Pour réussir dans la vie : l’exemple de madame Hudon

Pour réussir dans la vie, pas pour réussir sa vie

Un autre publireportage publié dans Le Devoir du 2 novembre 2021, que l’on vous présente comme un article rigoureux et indépendant, rédigé par la journaliste Clémence Pavic et intitulé : «La relance dans l’œil d’Isabelle Hudon». Madame Hudon a hérité de plusieurs nominations partisanes même si elle n’avait pas les connaissances, l’expérience et les diplômes comme celles de présidente de la Banque de développement du Canada (BDC), ambassadrice du Canada en France, membre du conseil d’administration de l’UQAM, présidente au Québec de la Sun Life (qui a sacré le camp du Québec suite à l’adoption en 1978 de la loi 101 par le Parti québécois afin de protéger un tant soit peu notre langue française), directrice de l’agence de publicité Marketel, etc. La dame a le tour de «marketer» sa propre personne.

Puis-je demander au Devoir qu’elle était au juste la pertinence de consacrer le 2 novembre dernier un autre gros article à madame Isabelle Hudon, avec en prime une photo d’une demie page de la dame (les textes qui lui sont consacrés sont toujours accompagnés d’une superbe photo d’elle, une personne exceptionnelle aux multiples talents : elle aime se faire prendre en photo, c’est comme ça). Un article du genre infopublicité dans lequel elle a encore une fois largué ses banales généralisations accrocheuses et racoleuses comme les vertus d’une économie plus juste et plus inclusive; mieux desservir les femmes entrepreneurs, les Autochtones et la communauté noire; les méfaits de la pénurie de main-d’œuvre pour les PME et l’obligation de l’État à les aider et à les subventionner; le virage vert du secteur privé, etc.? Pas le genre d’article à éveiller les consciences et aider à développer chez le lecteur un esprit critique. Aimeriez-vous ça vous être diplomate ou cadre à la BDC et puis, tout à coup, on nomme comme ça une personne sans expérience pertinente et sans les diplômes requis à la tête de l’institution publique? Après on se demande pourquoi nos commis d’État dévoués sont démobilisés : «Isabelle Hudon à la tête de la BDC» et aussi «Isabelle Hudon nommée ambassadrice du Canada à Paris» (Le Devoir, 1 mai 2021 et 30 septembre 2017). Je sais, vous allez me dire qu’Isabelle Hudon, nommée par Justin Trudeau (qui lui aussi aime se faire prendre en photo) ambassadrice en France, c’est moins pire que la nomination à ce poste prestigieux et important de Lawrence Cannon par Stephen Harper, qui relevait de l’insulte et du peu d’importance qu’accordait le gouvernement conservateur à la langue française en particulier et à la France en général. Harper aimait plus les USA et Israël.

Cours 101 : quoi faire pour réussir dans la vie?

Je vous l’ai déjà dit, et je vous le répète : pour réussir dans la vie, il faut être au service de la classe dominante (nantis et grosses compagnies), donc être beaucoup à droite; déballer des idées qui plaisent au patronat; penser comme lui; faire preuve d’hypocrisie crasse camouflée derrière une image de personne humaniste qui veut le bien des gens alors que dans les faits seul l’intérêt particulier de certains prime pour elle; verser un petit brin dans la corruption et bien évidemment s’acheter, directement ou indirectement, des articles louangeurs dans les journaux et revues et des reportages flatteurs à la télé et à la radio. Il faut beaucoup soigner son image et son apparence. Le paraître vaut davantage que l’être.

Pour réussir, il faut avoir un goût sophistiqué et coûteux

Quelle magnifique photo, une autre, d’Isabelle Hudon, parue dans La Presse Affaires du mois d’octobre 2009. La dame est toujours souriante, très bien habillée avec ses talons très hauts, sa belle montre, etc. : «Isabelle Hudon, présidente de Marketel». Bon, si vous voulez réussir dans la vie, évitez d’acheter et de vous habiller chez Dollorama, le Village des valeurs et l’Aubainerie. Comme il est souligné dans l’émouvant article, madame fréquente les boutiques Holt Renfrew, Zenobia et Henriette L. Son designer préféré est Giambattista Valli, et elle dit qu’elle prendrait l’avion pour aller magasiner à la boutique Sonia Rykiel à Paris. Merveilleux. Une grande dame. Je suis impressionné par son bon goût huppé. On sent déjà chez cette grande dame le goût du bien commun et du mieux-être collectif.

