
L’usine de la pharmaceutique américaine à Montréal : nos élus jubilent
Ah que le premier ministre caquiste du Québec, François Legault, son audacieux (avec notre argent) exubérant ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, le premier ministre libéral du Canada, Justin Trudeau et les journalistes colporteurs du Journal de Montréal et du Devoir, Olivier Bourque, Raphaël Pirro et Ulysse Bergeron, étaient contents à la fin du mois d’avril 2022 de nous annoncer que la pharmaceutique américaine Moderna qui, avec sa consœur Pfizer, a découvert un vaccin contre la COVID-19, qu’elle nous a vendu à très gros prix sans aucun appel d’offres et sans nous dire le prix payé qui est, dit-on, confidentiel, même en démocratie où la transparence est censée être de mise : «Moderna : le Québec dame le pion à l’Ontario. Pour attirer Moderna à Montréal, le gouvernement Legault a dû sortir les millions et faire valoir ses attraits» (Le Journal de Montréal, 27 avril 2022). Ça s’apparente à de la prostitution économique.
Vous êtes censés, à l’annonce de cette extraordinaire bonne nouvelle, être fous de joie et sauter au plafond. Aie, une autre compagnie américaine chez nous, ce qui nous unira davantage à nos bienfaiteurs américains et surtout éloignera les firmes communistes chinoises et russes de notre beau pays. Être dépendants et sous la mainmise de nos alliés américains, c’est merveilleux car ils nous protègent face à l’envahissement des entreprises étrangères. Oui, j’ai bien dit «étrangères», car les compagnies américaines c’est pareil que les compagnies canadiennes. On ne peut parler de firmes étrangères se référant aux corporations américaines car elles sont ici chez elles.
Le Québec a damé le pion à l’Ontario qu’a claironné Legault
Bravo, on a battu l’Ontario car le Québec a versé plus de subventions publiques. C’est ça la mondialisation avec ses traités de libre-échange qui donnent toujours plus de pouvoir aux transnationales afin de mettre en compétition tous les pays de la planète pour le plus petit commun dénominateur. Les préposés aux commandes journalistiques du JDM ont dit, sans rire, tout en reprenant textuellement le communiqué de presse émis par le service des relations publiques de Moderna, que : «C’est l’écosystème de Montréal qui a fait pencher la balance (pas pantoute le fric), les chercheurs, les universités et les talents». Toujours le même baraton usuel. Ben oui, soyez fiers, Québécois, car Montréal, à tous les niveaux, c’est supérieur à Toronto selon ce qu’ils disent.
Ah oui, même si on est supposément en sérieuse pénurie de travailleurs, Moderna prévoit (c’est juste une prévision et on ne sait pas quand) la création de 200 à 300 emplois (plus 200 ou plus 300? On ne sait pas). Pas grave, on n’aura qu’à faire venir davantage de travailleurs étrangers. Si on est vraiment en pénurie d’emplois, pourquoi verser des millions en fonds publics pour créer d’autres emplois qui viendrait aggraver la rareté de la main d’œuvre et pénalisera d’autres employeurs dans la recherche de travailleurs, surtout les PME?
L’Université McGill comme sous-traitant de Moderna
Le patron de Moderna a dit : «Une entente spéciale (sic) a récemment été signée avec l’Université McGill. Cette entente permettra aux chercheurs universitaires de collaborer (sic) avec Moderna au développement de nouveaux (sic) vaccins» (Usine de Moderna à Montréal : une victoire pour le Québec (!!!) dit Legault. Le Journal de Montréal, 29 avril 2022).
Mes amis, voilà une façon additionnelle d’affaiblir l’État, la démocratie et la liberté au profit des multinationales étrangères. Le Canada, un pays indépendant et souverain, faites-moi rire, j’en ai besoin. De plus en plus, les grosses firmes pharmaceutiques, pétrolières, financières, etc. créent des chaires universitaires et des centres de recherche universitaires avec un peu d’argent car le gros des dépenses universitaires sont assumées par l’État. Ainsi, pour pas beaucoup d’argent, elles s’achètent la fidélité d’universitaires et la propriété de leurs découvertes. Pour l’université McGill et les autres, les recherches et les salaires des chercheurs universitaires seront financés par l’État et un peu par le privé. Mais attention : si on découvre un nouveau médicament ou un nouveau vaccin, la propriété revient à l’entreprise privée, comme Moderna dans notre exemple. La création de centres de recherche universitaires, de chaires universitaires et le financement de professeurs par des transnationales occidentales c’est bienvenu, mais pas pantoute si ce sont des entreprises chinoises et russes. Moderna n’aura pas à espionner ou voler les découvertes de nos universitaires puisque l’on leur donne pour pas cher. Mais, il ne faut surtout pas considérer ces arnaques comme du vol.
