
Gaz Métro un importateur de gaz de schiste
Vous le savez, notre nouvelle présidente d’Hydro-Québec provient de Gaz Métro (devenue Énergir en 2017, un nom plus poétique et plus écolo) dont elle était présidente. Gaz Métro, anciennement détenue par Hydro-Québec et par la Caisse de dépôt, est uniquement un importateur de gaz naturel souvent obtenu par voie très polluante de fracturation (gaz de schiste). Madame Sophie Brochu a été nommée par la CAQ, au mois d’avril 2020, présidente d’Hydro-Québec, à une rémunération globale d’environ un million de dollars par année, même si elle n’avait aucune expérience dans le domaine de l’électricité et qu’elle avait dirigé une entreprise moins importante que Hydro-Québec. Présider une entreprise importante de gaz naturel à but lucratif et très subventionnée n’est pas du tout la même chose que de gérer un instrument collectif et un bien public comme Hydro-Québec. Enfin, il me semble? Tout de même bizarre, Gaz Métro, une entreprise privée rentable, est subventionnée par nos gouvernements à coups de millions de dollars en fonds publics chaque année pour construire ses gazoducs mais jamais Hydro-Québec pour agrandir son réseau même si l’électricité est une ressource nettement plus écologique que le gaz naturel, qui ne l’est pas, malgré les prétentions des boss de Gaz Métro, de Philippe Couillard et de François Legault. Nos gouvernements siphonnent allègrement Hydro-Québec et subventionnent généreusement ses concurrents privés comme Gaz Métro. Il faudrait m’expliquer?: «Pour la première fois, Hydro-Québec sera dirigée par une femme» (Le Journal de Montréal, 1er avril 2020).
Administratrice à la Montreal Bank pour arrondir ses fins de mois
En même temps qu’elle travaille à plein temps chez Hydro-Québec à un salaire de misère d’environ un million de dollars l’an, madame Brochu est aussi administratrice à la Banque de Montréal (BMO). Selon ses dires, elle encaissera en 2021 221 000$ en plus de se voir gratifiée de nombreuses options d’achats d’actions de la banque qui lui permettra d’acheter à très bas prix des actions de l’institution financière, dont la moitié des gains ne sont pas imposables : «Une exemption payante pour la PDG d’Hydro» (Le Journal de Montréal, 8 avril 2021).
C’est bon à mettre sur un c.v.
Siéger au conseil d’administration d’une banque, comme le font beaucoup d’ex-politiciens, est une belle et riche expérience qu’elle a prétendue et qui l’aide dans son travail. Il faudrait me dire comment ça peut être bénéfique dans l’exécution de son travail de patronne chez Hydro-Québec? Il faut savoir que nos banques canadiennes sont loin d’être des modèles de responsabilité sociale, elles qui détournent beaucoup d’argent dans les paradis fiscaux notoires, où elles ont des filiales et qui nous chargent de gros intérêts sur leurs cartes de crédit (Chargex et Master Card), de gros frais bancaires et qui réalisent des profits records chaque année (même durant la pandémie) du fait qu’elles forment un oligopole au Canada. Je suppose que siéger au conseil d’administration d’une banque est faire preuve de service à la collectivité, encore plus que siéger bénévolement au c.a. d’une organisation communautaire de petite envergure. Ça fait moins «glamour».
221 000$ et plus pour 9 jours de travail
Madame Brochu dit consacrer seulement 9 jours par an à sa tâche d’administratrice à la BMO. Ah oui, elle exécute ses tâches administratives le soir et les fins de semaine qu’elle nous a dit. 221 000$, au minimum, sans compter les options d’achats d’actions qui lui sont gratuitement octroyées pour 9 jours de travail l’an, c’est plus de 5 fois le salaire annuel d’un travailler ordinaire. Oui, Québec solidaire a raison : elle devrait démissionner de son poste d’administratrice à la BMO, elle qui fait déjà 1 million de dollars l’an chez Hydro-Québec. Dans la hiérarchie des valeurs sociales, les banques viennent au bas de la liste. Mais madame Brochu va poursuivre son travail «humanitaire» à la Banque parce que c’est pour elle un bon «sideline» payant et que ça lui permet d’entretenir ses contacts avec des gens importants du privé et de protéger ses arrières. En passant, la nomination au conseil d’administration de firmes privées est une affaire de copinage entre amis. Ce n’est pas du tout démocratique où l’on afficherait le poste qui serait ouvert à tous et dont le candidat retenu le serait en fonction de ses compétences. C’est un club privé où l’on nomme des personnes qui seront fidèles aux membres de la haute direction. Avez-vous déjà entendu de gros désaccords au sein des membres de tout conseil d’administration? Cela dit, tout de la véritable nature de club sélect.
