L’angélisme du Monseigneur conservateur Ébacher

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L’Église catholique compte trop de religieux conservateurs

Vous le savez, je suis un catholique pratiquant qui, entre autres, lit assidûment le Prions en Église chaque semaine et dans lequel on retrouve des textes éclairants rédigés par des prêtres et des laïques qui portent sur différents sujets. Monseigneur Roger Ébacher en écrit régulièrement. À chacun de ses papiers, le religieux fait preuve d’un conservatisme économique et social qui fait vraiment peur. Quoique je ne remette aucunement la profondeur de sa foi et de son honnêteté, Monseigneur Ébacher démontre une naïveté inquiétante. On croirait lire l’opinion d’un membre du Conseil du patronat, d’un universitaire et d’un expert financés par le privé ou d’un politicien très à droite qui tous nous larguent toutes sortes d’affaires afin de nous endormir et de nous soumettre. En tant que sens critique et éveilleur de conscience on repassera. Franchement décevant. On se demande même sur quelle planète il vit. À le lire, les nantis et les entreprises se dotent de plus en plus d’un sens aigu de leurs responsabilités sociale et environnementale et d’un code d’éthique profond. Bientôt, finie la recherche du profit maximum à tout prix, les inégalités économiques criantes, la misère, la pauvreté et l’exploitation. Les gens d’affaires ont supposément à cœur le juste partage de la richesse. La vie en rose et verte, quoi!

Un sommaire de ses derniers textes publiés dans le Prions en Église : La responsabilité sociale des entreprises

C’est la teneur et l’argumentaire du dernier texte de Monseigneur Ébacher, paru le 10 octobre 2021, dans le Prions en Église qui m’a grandement fait tiquer et qu’il a intitulé ainsi : «La responsabilité sociale des entreprises». Selon le prélat, les gens d’affaires, les riches et les entreprises sont sur la bonne voie. Il faut être dans l’allégresse car il y a de plus en plus d’entrepreneurs qui modifient leurs comportements égoïstes, qui deviennent conscients de leur responsabilité sociale et qui militent pour le bien commun. Nos affairistes modernes sont aussi plus sensibles à la protection de l’environnement et au bien-être de leurs employés, de leurs clients et de la population en général. Franchement Monseigneur Ébacher, il faudrait peut-être se réveiller et voir ce qui se passe vraiment dans nos sociétés. En passant, Monseigneur Ébacher ne cite jamais le pape François dans ses écrits. Les deux religieux sont aux antipodes et ne font pas du tout la même lecture de la réalité et de ce qui se passe dans notre société.

Mondialisation et fraternité : wow!

Le 6 septembre 2021, Monseigneur Ébacher a publié un autre texte dans le même genre, toujours dans le Prions en Église, qu’il a cette fois intitulé : «Mondialisation et fraternité». C’est-y pas beau ça? Terminée l’exploitation des pays pauvres par les transnationales des pays riches. Terminée la misère des pauvres et des «sweat shops». Monseigneur Ébacher, votre pensée magique porte atteinte à l’égalité des chances.

L’humanité en voie d’unification et humaniser le capitaliste : Attaboy!

Le 7 mars, toujours en 2021, Monseigneur Ébacher nous a fait cadeau d’une autre épitre qu’il a intitulée : «L’humanité en voie d’unification». Ayoye, ce n’est pas du tout ce que je constate. Et une autre opinion publiée le 13 septembre 2020 et intitulée : «Humaniser le capitalisme». Vous commencez à comprendre pourquoi c’est devenu difficile pour moi de le lire, de le comprendre et de l’excuser, car comme prêtre il doit faire face à ses responsabilités. Je le répète : lire de telles choses puériles de la part d’un religieux me consterne. Un tel discours venant de gens d’affaires, des milliardaires, de banquiers, de dirigeants de multinationales, de politiciens de la grosse droite, et d’universitaires entretenus par le privé, je peux le comprendre. Ces derniers prêchent toujours pour leurs propres intérêts privés égoïstes, leurs privilèges, leur richesse, etc. Cette richesse c’est bien, qu’ils disent hypocritement, car supposément elle dégouline et suinte sur le monde ordinaire.

