Nos médias sèment la résignation et l’aliénation : deux exemples

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1834033/centres-de-donnees-cloud-data-centers-cendrix-bouchard-stephane-paquet

Oui, camarade, nos médias privés sont pitoyables

Certains vont dire que je viens encore de sauter une coche en évacuant mon indignation sur notre presse écrite et parlée, libre et démocratique, même si elle est détenue par de gros intérêts privés comme Bell, Québecor, Cogéco, Bloomberg, Bezos et cie. Ben non, jamais les patrons ne s’ingèrent dans le travail des journalistes, qui sont libres de choisir le pays et le sujet à «enquêter», les «experts» à interviewer, les organismes de recherche à citer et dans le choix des chroniqueurs qui peuvent librement chroniquer sur ce qu’ils veulent. Et jamais au grand jamais les gros actionnaires de d’autres grosses compagnies ne peuvent infiltrer et influencer le travail de nos reporters, même s’ils sont d’importants publicitaires et des amis intimes des boss journalistiques. Si vous croyez vraiment ce boniment illusionniste, alors je vous suggère de passer à un autre appel et d’aller vous détendre en lisant une chronique de Richard Martineau ou de sa douce moitié Sophie Durocher. Vous pouvez aussi Lire ou écouter, car il est partout dans l’empire Québecor, Mario Dumont. Ce sont des vedettes médiatiques qui sont intégralement indépendantes. Ce n’est qu’une coïncidence ou une symbiose d’esprits lucides s’ils pensent comme leurs patrons et l’élite.  

Les tarifs d’électricité et la journaliste Marie-Ève Fournier de La Presse

Les médias d’information sont censés développer un esprit critique du lecteur et de l’auditeur grâce à un travail journalistique rigoureux, objectif et indépendant. Ça c’est la théorie. En pratique, c’est une toute autre paire de manches.

À cet effet, je vous invite à lire l’article, genre publireportage, publié le 24 octobre 2021 dans La Presse et rédigé par la journaliste Marie-Ève Fournier, que l’on croirait sur le «payroll» d’Hydro-Québec, et intitulé : «Réduire sa facture d’électricité sans grelotter». Pour ladite journaliste professionnelle, il faut accepter sans rechigner les récentes hausses des tarifs d’électricité pour les résidences. Dans sa grande bonté et sa clairvoyance, elle vous donne des trucs pour réduire votre consommation d’électricité, calqués sur ceux d’Hydro-Québec. Jamais elle ne formule de recommandations au gouvernement caquiste ou à Hydro-Québec afin de réduire les tarifs résidentiels par l’augmentation disons des tarifs dits «L», consentis aux grandes compagnies, comme les alumineries, qui tournent autour de 3 à 4 cents le kWh et qui ne seront pas augmentés malgré l’inflation; de revoir les conditions et les prix de l’exportation à bas prix de notre électricité aux États-Unis; de renégocier et hausser les tarifs consentis aux centres de données et aux usines de cryptomanie qui créent peu d’emplois; de réduire les prix shylockiens payés à l’éolien privé qui vont de 8 cents à 12 cents le kWh, qui sont une vraie farce pour ne pas dire un vol institutionnalisé. Et qui paie pour toutes ces faveurs accordées à des affairistes sur la base d’aucune étude sérieuse et uniquement sur la pression des puissants lobbyistes convaincants comme Lucien Bouchard et Jean Charest? Non, la préposée journalistique de La Presse prend les nouveaux tarifs pour acquis, que l’on doit accepter. Pour vous adapter aux nouveaux tarifs, elle déballe de judicieux conseils au monde ordinaire afin de limiter ses ardeurs en termes de consommation d’électricité. Elle vante la tarification dit «dynamique» d’Hydro-Québec adressée au peuple qui vous demande de réduire votre consommation durant les heures de pointe en baissant le thermostat et en vous habillant chaudement; en fermant le chauffe-eau afin de vous laver à l’eau froide ou un peu tiède; en utilisant peu le fourneau; en privilégiant la douche au bain; en coupant le chauffage la nuit; en se couchant et en se levant plus tôt pour éviter l’heure de pointe, etc. Les recettes électriques de la journaliste ressemblent aux recettes culinaires évoquées par Philippe Couillard et son panier d’épicerie à 75$ par semaine. Tout pour aider le monde ordinaire à boucler leur budget. Jamais elle ne donne de conseils aux centres de données, aux usines de cryptomanie et aux alumineries afin de dépenser moins d’électricité.  Soyez contents, ces judicieux conseils s’adressent juste au monde ordinaire. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas prendre votre douche et faire votre lavage la nuit?

