
Maître et souverain chez nous, vous dites!
Le titre de cet article publié par Radio-Canada le 4 mars 2022 m’a fait vraiment sursauté : «L’Alberta prépare un plan d’aide pour faire face à la flambée des prix de l’essence». Pourtant, l’Alberta est un des plus importants producteurs de pétrole et de gaz naturel au monde. C’est son pétrole et le gouvernement conservateur de l’Alberta, Jason Kenney, est incapable de fixer lui-même le prix de sa propre ressource naturelle? Non, car le pétrole canadien, une ressource naturelle qui devrait appartenir à la population, e3st détenue par des transnationales pétrolières étrangères, comme les Exxon Mobil, Chevron Texaco, BP Amoco, Royal Dutch Shell, Total, etc. Toutes les compagnies occidentales qui exercent leur mainmise sur le monde et qui cherchent par tous les moyens à écarter les prétendants qui veulent remettre en question leur domination comme la Chine et la Russie, sur lesquels elles ont lâché leurs mercenaires idéologiques enragés que sont nos médias privés beaucoup financés par l’État.
Nos élus à la fois des colonisés et des lobbyistes
Le comportement de colonisé du premier ministre conservateur albertain, comme d’ailleurs celui à Ottawa, face aux pétrolières étrangères, qui non seulement se sont appropriées notre pétrole mais qui, en prime, nous volent, relève de la complicité crasse. En plus, cela veut aussi dire que les milliards de dollars consacrés à l’achat de leur propre pétrole par les Canadiens chaque année sortent régulièrement du pays. La propriété étrangère de nos ressources naturelles, de nos services publics et de plein d’autres domaines représente une dette permanente pour le Canada. Il faut payer chaque année de gros dividendes aux propriétaires étrangers. Il n’y a pas pire façon de s’appauvrir collectivement. Regardez ce qui se passe en Afrique, en Asie et même en Amérique latine. Des pays et des populations pauvres qui sont pourtant assis sur d’immenses ressources naturelles (bois, pétrole, mines, etc.) mais qui leurs ont été dérobé, avec la complicité de politiciens corrompus, par des transnationales occidentales. Tout ce qui est détenu par de gros capitalistes privés, ça relève, selon leurs prétentions, de la démocratie et de la liberté. Si c’est la population, par le biais de l’État, qui détient ses propres instruments collectifs, on dit que c’est du communisme autoritaire.
Où va l’argent?
Les coûts de production, d’exploration, de raffinage, de vente au détail n’ont pas augmenté et les prix de l’essence, du gaz naturel et des aliments ont récemment explosé. Ma question est la suivante : où va l’argent? Il atterrit dans les poches des actionnaires étrangers (comme c’est le cas aussi pour les GAFAM américaines) et dans des fonds d’investissement et des banques occidentales qui spéculent sur tout : des denrées alimentaires, au pétrole en passant par les produits miniers. La pandémie et le conflit en Ukraine ont le dos très large pour expliquer et justifier les hausses de prix qui appauvrissent le monde ordinaire et enrichissent à outrance les pétrolières, les banques, les gros marchés d’alimentation, les minières occidentales, etc. Et ces augmentations de prix provoquent de l’inflation, ce qui appauvrit encore davantage la classe moyenne. On a vu la petitesse de nos élus durant la période de la COVID-19. Ils ont acheté à coups de milliards de dollars les vaccins des pharmaceutiques américaines Pfizer et Moderna, sans vraiment négocier, se refusant, par idéologie, d’acquérir des vaccins beaucoup moins chers et tout aussi efficaces de firmes chinoises et russes. Il faudrait m’expliquer.
Les gouvernements complices des arnaqueurs
Alors, devant la hausse injustifiée du prix de l’essence, soit notre propre pétrole, je le répète, imposée par les pétrolières occidentales étrangères (qui augmentent toujours leurs prix en même temps. Allô concurrence. Et les ti-counes experts continuent à appeler ça «le marché» dans lequel les lois naturelles s’appliquent. C’est donc dire que les dirigeants n’y sont absolument pour rien dans la fixation des prix), nos élus inféodés, au lieu d’imposer un contrôle des prix qui viendrait minimiser cette escroquerie permanente, en rajoutent une couche et appauvrissent davantage la population en décrétant des baisses de taxes sur l’essence : «L’Alberta retire sa taxe provinciale sur l’essence» (Le Journal de Montréal, 7 mars 2022). L’État se prive de recettes fiscales afin de ne point brimer les pétrolières. Moins de recettes du gouvernement signifie moins de services publics et davantage de privatisations. C’est un cercle vicieux. Et il y a ces journalistes, chroniqueurs et animateurs ignorants et endoctrinés qui, se faisant les porte-parole du patronat, donnent raison aux transnationales pétrolières et aux spéculateurs, en disant que ce sont les taxes sur l’essence que l’on doit réduire et non le prix de l’essence, qui est intouchable car supposément déterminé par les lois naturelles du marché. C’est ce qu’a soutenu le chroniqueur économique «émérite» du Journal de Montréal, Michel Girard, dans son exposé publié le 15 juin 2019 : «L’automobiliste plumé en taxes et tarifs». Donc «plumé» par les gouvernements et pas du tout par les pétrolières. Félicitations à votre programme éducatif monsieur Girard et merci de nous conscientiser et de nous faire comprendre l’ABC des lois naturelles du marché et du merveilleux monde capitaliste à la fois démocratique et libre. Vous êtes libres d’acheter ou pas de l’essence et de marcher plutôt que de prendre votre auto. C’est aussi plus écologique de marcher ou de pédaler. Vous voyez, les hausses de prix de l’essence c’est bon pour l’environnement et pour votre santé. Il faudrait dire merci aux pétrolières.
