
Pauvreté et richesse : la vision d’élus superficiels et déconnectés
Plus les partis politiques au pouvoir changent, plus c’est pareil que dit le poète dont le nom m’échappe. On est souvent dirigé par des ministres issus du privé qui n’ont aucune envergure intellectuelle et qui ne font que répéter, puisqu’ils les ont intégrés, les dogmes capitalistes primaires. Pour eux, la pauvreté n’est qu’un concept théorique et une vue de l’esprit puisqu’ils n’ont jamais vécu la précarité financière et ont toujours fréquenté et entretenu des liens avec des notables. Ça fait que leur notion de services publics et d’instruments collectifs se limite à pas grand-chose et que leurs politiques sont principalement axées sur le bien-être de leurs fréquentations bourgeoises, telles que les baisses d’impôt, les privatisations, l’économie avant l’écologie, la déréglementation qui brime la liberté de quelques-uns, etc. Pour ces politiciens, à la fois ignares et suffisants, le but est d’augmenter la richesse des riches qui, un jour, suintera supposément sur les classes moyennes et pauvres. De toute façon, ce ne sont pas les représentants de la population qui les financent, les corrompent et leurs donnent une belle grosse job payante après leur stage politique ou les engagent comme lobbyistes ou conseillers après. Démocratie oui, mais le nerf de la guerre pour gagner une élection est le fric ramassé, comme c’est le cas aux États-Unis avec les milliards versés par les political action comittees (PAC).
Le ministre caquiste du Travail est contre un meilleur salaire pour les gueux
Je vous le dis, l’usure du pouvoir commence à se faire sentir chez la CAQ. Il commence à y avoir de plus en plus de fuites d’eau dans le système et la vraie nature de certains ministres commence à ressortir, comme ce fut le cas pour l’éminent ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, qui a plusieurs amis importants et pour qui l’éthique est secondaire et constitue un irritant à la création de la richesse. Il y a aussi le ministre caquiste du Travail, Jean Boulet, qui a pondu cette énormité qui reflète très bien sa véritable essence et son schème de valeurs, donc ses priorités : «Boulet juge que les augmentations de salaire (pour le travailleur ordinaire) ne sont pas nécessaires» (Le Journal de Montréal, 18 juin 2021). Monsieur le ministre tient le même discours que le Conseil du patronat, des riches et des groupes de recherche et universitaires à la solde du privé. Pour Jean Boulet, il serait probablement préférable de les réduire et, faisant preuve de pensée magique, monsieur croit que le salaire est accessoire pour les employés. Selon lui, l’employé privilégie la qualité de vie… au travail qu’il ramène à l’installation au bureau ou dans l’usine de petits gymnases (pas trop gros), des cafétérias avec des fenêtres et micro-ondes, des horaires flexibles, etc. Jean Boulet n’a pas parlé d’implantation par l’employeur de garderies au travail, ce qui serait encore une fois superflu. Un frigidaire c’est mieux qu’une garderie. Pour le ministre caquiste, ce n’est pas en augmentant les salaires que l’on va régler le problème des postes vacants, surtout causé justement par des salaires et des avantages sociaux misérables, mais plus par le «cheap labor» de l’immigration. C’est à ça mes amis que vous avez droit comme ministre du Travail. Un vrai péteux de broue.
Boulet devrait réserver ses conseils pour Fitzgibbon
La CAQ, Legault, Fitzgibbon et Jean Boulet, comme l’étaient aussi les bonzes du PLQ, sont, disons, réticents à augmenter le salaire des travailleurs ordinaires mais, étant des fidèles représentants du patronat, sont toujours favorables aux hausses de la rémunération des dirigeants tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Selon ces penseurs modernes et lucides, il faut, dans le public, augmenter considérablement le salaire des hauts fonctionnaires et des dirigeants (comme chez Hydro, Loto-Québec et à la SAQ) afin de les aligner à celui payé dans le privé si l’on veut supposément attirer les meilleurs et les motiver. Quel piètre argument adopté pour privilégier les gras durs. Dans le cas de ces cerveaux, installer un gymnase et une cafétéria avec «fenêtres» ne suffit-il pas? Les salaires immoraux versés dans le privé aux patrons servent maintenant de référence à nos politiciens dans le vent afin de rémunérer «convenablement» les boss du secteur public. Et pour ces mêmes élus, les bas salaires versés ailleurs dans le monde et à nos immigrants doivent servir de norme et de référence pour les employés du privé au bas de l’échelle.
