
Un autre libéral qui mange à tous les râteliers
Dire que cet individu a été longtemps premier ministre du Québec. Je m’explique difficilement ça : favoritisme et corruption à grande échelle; démantèlement de l’État; privatisation et tarification des services publics; baisses d’impôts aux nantis et aux entreprises; mise à mal de la langue française et grosses faveurs accordées aux anglophones. Ce n’est pas pour rien que la revue McLain a accordé l’honneur au Québec d’être la province la plus corrompue au pays. Ça doit faire partie du modèle québécois.
Administrateur au CN
Depuis qu’il a quitté la politique, Jean Charest s’est fait plaisir d’accepter, comme d’autres libéraux d’ailleurs, toutes les nominations et tous les contrats qui lui ont été offerts par le privé qu’il a tant choyé comme premier ministre. Un retour d’ascenseur pour services rendus en politique. Vous le savez, le CN (Canadien National), Air Canada, Télésat, Pétro-Canada, Téléglobe, Canadair, Arsenaux canadiens ont été privatisé par Ottawa pour des pinottes et sans aucun débat public. Ça fait qu’aujourd’hui le CN appartient majoritairement à des Américains et que le principal actionnaire est Bill Gates de Microsoft. D’ailleurs, il ne fait plus dire Canadien National mais bel et bien CN qui vient de nommer une présidente anglophone unilingue même si le siège social est théoriquement à Montréal. Et puis, le CP et le CN sont les principaux propriétaires des voies ferrées au pays, ce qui fait que les trains de marchandises ont priorité sur les trains de passagers qui doivent demander la permission pour les utiliser et payer des gros frais au propriétaire. Il faudrait, à tout le moins, au nom de l’intérêt supérieur de la population et de la sécurité nationale, nationaliser les rails. Il me semble que cela va de soi.
Tout ça pour vous dire que le frisé de Sherbrooke vient d’être nommé administrateur du CN, une job de «yes man» à 400 000$ l’an, à ne rien faire : «Une nouvelle PDG (unilingue anglaise, madame Tracy Robinson) et l’ex-premier ministre Jean Charest au CN» (Le Journal de Montréal, 25 janvier 2022). En plus d’être lobbyiste, consultant, associé d’un bureau d’avocats, entremetteur, etc., le voilà administrateur d’un ex-joyau public. Le meilleur moyen d’appauvrir la majorité est de privatiser ses services publics, ses ressources naturelles et ses sociétés d’État.
Il devra parler en anglais : «no problem»
Dans l’article intitulé «Canadien National : Jean Charest devra parler en anglais!», le journaliste Olivier Bourque pense que cela va irriter et peine Jean Charest. Mais non, Jean Charest aime parler en anglais. D’ailleurs, du temps qu’il était premier ministre du Québec, il a indûment choyé les anglophones, quitte à marginaliser davantage le français et à accentuer son déclin ici-même au Québec. C’est un fait : le parti libéral du Québec (PLQ) est et a toujours été le parti des anglophones et des allophones qui lui donnent une vingtaine de comtés à chaque élection. Sans ces comtés, le PLQ aurait été rayé de la carte lors des dernières élections de 2018.
Vous trouvez que j’en beurre épais?
Certains trouvent peut-être que j’exagère, mais du temps de Jean Charest, le PLQ voulait rendre l’accès à l’école anglaise aux enfants de familles francophones : «Le PLQ souhaite faciliter l’accès à l’école anglaise» (Le Devoir, 24 mai 2002). Même qu’en 2011, les jeunes vendus libéraux voulaient au nom de la sacro-sainte liberté individuelle, ne pas brimer les francophones et aussi les nouveaux immigrants et leurs permettre de choisir l’anglais comme langue première au Québec et d’aller à l’école anglaise : «Protection du français. La liberté individuelle doit primer, disent les jeunes libéraux» (Le Devoir, 14 juin 2011). Comment est-ce humainement faisable de ne pas les haïr? En plus de «Parti libéral. Pas une loi ne serait adoptée sans un examen de ses effets sur les anglophones» (Le Devoir, 15 novembre 2017). L’asservissement volontaire, c’est ça.
Également du temps qu’il était notre premier ministre, Jean Charest voulait appliquer la loi 101 aux institutions et aux entreprises fédérales. Puis, devinant que cela pourrait éventuellement lui nuire dans le futur, comme d’être nommé administrateur au CN, le scélérat s’est ravisé : «Charest recule sur la loi 101 dans les institutions fédérales présentes au Québec» (La Presse, 29 août 2012).
Charest a tous les talents de «pedler»
Tous les opportunistes qui vivent au crochet de l’État et des fonds publics s’arrachent les services du mercenaire corporatif : «L’industrie de l’aérospatiale fait appel à Jean Charest» (Le Devoir, 13 décembre 2018). Et bingo, voilà la principale revendication du faiseux, après étude minutieuse du dossier : «Charest plaide pour une aide gouvernementale additionnelle à l’aérospatiale» (Le Devoir, 10 juillet 2020). L’aérospatiale et le transport ferroviaire, deux domaines qui vont si bien ensemble.
