
Au Canada, le taux fédéral d’imposition légal est de 15% depuis 2012
Pour commencer cet article par de vrais faits, disons qu’en 2000, le taux fédéral légal d’impôt des compagnies canadiennes était de 28% que nos gouvernements, mis sous tutelle par nos seigneurs féodaux, ont abaissé à 15% en 2012. On parle ici du taux statutaire officiel de 15% qu’aucune entreprise ne paie en raison de l’évasion fiscale récurrente dans les paradis fiscaux, des entourloupettes fiscales imaginatives des spécialistes (comptables, banques, avocats, etc.) et des nombreuses exemptions fiscales octroyées à de riches corporations liées à l’investissement, dans le supposé développement durable, à la prétendue recherche et à la création d’emplois, même si le patronat clame haut et fort que nous subissons une grave pénurie d’emplois. Quelle farce grotesque : nos élus subventionnent les entreprises pour créer théoriquement des jobs. Pas besoin de les gaver à cet effet de fonds publics puisqu’il parait que les patrons se cherchent désespérément des travailleurs. Et l’évasif chef des conservateurs qui vient promettre 1 million d’emplois s’il est élu.
À 15% d’impôt officiel, les compagnies canadiennes jouissent d’un des plus bas taux d’imposition des pays industrialisés. Mais, pour le patronat et sa suite de vendus, il faudrait le réduire davantage, quitte à couper et à taxer la classe moyenne. La fiscalité régressive explique en partie la montée vertigineuse des inégalités économiques et le sous-financement chronique de nos services publics. Même si la majorité de la population s’est toujours opposée aux diminutions d’impôts des sociétés et des riches, alors dans nos pays démocratiques et libres la grosse gomme qui mène a toujours raison : «Fiscalité : Le Canada soigne bien les entreprises selon le classement de la firme internationale d’experts-comptables KPMG (et de la Banque mondiale)» et «Le fardeau fiscal du Canada est parmi les plus faibles de l’OCDE» (Le Devoir, 13 juillet 2016 et le 12 avril 2014).
Puis arrive Donald Trump, l’ami du peuple
En 2017, Donald Trump a baissé radicalement le taux d’impôt fédéral des riches et des compagnies. Pour les entreprises, il est passé aux États-Unis de 35% (alors qu’il était de 15% au Canada, que l’on peut qualifier sans se tromper de paradis fiscal pour les corporations) à 21% : «Trump et les républicains lancent leur projet de baisse historique des impôts» (Le Devoir, 28 septembre 2017). Même à 21%, il était plus élevé qu’au Canada, établi à 15% depuis 2012.
Mes amis, des menteurs vont vous dire que le taux d’impôt fédéral des compagnies est plus élevé aux States mais plus bas dans certains États américains. D’accord avec ça, mais ces «experts» oublient délibérément de dire que chez l’Oncle Sam, contrairement au Canada, il y a des villes et des comtés qui ont un impôt corporatif. À cet effet, je vous invite à lire cet article publié dans Les Affaires du 26 octobre 2002 : «Pensez au fisc avant d’entreprendre une expansion américaine. Les types d’imposition sont multiples aux États-Unis. Plus de 6500 juridictions imposent ou taxent les entreprises et les surprises pourraient l’être tout autant».
Nos sages débonnaires s’affolent
Même si en 2017 Trump a ramené le taux fédéral d’impôt des compagnies à 21%, il était encore nettement plus élevé que celui pratiqué au Canada, qui se situe à 15%. Imaginez, même Donald Trump, un gars de la droite radicale, n’a pas osé le réduire à 15% comme au Canada afin de rendre supposément les entreprises américaines plus compétitives sur le plan fiscal. Et jamais il n’a pensé à instaurer une taxe à la consommation (TVQ-TPS) très régressive comme on en a au Canada. Une taxe qui est tout le contraire de l’impôt progressif.
