La pandémie engendrera-t-elle un capitalisme humaniste?

Chaque événement mondial donne naissance à des voyants

En 2007 est survenue la crise financière mondiale causée par la cupidité infinie des banques et de leurs banquiers. Puis, en 2011, naquit le mouvement international «Occupy Wall Street» suivi de manifestations, attirant des millions de personnes, pour la survie planétaire. À chaque fois, des supposés experts, voyant l’occasion de se faire voir et de s’enrichir, prédisaient un monde fraternel nouveau dans lequel régneraient l’égalité des chances, le ratatinement des inégalités économiques par un juste partage de la richesse et la fin des paradis fiscaux, de la corruption et de la collusion. On était censé assister à la naissance d’un monde enchanté et à quelque chose de fabuleux comme le paradis sur terre. Comme vous allez le constater dans mes deux prochains textes, que ces nouvelles prophéties émanant d’intellectuels visionnaires ont plu à nos médias privés, à leurs propriétaires, souvent milliardaires, et à leurs journalistes qui se sont alors emballés et empressés de pondre de très longs textes élogieux sur ces nouvelles théories «scientifiques» afin de mieux nous scléroser et nous anesthésier. Il faut dire que certains journalistes étaient dans leur enthousiaste envolée médiatique de bonne foi mais eux-mêmes terriblement impressionnés par ces nouveaux prédicateurs. Quoiqu’il en soit, les dindons de ces farces grotesques sont toujours les millions de lecteurs et d’auditeurs.

La pandémie et la «théorie» du donut

Pas plus tard que le 11 janvier 2021, la journaliste et éditorialiste, Manon Corneillier du Devoir nous a pondu un gros texte de plus d’une page intitulé, en page frontispice s.v.p. : «La recette économique équilibrée du beigne». La journaliste était contente de s’épancher sur cette nouvelle peudo-théorie émanant de la professeure anglaise Kate Raworth, de l’Environmental Change Institute de l’Université Oxford, qui a accouché en 2017 d’un livre très sérieux intitulé : «La théorie du donut. L’économie de demain en sept principes». Naturellement, rien de ce que la visionnaire Raworth prédit ne se matérialisera. Mais pas grave, ça fait exotique, intellectuel et novateur et nos journalistes adorent ça.

Pandémie ou pas, c’est «business as usual

Comme pour l’après crise financière de 2007, le mouvement mondial «Occupy Wall Street», les manifestations monstres pour la survie de la terre et maintenant de la pandémie, absolument rien ne changera pour le mieux pour le 99% de la population formée de gens ordinaires. Ce sera le contraire, comme on l’a vu après ces phénomènes mondiaux. Là encore, des prestidigitateurs et des marchands d’illusions (oui, c’est une business très payante qui attire son lot de charlatans) nous avaient prédit plein de bonnes choses que nos médias se sont empressés de nous rapporter : Hélas, tout a continué «as usual» et les élus commandités ont continué malgré tout à réduire les impôts des nantis et des entreprises; à déréglementer le marché du travail et l’environnement; à signer en catimini des traités de libre-échange et à se faire financer toujours plus par les compagnies et les richards. Résultat : les inégalités de richesse ont continué de s’agrandir; les riches sont devenus plus riches; l’évasion fiscale et l’évitement fiscal dans les paradis fiscaux ont cru; les cas de corruption et de collusion se sont multipliés; le pouvoir des syndicats de travailleurs ordinaires (contrairement aux syndicats des toubibs) a diminué et la pollution a tellement progressé qu’elle est devenue criminelle. Ah oui, à ceux qui veulent en savoir plus sur la fumeuse théorie du beigne, qui intègre le développement durable, le respect de l’humain, le partage de la richesse et autres belles affaires angéliques, vous n’avez qu’à lire l’article de la journaliste Manon Corneillier paru dans Le Devoir du 11 janvier 2021. Moi, ça ne me tente pas de cogiter sur ces dits produits intellectuels dérivés.

