Le retour du pitbull Lavoie à TVA-LCN

https://www.lesoleil.com/arts/richard-therrien/luc-lavoie-de-retour-ala-jouteapres-trois-ans-96a633b5339ee9f9f309aae77f2a61c8

Pour réussir dans la vie, il faut être à droite

Vous voulez faire carrière en politique, dans le privé et dans les médias? Alors il faut absolument être à droite. À TVA et au JDM, les chroniqueurs vedettes sont tous branchés à droite, que ce soit Mario Dumont, Joseph Facal, Mathieu Bock-Côté et le «prolifique» Richard Martineau. À Radio-Canada, on les prend aussi à droite mais drabes et plates, comme Anne-Marie Dussault et Stephan Bureau. Bien évidemment, au PLQ et à la CAQ, les principaux ministres vedettes proviennent tous du privé. Et le principe de l’ascenseur prévalant, après leur service politique, ils retournent tous au privé et jamais dans les groupes communautaires, écologiques et syndicaux. Tout de même drôle et cocasse comme démocratie. Si vous êtes à droite, c’est-à-dire pour le patronat, moins d’État et plus de privé, pour les baisses d’impôts, pour les écoles, les hôpitaux et les garderies privés, pour le libre-échange, etc., vous allez plaire aux puissants et aux propriétaires des médias d’information (Bell, Québecor, Rogers, Cogéco, etc.) et, de ce fait, on va facilement vous pardonnez vos écarts de conduite. Vous allez pouvoir dénigrer les syndicats, les écologistes, les groupes communautaires, les communistes, les pays socialiste, et ça va être bien vu. Le contraire ne s’applique pas.

Luc Lavoie revient à TVA avec tous les honneurs

Luc Lavoie a toujours milité au parti conservateur du Canada et a été dirigeant d’une firme de relations publiques, soit National. Vous voyez le genre de résultat que ça donne? Le 5 septembre 2021, le Journal de Montréal annonçait en grande pompe le retour de Luc Lavoie à LCN et à TVA. Dans l’article, on dit de lui «qu’il est reconnu pour son franc-parler et que c’est une grosse prise pour LCN». Bien évidemment, Luc juge que «le chef conservateur Erin O’Toole est meilleur que les gens pensent», comme Mathieu Bock-Côté d’ailleurs.

Mes amis, les gens qui tiennent un discours à droite, qui militent pour le privé et le dégraissage perpétuel de l’État au nom du modernisme et de la lutte à l’immobilisme, même s’ils disent des ignominies et des infamies, ils représentent pour les journalistes des personnes qui ont leur «franc-parler», qui disent les vraies affaires, qui clament tout haut ce que les gens pensent tout bas et qui sont pragmatiques. En 2017, Luc Lavoie, un fédéraliste endurci, a dit qu’il aimerait faire «la chasse aux séparatistes» (Le Devoir, 5 octobre 2017). Bah, ce n’est pas bien grave, il faut lui pardonner cet écart verbal. S’il avait plutôt dit qu’il aimerait se livrer à la chasse aux fédéralistes, il aurait été viré à tout jamais.

Tirer sur les autochtones

Et pour les manifestants autochtones qui ont osé bloquer en 2020 les voies ferrées, il a tout bonnement dit à la radio de Cogéco, la station 98,5, qu’il faudrait mettre une balle entre les yeux des manifestants autochtones : «Luc Lavoie suggère un coup de pistolet entre les deux yeux des Autochtones» (Le Devoir, 21 février 2020). Tenir de tels propos ignobles est criminel et démontre le niveau de racisme et de dégoût qu’il a pour les Autochtones. Mais pour TVA, le JDM et LCN, il ne faut pas en faire tout un plat de ces propos «enflammés» : «Il a dit au co-animateur Bernard Drainville qu’un coup de .45 entre les deux yeux, tu réveilles, mon homme, ou tu t’endors pour longtemps». J’espère que vous respirez par le nez : Luc Lavoir a seulement tenu des propos odieux sur les séparatistes francophones du Québec et sur les Autochtones. Ça n’aurait pas été pareil s’il avait tenu de telles inepties sur les fédéralistes anglophones ou sur les Juifs. Je vous l’ai dit et je vous le répète : quand vous êtes à droite, et encore plus si vous êtes l’ami de Pierre-Karl Péladeau et de Brian Mulroney, qui est administrateur depuis longtemps chez Québecor, on trouvera toujours des excuses à la teneur de vos énormités et on vous engagera à titre d’animateur vedette chez TVA, LCN et au JDM. Sérieusement, comment TVA et LCN peuvent-elles honnêtement et sérieusement embaucher une personne immonde comme lui, surtout que TVA et LCN sont des médias d’information où la rigueur, la décence, l’objectivité et l’impartialité doivent être de rigueur? On peut dire qu’à TVA et LCN, la démence prime sur la décence.

