
Les GAFAM mènent et dictent les lois
Allons droit au but : les Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft font la loi dans nos sociétés dites démocratiques et libres. Les politiciens eux-mêmes disent que ce sont des monopoles privés, mais à part le dire, ils ne font rien pour les démanteler. Au contraire, ils nourrissent la bête corporative en la saupoudrant de grosses subventions et de lucratifs contrats publics. À cet effet, le Québec dirigé par la CAQ est un exemple probant : «Québec : autre gros contrat pour Amazon» et «Infonuagique : les géants américains raflent presque tout» (Le Devoir, 28 juin et 12 mai 2021).
En Europe on a voulu les taxer. Et oups, nos États démocratiques alliés ont mijoté un impôt minimal de 15% pour les transnationales qui ne s’appliquera pas tout de suite, ne concernera que quelques grosses compagnies et dont les règles restent à définir. En somme, les GAFAM vont continuer à éluder allègrement l’impôt quoiqu’ils en disent. 15% d’impôt minimum, c’est une farce grotesque. Ce taux «officiel» de 15% n’est pas assez élevé. Croyez-moi, le taux d’impôt réel ou effectif sera inférieur à 10%. L’Europe voulait les taxer mais les États-Unis s’y sont opposés parce que les GAFAM sont toutes des sociétés américaines qui sont le prolongement de l’hégémonie américaine en Europe et ailleurs. Le Canada, en bon commis qu’il est et ne voulant pas indisposer son maître, n’a jamais pensé à les imposer.
Personne ne veut s’attaquer à ces monstres
Bien aimer d’aussi grands et puissants monopoles américains fait que sans concurrence, ce sont elles qui fixent et imposent les prix défrayés en dernier ressort par les consommateurs (ça s’apparente à des impôts payés au privé); qui sont en mesure de ne pas payer d’impôts ou si peu; qui financent grassement les partis politiques; se paient une armée de lobbyistes; mettent sous écoute les utilisateurs de leurs plateformes; mettent en péril la vie privée des gens; s’attaquent à la souveraineté des pays et constituent un danger pour la sécurité nationale.
En fouillant dans mes vieilles affaires, j’ai retrouvé cet article de 2004. Déjà en 2004, l’Europe accusait Microsoft d’abus de position dominante : «Microsoft est encore (donc ça remontait bien avant 2004) une fois rabrouée par la justice européenne» (Le Journal de Montréal, 23 décembre 2004). Poursuites et condamnations frivoles et bidons lancées par nos États complaisants et complices font qu’aujourd’hui les GAFAM sont encore plus puissantes, plus riches et confortées dans leur position monopolistique. Il faut les démanteler et nationaliser une partie de leurs activités comme il faut le faire avec les géants des télécommunications.
De la mascarade
Je vous l’ai dit : les gouvernements savent que les GAFAM sont de véritables monopoles nocifs pour la démocratie, la liberté des individus et pour les compétiteurs. Ils savent, ils dénoncent, ils font semblant de les mettre au pas, mais tout ça n’est qu’un show de boucane. Les GAFAM continuent inexorablement à grossir et à sévir. Tous ces articles de journaux ne sont que de la poudre aux yeux pour essayer de vous faire croire que les États-Unis sont plus puissants que les GAFAM :
- «Amazon poursuivi pour abus de position dominante» (Le Journal de Montréal, 25 mai 2021). Même des amendes dans les milliards de dollars ne les ébranlent pas du tout dans leur quête de puissance et de pouvoir, et ça vos élus le savent. Il faudrait avoir le courage de les démanteler et c’est ce qui devrait être impérativement fait, si nous vivions dans de véritables démocraties et si nous étions vraiment libres;
- «Facebook est trop puissant (pour plus de 7 Américains sur 10)» (Le Devoir, 3 mars 2020). Et ça va continuer comme ça;
- «Google visé (pour une énième fois) pour monopole illégal aux États-Unis (et ailleurs)» (Le Devoir, 9 juillet 2021). Les dirigeants de Google sont sur le gros nerf… Dans les faits, les USA font preuve d’hypocrisie car ils font tout pour accroître le monopole tout puissant de leur GAFAM afin de renforcer leur impérialisme dans le monde. Et dire que les Européens se soumettent gentiment à ça, comme ils s’écrasent devant les pharmaceutiques américaines tel que Pfizer.
J’en ai plein d’autres comme ça mais je vais terminer cette partie par un article très drôle afin de détendre l’atmosphère : «Google et Facebook ont coordonné leur réponse à une enquête antitrust. Le Wall Street Journal affirme que les deux géants ont accepté de coopérer et de s’aider» (Le Devoir, 23 décembre 2020). Je trouve ça tellement beau cette entraide fraternelle. Je ne sais pas pour vous, mais moi ça vient me chercher. Il faudrait penser à les béatifier.