C’est pour le bien commun et pour le mieux-être de tous qu’ils suggèrent tout le temps des coupes musclées dans les programmes sociaux, des baisses d’impôts accordées aux riches et aux entreprises, pour la privatisation de nos instruments collectifs et pour l’obtention de grosses subventions gouvernementales afin de créer de la richesse collective. Jamais au grand jamais ils ne font dans la corruption, les menaces, le chantage et le paradis fiscaux. Toujours moins d’État et plus de privé, c’est mieux même si de plus en plus de transnationales sont plus grosses, plus puissantes et plus riches que les États, qu’elles ont mis sous leur tutelle.

Les événements survenus durant la semaine de son dernier texte ignorés par le religieux

Monseigneur Ébacher a omis de parler de ces événements «normaux» qui se sont produits durant la même semaine de la parution de son homélie fraternelle et consensuelle publiée le 10 octobre 2021 : «La responsabilité sociale des entreprises». Tout de même curieux. On dirait qu’il ne suit pas l’actualité de près ou qu’il préfère ignorer ce qui ne cadre pas dans ses théories et qui vient contredire ses prétentions. Pour l’aider dans son cheminement spirituel et pour l’éclairer sur des choses concrètes de la vraie vie, je vais résumer quelques faits qui vont peut-être remettre en question ses élans et son enthousiasme pour un monde capitaliste «moderne» et meilleur grâce à la venue du nouvel homme ou femme d’affaires, qui sera assurément vite canonisé après leur mort en raison du bien accompli sur terre. Mais peut-être pas canonisés par le pape François.

Première semaine d’octobre vint les Pandora Papers

«Responsabilité sociale des entreprises, «Mondialisation et fraternité», «l’Humanité en voie d’unification» et «Humaniser le capitalisme» comme l’a si prosaïquement dit Monseigneur Ébacher. Mais cela n’a pas empêché les grands seigneurs capitalistes, avec la complicité tacite des politiciens corrompus, d’appliquer avec courage leur droit individuel de ne pas payer d’impôt en détournant encore une fois des milliards de dollars dans leurs aimables paradis fiscaux. Après les Paradise Papers et les Panama Papers, les Pandora Papers ont été rendus publics par le Consortium international des journalistes d’investigation : «D’une ampleur phénoménale. Plus de 500 citoyens canadiens (et des milliers dans le monde) figurent dans les documents» (Le Devoir, 4 octobre 2021). Tout de même cocasse cette nouvelle «fiscale» qui est sortie la même semaine de la parution de l’éloge à la responsabilité sociale des entreprises du Monseigneur Ébacher, soit au début d’octobre 2021. Bah, les criminels paradis fiscaux mondiaux sont peut-être le signe d’une belle grande fraternité humaniste et unificatrice qui vise à mieux partager la richesse, à atténuer les inégalités économiques, à financer nos services publics et à éradier la misère et l’exploitation dans le monde. De toute façon, ces havres fiscaux représentent seulement aujourd’hui : «8% de la richesse mondiale et gardent au chaud 14 000 milliards de dollars selon l’OCDE» (Le Devoir, 25 novembre 2014). Et : «L’évasion fiscale de la part des entreprises et des riches particuliers coûte dans le monde 427 milliards$ par an» (Le Journal de Montréal, 19 novembre 2020). Et au Canada maintenant, les paradis fiscaux se classent au 2e rang, juste derrière les États-Unis comme lieu d’investissement (allô investissement! Il faut plutôt parler de fraude fiscale) des entreprises canadiennes (très portée sur l’éthique et leur responsabilité morale) (Le Journal de Montréal, 19 mai 2017). C’est pourquoi qu’en 2018 l’Église catholique s’est prononcée contre ce cancer : «La finance mondiale clouée au pilori par le Vatican. L’accumulation des richesses dans les paradis fiscaux est montrée du doigt» (Le Devoir, 18 mai 2018).