La journaliste manque d’originalité

Les minables conseils de la journaliste de La Presse adressés au monde ordinaire ne sont pas tellement originaux puisqu’ils sont identiques à ceux formulés par les politiciens, le service des relations publiques d’Hydro-Québec et par leurs experts et spécialistes dédiés à la juste cause des gouvernements en place et de la société d’État. Par exemple, en 2008, afin de réduire l’impact de la énième hausse des tarifs d’électricité, l’ex-ministre libéral de l’Énergie, monsieur Claude Béchard, malheureusement décédé trop jeune, suggérait au peuple d’ouvrir les rideaux et de baisser généreusement le thermostat (Le Journal de Montréal, 10 mars 2008 : Augmentation des tarifs d’électricité). Vraiment enrageant et indécent de voir le gouvernement et Hydro-Québec de toujours hausser les tarifs résidentiels tout en ne touchant point aux tarifs consentis aux grands consommateurs comme les alumineries et les papetières (tarif L), aux serres de cannabis, aux centres de données très polluants mais peu créateurs d’emplois comme le sont les usines bruyantes de cryptomanie. Les tarifs résidentiels sont plus malléables et plus flexibles que les tarifs ridiculement bas des grosses compagnies représentées par d’influents lobbyistes. L’immobilisme au Québec, c’est ça!

Les lobbyistes imposent, le gouvernement et Hydro-Québec disposent

Jamais au grand jamais que la majorité des dirigeants d’Hydro-Québec a voulu accorder des tarifs bonbons aux alumineries et aux centres de données et payer des prix exorbitants pour de l’énergie éolienne privée alors que la société d’État était en surplus d’électricité. Afin que chez Hydro-Québec on ne s’objecte pas trop à ses décisions incohérentes, déficitaires et téléguidées (par le patronat), le gouvernement s’emploie méticuleusement à nommer des p.d.g. chez Hydro-Québec issus du milieu privé remplis d’ambition, comme les deux derniers présidents, soit Éric Martel, qui a quitté pour Bombardier, un assisté social branché en permanence sur le biberon de l’État, et Sophie Brochu, qui nous arrive de l’importateur de gaz (souvent de schiste) Energir, anciennement Gaz Métropolitain et qui n’a aucune expérience pertinente dans l’électricité.

Le dernier paragraphe de l’article d’Hélène Baril publié le 12 octobre 2013 se lisait ainsi : «L’ouverture (époustouflante) vers les centres de données est un volte-face pour Québec qui n’en a jamais voulu parce qu’ils ne créent pas beaucoup d’emplois pour chaque mégawatt qu’ils accaparent». Pas payant du tout. Pas grave, le consommateur ordinaire va payer. Aucune étude sérieuse n’existe pour justifier ce changement radical de cap : seul importe le point de vue éclairant et visionnaire des lobbyistes et de leurs boss corporatifs.

L’asservissement idéologique du JDM

Malgré le fait indéniable que les centres de données créent peu d’emplois, sont très polluants et bénéficient de tarifs anormalement bas (compensés par les gros taux résidentiels), au Journal de Montréal on continue de plus belle à «brainwasher» le monde sur une base régulière en publiant de gros articles niaiseux du genre :

  • «Centre de données. La nouvelle vache à lait (sic) d’Hydro-Québec» (17 janvier 2018). Pour le journaliste Francis Halin, la vache à lait d’Hydro sont les centres de données et non les tarifs résidentiels. Francis Halin vit sur quelle planète? Voilà ce qui arrive aux journalistes qui reproduisent textuellement les communiqués de presse des entreprises et de leurs firmes de communication;
  • «Le Québec se veut le nouvel eldorado des centres de données» (23 octobre 2021). Le nouvel eldorado sur le bras de qui? Pas cher pour les centres de données grâce aux tarifs résidentiels.

Les prix de l’essence et la journaliste Laurianne Croteau du Devoir

Encore une fois, je me suis trop éternisé en cours de route dans la rédaction de mon texte. Quoiqu’il en soit, je vais vous faire part de cet autre article invraisemblable et inacceptable publié dans Le Devoir du 20 octobre 2021. Texte très subjectif et non-professionnel rédigé par la journaliste Laurianne Croteau et intitulé : «Comment expliquer la hausse fulgurante (sic) du prix de l’essence». Alors, afin de nous expliquer les causes vraies et véritables, issues des lois naturelles du marché (donc indépendantes des agissements des pétrolières et des spéculateurs) qui ont fait que les prix de l’essence ont récemment explosé de nouveau, ladite journaliste du Devoir a interviewé l’universitaire Pierre-Olivier Pineau des HEC-Montréal qui est titulaire d’une chaire financée par des compagnies pétrolières et gazières qu’il a toujours défendues bec et ongles : «HEC. Énergie : une chaire de recherche financée par le secteur privé» et aussi «L’argent «discret» de l’industrie énergétique octroyé à un prof (Pineau des HEC)» (Le Devoir, 17 décembre 2013 et le Journal de Montréal, 15 décembre 2018). Moi qui ai été professeur à temps plein à l’UQAM pendant 48 ans, un tel travail d’étudiant effectué par les deux journalistes n’aurait pas mérité seulement la note E, mais bel et bien la note E-. Vous savez, le professeur Pineau a été longtemps chroniqueur à La Presse, qui aimait bien son expertise, elle qui était contrôlée par Power Corp., un important actionnaire de la multinationale pétrolière Total. Puis-je inviter fraternellement la journaliste du Devoir Laurianne Croteau à lire cette belle chronique rédigée par le professeur Pineau et publié dans La Presse du 6 juillet 2013 : «Amoureux de l’or noir. La seule façon de réduire la dépendance des Québécois au pétrole est d’en augmenter le prix (au profit de qui?)». Je reviendrai sur le sujet dans un prochain texte.

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