Ça aide à restaurer la confiance du peuple envers les institutions privées
Oui, siéger au c.a. de la Montreal Bank permet de restaurer, comme elle l’a dit en 2017, la confiance à l’endroit des institutions : «Populisme. Sophie Brochu invite dirigeants et investisseurs (comme les banques) à modifier leur approche. La p.d.g. de Gaz Métro estime qu’il faut restaurer la confiance à l’endroit des institutions (privées)» (Le Devoir, 14 février 2017). Un cas pratico pratique de parler pour rien dire et pour enjoliver son image. Je suppose que c’est ainsi qu’elle en est venue à modifier son approche personnelle en siégeant comme administratrice à la BMO et que c’est de cette façon que l’on va restaurer la confiance du monde ordinaire à l’endroit des institutions privées et des dirigeants d’entreprises?
La CAQ ment afin de subventionner la pollution
Mettons les choses au clair tout de suite afin de contrecarrer les mensonges ou, à tout le moins, les demi-vérités véhiculées tant par les caquistes que les libéraux enrégimentés à certains pouvoirs économiques privés : «Changements climatiques. Le gaz naturel (encore plus le gaz de schiste obtenu par fracturation) ne serait pas une énergie de transition viable. Un scientifique du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) se prononce contre l’utilisation de cette ressource promue par le gouvernement Couillard (et par celui de Legault)» (Le Devoir, 6 septembre 2017). Même qu’en 2010, l’Agence internationale de l’énergie signalait que : «Le gaz naturel n’est pas une panacée. Il faut plutôt viser une décarbonisation de l’énergie» (Les Affaires, 24 septembre 2010).
Cela n’a pas empêché Sophie Brochu, alors présidente de Gaz Métro (devenu Énergir en 2017), de nous présenter un vidéo cul-cul qui «présente des éoliennes, des volées d’oiseaux (qui vont nicher sur des usines de liquéfaction du gaz), des enfants (qui jouent sur des gazoducs), un ciel étoilé (au-dessous des immenses bateaux naviguant au milieu de joyeux béllugas) et des panneaux solaires (qui devrait remplacer justement le gaz de schiste)» (Le Devoir, 30 novembre 2017). Ah que j’aurais aimé voir ce vidéo mis en ligne sur Youtube afin de verser quelques larmes de joie.
La création de richesse en subventionnant le gaz importé
Où est la création de richesse collective (plus pour certains, s’entend), thème racoleur chéri de nos gouvernements, lorsqu’ils décident, sous l’impulsion des arguments pragmatiques de leurs aimables lobbyistes, à verser, à même l’argent du peuple, des millions de dollars en subventions publiques à Gaz Métro, qui est un importateur de gaz naturel. Ainsi, ils baissent artificiellement le prix du gaz vendu à leurs clients et enrichissent leurs actionnaires. Il ne faut pas oublier aussi que Gaz Métro est un concurrent direct de notre société à propriété collective, Hydro-Québec.
Par ici la bonne soupe du temps des libéraux : «Gaz Métro financé par le Fonds vert (tout à fait ridicule). Une aide de 20 millions octroyée par le PLQ lui permettra d’étendre son réseau de distribution par gazoducs (afin de mieux concurrencer Hydro qui a de gros surplus d’énergie)» (Le Devoir, 19 juillet 2017). Le Fonds vert, alimenté par les contribuables via les taxes additionnelles sur l’essence, servent donc à financer les gazoducs de Gaz Métro. La belle affaire! Et la CAQ, aussi pire que le PLQ : «Environnement. 10,6 millions$ pour l’équivalent du retrait de 75 véhicules des routes (ça revient à 141 333$ par char). La CAQ défend (niaiseusement) le financement (public) d’un tronçon de gazoduc d’Énergir affirmant (faussement) qu’il s’inscrit dans une perspective de (pseudo) transition énergétique» (Le Devoir, 3 mars 2021). Et ce n’est pas fini : «En plus, une autre subvention de 20 millions de dollars doit aider Gaz Métro à développer des projets d’approvisionnement dans les régions nordiques (construction de d’autres gazoducs» (Le Devoir, 26 mars 2021). Je vous le dis, on est gouverné par des représentants de commerce. Gaz Métro «verte», ce qui ne l’a pas empêché de condamner le protocole de Kyoto (La Presse, 20 novembre 2002), de remettre en question le rôle d’Hydro (Les Affaires, 20 octobre 2001) pour permettre à Gaz Métro de «s’ouvrir à une diversification dans l’hydroélectricité qu’avait dit Sophie Brochu en 2007» (Les Affaires, 10 février 2007). Ding, dong!