La pandémie donne des idées à certains «penseurs»

Contrairement à l’après-crise financière de 2007-2008, où nos élus ont demandé aux innocentes victimes de cette crise mondiale de payer pour les dommages sociaux engendrés et pour subventionner les banques responsables de cette fraude institutionnalisée, cette fois, après la pandémie, on n’augmentera supposément pas l’impôt de la classe moyenne. Nos gouvernements vont plutôt augmenter l’impôt des riches et des compagnies, et éliminer l’évasion et l’évitement fiscaux. Et surprise, contrairement à «l’ancien temps», le patronat et les nantis nouvellement empreints de solidarité seront heureux d’ainsi contribuer à un monde plus humain et à une planète plus verte. En tout cas, c’est ce que prédit la légende pondue par des experts en voyance et des spécialistes de la bonne aventure admirés et traités royalement par nos journalistes qui se font leurs haut-parleurs.  

Quelques exemples de raccourcis intellectuels

Des exemples de ces gens très sérieux qui nous prédisaient un avenir bleu poudre et rose bonbon? Que vois-je comme texte instructif paru dans Le Devoir du 10 avril 2020 et signé par un professeur universitaire agrégé de l’Université Laval, monsieur Ivan Tchotourian : «Coronavirus. Moraliser les dividendes et la rémunération (des dirigeants)». Voilà la solution enchanteresse. Pas besoin de réglementer, il suffit juste de «moraliser», dans une forme d’incantation magique, les profits, les dividendes et les salaires des patrons. Il fallait juste y penser. Vraiment fantasmagorique comme idée absolument révolutionnaire.  

Le temps nouveau est enfin arrivé

Que les entreprises et les dirigeants de grosses entreprises se le disent : c’est fini les folies et les excès que nous ont dit, dans Le Devoir du 3 août 2020, deux dirigeants de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP) dans leur opinion éclairante intitulée : «Le vent tourne (ah oui?) pour les actionnaires. Les questions environnementales et sociales sont devenues des enjeux incontournables dans la gestion des sociétés cotées en Bourse (vous m’en direz tant)». Mais quel avenir radieux attend nos enfants et nos petits-enfants. Les vieux comme moi pourront mourir en paix et en toute quiétude : un monde fraternel et solidaire avec, en prime, une planète verdoyante s’en vient. Nous pourrons alors dire que la pandémie fut, en dernier ressort, une bonne chose : un don du ciel, quoi!

D’autres à nous faire pleurer de joie

La pandémie aura aussi amené le gratin économique, en plus «d’exiger» des hausses d’impôt, des baisses de salaires et de dividendes, à être davantage débonnaires et mécènes pour les pokés et les démunis. À donner davantage sans demander en retour des grosses exemptions fiscales. Moi en tout cas je peine à retenir mes larmes. Que voulez-vous, je suis une personne très sensible. Oui, les riches vont déballer leur richesse sur la plèbe que nous disent trois très sérieux universitaires et dirigeants de l’organisme humanitaire Phil-ab dans leur clairvoyante opinion publiée encore une fois dans Le Devoir (qui est entiché de ces patentes à mythes) du 3 avril 2020 : «Face au virus, l’apport de la philanthropie». Même les pauvres et les itinérants vont donner pour la bonne cause. Admettez qu’il fera bon vivre dans la société de demain.

Et pour finir en beauté

Il y a, toujours paru dans le très sérieux Devoir du 28 avril 2019, le philosophe André Baril qui nous suggère ceci dans son opinion : «Humaniser la mondialisation grâce au dialogue». Je viens d’apprendre qu’on peut «humaniser» la mondialisation par le dialogue entre gens de bonne volonté. Et puis, le professeur Yves-Marie Abraham des HEC Montréal qui nous dit dans son texte du 22 mai 2020 (publié où vous pensez?) que la crise du coronavirus nous a dévoilé ce qui mérite d’être sauvegardé ou non (en partageant plus et en démocratisant la société, ce qui enchantera le patronat) : «Comment relancer l’économie autrement?».

Enfin, il y a Donald Riendeau, directeur général du très renommé «Institut de la confiance» (c’est son vrai nom) qui, dans son évangile du 20 septembre 2020, publié dans Le Devoir, nous pose la question existentielle suivante : «Coronavirus. Vivre-ensemble. Vers une société de confiance, de méfiance ou de défiance?». Vous, vous choisissez quel type de société? Comme disait le poète prolétarien, c’est ça parler pour rien dire et se complaire dans des élucubrations folichonnes. J’en ai d’autres encore plus drôle, que je vous dévoilerai très bientôt.  

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