
L’autosuffisance alimentaire a le dos large
Dans tous les domaines, les milliers de lobbyistes s’activent énergiquement et ont tous leurs entrées privilégiées auprès des politiciens et des hauts fonctionnaires afin de faire valoir leurs doléances et obtenir des milliards en fonds publics sous forme de subventions, de bas tarifs d’électricité et de redevances (eau, mines, bois, etc.), de prêts à très long terme sans intérêts et de construction aux frais de l’État de voies ferrées, de lignes de transmission, de raccordement au réseau d’Hydro-Québec, de décontamination des sols miniers et pétroliers, de gros chemins forestiers, d’aqueducs, de reboisement, etc. Et nos élus, n’ayant pas les connaissances voulues et faisant confiance aux lobbyistes, qui souvent sont d’ex-politiciens et des amis, acceptent rapidement Les yeux fermés les propositions parfois suspectes et discutables des quémandeurs de fonds publics souvent des transnationales milliardaires étrangères comme Google, PepsiCo, Amazon, Pfizer, Merck et cie. Et surtout pas besoin de faire des études sur les couts assumés par l’État et les revenus encaissés par lui. Les ententes sont toujours confidentielles.
La dernière drôle en ligne est la récente décision du gouvernement provincial de la CAQ de subventionner Frito-Lay, une filiale de la multinationale américaine PepsiCo, pour l’ajout d’une nouvelle machine de production de «chips» ou croustilles à son usine de Lévis. Tout ça au nom de la souveraineté alimentaire du Québec, comme si notre indépendance se ramenait à la fabrication de chips ou de crottes de fromage : «Québec (CAQ) verse 3 millions$ à Pepsi au nom de l’autonomie alimentaire. Frito-Lay augmentera sa production de croustilles à son usine de Lévis» (Le Journal de Montréal, 7 avril 2022). Une vraie farce, non? Bien évidemment, il n’y a pas eu d’études : on y va au pif et au gré des pressions. Sous le même prétexte démagogique, au mois de novembre 2020, la CAQ a versé 2 millions$ au géant américain Kraft pour une ligne de production de Ketchup à Mont-Royal, qui utilise des tomates importées des États-Unis. Souveraineté alimentaire au Québec assurée par des grosses compagnies américaines comme Kraft et Pepsi. Ça fait tout de même drôle, non? Il faut faire appel à des firmes étrangères pour fabriquer au Québec du Ketchup et des chips. Je trouve que ça fait petit pays pauvre. Et vous, qu’en pensez-vous? Subventionner la production de chips, c’est encourager la consommation de malbouffe.
La pseudo-pénurie d’aliments de base est un mythe
Laissez-moi tranquille avec votre problème préfabriqué et inventé de s’assurer de notre sécurité nationale par le biais de notre pseudo-autonomie alimentaire. Aie, tous les pays, et ils sont nombreux, d’Amérique latine et d’Afrique, en forte compétition les uns aux autres, ont toujours fourni à la demande en produits de base au Québec, surtout lorsque ces pays ont conservé la propriété de leurs terres et qu’elles n’ont pas tombé dans les mains de fonds spéculatifs étrangers ou de gros joueurs américains comme Dole, Chiquita, Del Monte, United Fruit, etc. Si la CAQ veut vraiment s’assurer de notre sécurité alimentaire, elle devrait stopper l’achat de nos terres agricoles par des fonds d’investissement privé, souvent étrangers, qui exercent un pouvoir indu sur les prix agricoles et elle devrait renforcir la protection de nos terres les plus fertiles dézonées allègrement, au nom de l’étalement urbain, pour permettre aux promoteurs immobiliers de construire toujours plus de tours d’habitation, aux GAFAM d’implanter des centre de données, comme Google et Amazon par exemple, et même d’aménager de gros aéroports comme à Mirabel maintenant fermé sous la pression des gens d’affaires qui trouvaient ça trop loin de Montréal.
