La mafia bancaire canadienne lance et compte

Le mythe de la concurrence dans l’économie

Mes très chers amis, on vous ment et on vous bourre le crâne lorsque le patronat, les élus et leurs experts vous parlent du monde de l’économie de marché, avec ses prétendues lois naturelles; de la concurrence pure et parfaite qui prévaut; du juste prix du marché; des forts qui sortent les faibles du marché afin de toujours l’épurer; de l’équilibre entre l’offre et la demande, etc. Et on conclut toujours en clamant haut et fort les avantages systémiques du capitalisme sur le socialisme. Ah oui, on vante aussi l’égoïsme et l’individualisme dans le sens qu’en poursuivant strictement l’intérêt personnel on aboutit par enchantement à l’intérêt général. De la foutaise servie en bouillabaisse continuellement et amplifiée depuis les années 80’s par Ronald Reagan et Margaret Thatcher. L’application de leurs recettes économiques et sociales a fait exploser les inégalités économiques et le ratatinement des services publics rendus par l’État, seuls capables d’assurer l’égalité des chances.

Place aux cartels plutôt qu’à la véritable concurrence

C’est connu, les gros ne se font pas concurrence. Ils préfèrent s’entraider et dicter l’agenda politique de leurs élus qui les financent, qui les corrompent et qui les embauchent. Prenez le secteur économique bancaire canadien contrôlé par six grandes institutions; celui de l’essence mené par le cartel Shell-Pétro-Esso-Ultramar; celui de l’industrie pharmaceutique où la protection des brevets sur plusieurs années donne naissance à des monopoles; celui du commerce de l’alimentation au détail avec Walmart-Provigo-Métro-IGA Sobeys; celui du transport aérien contrôlé par Air Canada que l’on avait supposément privatisé pour avoir plus de concurrence; celui des télécommunications (cellulaire, internet, télé) avec le club de profiteurs que sont Vidéotron-Rogers-Bell-Telus; celui du transport ferroviaire avec le duopole CN et CP et des cartes de crédit avec Visa et Mastercard, etc. Je pourrai continuer longtemps cette liste d’oligopoles canadiens qui vous taxent continuellement, qui vous font payer le gros prix et qui augmentent leurs tarifs et leurs prix de vente tous en même temps. Dans tous ces domaines, on déclare des profits records à chaque année : ils sont tous forts, et il n’y a aucun faible qui est sorti du marché et qui déclare faillite. Vous pensez vraiment que les tarifs de Bell et de Vidéotron, d’Air Canada, de Merck et de Pfizer, de la Banque Nationale et de Desjardins représentent le juste prix émanant et découlent d’une féroce concurrence? Si vous croyez vraiment aux lois naturelles de ce monde économique enchanté, ça veut dire que vous pensez réellement que les gros agents économiques ne sont pas ceux qui dictent les politiques publiques et vous êtes de ceux qui vantez les mérites de notre belle démocratie capitaliste dans laquelle vous votez aux quatre ans pour des partis politiques qui se ressemblent tous et qui n’apportent que des changements cosmétiques. Absolument pas question de changements structurels qui viendraient irriter la classe dominante. Pour eux, moins d’État, moins de programmes sociaux universels et gratuits, plus d’inégalités économiques et plus de privé dans tout, même dans les services publics, riment avec modernisation, adaptation et réingénierie. Et dans ces situations, le patronat vante le «mérite» et le «courage» de politiciens comme Charest, Bouchard, Couillard, Dumont, Harper, Facal et cie.

Seuls les petits commerçants se font concurrence comme le font les travailleurs ordinaires

Vrai que dans certains secteurs économiques il y a une vraie concurrence. Mais cela ne concerne que des petits commerçants, qui n’ont pas les moyens de financer les politiciens; d’engager Lucien Bouchard, Jean Charest et sa fille, ou Philippe Couillard comme lobbyistes; qui ne détiennent pas les médias d’information ou qui n’exercent pas sur eux une influence certaine en achetant beaucoup de publicité, etc. Je parle ici des restaurants, des gymnases, des dépanneurs, des concessionnaires automobiles, des épiceries, des agriculteurs et qui, en plus, de se livrer une âpre concurrence continuelle, doivent subir les diktats des transnationales présentes dans les cartels comme Walmart, Impériale-Esso, Vidéotron, Abbott, Desjardins, etc., qui leurs imposent des prix et des conditions shylockiens. Ce sont ces mêmes dominants qui dictent leurs choix aux élus qui sont sous leur tutelle. Remarquez que dans ces domaines d’activités dominés par des milliers de petits agents économiques, il y en a régulièrement qui sont sortis du marché très compétitif et qui font faillite.     