Les pétrolières étrangères dictent nos politiques
En plus de rapatrier notre fric dans leurs pays, les firmes étrangères, afin de privilégier leurs propres intérêts, embauchent ici des milliers de lobbyistes, souvent d’ex-politiciens; financent des chaires universitaires et des professeurs; s’achètent des publireportages dans nos médias et créent de pseudo-organisations non gouvernementales (ONG) qui donnent la fausse impression d’être pour le bien public alors qu’elles servent qu’à étendre leur pouvoir et leur hégémonie. Citons, par exemple, les ONG bidons suivantes, avec des noms hypocrites, financées par les pétrolières et autres qui interviennent sur la place publique et qui reçoivent un bel accueuil de nos journalistes : Ethica Oil, Friends of Science, Forest Ethics, Québec Fier, Global Climate Coalition, etc. Une bonne juste pour vous : «Bas les masques! Un célèbre climatosceptique de l’Université Harvard (l’astrophysicien Willie Soon) à la solde de géants du pétrole» (Le Devoir, 9 mars 2015). Et il y a le professeur Pineau des HEC Montréal, dont la Chaire est financée par les pétrolières.
Les extrémistes, ce sont les écologistes selon…
Stephen Harper aimait bien s’en prendre aux groupes écologistes canadiens, qu’il qualifiait d’extrémistes financés par des étrangers. Mais jamais il ne remettait en question les firmes canadiennes détenues par des étrangers et qui s’immiscent continuellement dans nos affaires intérieures. On préfère s’attaquer aux Russes et aux Chinois. Une bonne étude que je vous invite à lire et produite par le Parkland Institute de l’Université de l’Alberta, qui est à cet effet très éclairante : «Une politique canadienne (dans plusieurs domaines) contrôlée par des pétrolières (et aussi les GAFAM, les pharmaceutiques et autres) étrangères» (Le Devoir, 2 mars 2022). Ces transnationales occidentales étrangères ne se limitent pas seulement à faire de la «business». Voilà le danger qu’il y a quand de larges pans de notre économie sont dominés par des firmes étrangères. Bah, les charlatans vont vous dire que c’est bon et qu’il n’y a aucun problème si notre économie est largement contrôlée par de bonnes transnationales occidentales étrangères, ce qui est tout le contraire quand il y a la présence de firmes chinoises chez nous, surtout si elles sont détenues par l’État. Et les entreprises privées détenues par des milliardaires occidentaux sont prioritairement au service de qui? Une autre bonne pour vous car je vous aime : ««Convoi de la liberté» : une ingérence étrangère à l’œuvre selon notre ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly» (Le Journal de Montréal, 18 février 2022). Mélanie a eu trop peur de dire que l’intervention étrangère était américaine. Elle s’est retenue pour ne pas froisser et irriter notre maître. Par contre, elle se serait défoulée et aurait fait preuve de moins de retenue si l’ingérence étrangère avait été d’origine russe ou chinoise.
L’imbuvable Jean Charest
Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) vient de nous dire que : «La fenêtre d’un avenir «viable» se referme, prévient le GIEC» (Le Devoir, 1er mars 2022). Mais pour le fumiste Jean Charest, qui ne pense qu’à sa petite personne, et qui se présente à la chefferie du parti conservateur du Canada : «Charest ouvert à de nouveaux pipelines» (La Presse, 10 mars 2022). Démocratie mon œil quand déjà en 2008 : «L’environnement, principale source d’inquiétude des Canadiens» (Le Devoir, 5 février 2008). Charest a toujours fait fi de la pollution, ce n’est pas aujourd’hui qu’il va changer, lui qui a été conseiller pour Trans Canada Pipelines.