L’autonomie pharmaceutique du Québec est la priorité
Si on veut assurer vraiment la sécurité des Québécois, c’est par le biais du domaine pharmaceutique et la création de la société d’État Pharma-Québec. Cela nous permettrait de nous délivrer des entrailles et de la dépendance des grosses pharmaceutiques étrangères qui nous volent tout rond sans que nos gouvernements interviennent. Et si on ose critiquer, ces monopoles privés organisent des ruptures de stocks. On a expérimenté notre vulnérabilité durant la pandémie en se faisant charger le gros prix par les américaines Pfizer et Moderna et en se mettant, malgré tout, à genoux devant ses mécréants et ces scélérats pour qu’ils daignent nous approvisionner en vaccins anti-COVID. Même notre premier ministre l’a admis sur le bout des lèvres : «Legault pour une autosuffisance médicale «réaliste» (Le Devoir, 7 février 2021). Autosuffisance pharmaceutique médicale «réaliste» dans la bouche de François Legault veut dire qu’il ne fera rien et que l’on ne doit pas rêver en couleurs. Les gros cartels pharmaceutiques étrangers continuent à faire la loi au Québec. Il faut s’y résigner. Ben oui, on avait créé au Québec, il y a de ça environ cinquante ans, un joyau collectif pharmaceutique, de portée internationale et très profitable, du nom de l’Institut Armand Frappier rattaché au réseau de l’Université du Québec, devenu par après IAF-Biochem Pharma, puis privatisé et vendu pour presque rien à des profiteurs comme François Bellini, qui se sont empressé de le vendre à l’anglaise Shire pour quelques milliards de dollars. De ce succès collectif, il ne reste plus rien au Québec. Privatisé en catimini, sans aucun débat et sans aucune étude, bien évidemment.
Autosuffisance alimentaire et protection des terres agricoles
Je l’ai dit : afin d’assurer notre autonomie alimentaire au Québec à des prix raisonnables, il faut surtout arrêter d’amputer nos terres agricoles au profit des promoteurs immobiliers et des entreprises afin de construire des tours d’habitation, des parcs industriels, des centres de donnés, etc. : «Des agriculteurs s’opposent à la venue de Google à Beauharnois. Des terres agricoles rares dans cette région seront sacrifiées à tout jamais» (Le Journal de Montréal, 25 mai 2019). De belles fermes annihilées pour permettre à Google d’ériger un beau gros centre de données qui va créer peu d’emplois, qui sera très énergivore et qui aura droit à des tarifs bonbons d’électricité d’environ 4 cents le kWh. Complètement ridicule. Mais Google a plusieurs lobbyistes convaincants à son compte et des politiciens réceptifs.
Briser le cartel des grosses chaînes d’alimentation au détail
Un peu partout dans le monde, nous sommes en présence, au niveau de l’alimentation au détail, de multinationales qui forment de fait des oligopoles et des cartels (comme dans les cas de l’essence, des médicaments, des banques, du transport ferroviaire et aérien, etc.) qui fixent des prix élevés et qui ont un pouvoir indu sur les agriculteurs et les petits fabricants en les contraignant à toujours baisser leurs prix ou en leur imposant toutes sortes de frais abusifs : «Alimentation. Des pressions continues sur les producteurs (dont plusieurs dans les pays pauvres). Oxfam dénonce les pratiques des supermarchés et des grands distributeurs (et aussi des gros importateurs» (Le Devoir, 22 juin 2018).
Ici même au Québec, les Provigo, Métro, Sobeys-IGA et Walmart font la pluie et le beau temps et tiennent en otage nos fermiers : «Les agriculteurs québécois au front contre les énormes frais de Walmart» (Le Journal de Montréal, 18 septembre 2020). Il faudrait que nos gouvernements occidentaux brisent ces oligopoles mais ils ne peuvent pas le faire car nous vivons sous la dictature de ceux-ci : «Québec (CAQ) veut dompter les géants de l’alimentation. Le gouvernement Legault espère (sic) réduire l’impact des frais (et aussi des frais pour obtenir de l’espace sur les tablettes en magasin) avec un code de conduite» (Le Journal de Montréal, 27 novembre 2020). Legault et les autres premiers ministres au Québec et à Ottawa ont aussi dit dans le passé qu’ils allaient mettre au pas les pétrolières, les banques, Air Canada, les pharmaceutiques, les médecins, etc. et ils n’ont rien fait. Ils n’ont pas le pouvoir et la volonté d’agir afin de freiner l’appétit démoniaque des gros agents économiques. Aie, «espérer» dompter les géants de l’alimentation au détail par l’implantation d’un «code de conduite» relève d’un niveau d’infantilisme dangereux. Avant de prioriser la pseudo-souveraineté alimentaire au Québec, le gouvernement devrait s’attaquer au cartel de l’alimentation qui réalise des profits records chaque année, pandémie et récession ou pas.