Les banques et la suite sans fin de profits records

Au dernier trimestre terminé le 30 avril 2021, la Banque Royale du Canada a réalisé un profit net de 4 milliards de dollars. Oui, 4 milliards de bénéfice engrangé en un seul trimestre : «RBC : un bénéfice de 4G$ au deuxième trimestre» (Le Journal de Montréal, 27 mai 2021). Et la Banque TD a fait état d’un profit net trimestriel de 3,7 milliards$. Quant à la Scotia, elle a doublé son profit trimestriel en faisant fi de la turbulence causée par la pandémie : «Gros profit pour la Banque Scotia à 2,5G$» (Le Devoir, 2 juin 2021). Idem pour la CIBC, la Banque de Montréal et la Banque Nationale.

Tiens, parlons de la Banque Nationale

Comme les autres banques canadiennes, la Banque Nationale déclare aussi des profits records à chaque trimestre et à chaque année. Je vous l’ait dit : dans le merveilleux monde bancaire canadien, il n’y a pas de «losers», seulement des «winners». Au premier trimestre clos le 31 janvier 2021 : «La Banque Nationale surpasse les attentes. Son bénéfice net a augmenté de 25%» (Le Devoir, 25 février 2021). Et au deuxième trimestre de l’année 2021 terminé le 30 avril 2021 : «La Banque Nationale plaide pour une inflation modérée (mais surtout pas de modération au niveau des tarifs et des frais). L’institution déclarait vendredi un profit en forte hausse (comme toujours) au deuxième trimestre» (Le Devoir, 29 mai 2021). Les profits records en permanence sont la règle dans le domaine bancaire canadien.

En 2017 : «un profit net doublé pour la Banque Nationale». Puis, en 2018 : «Profits et dividendes en hausse pour la Nationale et la BMO», et enfin, pour 2019 : «Profit record à la Nationale» (Le Journal de Montréal, le 1er mars 2017 et Le Devoir, 31 mai 2018 et 5 décembre 2019). Je vous le répète : il est plus facile de diriger une banque qu’un marché d’alimentation ou qu’un concessionnaire automobile en situation de forte concurrence. Il y a quelques années, la Banque Desjardins, qui se fait passer pour une coopérative, a nommé comme présidente la flamboyante Monique Leroux, qui ne connaissait absolument rien à la business bancaire, elle qui était présidente de l’Ordre des comptables agréés du Québec au moment de sa nomination. Et ne vient-on pas de choisir Isabelle Hudon comme p.d.g. de la Banque de développement du Canada, elle qui est issue du domaine du marketing et des relations publiques?

Profits records et hausse continuelle des frais et des tarifs

Dans tous ces secteurs d’activités dominés par une poignée de joueurs, les consommateurs sont des clients captifs qui doivent subir sans rien dire des augmentations de prix en tout temps. Nos gouvernements «démocratiques» ne peuvent pas intervenir car ces transnationales sont plus puissantes qu’eux. Bien écœurant de lire cette nouvelle parue le 10 juin 2021 dans le Journal de Montréal : «Des forfaits mensuels plus chers à la Banque Nationale». C’est toujours comme ça, et comme pour l’essence, l’internet, du prix des billets d’Air Canada, nos élus ne font rien, sinon de les subventionner davantage pour faire baisser les tarifs. Plus ça change, plus c’est pareil. En 2018 : «Encore des hausses de frais de service dans les banques» et en 2016 : «Les frais des banques canadiennes grimpent malgré la croissance de leurs profits» (Le Journal de Montréal, 2 mai 2018 et La Presse, 15 juin 2016). Pour mettre fin à ce hold-up, il faudrait nationaliser les banques. Déjà l’État est présent dans le domaine bancaire, mais hélas se contente de prendre les prêts risqués que les banques privées ne veulent pas. Comme disait le poète : «privatiser les profits et socialiser les coûts».

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