Les idées linguistiques que vous devez avoir pour vous faire aimer

En 2008, madame Hudon a présidé un autre comité bidon et trompeur mis en place par le parti libéral du Québec (Christine St-Pierre, alors responsable de la Charte de la langue française à la sauce et à la saveur coutumières du PLQ) et dans lequel elle s’est dit en apparence pour la protection du français mais de façon volontaire et jovialiste. Elle est tout à fait contre des mesures législatives dites coercitives, qui viendraient brimer la liberté de certains, brimer les droits des anglophones et des allophones, qui seraient contre-productifs et freineraient les élans favorables à l’inclusion. La madame importante l’a dit clairement à Christine St-Pierre et à Raymond Bachand : pas question de mesures coercitives mais plus pour un plan d’action (qui dans les faits se ramène à un plan d’inaction) non coercitif pour les PME. Le laisser-faire et la bonne volonté quoi : «Un comité de travail s’attaque (allô «attaque», genre au tire-pois) à l’usage du français au travail» (Le Devoir, 20 août 2008). Un autre comité bidon hypocrite mis en place par des politiciens inféodés et dirigés par des gens issus du patronat ou des experts sous influence. Bon, voilà une façon de vous faire aimer par les gens importants : faire semblant que vous êtes pour le fait français au Québec tout en suggérant des mesures angéliques qui vont la faire régresser davantage comme ce fut le cas au cours des cinquante dernières années. Il faut donner l’impression et l’illusion que… À cet effet, les médias écrits et parlés vont vous accompagner dans votre démarche vers les plus hauts sommets. En passant, le PLQ, ces mystificateurs de première classe, voulaient eux aussi défendre notre langue française en perdition, de façon également non-coercitive et en adoptant des politiques comme celle-ci : «Le PLQ souhaite faciliter l’accès à l’école anglaise» (Le Devoir, 24 mai 2002). Quant à Denis le lobbyiste : «Coderre veut des changements (législatifs) pour protéger les (pôvres) anglophones (persécutés)» (Le Journal de Montréal, 1er novembre 2021). Nommer des vendus comme Hudon, Coderre, le PLQ, etc., pour préserver notre langue française au Québec c’est comme nommer un loup à titre de gardien de bergerie.

Favoriser les mesures fiscales régressives qui détaxent les riches et taxent les autres

Comme autres généralités banales appréciées par les élites et les journalistes, prenez juste le titre quétaine de cet autre article consacré à Isabelle Hudon publié dans le Journal Les Affaires le 6 septembre 2008 : «Il nous manque l’ambition d’être les premiers au Québec. Le Canada aura une économie compétitive seulement s’il sait attirer les gens de talent (les cerveaux quoi!)». Selon elle, on peut attirer les créateurs de richesse en les gavant de subventions publiques et, surtout, en ne les irritant pas et en le les démotivant pas avec des impôts sur le revenu à payer. Comme le patronat et les experts sous tutelle, Isabelle suggère de réduire les impôts sur le revenu des pachas et des entreprises et d’augmenter les taxes à la consommation du peuple. Tout le contraire de ce qui est appliqué aux États-Unis comme politique fiscale même par les présidents républicains de droite comme George W. Bush et Donald Trump. Ah oui, j’oubliais, l’article de Les Affaires était encore une fois accompagné d’une magistrale photo de l’édifiante lucide. Dites-moi, comment le patronat et Justin Trudeau, entre autres, peuvent-ils ne pas l’aimer? Moi qui n’ai jamais été invité à siéger sur un quelconque comité gouvernemental, même à titre de l’assistant de l’adjudant du secrétaire-adjoint, je suis jaloux. Madame Hudon a aussi été présidente de la Chambre de commerce de Montréal.

Et d’autres idées visionnaires de madame Hudon

Que dites-vous de celle-ci, suggérée par Isabelle? «Québec doit financer (c’est-à-dire subventionner) les délocalisations qui ne sont pas à craindre» (Le Devoir, 7 avril 2006). La dame appelle les fermetures d’usines d’ici, au profit de leur déménagement dans des pays de misère (sweat shops), des investissements à l’étranger. Ça revient à dire que les employés québécois «flushés» doivent subventionner les affairistes qui s’en vont exploiter le pauvre monde ailleurs : «Exporter les investissements, une bonne affaire» (Le Devoir, 7 avril 2006). Une bonne affaire pour qui?

Même sans diplôme universitaire : «Isabelle Hudon nommée présidente du conseil d’administration de l’UQAM» (Le Devoir, 8 juillet 2008). Je vous le redis : «sky is the limit» si vous avez une bonne attitude. Une dernière même si j’en ai beaucoup d’autres savoureuses : «Isabelle Hudon et Dinu Bumbaru unissent leurs voix pour souhaiter la réalisation du projet (très laid qui a évacué les gueux au profit de gens très bien) Griffintown dans le respect d’une approche intégrée d’aménagement urbain durable» (La Presse, 11 janvier 2008). Des quartiers maintenant développés et structurés par des affairistes et non par des gens élus démocratiquement comme aussi ceux des «shops» Angus et Royalmount. Il n’y a rien de beau et de convivial dans ces affreux nouveaux quartiers montréalais. Ah oui, même si on est à Montréal, pas à New-York, des quartiers aux noms anglophones ça fait bon chic, bon genre. Et cela démontre que Montréal est une ville bilingue.

Financer les médias tout en ne faisant pas d’ingérence

Angus et son président Christian Yaccarini, un autre qui aime se faire voir, vont donner de l’argent au Devoir pendant cinq ans. Mais n’ayez crainte, au Devoir, on s’est assuré qu’ils respectent l’indépendance éditoriale du journal (Le Devoir, 30 octobre 2021). Eh, oh, les esprits tordus, ce sont juste les pays communistes où l’État s’ingère dans les médias d’information. Ici, au Québec et en Occident, ils ont bien beau appartenir à de gros intérêts privés, jamais au grand jamais ces derniers interviennent directement et indirectement dans leurs médias. Ici on n’est pas en Russie ou en Chine.

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