Universitaires, médias et finance durable : la confrérie

https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2022-01-14/ecoles-de-gestion/la-finance-durable-s-invite-a-l-universite.php

La finance durable et verte, la responsabilité sociale, l’éthique et la gouvernance enseignées à l’université : Hourra!

Fini à jamais la corruption, la fraude, l’évasion fiscale, les prix shylockiens imposés par les cartels bancaires, pharmaceutiques, pétroliers et de l’internet, le favoritisme, le patronage et plein d’autres choses très laides émanant des grosses et moyennes entreprises privées. Et terminé aussi les profits démentiels. C’est merveilleux! Mes amis, que votre joie surabonde en ce début d’année 2022. On n’en a pas fini avec la pandémie mais il y a une belle grosse lumière au bout du futur tunnel Lévis-Québec. Et oui, toutes ces vilaines perversions du privé seront enseignées à l’université à nos futurs gestionnaires comptables, financiers, ingénieurs, économistes et j’en passe. Ça fait du bien d’entendre d’aussi bonnes nouvelles, n’est-ce pas? Le capitalisme bienveillant à visage humain, quoi!

Ce que j’étais content lorsque j’ai lu cet article paru dans La Presse à Power Corp. le 14 janvier 2022 : «Écoles de gestion. La finance durable (rien de moins) s’invite à l’université». Et l’école des sciences de la gestion de l’UQAM, dont j’ai été professeur permanent pendant plus de quarante ans, en fait partie, voilà pourquoi je suis si fier. Déjà, en administration à l’UQAM, on enseigne et on a une Chaire en responsabilité sociale des entreprises, financée par le géant bancaire Desjardins et d’autres. Les universitaires, s’ils sont financés ou appartiennent au privé, qu’en pensez-vous?

Et ce n’est pas fini les bonnes nouvelles. En effet, aux HEC de Montréal, on a lancé un «certificat en éthique et conformité» (Le Devoir, 1er février 2020). Cette nouvelle certification a été financée en partie par la grosse firme d’avocats Osler et par la Caisse de dépôt et placement du Québec. Oui, oui, je sais que vous allez me dire que les avocats sont des spécialistes en évasion fiscale dans les paradis fiscaux dans lesquels notre Caisse de dépôt a de grosses participations. Mais ça c’était avant l’introduction des cours à l’université sur la finance durable, l’éthique, la gouvernance, la responsabilité sociale de l’entreprise et autres trucs vertueux du genre. Mettez définitivement une croix sur les paradis fiscaux et la corruption.

Que j’ai le goût d’être positif et serein en cette nouvelle année 2022 afin de devenir un instrument de plénitude et de quiétude. Fin 2019, l’Université Saint-François-Xavier au Canada nous a annoncé cette merveilleuse nouvelle : «Inauguration de l’Institut pour la gouvernance Brian Mulroney» (Le Journal de Montréal, 18 septembre 2019). Brian est depuis longtemps président du conseil d’administration de Québecor et loge en Floride pas loin de Donald Trump, son ami pour lequel il a lancé ce beau cri du cœur : «Mulroney salue Trump le gentleman» (Le Devoir, 7 décembre 2016). Si Brian le dit, c’est que ça doit être vrai, non? Et autre agréable nouvelle, la professeure de l’UQAM, Nathalie Drouin, aussi directrice exécutive de KHEOPS et éditrice en chef de la revue International Journal of Managing Projets in Business (vous pouvez constater que Nathalie n’est pas une deux de pique) nous a bel et bien confirmé que la corruption est enseigné à l’université (Le Devoir, 27 octobre 2016). Et puis, esprits tordus, êtes-vous rassurés sur le devenu sociétal et fraternel des GAFAM, des banques, des pharmaceutiques, des pétrolières, de SNC-Lavalin, de Bombardier et autres? Tout ça grâce aux cours rigoureux portant sur l’éthique, la gouvernance, la corruption, l’investissement vert et durable que nos futurs diplômés en administration, en droit et en comptabilité vont avoir reçu à l’université bien souvent dispensés par des universitaires qui sont consultants pour le privé ou qui ont une belle grosse chaire financée par de non moins belles grosses entreprises responsables socialement. Les profs financés par le privé, ainsi que leurs recherches, c’est bon car ça réduit le financement public et l’intervention nocive des gouvernements. Du moins, je pense…

Les banques et la finance durable du Québec

En matière de finance durable, verte et responsable, le Québec est un modèle mondial. Dites-moi pas que vous ne saviez pas ça? En tout cas, c’est ce que nous disent nos responsables et indépendants médias d’ici et en particulier le très sérieux Devoir. Allez, arrêter de chercher des poux, convertissez-vous au nouveau privé transcendé et transfiguré. Pour vous convaincre de cette métamorphose entrepreneuriale, observez le titre de ces très beaux articles sérieux et objectifs, pas du tout dans le genre publireportage aliénant et intoxiquant, parus en grand nombre uniquement dans Le Devoir, Vous allez vois, la joie va rejaillir et suintée sur vous!

