
Pour contrer notre dépossession tranquille : ne comptons que sur bous et agissons
Au début des années 1970’s, la CSN a rédigé et publié un excellent document intitulé : «Ne comptons que sur nos propres moyens». Tant aux niveaux de nos services sociaux, nos instruments collectifs, nos ressources naturelles, nos politiques fiscales et nos fleurons économiques québécois, nous devons, pour les préserver et pour les améliorer, compter que sur nos propres moyens en tant que peuple. Mais, pour cela, il faut se conscientiser, rester alertes, refuser de se faire embobiner et s’affranchir des menaces émanant du patronat, des milliardaires et de leurs médias de désinformation, leurs élus embrigadés, leurs experts et universitaires commandités, etc. Il faut faire face à la fronde coutumière des dominants et de leur cavalerie si vous osez vous opposer et même critiquer leurs politiques qui privilégient tout le temps le gratin et qui font exploser les criantes inégalités économiques, comme leurs traités de libre-échange; leurs privatisations de sociétés d’État et de services publics comme la santé et l’éducation; leurs baisses d’impôts sur le revenu qui bénéficient aux riches; leurs hausses de taxes à la consommation qui pénalisent la classe moyenne; leurs pseuso-partenariat public-privé, etc. Mais quel phénoménal succès de création de richesse et de partage que fut la privatisation de Canadair avec ses avions à succès (le Challenger et l’avion citerne) à Bombardier; de Télésat et de Téléglobe à Bell et consœurs; d’Air Canada et le CN pour le plus grand bien des régions qui ne sont plus desservies; de la pharmaceutique à propriété collective de l’Institut Armand-Frappier, etc. Des privatisations qui ont accru encore davantage notre dépossession collective au profit d’affairistes véreux.
Le rôle de Desjardins, de la Caisse et de vos élus dans la vente de Provigo à l’ontarienne Loblaw
Provigo fut une merveilleuse réussite d’entrepreneurs québécois (Denault, Couvrette, Provost et Lamontagne) qui, hélas, a été vendue en 1998 à l’ontarienne Loblaw pour 1,6 milliards$ : «Loblaw avale Provigo» (Le Devoir, 1er novembre 1998). Pensant bien faire, ces entrepreneurs québécois qui avaient bâti ce fleuron à partir de rien, ont fait appel à la Caisse de dépôt, au Mouvement Desjardins et à d’autres afin de financer leur expansion. Mal leur en pris, car ces nouveaux actionnaires guidés par la spéculation et le gain rapide se sont arrangés pour vendre ce joyau québécois au détriment des fournisseurs et des agriculteurs du Québec, du maintien de son siège social pour la province et de l’achat local.
À la Caisse de dépôt, comme au Fonds FTQ, oui les dirigeants privilégient le gain rapide à court terme car cela les enrichit, eux qui sont rémunérés en fonction des profits réalisés (bonus, primes, promotion, etc.). La Caisse de dépôt et placement du Québec, supposément un instrument collectif, a, comme toujours, chaleureusement applaudi la vente de Provigo à Loblaw et s’est empressée de lui céder son gros bloc d’actions : «Provigo : Loblaw a le feu vert. La Caisse de dépôt cède son bloc à une offre majorée» (La Presse, 1er décembre 1998). Et tant pis pour l’achat local. Une vraie honte. Le gouvernement aurait dû s’objecter et dire non à la vente de Provigo à Loblaw, Mais non, l’ex-premier ministre péquiste Jacques Parizeau était d’accord avec ce délestage et avait même niaiseusement suggéré que : «La Caisse de dépôt achète des actions de Loblaw» (Le Devoir, 3 novembre 1998). Ah oui, il y a eu la réaction joyeuse et effervescente de notre banque Desjardins «nationaliste», qui elle aussi est guidée avant tout par le gain rapide plutôt que le bien commun. «C’est un bon deal dit l’analyste Christiane Dufour de Valeurs mobilières Desjardins» (Le Journal de Montréal, 31 octobre 1998). Un bon deal pour qui?
Idem pour la vente de l’Institut Armand Frappier à l’anglaise Shire
Qui étaient les principaux actionnaires de la réussite pharmaceutique d’envergure internationale de propriété collective soit l’Institut Armand Frappier-Biochem Pharma lors de sa vente en 2000 à l’anglaise Shire pour 5,9 milliards$? Sans surprise, il y avait encore une fois la Caisse de dépôt (7,5% des actions) et le Fonds de solidarité de la FTQ (5% des actions) qui se sont dépêchés de dire oui à cette transaction afin, encore une fois, d’empocher des centaines de millions de dollars en profits. Et au diable le nationalisme économique et le «Maître chez nous». Et quant à la banque Desjardins : «Carl Martel, analyste chez Desjardins Valeurs mobilières, parle d’une «belle transaction» (Le Journal de Montréal, 12 décembre 2000). Une belle transaction pour qui?
