
Éloge de la privatisation sans débat
Il faut que les politiciens arrêtent de rire du monde, mais cela n’arrivera pas. Ce sont eux qui sont corrompus et inféodés aux puissants, qui ont privatisé dans les années 90’s, pour des pinottes et sans référendum, des joyaux publics comme Air Canada, le CN, Télésat et Téléglobe, sans exiger par écrit des engagements précis. Ils se sont contentés d’engagements verbaux, même s’ils savaient que cela se résumait à des paroles en l’air. Oui, d’autres pays ont privatisé leur transporteur public comme Air France, KLM et Lufthansa, mais les gouvernements français, néerlandais et allemands ont conservé un intérêt minoritaire de blocage. D’autres pays se sont fait octroyer une «golden share» qui leur permette d’avoir le dernier mot et d’imposer leurs points de vue sur des sujets importants comme la desserte obligée des régions, l’emploi, l’investissement, la délocalisation, la langue, etc. Mais ici au Québec et au Canada, rien du tout afin que ces mastodontes autrefois publics nous imposent leur volonté dans tout. Et nos hypocrites politiciens ont parfois une montée de lait symbolique pour la forme. En fait, c’est Air Canada, le CN, les pétrolières, les GAFAM, les banques, les pharmaceutiques qui mènent et qui dressent annuellement leur liste d’épicerie et leur ordre du jour aux gouvernements sur ce qu’ils veulent en termes de fiscalité, de réglementation, de subventions, de privatisations, de services publics à maintenir, etc. Et nos élus, en bons commis et trublions qu’ils sont, exécutent docilement les ordres. Je le répète : votre démocratie n’est qu’un leurre et votre liberté n’est qu’une illusion et un mirage. En passant, dans tous les traités de libre-échange, les privatisations sont encouragées et les nationalisations proscrites. Pourquoi?
Chez Air Canada, on se moque du français depuis sa privatisation
Au mois d’octobre 2021, le président d’Air Canada, Michael Rousseau, prononce à Montréal, devant un parterre de gens d’affaires qui ont trouvé ça normal et correct un discours uniquement en anglais et nos élus s’émeuvent alors qu’ils sont complices de la précarité du français au Québec. Et le bon peuple est choqué alors qu’il permet aux Québécois de langue française et aux nouveaux immigrés d’étudier dans les cégeps anglophones et de s’empresser à parler anglais à des individus qui s’adressent à eux dans cette langue, même dans les magasins où les commis ne parlent que l’anglais. Nos politiciens sont à notre image. Et pour rire un bon coup des Québécois francophones colonisés, le patron d’affirmer qu’l a pu vivre à Montréal depuis quatorze ans en ne parlant que l’anglais et n’a jamais senti l’utilité d’apprendre le français, ce qui, selon lui, est tout à l’honneur de Montréal : «Un discours uniquement en anglais pour le nouveau patron d’Air Canada» (Le Journal de Montréal, 4 novembre 2021).
Ça ne date pas d’hier
Déjà en 2002, la commissaire aux langues officielles, Dyane Adam, affirmait que : «Air Canada affiche toujours (soit depuis sa privatisation à gogo) le pire bilan en matière de langues officielles (c’est-à-dire pour les services en français)» (Le Journal de Montréal, 4 octobre 2002). Bon, à chaque année, nos politiciens ont grimpé dans les rideaux et ont dit qu’ils allaient intervenir sans que rien ne change puisque c’est Air Canada qui mène. Vous voulez une preuve que c’est toujours le même mépris affiché par Air Canada envers le français, et bien, en 2019, le même Commissariat aux langues officielles (dans les faits il faudrait plutôt dire le Commissariat à la langue officielle) concluait que : «Air Canada, délinquant numéro 1 (et fier de l’être) des services en français» (Le Journal de Montréal, 16 mai 2019). Plus ça change plus c’est pareil.
Les ridicules baguettes en l’air des politiciens
«Services en français : fini le temps des excuses d’Air Canada, estimait les élus à Ottawa (dont la ministre du Patrimoine, l’ineffable Mélanie Joly)» (Le Devoir, 3 novembre 2017). Bien évidemment, l’opportuniste Mélanie Joly et le préposé aux commandes Justin Trudeau n’ont absolument rien fait et la compagnie les a envoyés paître.
Une autre perle d’insignifiance : «Vivre en anglais à Montréal : Legault fustige (pour la forme) le patron d’Air Canada» (Le Journal de Montréal, 4 novembre 2021). Pensez-vous vraiment que l’indignation superficielle de François Legault a ébranlé le boss d’Air Canada?
Le plus que monsieur Michael Rousseau va faire c’est de dire qu’ils vont faire des efforts et recommencer au plus vite à se moquer de notre langue : «Devant le tollé (mais rien ne changera), le p.d.g. d’Air Canada s’excuse» (Le Devoir, 5 novembre 2021). Et pour mieux rire de vous, encore et toujours plus : «Le p.d.g. Michael Rousseau amorce (ti-train ira pas loin) des cours de français» (Le Devoir, 10 novembre 2021).