Des profits inacceptables complètement démentiels
Au dernier trimestre terminant le 30 juin 2021, les GAFA ont réalisé des profits nets intolérables qui, par leur ampleur, représentent un danger pour le partage du pouvoir et la santé démocratique. Alphabet, la maison mère de Google, a engrangé un bénéfice net de 18,5 milliards$ US, ce qui fait 74 milliards$ US de profit pour un an. Cela n’a aucun bon sens. Il faudrait que nos gouvernements fassent quelque chose, mais ils s’abstiendront de faire quoi que ce soit, sauf peut-être ruer ridiculement dans les brancards ou imposer une amende. Quant à Microsoft, elle a réalisé un bénéfice net de 16,5 milliards$ US au dernier trimestre, Facebook 10m4G US et Amazon 7,8G US. Même que la crise de la COVID-19 leur a permis d’être encore plus riches et plus rentables : «La pandémie n’a pas ralenti la croissance de la richesse des multinationales américaines d’internet» (Le Journal de Montréal, 4 novembre 2020).
Rachat d’actions et achats de compagnies afin d’engraisser leur pouvoir et leur richesse
Ça fait des milliards de profits par année mais ça ne veut pas payer d’impôts et de taxes. Au contraire, elles exigent plus de subventions et de contrats publics, ce que nos élus domestiqués font, et s’incorporent au Luxembourg ou en Irlande, des paradis fiscaux notoires. La richesse des riches ne dégouline jamais sur le monde ordinaire mais perle sur le monde extraordinaire. Les gros profits des GAFAM ne retournent pas dans la société mais s’en vont directement dans les poches de leurs dirigeants et de leurs actionnaires par le biais de gros rachats d’actions et des gros dividendes. En 2021, les compagnies américaines prévoient racheter pour 1250 milliards$ US de leurs propres actions, dont 110 milliards$ pour Apple et 60 milliards$ pour Google : «Les rachats d’actions à un sommet, une occasion pour les (gros) investisseurs (pour les investisseurs, pas pour les travailleurs). Les sociétés technologiques (GAFAM) mènent cette tendance» (Le Devoir, 30 juillet 2021).
C’est malheureusement comme ça à tous les ans et depuis longtemps. Par exemple, en 2013, Apple affichait des liquidités de 145 milliards$ US et avait lancé un programme de rachats d’actions de 100 milliards$ US. Si le «cash» manque, Apple emprunte afin de combler ses actionnaires. Les taux d’intérêt sont bas et sont déductibles d’impôts : «Apple empruntera pour satisfaire ses actionnaires (mais quelle générosité)» (Le Devoir, 30 avril 2013). Aussi, en 2013, Microsoft a racheté pour 40 milliards$ US de ses propres actions : «Vague de rachats d’actions» (La Presse, 20 septembre 2013).
Il faudrait agir, mais…
Si nos élus n’agissent pas, leur mainmise sur les gens et sur notre démocratie va empirer. Il faut faire comme en Chine où le gouvernement socialiste est intervenu afin de stopper le pouvoir monopolistique de ses propres sociétés numériques, comme Alibaba, et leur interdire de se diversifier dans toutes sortes de domaines disparates et surtout les empêcher d’acquérir des médias d’information traditionnelle : «La Chine serre la vis à ses ultrariches. Le pays veut lutter (avec raison) contre la puissance croissante des grandes entreprises» (Le Devoir, 31 juillet 2021). En passant, la Chine, méchant pays dit communiste, compte le plus de milliardaires dans le monde, soit 1058 contre 696 pour les States et 177 pour l’Inde, pays dont la majorité de la population vit dans l’indigence. Payant, payant d’exploiter les petites gens.
Diversifier des conglomérats technologiques
- 2017, achat d’un géant du commerce de détail de l’alimentation biologique : «Le rachat de Whole Foods par Amazon se fera bientôt sentir» (Le Devoir, 25 août 2017);
- 2019 : «Facebook se lance dans les cryptomonnaies» (Le Devoir, 19 juin 2019);
- 2020 : «Amazon se lance dans la pharmacie» (Le Journal de Montréal, 17 novembre 2020);
- 2014 et 2017, Facebook achète WhatsApp et Instagram : «Facebook face à une nouvelle enquête antitrust. Les autorités se demandent si les acquisitions d’Instagram et de WhatsApp ont été faites pour étouffer la concurrence» (Le Devoir, 6 septembre 2019);
- «Amazon va investir dans l’espace» et «Amazon s’offre le studio MGM» (Le Devoir, 1er août 2020 et 27 mai 2021);
- 2019 : Facebook lance son propre service d’information et Jeff Bezos (Amazon) achète le Washington Post (Le Devoir, 26 octobre 2019).
- Et le mot pour rire vient de nos élus tellement minusques : «Le fédéral (Ottawa) veut mettre les réseaux sociaux (GAFAM) au pas» (Le Devoir, 30 juillet 2021). Elle est bien bonne celle-là, non?