
François Legault veut déménager les emplois peu rémunérés
François Legault est un démagogue sympathique qui dit parfois n’importe quoi, comme quand il a lancé cette boutade : «La délocalisation de certains emplois peut être une bonne chose, selon Legault» (Radio-Canada, 5 juin 2019). François aime aussi répéter, en bon sujet qu’il est, des commandements du patronat qui exige que l’on déménage à l’étranger les emplois que l’on peut facilement délocaliser (comme les centres d’appel de Bell et de Vidéotron) et que l’on fasse venir ici au pays des travailleurs immigrés sous-payés pour des emplois que l’on ne peut «malheureusement» pas déménager (hôtellerie, restauration, banques, agriculture, etc.) en prétextant les fameuses pénuries d’emploi. Et, dans tous les cas, on ne doit pas oublier de subventionner les entreprises. Il faut avoir un gros front de bœuf lorsque l’on entend le patronat demander au gouvernement du Québec d’aider financièrement, avec des fonds publics, les entreprises qui déplacent leur production, leurs usines et les emplois à l’étranger, comme l’avait fait l’ex-patronne de la Chambre de commerce de Montréal en 2006 : «Québec doit financer (subventionner) les investissements (délocalisations) à l’étranger. Les délocalisations ne sont pas à craindre estime la Chambre de commerce» et «Exporter les investissements (c’est-à-dire les emplois), une bonne affaire» (Le Devoir, 7 avril 2006). Transférer les emplois ailleurs, une bonne affaire pour qui au juste? Agir de la sorte est très payant pour nos entrepreneurs déménageurs. Ils se font subventionner deux fois : une par Québec et l’autre par le pays hôte. Bombardier a toujours agit de la sorte lors de ses «déplacements» d’emplois au Mexique et ailleurs. Quelle lâcheté de la part de nos élus : au lieu d’augmenter les salaires payés ici en haussant le salaire minimum et en favorisant la syndicalisation, les pleutres qui représentent supposément le peuple préfèrent laisser les entreprises d’ici délocaliser des jobs tout en les subventionnant. Il ne faut pas contrarier le patronat si, après leur service politique, ils espèrent se voir offrir un bel emploi bien rémunéré, à plus de 50 000$ l’an, comme l’ont fait Jean Charest, Lucien Bouchard, Philippe Couillard, Raymond Bachand, Monique Jérôme-Forget et plein d’autres.
Les emplois à 50 000$ l’an et plus, payés par qui?
La majorité des emplois très bien rémunérés au Québec le sont parce qu’ils sont généreusement subventionnés par les gouvernements, comme dans le cas des alumineries, qui jouissent de grosses subventions directes et indirectes par le biais de tarifs d’électricité ridiculement bas.
Dans d’autres cas, comme le multimédia, le commerce électronique, les jeux vidéos, l’intelligence artificielle et d’autres, alors les gros salaires sont payés à plus de 37,5% par l’État.
Monsieur Legault, s’il est vrai que nous avons un sérieux problème de pénurie d’emplois, légende véhiculée par le patronat, pourquoi alors continuer à subventionner les firmes étrangères milliardaires qui s’installent au Québec afin de créer quelques jobs? Si on est vraiment en pénurie d’employés, il me semble que l’État doit arrêter de verser des milliards de dollars en subventions gouvernementales afin de créer de l’emploi.
Prenons le cas d’Amazon, propriété de l’homme le plus riche du monde
Les caquistes étaient heureux d’annoncer au mois de mars 2021 qu’Amazon allait ouvrir un beau gros bureau de jeux vidéo à Montréal et créer plusieurs emplois très bien rémunérés (ce qui fait plaisir à monsieur Legault) mais, c’est là qu’il y a un petit hic, des emplois payés à plus de 37,5% par l’État sous forme de subventions directes que l’on appelle faussement, pour mieux tromper les gens, de simples crédits d’impôts. Ce ne sont pas du tout des crédits d’impôts, mais bel et bien des subventions en argent sonnant et trébuchant pour la compagnie, qu’elle paie ou pas des impôts. Les journalistes devraient arrêter d’utiliser le terme «crédit d’impôt», qui est mensonger. Les preux journalistes ne le feront pas car le patronat et les élus préfèrent utiliser le terme de crédit d’impôt à celui de subventions directes et indirectes. Il ne faut pas irriter les gros publicitaires et les propriétaires de ces médias : «Amazon ouvre un studio de jeux vidéo dans la métropole» (Le Devoir, 24 mars 2021). Mais ils vont les trouver où leurs employés puisque nous sommes en pénurie d’emplois? Bonne chance! Puis-je envoyer mon c.v.?
