
Intérêts politiques au lieu de l’intérêt général
Tout le monde sait que les partis politiques priorisent leurs propres intérêts politiques à l’intérêt général et au bien commun. Ainsi, ils vont toujours privilégier les régions, les comtés, les quartiers et les villes qui votent du bon bord. Les péquistes, les libéraux et les caquistes de François Legault aiment les banlieues car elles font élire beaucoup de leurs députés. Cette démarche se vérifie dans les faits au niveau du transport en commun. La CAQ aime le troisième lien à Québec parce qu’il dessert bien les banlieues caquistes et affectionne moins le tramway de la ville de Québec qui néglige selon eux «leurs» banlieues : «Troisième lien. L’Idée de François Legault» (Le Devoir, 29 novembre 2018). La CAQ aime le 3e lien même si cela provoque : «Incrédulité et scepticisme chez des ex-ministres des Transports (et chez beaucoup d’autres)» (Le Journal de Montréal, 25 août 2019). Idem pour la nouvelle ligne rose du métro à Montréal qui aurait desservi des comtés péquistes et solidaires et aucun caquiste : «Non à la ligne rose de Valérie Plante : une question de choix (choix politique s’entend) selon Legault» (Le Journal de Montréal, 26 mai 2018). Les caquistes disent non au projet alors que les libéraux avaient dit oui : «La ligne rose (du métro) de Montréal devient une priorité à Québec (PLQ)» (Le Journal de Montréal, 20 février 2018). Compte tenu qui fait figure de nain et de parent pauvre comparé à d’autres villes, même moins populeuse, dans le monde, c’est à l’agrandissement du métro que la CAQ aurait dû donner priorité et non au REM qu’elle aime parce que c’est ce qui avantage les banlieues caquistes. Tant au niveau économique que social, l’avantage va au métro de Montréal et non au REM «aérien» au milieu de la ville. C’est tout de même surréaliste de parler d’un REM aérien en plein centre-ville et qualifier ça de bien commun desservant l’intérêt général. Misère que ça ne vole pas haut au Québec. J’irais même jusqu’à dire que ça vole bas.
Legault prend le contrôle à Québec mais laisse agir à sa guise la Caisse à Montréal
Il est tellement triste et décevant de devoir répéter que le transport en commun est un service public qui relève de l’autorité des politiciens élus et non de quelques dirigeants non élus de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) qui jouent à l’expert. Ce n’est pas du tout à eux de dicter leur volonté et leurs préférences en matière de services publics et surtout à les imposer. À Montréal, le gouvernement caquiste, en bon hypocrite qu’il est, se soustrait à ses responsabilités premières en préférant laisser les ti-counes de la Caisse de dépôt agir en toute impunité et sans aucune consultation ou débat public afin de nous imposer leurs fantasmes et leurs diktats quant à la réalisation du REM. À Québec, François Legault a refusé net, fret, sec toute augmentation des coûts du tramway (3,3 milliards$) demandée par le maire élu Régis Labeaume parce que François n’aime guère ce mode de transport. La CAQ préfère les gros chars et les motoneiges qu’il a autorisé à se promener allègrement dans nos parcs publics au nom du développement économique régional. À Montréal, la Caisse a réussi à convaincre facilement Legault de faire passer les budgets de la première mouture du Réseau express métropolitain (REM) de 5,5 milliards$ à 7,5 milliards$, soit une hausse de 36%. Et dire que la construction n’est pas terminée, pardon, le chef d’œuvre qui va attirer des millions de touristes à Montréal.
Legault, à la fois démagogue et opportuniste
«Legault prend les commandes du tramway de Québec qui est mis en tutelle. Le gouvernement Legault élaborera son propre tracé et présentera ensuite (pour la forme seulement) son plan au maire Labeaume (qui sera alors placé devant le fait accompli)» (Le Devoir, 9 février 2021). Devant les multiples oppositions et les nombreuses critiques énoncées à l’endroit du REM qui nous a été imposé tel quel par quelques petits boss de la Caisse de dépôt, pourquoi alors le gouvernement caquiste ne reprend-t-il pas immédiatement le contrôle de la première phase du REM et de la deuxième envisagée à Montréal, comme il l’a fait à Québec pour le tramway, même si ce projet de transport en commun était piloté par le maire élu de Québec et non par des smattes de la Caisse de dépôt ou du privé?