Je suggérerais à monsieur Boulet de lire ces articles et de réfléchir sur ces diverses situations afin qu’il puisse suggérer ses précieux conseils à d’autres ministres caquistes en général et à Pierre Fitzgibbon en particulier : «Fitzgibbon défend la rémunération de 1,1 M$ du PDG d’investissement Québec (qui est aussi son ami intime)» (Le Journal de Montréal, 17 mars 2021). Et il y a aussi cet autre article publié dans Le Devoir du 18 mai 2021 qu’il pourrait consulter : «Certains hauts dirigeants d’Investissement Québec pourraient voir leur salaire doubler». François Legault devrait nommer monsieur Boulet ministre de l’Économie à la place de Fitz afin de rendre les hauts dirigeants du public plus heureux, simplement en retranchant généreusement des milliers de dollars dans leurs salaires qui seraient compensés par l’implantation d’un gymnase, d’une cafétéria, des fenêtres, d’une douche, d’un sauna, d’un mini-putt, de jeux de fer et de poche, etc. Ces derniers, quoique privés de milliers de dollars chaque année, vous le remerciez chaleureusement. Et étant plus heureux au travail, ils vont accroître leur productivité. Je demande à monsieur Boulet d’aller faire le ménage et appliquer ses politiques de travail novatrices à la Caisse de dépôt : «Caisse de dépôt. Plus de 14 millions de dollars pour les patrons de la Caisse en 2020» (Le Devoir, 16 avril 2021).
CAQ et PLQ : du pareil au même
Les grands esprits se rencontrent toujours. Ainsi, pour l’ex-banquier et ex-ministre libéral des Finances sous le gouvernement de Philippe Couillard, monsieur Carlos Leitao : «Le salaire minimum actuel est suffisant, selon Leitao» (La Presse, 14 août 2016). Suffisant pour la plèbe seulement mais pas pour la crème, bien évidemment. Monsieur Leitao était une personne vraiment zen. En 2016, Alcan licenciait sauvagement 200 autres travailleurs et Carlos s’est élancé en disant : «Mises à pied chez Rio Tinto : pas une catastrophe (bien au contraire) selon le ministre Leitao» (Radio-Canada, 17 février 2016). Comme Legault l’a dit, les mises à pied et les délocalisations, c’est bon.
Se plaindre le ventre plein… ou presque
Monsieur Boulet est assuré que Philippe «l’érudit» Couillard, devenu lobbyiste, lui donnera raison comme il l’a fait pour Carlos. Selon Philippe, même au salaire minimum, une famille avec deux adolescents peut très bien vivre au Québec avec 75$ par semaine : «Selon Philippe Couillard. Possible de nourrir une famille pour 75$ par semaine» (Le Journal de Montréal, 20 septembre 2018). Même que je dirais qu’avec l’élaboration d’un budget rigoureux, on pourrait facilement ramener la commande d’épicerie à 70$ hebdomadairement et investir l’économie de 5$ dans un REER, déductible d’impôt en plus de ça. Oui, pour se nourrir à 75$ par semaine pour une famille de trois ou quatre personnes, il faut être allumés et sérieux et s’adonner à certaines lectures enrichissantes, comme celle des circulaires des marchés d’alimentation. Il vaut mieux lire des circulaires que certains journaux de faits divers et de propagande que la retenue m’interdit de nommer : «Couillard dit que «tu dois regarder les circulaires»» (Le Journal de Montréal, 21 septembre 2018). Question à Couillard, Fitzgibbon, Leitao et Boulet : Consultez-vous les circulaires chaque semaine? J’ai une autre idée à soumettre à Boulet : avec l’ajout d’une cafétéria et d’un gymnase, on pourrait aussi fournir aux travailleurs les circulaires des épiceries au lieu d’augmenter leur salaire.
Le patronat et l’universitaire commandité pensent comme monsieur Boulet : il ne faut pas augmenter les salaires
«Un salaire minimum à 15$ nuirait plus qu’il n’aiderait, dit le Conseil du patronat» et «Le salaire minimum à 15$, «une bombe atomique» (atomique rien de moins) selon Pierre Fortin» (Le Journal de Montréal, 11 novembre et Radio-Canada, 27 octobre 2016). Et le comble du sarcasme revient à François Legault qui a dit ceci : «Les travailleurs ont maintenant le gros bout du bâton, soutient François Legault» (Le Journal de Montréal, 9 juin 2021). De quels travailleurs est-il question?