Autre bonne nouvelle en ce sens que deux autres géants américains veulent aussi s’installer au Québec et profiter de la manne : «Technologie. Google et Oracle intéressés par la transformation numérique du Québec (toujours des emplois «full» subventionnés)» (Le Devoir, 21 avril 2021). Au Canada, Google, Amazon, Facebook et cie ne paient pas d’impôts sur le revenu mais reçoivent des millions de dollars en subventions. Cherchez l’erreur! Après, nos élus accusent la Chine de subventionner leurs entreprises alors qu’au Canada on en fait autant. Ah que j’aime les traités de libre-échange qui amplifient les délocalisations, mettent de la pression sur les baisses d’impôts et les privatisations et mettent en concurrence les pays pour savoir qui subventionne le plus le moindre investissement.
Pas d’étude et pas de transparence
Subventionner les investissements et les salaires à hauteur de 37,5% est définitivement une très mauvaise affaire pour les contribuables et cela vient appauvrir le Québec. Jamais au grand jamais le gouvernement du Québec a produit une étude sérieuse sur les prétendus bienfaits du multimédia, du commerce électronique, de l’intelligence artificielle, du numérique, etc. dont les salaires sont subventionnés à hauteur de 37,5% par l’État, en plus de nombreuses autres aides. Et puis, comme ce programme d’aide gouvernementale existe depuis environ au moins vingt ans, jamais on a produit une étude sur la rentabilité véritable de ces industries siphonneuses de fonds publics : «Québec ne dévoile pas (et pourquoi donc?) ses études (qui n’existent pas) de rentabilité fiscale (on devrait plutôt parler de «déficit économique») (La Presse, 30 octobre 2014). Mes amis, si cela était réellement profitable pour le Québec, soyez assurés que nos élus produiraient, à cet effet, plusieurs études convaincantes. Inadmissible cette opacité gouvernementale dans l’utilisation de fonds publics générés par les impôts versés par les Québécois et versés à des transnationales milliardaires.
Ubisoft est reconnaissant et préfère Montréal : pourquoi?
Tellement payant ces subventions québécoises que : «Sans les crédits d’impôt (subventions salariales de 37,5% du Québec), Ubisoft (géant français du vidéo) serait déficitaire. La multinationale vante (on la comprend) les vertus (donc subventions et vertus vont de pair) de l’aide de l’État (québécois) à l’industrie du multimédia» (Le Journal de Montréal, 28 novembre 2019).
J’en ai une bonne que j’ai retracée dans mes dossiers exclusifs : «Ubisoft. Montréal a battu Paris et Shanghai» (La Presse, 10 février 2007). Et, selon vous, pourquoi donc Ubisoft a préféré le Québec à la France et à la Chine? Je le redis, n’accuse-t-on pas hypocritement la Chine de faire du dumping et de trop subventionner leurs entreprises? Dans les faits, et malgré leurs dires, le Canada et tous les pays occidentaux subventionnent autant leurs affairistes que la Chine. Allô économie de marché avec la main invisible de l’État : invisible pour la basse société et visible pour la haute société. J’en ai trouvé une autre bonne datant de 2007 : «Ubisolft. Des subventions de 35 500$ par emploi» (Le Journal de Montréal, 29 mars 2007). 35 500$ l’an en 2007 : c’est rendu à combien en 2021?
Petits salaires mignons d’Amazon
C’est François Legault qui ne sera pas content avec les petits salaires, à peine plus que le salaire minimum, versés au Québec par Amazon à ses employés d’entrepôt et de centres de tri : «Amazon n’augmentera pas ses salaires d’ici. Les Québécois pas aussi choyés que les Américains» (Le Journal de Montréal, 5 mai 2021). Bah, 16$ l’heure, c’est bien payé. Comme l’a dit Legault, ces travailleurs peuvent facilement trouver à Montréal un logement à 500$ par mois. Et dixit l’érudit Philippe Couillard, faire une épicerie pour trois personnes (dont deux ados) à 75$ par semaine. Et Amazon, comme d’autres semblables à elle, va venir crier au loup et se plaindre de la prétendue pénurie d’emplois pour ses entrepôts. Mais elle n’a aucun problème à embaucher dans ses activités liées aux jeux vidéo à Montréal. Comprenez-vous quelque chose à ça?
Souveraineté alimentaire que dit Legault
François Legault dit qu’il veut assurer la souveraineté alimentaire du Québec. C’est pourquoi son gouvernement vient de dézoner et de libérer 60 hectares des plus belles terres agricoles à Beauharnois au Québec, appartenant à Hydro-Québec, afin que Google y construise un centre de données encore très subventionné, par le biais de tarifs d’électricité bonbons : «Google souhaite investir 735M$ à Beauharnois» (Le Journal de Montréal, 10 mai 2021). Tout ça pour 30 jobs gros max.