D’autres cordes à son arc : Huawai et la pétrolière TransCanada
J’oubliais : Jean Charest est un capitaliste véreux endurci mais l’argent est apolitique. Ça fait qu’en 2021, il est devenu lobbyiste pour la compagnie chinoise privée Huawei et a même, tout d’un coup, trouvé de très belles vertus et qualités au communisme et à la Chine : «Huawei déploie des lobbyistes chez nous» et «Jean Charest défend le régime de Pékin. L’ancien chef de gouvernement a conseillé la multinationale chinoise Huawei en pleine crise diplomatique» (Le Journal de Montréal, 6 et 22 octobre 2021). À date, ça fait que Ti-Jean a pataugé financièrement dans les domaines du transport ferroviaire, de l’aérospatial, des communications, et ce n’est que le début de ses élucubrations de commis de service : il a aussi œuvré et vendu ses précieux services à l’industrie du pétrole et du gaz et des pipelines, en l’occurrence l’albertaine TransCanada Energy et son pipeline Énergie Est, traversant joyeusement lacs, rivières, terres agricoles et municipalités au Québec.
Ça fait que comme représentant de la pétrolière : «Énergie Est. Charest a voulu organiser une rencontre entre TransCanada et Ottawa» et «Le projet Énergie Est rattrape Charest. L’Office national de l’énergie (ONE) s’excuse d’avoir caché des informations sur une rencontre avec l’ex-PM, alors consultant» (Le Devoir, 4 mars et 6 août 2016). Et faisant preuve d’humour : «Jean Charest nie avoie faut du lobbying pour TransCanada auprès du cabinet Trudeau» (Le Journal de Montréal, 9 mars 2016).
Et que c’est beau : en 2015, dans une opinion publiée dans La Presse du 2 février et rédigée avec une universitaire de l’Alberta, elle aussi financée par l’industrie pétrolière, Martha Hall Findlay, Jean Charest et son acolyte ont défendu courageusement cette industrie contre des attaques malveillantes et injustes, comme celles émanant des écologistes et des gouvernements : «La solution aux changements climatiques consiste à réduire la demande en pétrole, non à punir ceux qui répondent à la demande». Pour le frisé, l’industrie pétrolière relève du service public, un organisme à petit but lucratif. Et pour lui, réglementer, couper leurs subventions et augmenter leurs impôts constituent une «punition» et une injustice envers nos créateurs de richesse. Ti-Jean a toujours préféré taxer le monde ordinaire en tarifiant les services publics et en augmentant la TVQ.
Ti-Jean se diversifie et s’étend
Rien ne l’arrête. Jean Charest a non seulement une éthique élastique à géométrie variable, mais aussi des principes moraux qui s’étirent. Comme Philippe Couillard qui a travaillé au rapprochement économique entre des affairistes québécois et des dirigeant des Émirats arabes unis, une autre belle dictature opprimante mais qui a le mérite d’être de nos côté, dans la liste de nos amis, ce qui pardonne les écarts de conduite et les divergences politiques et sociales : «Jean Charest est à la tête d’un organisme Canada-Émirats» (Le Devoir, 2 mars 2018). Oui, Jean Charest est dans plein de choses différentes. Mais c’est grâce à ses talents abyssaux qu’il est tant recherché par les opportunistes et rien d’autre. Il ne faut pas être jaloux de lui : il a un gros quotient intellectuel.
Chine, Émirats et France
Il y a aussi qu’en 2013, Jean Charest a fait son entrée dans une transnationale française de la publicité : «Jean Charest au conseil d’administration de Publicis Worlwide» (La Presse, 1er juin 2013). Jean Charest est un talent universel qui met le Québec sur la «map» du monde. Et, bonne nouvelle pour lui, car sa fille Alexandra marche dans les mêmes traces de raquette que son honorable père à titre de lobbyiste pour une industrie très noble : «La fille de Jean Charest lobbyiste pour du pot. Elle aide une compagnie qui veut vendre du cannabis» (Le Journal de Montréal, 13 juillet 2017).
Et le mot pour rire en terminant
La «joke» émane de l’Université de Sherbrooke qui, en 2013, a décerné «un doctorat honorifique à Jean Charest» (La Tribune, 21 avril 2013).
À suivre dans mon prochain texte les aventures professionnelles de Jean Charest, qui vont encore plus vous impressionner.
Dernière heure
Jean Charest veut revenir en politique comme chef du parti conservateur du Canada. On aur tout vu, et j’y reviendrai. Ça serait beau Jean Charest comme chef du parti conservateur du Canada et Éric Duhaime, chef du parti conservateur du Québec. Beau tandem!