Le plus choquant dans tout ça est de voir la «tough» vice-première ministre libérale du Canada, en tout cas très mauvaise avec les Russes mais toute douce avec l’Oncle Sam, Chrystia Freeland, se contenter de formuler ces vœux pieux : «Freeland insiste (pas plus) pour une présence plus importante du français chez Air Canada (sachant à l’avance que rien ne changera)» (Le Devoir, 9 novembre 2021).
Chrystia est déçue, une fois de plus
En 2020, Air Canada, jouant la carte de l’entreprise au bord de la faillite auprès de nos innocents et complices élus, fait appel à la subvention salariale d’Ottawa et reçoit plus de 500 millions$. Puis en 2021, Air Canada reçoit 5,9 milliards de dollars en fonds publics de plus du gouvernement libéral fédéral même si en 2019 le big boss d’Air Canada s’était servi dans le petit cochon de la compagnie : «Le grand patron d’Air Canada engrange 52,7 millions$ d’un seul coup (grâce à ses options d’achat d’actions)» (Le Journal de Montréal, 8 août 2019).
Tout ça pour dire qu’après avoir joué la comédie de la compagnie au bord du gouffre et avoir siphonné plus de 6 milliards$ en fonds publics (on a fait de même chez Bombardier), il se trouve qu’en 2021, devant la nouvelle manne du gouvernement fédéral, les dirigeants décident de se servir : «Des bonis spéciaux de 20M$ pour les dirigeants d’Air Canada» (Le Journal de Montréal, 31 mai 2021). Et comment a réagi la gaillarde vice-première ministre libérale? Et bien, ne voulant pas froisser et contrarier les bandits à cravate, la dame affiche seulement une certaine et petite déception : «Chrystia Freeland déçue des primes chez Air Canada» (Le Devoir, 3 juin 2021). Mais quelle scandaleuse comédie.
Pandémie : Air Canada refuse de rembourser les clients pour les vols annulés
Alors que plusieurs pays occidentaux ont obligé leurs compagnies aériennes à rembourser leurs clients pour les voyages annulés en raison de la COVID, et ben Air Canada, qui règne en maître dans notre pays supposément bilingue (mais c’est toujours le même qui parle dans l’autre langue), refuse de rembourser. Et que fait le PLC? «Justin Trudeau cherche une solution au non-remboursement des billets d’avion» (Le Devoir, 22 mai 2020). En fin de compte, ce n’est pas Air Canada qui va rembourser les clients, mais c’est le peuple qui va le faire grâce à l’aide financière du fédéral : «Une aide gouvernementale conditionnelle (au remboursement des vols annulés) pour le secteur aérien» (Le Devoir, 9 novembre 2020). Encore une fois, nos gouvernements s’écrasent devant leurs maîtres et c’est toujours la population qui en fait les frais.
Air Canada, maintenant monopole privé, ne veut plus aller en région : pas payant, à moins que…
En 2018, au Québec, Couillard, Lisée et Legault se fâchent devant les prix shylockiens d’Air Canada, pour les vols dans les régions du Québec. Même que François Legault, pompé, promet de négocier lui-même avec Air Canada des prix plafonds sur les billets d’avion : Air Canada dans la ligne de mire des chefs» (Le Devoir, 15 septembre 2018). Dans la ligne de mire des subalternes devrions-nous plutôt dire. Avant sa privatisation, Aur Canada allait en région à des prix abordables, mais plus maintenant. En plus de charger le gros prix, Air Canada, comme le CN d’ailleurs, ne veut plus aller en région et se refuse de baisser ses prix malgré les simagrés de nos élus : «Air Canada abandonne les régions du Québec» (Le Journal de Montréal, 2 juillet 2020). Une drôle juste pour vous : «Transport aérien régional : les maires (se comportant en humoristes) veulent casser le monopole d’Air Canada» (Le Journal de Montréal, 27 septembre 2017). Ils ne sont même pas capables de casser un œuf!
Et que font nos gouvernements qui sont censés avoir l’autorité au pays et être au service du peuple souverain? Il s’agenouille de nouveau (habitué à le faire devant les GAFAM, les banques, les pétrolières, les pharmaceutiques, etc.) et demande à la population de payer à ce qui peut s’apparenter à tu taxage des géants corporatifs : «Transport aérien régional. Un service subventionné (à Air Canada) en échange de vols fréquents et de prix plafonnés (ou presque)» (Le Devoir, 14 septembre 2021). François Legault voulait rencontrer le patron d’Air Canada, Michael Rousseau (François est bilingue) afin de discuter du prix des billets, du service en français au Québec, de la fréquence des vols en région mais comme pour notre système de santé, il est sur liste d’attente. Patience François, ton tour va venir. En attendant, prends un numéro, le patron d’Air Canada est très occupé.