Le président du Collège des médecins, les moppeux et les docteurs des colonies : ah que c’est drôle

En 2003 et en 2008, je me rappelle que le président du Collègue des médecins d’alors, monsieur Yves Lamontagne, avait tenu lui aussi des propos dégradants et disgracieux que les journalistes ont minimisé et qui ont été ramenés à un simple langage «coloré». Le PQ, le PLQ et le patronat ont «relativisé» le discours du docteur Lamontagne et l’ont replacé dans son «juste contexte».

En 2003, monsieur Lamontagne prônait la privatisation des hôpitaux publics aux médecins avec comme net avantage que les fainéants et les faignants de cols bleus travailleraient plus et mieux. Il a dit : «Si les hôpitaux appartenaient aux médecins, je vous dis que le gars d’entretien «mopperait» plus vite» («Le Dr. Lamontagne n’a pas voulu offenser les moppeux», Le Journal de Montréal, 14 janvier 2003). Bien sûr que non, il voulait plutôt les complimenter en disant qu’ils mopperaient plus vite pour gagner moins. C’est un être clairvoyant.

Les médecins diplômés des départements outre-mer français

Face à la pénurie permanente de docteurs au Québec, contrairement à l’Ontario, le syndicat des médecins refuse carrément de faire venir des toubibs de l’étranger et le gouvernement du Québec, mis sous tutelle par ce puissant syndicat, acquiesce au «sage» conseil du président d’alors du Collègue des médecins du Québec et se refuse à faire appel à des docteurs de l’extérieur du pays. Comme explication à sa prise de position, le docteur Yves Lamontagne s’est alors ainsi exclamé en 2008 : «plusieurs médecins en France viennent des anciennes colonies», et aussi : «On peut plus leur en montrer (aux docteurs français) qu’ils peuvent nous en apprendre» («Yves Lamontagne. Des propos embarrassants. En France, ils sont qualifiés (avec raison) d’arrogants et de racistes» (Le Journal de Montréal, 29 janvier 2008). Ne vous inquiétez surtout pas : le docteur Lamontagne a continué à diriger le syndicat des médecins, à siéger sur des commissions du gouvernement du Québec et à être invité à la radio, la télévision et dans les journaux et revues. Non, Yves Lamontagne n’a pas tenu des propos insultants, mais plutôt colorés. En plus, c’est quelqu’un de bien, issu de la haute société et il est à droite. Il faut alors aimer son sens de l’humour particulier.

Il crache sur le Québec, passe à GO, et devient chroniqueur du Journal de Montréal

En 2004, le professeur adjoint de l’Université de Regina, Sylvain Charleboix, rédige une cinglante opinion publiée dans La Presse du 19 juillet 2004 intitulée : «Pourquoi nous (lui et sa petite famille) quittons le Québec». Il déguerpit, car selon le bonze, «le Québec nage dans la médiocrité; est en faillite idéologique; est devenu une bouffonnerie politique; vit sous la terreur abusive des syndicats et autres terribles choses du genre». Pas grave, le monsieur est beaucoup à droite, et c’est en plein le genre de chroniqueur que le JDM recherche. Il est alors embauché à titre d’expert (un autre), lui qui, en 2009, dans La Presse, avait publié, le 19 novembre, une savante et visionnaire opinion intitulée : «Misons sur les entreprises privées plutôt que sur les gouvernements pour éradiquer la famine». Ayoye! Complètement capoté de tenir un tel plaidoyer mais le JDM l’aime. Avoir su, j’aurais dû canter à droite.

Paroles vivifiantes et éclairantes d’un banquier lucide

Oui les gens d’affaires sont de courageux visionnaires qui nous disent «honnêtement» leur vérité en pleine face. En 1995, le président de la Banque Nationale, André Bérard, avait tenu les propos suivants devant le chic Canadian Club d’Ottawa : «Il faut privatiser de nombreux services publics. Il faut abolir la gratuité (en tarifiant) qui encourage l’abus. Il faut permettre à ceux qui en ont les moyens de s’offrir ce qu’il y a de mieux (santé, écoles, garderies, autoroutes, etc.). Les services publics universels… c’est une idée communiste. Il faut fermer des régions entières qui n’offrent que des emplois saisonniers. Les plus faibles et les plus pauvres (même si on coupe l’assurance-emploi, l’aide sociale, les pensions de vieillesse, etc.) vont se débrouiller. Placez-les dans un contexte où ils ont à se débattre et vous allez être surpris des progrès qu’ils vont faire» (Radio-Canada, 18 avril 1995 : Paroles d’un banquier). Vraiment dégueulasse, mais comme c’était un homme important, il était apprécié et aimé des journalistes et des politiciens. Imaginez : un patron de grande entreprise, riche et d’extrême-droite, c’est assez pour se faire aimer et admirer par certains. Par contre, je suis d’accord avec cet être détestable lorsqu’il a dit ceci : «Bérard invite les gens d’affaires à acheter des articles dans les journaux» (Le Soleil, 13 novembre 1997). Pourtant, nos journaux détenus par de gros intérêts privés, comme Québecor, ne sont-ils pas censés être objectifs, neutres, impartiaux et surtout indépendants?

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