Desjardins a toujours été favorable à la vente d’entreprises québécoises à des étrangers.
J’espère que vous comprenez maintenant pourquoi il ne faut pas se fier à la Caisse de dépôt, à Desjardins, au Fonds FTQ, à nos élus, au patronat, aux experts pour redevenir véritablement maîtres et propriétaires chez nous plutôt que locataires et quémandeurs.
Idem pour la vente de la Bourse de Montréal à celle de Toronto en 2007
«Toronto s’offre la Bourse de Montréal pour 1,3 milliards$» (Le Journal de Montréal, 11 décembre 2007). Comme d’habitude, la Caisse de dépôt et Desjardins étaient d’importants actionnaires de la Bouse de Montréal qui se sont hâtés de vendre en privilégiant encore une fois leur seul profit à court terme et en évacuant les considération à long terme pour la souveraineté économique du Québec et de l’enrichissement des Québécois : «La Caisse de dépôt donne son accord mais réclame plus de garanties (qui n’ont pas été tenues)» (Le Journal de Montréal, 13 février 2008). Et encore les ex-premiers ministres péquistes qui se montraient favorables et enthousiastes à cette vente : «Bernard Landry n’y voit rien de mal» et «Un oui conditionnel de Parizeau» (Le Journal de Montréal, 11 décembre 2007 et 19 février 2008). Être colonisés, c’est systématique et structurel chez certains.
Les principes moraux de la banque Desjardins
Naturellement, Desjardins, comme toujours, a applaudi à cette transaction. Mais en plus, Desjardins a agi comme consultant et conseiller (rémunéré bien évidemment) de la Bourse de Toronto à titre «d’expert» lors de son acquisition de la Bourse de Montréal : «Desjardins a-t-elle privilégié ses propres intérêts» (Le Journal de Montréal, 18 janvier 2008). Ben oui que Desjardins a privilégié ses propres intérêts à celui de l’ensemble des Québécois.
La Caisse, Desjardins, le Fonds FTQ et la vente de CAMSO à Michelin
En 2018, la transnationale québécoise CAMSO (chenilles pour motoneige et engins agricoles) est vendue pour 2 milliards de dollars à la française Michelin. Et qui étaient les principaux actionnaires de CAMSO, qui ont accepté rapidement l’offre de Michelin dans la joie? Oui, la Caisse de dépôt (36%), le Fonds de solidarité de la FTQ (24%) et Desjardins Capital régional et coopératif (5%). Le Québec, une vraie république de bananes avec ses oligarques locaux privés et publics, pour qui l’enrichissement de quelques-uns a toujours primé sur l’enrichissement collectif. Et la population qui accepte tout ça sans rien dire comme des moutons qui s’en vont, gaiement et sans le réaliser, à l’abattoir. Parfois je me demande s’il n’est pas vrai que l’on soit né pour un petit pain et que l’on aime ça. Et comme dans les autres bradages, nos élus ont vite fait de donner leur accord, comme Couillard du PLQ : «C’est très intéressant cette vente. Ce n’est pas à nous (contrairement à ce qui se fait ailleurs) de dire aux entreprises privées (et à leurs riches détenteurs d’actions) quoi faire» et comme aussi le caquiste François Bonnardel : «Cette transaction (vente de CAMSO) semble à première vue profitable» Le Journal de Montréal, 19 janvier 2021). Mais pour qui?
Et l’agro-alimentaire Culinar vendue
Et ça continue. Desjardins était un important actionnaire des agro-alimentaires québécoises Aliments Carrière et Culinar, qu’ils ont vendu à des étrangers afin d’enrichir leurs sociétaires et actionnaires, comme ils l’ont fait pour Sico Rona et d’autres dans lesquelles ils étaient actionnaires. Réaction du parti québécois pseudo-souverainiste lors de la vente en 2000 de Culinar : «Culinar à des Américains, no problem? Bernard Landry ne s’émeut guère de la vente de l’entreprise beauceronne» (Le Devoir, 8 juillet 1999). Simplement en observant ces quelques transactions, on se rend compte que loin de vivre en démocratie où c’est le peuple qui mène, on doit malheureusement constater que ce sont les richards qui dirigent dans les faits au Québec avec ses commis usuels. Le bien commun et la propriété ce nos entreprises : qu’ossa donne?