  • «Finance durable. Le Québec veut faire figure de modèle» (Le Devoir, 13 novembre 2021);
  • «Cap sur la finance québécoise et le développement durable» (Le Devoir, 4 octobre 2021);
  • «Le Québec au centre d’importantes réformes dans la finance durable» (Le Devoir, 13 décembre 2021);
  • «Montréal, capitale de l’investissement responsable» (Le Devoir, 20 septembre 2014);
  • «Le portefeuille responsable» (Le Devoir, 27 novembre 2021);
  • «La finance durable s’impose» (Le Devoir, 5 octobre 2021);
  • «L’investissement responsable s’invite au Jour de la Terre» (Le Devoir, 23 avril 2016).

Mes plombs et mes fusibles viennent de sauter

Impossible de rester zen quand nos médias, nos universités et les entreprises s’unissent et travaillent de concert afin de rire du monde et de nous prendre pour des crétins. Leur comportement est à tout le moins pathétique et irrespectueux. Nos médias et nos universités versent carrément dans la propagande la plus primaire et la plus grossière en agissant ainsi. Ben oui, on vous décrit la vie en rose grâce à nos géants corporatifs devenus des modèles humanitaires malgré les faits probants et réels qui sautent aux yeux, sauf ceux de nos journalistes et de nos universitaires inféodés et vendus à la cause des dominants. La vérité est que malgré leur baratin indigeste et leurs lieux communs asservissants, les inégalités économiques, les paradis fiscaux, la corruption, l’explosion des profits privés, la multiplication des cartels, la pauvreté, l’exploitation des pauvres et des pays pauvres, etc., continuent et continueront de plus belle. Les cours universitaires sur le sujet sont de la frime. Ben oui, la corruption est enseignée depuis longtemps à l’UQAM et cela a fait du Québec le champion canadien dans ce domaine selon la revue Mc Leans.

Finance bancaire durable mais payante

Oui au Canada les six grandes banques forment un puissant cartel qui fait que les Canadiens paient plus chers qu’ailleurs. Ce n’est moi qui le dis, mais la revue The Economist. Bon, finance durable ou pas, en 2021, la Banque Royale (RBC) a engrangé un profit net socialement responsable de seulement 16,1 milliards$ et la Banque Toronto-Dominion (TD) d’un minuscule 14,3 milliards$. J’ai bien dit des milliards et non des millions de dollars. Et c’est comme ça chaque année, crise financière, pandémie et récession ou pas, nos banques canadiennes baignent toujours dans les profits records. Oh, oh, Trudeau parle de peut-être vouloir augmenter un peu l’impôt des banques, seulement pour épater la galerie, et voilà que la Banque impériale de commerce est outrée de tant de désinvolture : «La CIBC défend les banques en réplique à Trudeau» (Le Devoir, 27 août 2021). Et pas question de fermer leurs antennes dans les paradis fiscaux : «Cartes de crédits : des taux d’intérêt scandaleux» (Le Journal de Montréal, 24 juillet 2021). Bah, des taux d’intérêt de 22% c’est peut-être scandaleux, mais c’est éthique, tel qu’enseigné dans nos universités. Finance durable peut-être, mais cela n’a pas empêché la Banque Royale de demander aux gouvernements de subventionner davantage le secteur pétrolier et gazier (Le Devoir, 27 octobre 2018) et la Caisse de dépôt d’investir dans le domaine de l’énergie.

Éthique et responsabilité sociale des entreprises que vous dites? Ai-je bien entendu?

Mes amis, au troisième trimestre de 2021, la transnationale pharmaceutique américaine Pfizer a réalisé un bénéfice net «capitalistement» responsable de 24 milliards$ américains (Radio-Canada, 17 janvier 2022). Payant, payant la pandémie. Et dire que le Canada par «principe politique» et par assujettissement aux États-Unis achète au prix débile les vaccins de ce bandit pharmaceutique américain même si les vaccins russes et chinois sont au moins deux fois oins chers et tout aussi efficaces.

Voilà pourquoi les cours d’éthique portent des fruits abondants qui font que les entreprises capitalistes sont plus responsables :

  • «Pfizer. Le coût des vaccins explose sans explication» (Le Journal de Montréal, 20 avril 2021). Il faut faire confiance au code de déontologie de Pfizer et ne pas poser de questions;
  • «Le patron de Pfizer défend le prix élevé de son vaccin» (Le Journal de Montréal, 15 avril 2021). Mais c’est plus que du bonbon.

Et dire que nos médias continuent à nous écœurer en publiant de tels torchons qui s’apparentent à du mépris, soit les propos éclairants de 2 universitaires émérites :

  • «Redonner un sens au prix des médicaments. Les pharmaceutiques pourraient se doter s’un gardien des valeurs» (Le Devoir, 30 mars 2016);
  • «Le nouvel âge de l’éthique. La frénésie du profit au maximum est en train de faire place à la retenue et à la modération» (La Presse, 22 février2009).

Comment est-ce humainement possible de garder son calme? Comme le dit la comédienne candidate vedette du parti de Éric Duhaime : «de la grosse marde».

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s