Il faut interdire la vente de nos terres à des spéculateurs d’ici et étrangers
Mes amis, de plus en plus de spéculateurs locaux et étrangers, comme les banques et les fonds d’investissement, comme celui de l’affairiste Charles Sirois, ami et co-fondateur de la CAQ avec François Legault, achètent d’immenses terres agricoles, ce qui fait nécessairement augmenter les prix. Il faudrait que nos gouvernements interdisent à notre Caisse de dépôt et placement du Québec d’agir de la sorte et surtout de s’associer à des Charles Sirois de ce monde par le biais d’investissements dans sa compagnie très controversée Pangea : «Agroalimentaire. La Caisse crée un nouveau fonds de 125 millions. L’enveloppe comprend un investissement de 10 millions$ dans Pangea» et «La commission sur l’accaparement des terres agricoles a entendu le cofondateur de Pangea sur son modèle d’affaires» (Le Devoir, 25 avril 2017 et 18 mars 2015). Afin d’assurer l’indépendance alimentaire du Québec et de protéger les consommateurs contre les prix abusifs, il faut absolument que nos gouvernements empêchent des fonds spéculatifs, des banques et des transnationales locales ou étrangères de s’approprier les terres agricoles au Québec, comme cela est malheureusement le cas dans de nombreux pays en voie de développement. Voilà pourquoi ils sont pauvres : ils se sont fait voler leurs ressources naturelles par des pays «démocratiques» occidentaux et leurs grosses multinationales.
Le mythe de l’autosuffisance par le biais des serres très subventionnées
Quel thème accrocheur et sensible qu’utilise le gouvernement caquiste afin de gagner le cœur des électeurs. Sans aucune étude, la CAQ a mis de l’avant la construction de plusieurs serres au Québec comme étant la solution à un problème qui n’existe pas : «Autonomie alimentaire : nouveaux tarifs d’électricité (très bas) pour les serres de la province» (Le Journal de Montréal, 26 septembre 2020). Et qui va payer en dernier ressort pour ces petits tarifs d’électricité offerts gracieusement aux grosses serres du Québec? L’argent ne tombe pas du ciel et Hydro devra se reprendre ailleurs. Peut-être en se défoulant sur les tarifs résidentiels, qui sait?
Les serres c’est bien beau et ça donne l’impression d’être autonome et maître chez nous mais il faudrait nous donner des chiffres. Combien ça coûte par année à Hydro-Québec en manque à gagner en raison des tarifs spéciaux accordés aux serres? Combien le gouvernement verse chaque année en subventions directes et indirectes? Combien d’emplois crées par les serres et à quels salaires? Embauchent-ils plus de travailleurs québécois ou plutôt des ouvriers saisonniers étrangers? Quels sont les légumes et les fruits qui ont vraiment manqué dans le passé? Les serres c’est peut-être romantique mais je veux savoir avec des chiffres à l’appui à qui ça profite et combien ça coûte? Est-ce que des serres comme celles de Savoura sont dans les faits accrochées aux mamelles de l’État? Une chose est sûre chez moi : il faut arrêter de subventionner intensément les serres qui font pousser du pot. Il y a des limites à toutes : «Marijuana. Le Québec terre promise des producteurs. Les bas tarifs de l’électricité attirent les promoteurs de l’extérieur» (Le Devoir, 16 septembre 2017).