Les critiques fusent de toutes parts
Même si pour les architectes privés des réputées firmes québécoises Daoust Lestage Lizotte Stecker et STGM le contrat du REM était très payant, ils ont malgré tout cru bon de se désister car selon eux, le projet du REM surélevé au beau milieu de Montréal dans ses quartiers d’affaires et résidentiels densément peuplés est tellement laid et affreux qu’ils craignent pour leur réputation et leur professionnalisme, ce qui leur ferait éventuellement perdre de futurs contrats et leur renommée internationale : «Des architectes du REM quittent le navire. Ils jugeaient inacceptables les structures aériennes au centre-ville de Montréal» (Le Journal de Montréal, 23 février 2021).
Je vous invite à lire aussi les textes suivants rédigés par l’ex-chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, «Les vendeurs du REM» Le Devoir, 20 février 2021); par Michel C. Auger de Radio-Canada, «Analyse. Le REM est une drogue dure (22 février 2021) et aussi par Loïc Tassé du Journal de Montréal, «La catastrophe du REM aérien» (23 février 2021).
L’hypocrisie du gouvernement caquiste
Sans présenter aucune étude sérieuse, les petits cadres de la Caisse de dépôt ont affirmé sans rire qu’il fallait absolument construire en aérien car l’avenue souterraine serait impossible à cause du sol, du métro déjà existant, du réseau d’égout âgé, du risque de voir des édifices et résidences s’effondrer, bla, bla bla. Et nos ministres caquistes qui se satisfont bêtement de ces excuses plates, parce que ça fait leur affaire, et qu’ils nous demandent d’accepter comme des vérités : «Le REM de l’Est en souterrain jugé risqué (par les cadres de la Caisse)?» (Le Devoir, 20 février 2021). J’espère juste que ces prétextes ridicules ne sortiront pas du Québec car on va faire rire de nous autres, avec raison, dans le monde entier. Juste le fait de nous larguer de telles inepties devraient susciter un certain doute raisonnable et justifié chez les ministres caquistes quant à la véritable compétence des soi-disants experts de la Caisse de dépôt et devraient leur servir de justification afin de reprendre rapidement le REM en main.
À faire pleurer d’entendre parler le ministre des Transports
Mais non, contrairement au Tramway de Québec reprit en main par le gouvernement caquiste, celui-ci, par pur intérêt électoraliste, préfère laisser l’entière responsabilité et la totale liberté aux «spécialistes» de la Caisse de dépôt, malgré les nombreux impairs et critiques.
Le ministre caquiste des Transports, François Bonnardel, a, à cet effet, émis des remarques tellement déshonorantes et pitoyables afin de justifier l’appui inconditionnel de la CAQ aux «experts» non-élus de la Caisse de dépôt : «François Bonnardel a assuré que la Caisse de dépôt avait étudié tous les scénarios possibles pour l’aménagement du REM de l’Est (cette tâche revient au gouvernement ou aux organismes de transport public et non à la Caisse). Avec sa collègue responsable de la Métropole Chantal Rouleau (peut-elle dire autre chose que Legault et Bonnardel?), Bonnardel dit avoir abondamment questionné CDPQ Infra. Je pense (Bonnardel) qu’on peut faire confiance aux experts de la Caisse qui elle mettra les meilleurs spécialistes au monde pour d’assurer qu’on aura le plus beau des projets» (Le Devoir, 23 février 2021). Tellement pathétique et naïf comme arguments servis par notre ministre caquiste des Transports qui fait entièrement confiance aux non-élus de la Caisse mais pas au maire élu de Québec.