Mais, qu’à cela ne tienne, les pantins du patronat, que nos médias privés invitent tout le temps à déballer leurs hypocrites politiques fiscales, sociales et économiques à titre d’experts et de lucides, comme par exemple Lucien Bouchard et Joseph Facal et les universitaires inféodés aux puissants Pierre Fortin et Luc Godbout, se sont mis rapidement à crier au loup et à exiger qu’Ottawa baisse rapidement son taux d’impôt fédéral des compagnies de 15% à beaucoup plus bas. Sans aucune preuve et en mentant allègrement, ils ont affirmé que plusieurs entreprises canadiennes allaient déménager aux States alors que du temps que les taux d’impôts corporatifs aux États-Unis étaient de 35% contre 15% au Canada, aucune entreprise américaine, que ce soit Apple, Verizon, Google, Pfizer ou Exxon Mobil, a vraiment pensé déménager leur siège social et leurs usines au Canada. De mesquines chasses aux sorcières et d’ignobles épouvantails brandis afin d’exercer du chantage et de faire peur au monde comme celui-ci lancé par la Banque de Montréal, une adepte invétérée des paradis fiscaux : «Les investissements migrent vers les États-Unis (même s’il savait que ce n’était pas vrai) selon le patron Darryl White) de BMO. Il s’agirait d’un effet de la réforme fiscale américaine (promulguée par Donald Trump)» (Le Devoir, 6 avril 2018). Pourquoi nos médias publient-ils ce genre de potins et se transforment-ils alors en agence de propagande?
Et le Conseil du patronal prévoit la faillite de nos entreprises et du Canada
Il est effrayant de voir le comportement du patronat et des médias qui se sont empressés de publier leurs histoires irresponsables, même si nos entreprises canadiennes jouissaient depuis toujours d’une fiscalité avantageuse comparée aux autres pays occidentaux. En voilà une autre qui nous fait encore plus haïr nos dirigeants d’entreprises qui n’ont à cœur que leurs intérêts égoïstes : «La réforme fiscale (de Trump) aux États-Unis plus néfaste que la mort (qui n’est jamais venue) de l’ALENA? Des regroupements d’entreprises soutiennent que la baisse d’impôts américaine leur fera mal» (Le Devoir, 20 janvier 2018). Pôvres petits, il aurait fallu alors lancer une campagne GO Fund me pour les aider.
Les lobbyistes Jean Charest et Monique Leroux s’énarvent le poil des jambes
Dire que Jean Charest, qui est devenu lobbyiste, a été premier ministre du Québec et Monique Leroux, la «voix» du patronat a dirigé la coopérative Desjardins qui est dans les faits une vraie banque. Dixit Jean Charest : «Fiscalité. Une réduction de l’impôt des entreprises américaines devrait préoccuper le Canada. Il faut commencer à réfléchir (conseil de Jean) sur nos options, et je n’en vois pas beaucoup» (Le Devoir, 17 mars 2017). Bien évidement pour Jean, la seule solution possible est de baisser l’impôt des compagnies canadiennes et de couper encore davantage dans nos programmes sociaux. Très lucide et très courageux ce Jean Charest.
Et l’autre franchisé du patronat, Monique Leroux, qui, alors qu’elle gagnait plus de 4 millions$ l’an chez Desjardins, avait applaudi aux mesures draconiennes de Philippe Couillard en disant : «L’austérité : le passage obligé de Québécois» (Le Journal de Montréal, 5 octobre 2014). À 4 millions$ et plus par année, la faramineuse madame, en matière d’austérité, sait de quoi elle parle. Quant à sa façon de réagir aux baisses d’impôts corporatifs décrétées par Donald Trump, la dame s’est alors exclamé : «Baisse des impôts aux États-Unis : il nous fait être compétitifs, juge Monique Leroux» (Le Journal de Montréal, 20 mars 2017). Selon vous, que doit-on faire pour rendre nos entreprises plus compétitives? Même à zéro impôt, elles ne pourraient pas concurrencer les firmes américaines, chinoises, allemandes, etc. Et la solution de celui qui veut devenir premier ministre du Canada : «Moins d’impôt pour les entreprises, propose Bernier» (Le Devoir, 21 septembre 2016).
Et Biden va hausser le taux d’impôt de 21% à 28%
«L’administration Biden (avec Janet Yellen) confirme vouloir augmenter les impôts sur les sociétés (de 21% à 28% au fédéral)» et «États-Unis. Ponctionner les riches pour donner aux pauvres. Les démocrates présentait un budget qui prévoit de gros investissements en santé et en éducation (alors que Charest et Leroux privilégiaient les coupes) en augmentant les impôts des plus riches et des compagnies (contrairement à nos deux charlatans)» (Le Journal de Montréal, 23 mars et Le Devoir, 10 août 2021). La question qui tue : En assumant que le patron de la Banque de Montréal, le lobbyiste Jean Charest et la commis Monique Leroux sont des personnes honnêtes, vont-elles maintenant suggérer, suite aux hausses d’impôt décrétées par Biden pour les compagnies et les riches, que le gouvernement canadien fasse de même afin de s’adapter et d’être compétitif? Les augmentations d’impôts aux States vont-elles inciter les compagnies américaines à déménager au Canada?