par les States, Donald Trump a ordonné de tuer le général iranien Qassem Soleimani : «Irak. Un puissant général iranien tué par les Américains» (Le Journal de Montréal, 3 janvier 2020). Pour ce meurtre ignoble exécuté en Irak (on se moque ainsi de la souveraineté de ce pays), les autres pays occidentaux n’ont émis aucun commentaire négatif envers leur allié yankee (encore moins son valet le Canada) et n’ont promulgué aucune sanction ou embargo. Si ça avait été les Russes ou les Chinois qui avaient effectué ce meurtre gratuit et crapuleux, alors les sanctions auraient déferlé sur eux et nos médias locaux et internationaux, comme aussi nos amis chroniqueurs Martineau et Tassé au Journal de Montréal, et François Brosseau au Devoir, se seraient joyeusement défoulé sur ces pays socialistes pestiférés.
De quoi se mêle l’ONU?
Ah non, pas encore l’Organisation des nations unies (ONU) qui vient s’en prendre à la main visible de Dieu et de son envoyé américain en qualifiant «illégal» l’assassinat par les Yankees de l’iranien Qassem Soleimani en Irak : «Iran. Washington fustige un rapport (réprobateur et malveillant) de l’ONU» (Le Devoir, 9 juin 2020). De toute façon, les States en ont rien à cirer de l’ONU, de la Cour pénale internationale (dont ils ne sont pas membres), de la justice internationale et même de ses alliés occidentaux très et trop soumis.
Trump est un digne représentant de Dieu
En 2007, en Irak, afin de s’amuser un peu, quatre mercenaires américains de la firme Blackwater tuent comme ça, pour passer le temps et se changer les idées, 17 civils irakiens en plein cœur de la capitale Bagdad. Avant de porter un jugement sévère sur ses quatre «patriotes» yankees, sachez qu’ils n’ont pas tué des civils européens mais seulement des «arabes». Et voilà que des juges dingues aux States condamnent ces quatre criminels à de lourdes peines de prison. Envoyer ces pieux loyalistes de l’État américain, pour si peu dans les faits, est tellement injuste et cruel.
Voilà le preux chevalier de Dieu, quoiqu’en dise le pape François (un autre socialiste), Donald Trump est venu corriger cette grave injustice. Au mois de décembre 2020, il a gracié ces quatre héros américains : «Trump gracie 15 individus (tous des criminels) impliqués dans deux scandales (dont celui des 4 croisés yankees)» (Le Journal de Montréal, 23 décembre 2020). Mitt Romney l’a dit, de même que Sarah Palin, une autre illuminée : «Dieu a créé les États-Unis pour qu’ils dominent (et gèrent) le monde». Donc, tout ce que font les States, est accompli au nom de Dieu.
Les amis des states ont sa bénédiction
Il est bien évident que les amis des States, surtout Israël, peuvent aussi tuer n’importe qui, n’importe où, comme assassiner en toute liberté et souvent des Palestiniens qui refusent de céder leur territoire aux Juifs. Les États-Unis et les Israéliens n’aiment pas l’Iran, qui refuse de se soumettre au monde façonné par ces impérialistes. Ben tant pis pour eux, les services secrets israéliens ont été en Iran tuer un haut responsable et dirigeant iranien assassiné» (Le Devoir, 28 novembre 2020). Peu de couverture de cet événement de la part de nos médias corrompus. On en aurait eu plus si ce crime immonde avait été commis par d’autres comme les…
Ah oui, j’oubliais, il y a l’humaniste dictateur et propriétaire de l’Arabie saoudite, le prince Mohammed ben Salmane qui, en 2018, a fait assassiner en Turquie, un saoudien perturbateur et récalcitrant : «Turquie. Le prince héritier saoudien est derrière le meurtre de Khashogi selon la CIA» (Le Devoir, 17 novembre 2018). Et pour l’ONU : «Un meurtre planifié et perpétré par des représentants de l’État saoudien» (Le Journal de Montréal, 7 février 2019). ONU, CIA mon œil qu’a dit Donald : «Le prince saoudien ne savait rien, relaie Trump» (Le Devoir, 17 octobre 2019). Meurtre ignoble ou pas, c’est «business as usual» et le Canada, les États-Unis et l’Europe continuent de vendre des armes à leur allié de l’Arabie saoudite. Et pas question de juste penser à imposer des sanctions et des embargos à notre ami. On les réserve pour d’autres. Pas question de contrarier un allié pour si peu encore une fois.
La Cour pénale internationale : c’est non
Depuis sa venue en 2002, les États-Unis se sont opposés à sa création et n’ont jamais été membre de la Cour pénale internationale car ils veulent tuer en toute liberté sans accorder aucun droit de regard à personne. Et encore moins de permettre à quiconque de juger et d’imposer des peines de prison, s’il y a lieu, à des Américains qui se sont adonnés à de la torture et qui ont commis des meurtres : «Les États-Unis déterminés à rester à l’abri de la CPI» (La Presse, 6 juin 2003). Seul Dieu a droit de poser un jugement sur les gestes américains, pas les hommes, surtout ceux qui ne sont pas Américains : «Washington attaque la Cour pénale internationale. Ce tribunal est inefficace, irresponsable et carrément dangereux disent les États-Unis, qui ont toujours refusé d’y adhérer» (Le Devoir, 11 septembre 2018).