Mondialisation, responsabilité sociale, fraternité et Facebook

Encore durant la première semaine d’octobre 2021, qui a été témoin des dernières élucubrations du Monseigneur Ébacher, et bien est sorti au grand jour le scandale Facebook qui, sciemment, développe des algorithmes nocifs afin d’accrocher en permanence les adolescents, même s’ils savent que cette dépendance aux Instagram, What apps et autres drogues du genre provoqueront chez eux perte d’estime de soi, détestation de leur corps, dépression, etc., et qu’il publie en toute connaissance de cause des fausses nouvelles car elles attirent beaucoup de monde et sont donc très rentables : «Les élus américains promettent (pour la millième fois) de mieux réguler Facebook (comme ils l’ont dit sans vraiment changer quoique que ce soit pour Google, Amazon, Apple et Microsoft)» (Le Devoir, 6 octobre 2021). Preuve d’une plus grande humanité unificatrice et de responsabilité sociale des entreprises, Facebook a déclaré un petit profit net de seulement 10,4 milliards US au dernier trimestre se terminant le 30 juin 2021, Google 18,5 milliards US, Microsoft 16,5G$ et, enfin, faisant image de quêteux, Amazon un minuscule bénéfice net de 7,8G$. La société juste et équitable en action, quoi!

La pandémie enrichit les riches et appauvrit les pauvres

Monseigneur Ébacher, il faudrait revenir sur le plancher des vaches, faire preuve d’amende honorable et arrêter de berner le monde. À publier ce genre de psaumes économiques et sociaux complètement déconnectés de la vraie réalité, vous banalisez la pauvreté, la misère et l’exploitation. Vote monde enchanté n’est qu’une vue de l’esprit. À ajouter Monseigneur Ébacher que durant la même semaine que la publication de votre dernier sermon paru le 10 octobre 2021 dans le Prions en Église, sont apparues ces deux nouvelles qui contredisent vos béatitudes économiques : «La pandémie a été payante pour les Américains ultrariches. La fortune des 400 Américains les plus riches a augmenté de 40% ces 12 derniers mois» (Le Devoir, 7 octobre 2021). Monseigneur Ébacher, veuillez s’il-vous-plait rapprocher cette dernière bonne nouvelles à celle-ci : «Près d’un Canadien sur cinq a fait appel à l’aide alimentaire depuis mars 2020 (donc durant la pandémie)» (Radio-Canada, 7 octobre 2021).

Une dernière preuve de l’altruisme des transnationales qui dirigent le monde

Comme c’est toujours le cas à la veille d’un long congé ou des vacances, les pétrolières mondiales ont sauté sur l’occasion pour augmenter leurs prix à des sommets records depuis 2007 sans aucun motif véritable puisque l’offre excède toujours la demande et que le Canada est un gros producteur de pétrole. Ça aussi Monseigneur Ébacher, ça s’est passé au début du mois d’octobre 2021 : «Le prix de l’essence à des sommets» (Le Devoir, 8 octobre 2021).

Monseigneur Ébacher, entre amis et croyant, il faut se dire franchement les vraies choses. Donc en terminant, une dernière venant du pape François, qui est loin de penser comme vous : «Le pape demande qu’on mette fin au dogme néolibéral. L’individualisme radical (loin de la fraternité unificatrice que vous percevez) est le virus le plus difficile à vaincre» (Le Devoir, 5 octobre 2020). Afin de vous guider et de vous éclairer, puis-je vous conseiller de lire toutes les dernières publications (livres, homélies, etc.) du pape. Ça vous fera grand bien, croyez-moi.    

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