
Un autre exemple de la dictature patronale occidentale
Premièrement, et vous le savez probablement déjà : les transnationales occidentales sont plus grosses, plus riches et plus puissantes que les États. Ce n’est pas moi qui le dis, mais l’ex-ministre libéral Pierre Paradis : «Les géants des pesticides (Mosanto) sont plus puissants que l’État dit Pierre Paradis» (Le Devoir, 23 octobre 2015). Et que dire de la puissance de Bayer qui a acheté Mosanto? Les géants des pesticides sont plus puissants que l’État et encore plus les GAFAM, les banques, les pétrolières, les pharmaceutiques, etc., qui font la pluie pour certains et le beau temps pour d’autres : «Les GAFAM ont trop de pouvoir» (Le Journal de Montréal, 29 juillet 2020).
Deuxièmement, le patronat et les nantis, afin de faire entendre «raison» aux élus, engagent régulièrement des milliers de lobbyistes, souvent d’ex-politiciens; les financent et les corrompent afin de souder entre eux un lien fraternel; créent des gros organismes de recherche et des ONG bidons (C.D. Howe Institute, Conference Board, Fraser Institute, Fédération des contribuables canadiens, etc.); s’achètent beaucoup de publicité et même des articles et des reportages et détiennent la plupart des médias d’information (Bell, Québecor, Cogeco, Rogers, Murdoch, Bezos, Bloomberg, etc.). Pour faire contrepoids, le monde ordinaire peut participer à des lignes ouvertes, se plaindre sur interner, manifester mais sans rien casser, et même faire du bruit avec leurs chaudrons et leurs casseroles. Voilà à quoi rime dans les faits la vraie liberté du peuple dans nos illusoires démocraties. Voilà leur notion d’un juste rapport de force entre la majorité ordinaire et l’infime minorité extraordinaire. En passant, quand nos médias parlent d’une ONG dite «indépendante», ça veut dire qu’elle est financée par des milliardaires et est située dans une grosse ville occidentale.
Santé privée, baisses d’impôt, privatisation, etc.
C’est toujours le même «pattern» : lorsque le patronat veut quelque chose, il va l’avoir grâce au travail acharné de conditionnement et de propagande idéologiques de leurs lobbyistes, de leurs organismes de recherche, de leurs universitaires commandités, de leurs élus qu’ils financent et embauchent, de leurs médias qu’ils détiennent avec leurs journalistes, chroniqueurs, et éditorialistes. Les puissants ont aussi les moyens pour s’acheter une tonne de messages publicitaires qu’ils disent «pédagogiques» et qui propagent les faits et la vraie vérité. Vous voilà alors remplis comme des valises. Et si vous faites quand même valoir votre désaccord, vous allez passer pour un ignorant et un fou. Vaut mieux alors pour certains de rentrer tranquillement et paisiblement dans le rang.
On l’a vu avec les baisses d’impôts décrétées ces quarante dernières années, qui ont profité surtout aux richards et aux corporations, et que la population, avec raison, ne voulait pas. Le monde ordinaire, pas fou, a toujours préféré les investissements dans nos programmes sociaux déficients aux baisses d’impôts. Démocratie capitaliste oblige, nos élus ont fait le contraire de ce que la population voulait. C’est alors que les universitaires, les experts, les journalistes, les éditorialistes, les lobbyistes et les politiciens sont arrivés en renfort patronal, afin de faire comprendre le gros bon sens au peuple, l’éduquer sur la nécessité de couper dans les services publics afin d’éviter la faillite du pays, de baisser les impôts des cerveaux et des gras durs, afin d’empêcher leur exode, et des compagnies afin de les rendre supposément plus compétitives. Les mensonges sont alors toujours de mise afin de convaincre.
La brigade et la milice médiatiques attaquent
Et dire que l’objectivité et la rigueur sont censés être de mise dans nos médias détenus par de riches individus ou par de grosses compagnies. Voyons donc, il ne peut y avoir d’indépendance et de liberté pour les journalistes et les éditorialistes à l’emploi de médias «privés». Ceux qui prétendent le contraire mentent comme c’est leur habitude.
Dans le cas de la santé privée par exemple, comme le patronat et les nantis en voulaient, alors les journalistes, les chroniqueurs et les éditorialistes de leurs médias ont alors été «invités» et «sollicités» pour en faire l’apologie. Vraiment pathétique d’aller ainsi à l’encontre du véritable rôle social des médias et des journalistes. Il faut vraiment être de mauvaise foi pour venir nous dire en plein face et sans rire que la santé privée va aider le système de santé publique qui, déjà, manquait de médecins, d’urgences, de blocs opératoires, etc. Et les cliniques en santé privée allaient les prendre où leurs médecins, en pleine période de pénurie? Aux States, la santé est privée et représente toutefois le système de santé le plus coûteux et le plus bureaucratique du monde. Pouvez-vous m’expliquer?
Prenons le cas des chroniqueurs du Journal de Montréal
C’est vraiment effrayant et décourageant de voir comment la vaste majorité des journalistes, des chroniqueurs et des éditorialistes se sont faits les pantins et les guignols de l’agenda patronal en vantant, avec des arguments creux et vides, les avantages et même la nécessité du privé en santé, comme ils l’ont fait pour «l’obligation» de baisser les impôts, de réduire la dette publique, d’atteindre le déficit zéro, de privatiser, etc. Et bien évidemment, ces représentants de commerce, pardon de la presse, vont toujours inviter à commenter des experts et des universitaires qui pensent comme eux et comme leurs propriétaires.
Si vous avez du temps à perdre et que vous voulez rire, lisez des textes «profonds» et «songés» rédigés par les chroniqueurs vedettes du Journal de Montréal. Il y a le 21 avril 2014 où Isabelle Maréchal a dit que dans la santé publique, il y a plein de bureaucrates qui se pognent le beigne et qu’il faut donc faire place à plus de privé : «Deux têtes tournées vers le patient». Et il y a eu David Descôteaux qui, dans son épitre du 5 mars 2013, posait la question existentielle suivante : «Qui a peur du privé en santé?». Certainement pas les dodus financièrement. Il y a eu aussi Jean-Philippe Décarie qui, dans sa chronique du 30 mai 2000, ne nous laissait aucun choix et nous plaçait devant l’évidence même : «Inévitables privatisations». Ce que j’ai donc de la difficulté à me retenir. Il y a également l’ex-ministre péquiste et ex-chroniqueur au journal Les Affaires, Joseph Facal, maintenant au Journal, qui nous a pondu ces deux vérités sur ce que nous sommes vraiment, les 21 août et 24 janvier 2004. Demandons pardon car nous ne sommes que des pauvres quidams guidés par les tabous, la religion, l’idéologie, etc. : «Quand la religion remplace la pensée. Nous n’avons plus les moyens de maintenir notre système de santé sans le privé» et «Santé : ces tabous qui nous aveuglent». Il faut vraiment avoir la tête enflée pour nous faire ainsi la leçon et la morale. Et tant qu’au «king pin» de l’empire médiatique de Québecor, Mario Dumont, ex-chef de l’ADQ, un parti politique de la droite radicale, il avait, grâce à son pif et à sa vision, prétendu que : «Les gens sont prêts à payer pour être soignés» (La Presse, 15 novembre 2008). Mario avait, en 2002, poussé plus loin la folie en voulant permettre aux riches de payer et ainsi de passer avant les autres, même dans le cadre de notre système de santé public : «Santé : payer pour éviter les listes d’attente. L’ADQ (de Mario Dumont) offre aux nantis de n’acquitter que les frais administratifs» (Le Devoir, 2 octobre 2002). Des propositions dégradantes et criminelles et ce sont des gens comme lui qui sévissent dans nos médias d’information et qui en sont les vedettes.
Les élus : plus de privé et moins de public en santé
Avis à ceux et celles qui pensent que je divague. Trouvez-moi des chroniqueurs et des élus qui, depuis le début des années 2000, ont milité pour plus de santé publique et moins de santé privée… déductible d’impôts, donc financée à 50% par des fonds publics.
- «Jean Charest est favorable à la privatisation des soins de santé» (La Presse, 18 avril 1998);
- «Couillard livre un plaidoyer pour le privé en santé (et pour des coupures dans le public)» (La Presse, 10 décembre 2008);
- «Couillard avait (en bon hypocrite et bon lobbyiste qu’il a toujours été) élargi la voie au privé juste avant de démissionner» (La Presse, 20 août 2008);
- «Couillard : Ministre libéral, il se cherchait un emploi (dans le privé bien évidemment)» (Le Devoir, 18 mars 2009);
- «Lucien Bouchard ouvre le débat sur la création d’un réseau de santé privé» (Le Journal de Montréal, 6 août 2004);
- «Santé : Parizeau et Johnson (Pierre-Marc) sont favorables au privé» (Le Devoir, 10 décembre 2005);
- «Rochon (ex-ministtre péquiste de la santé) lorgne la privatisation de services de santé» (La Presse, 7 janvier 1998).
Incroyable mais vrai. Pendant que nos élus vargent dans notre système de santé public, ils militaient tous pour la santé privée comme le voulaient le patronat et les nantis.
Et les chroniqueurs et éditorialistes de La Presse itou
Il était normal qu’à La Presse, qui était détenue par la transnationale Power, très présente dans la santé privée, de militer ardemment pour plus de privé et moins de public en santé :
- Alain Dubuc : «Sauver des vies (grâce au privé) ou sauver le système (public)» (La Presse, 20 août 2004);
- Ariane Krol : «Expérimentons le privé (en santé)» (La Presse, 11 août 2007);
- André Pratte : «L’impasse demeure» (La Presse, 23 février 2008);
- Gabrielle Duchaine : «Cliniques médicales privées : affaires en or pour investisseurs» (La Presse, 5 juin 2013).
Le Québec, champion au pays du privé en santé et en éducation
Alors, ils sont où nos prophètes qui, au début des années 2000, prétendaient que le privé allait aider le public?
- «Santé Québec. Parmi les pires urgences en Occident» (Le Journal de Montréal, 3 juin 2016);
- «C’est au Québec qu’on attend le plus pour voir un médecin» (La Presse, 28 juin 2011);
- «864 jours d’attente pour un médecin de famille» (La Journal de Montréal, 11 septembre 2020).