La servitude volontaire c’est exactement ça
Trop cons et asservis pour avoir inventé un vaccin contre la COVID-19, on est heureux au Québec et au Canada de s’en remettre aux pharmaceutiques américaines Moderna et Pfizer qui s’en sont mis plein les poches. La Russie, la Chine et même un petit pays de 11 millions d’habitant avec peu de ressources financières (à cause de l’odieux embargo américain qui dure depuis plus de 60 ans) comme Cuba ont inventé un vaccin contre la COVID-19 mais pas nous. Ah oui, si les Chinois, les Russes et les Cubains ont produit un vaccin contre la pandémie, nos experts, nos journalistes, nos affairistes et nos politiciens sont assez fous pour nous dire que ces pays socialistes ont volé nos découvertes et nos secrets et nous ont espionné à tour de bras même si on a rien trouvé comme vaccin. Ben, ils ont bien dit, avec leur front de bœuf usuel, que Huawei avait volé les trouvailles et les brevets de Nortel, une ancienne filiale de Bell, qui a fait faillite (!!) et de Blackberry, qui est sur le bord du précipice. En ingénierie et en aviation, je suppose qu’ils ont volé SNC-Lavalin et Bombardier?
Institut Armand Frappier (IAF), ça vous dit quelque chose?
Aie les amis, on est tellement intoxiqué et soumis que l’on a laissé nos gouvernements inféodés privatiser pour des pinottes et sans débat public, des instruments collectifs comme Air Canada, Énergie Aotmique, Télésat, Canadien National, Pétro-Canada, Téléglobe et l’Institut Armand-Frappier, rattaché au réseau de l’Université du Québec qui, aujourd’hui, sont souvent détenus par des étrangers. Le capitalisme c’est ça : moins d’État et plus de privé, mais du privé intensément abreuvé de fonds publics.
L’Institut Armand Frappier, un bien public, était de renommée internationale et avait découvert des vaccins contre le sida et autres maladies. Mais un tel succès collectif a fait l’envie d’affairistes véreux, proches des libéraux, comme l’exécrable mécréant Francesco Bellini, qui a milité pour sa privatisation, ce que le PLQ a fait. Puis, sans aucune risque, le scélérat a empoché 150 millions de dollars au détour (325M$ pour tous les dirigeants) avec encore une fois l’assentiment du gouvernement libéral du Québec lorsque l’Institut Armand-Frappier, rebaptisé IAF-BioChem Pharma, a été vendue en 2000 à l’anglaise Shire pour 6 milliards de dollars : «BioChem Pharma sous le contrôle de la britannique Shire. Le joyau (collectif) des biotechs québécoises est vendu 5,9G$» et «Les dirigeants de BioChem Pharma empocheront plus de 325M$» (Le Journal de Montréal, 12 décembre 2000 et Les Affaires, 23 décembre 2000). Vraiment écœurant. Évidemment, il ne reste absolument plus rien de ce trésor public québécois, même si, comme à leur habitude, nos élus avaient clamé : «Ottawa dit avoir des garanties (sic) de Shire» (La Presse, 12 mai 2001). Réponse des boss de Shire lors de la fermeture des usines au Québec : «Shire envoie paître le ministre libéral fédéral Allan Rock. La pharmaceutique anglaise ferme BioChem à Laval» (La Presse, 5 septembre 2003).
Colonisés jusqu’aux trognons et heureux de l’être
Dire que l’on se réjouit énormément de subventionner l’américaine Moderna pour qu’elle daigne s’installer au Québec et on s’extasie car on a supposément devancé l’Ontario. L’autonomie médicale et pharmaceutique nécessaire à tout État qui se dit souverain, oubliez ça. Avec l’Institut Armand Frappier, on était en partie assuré de notre autonomie pharmaceutique, mais hélas on préfère s’enfoncer dans notre petitesse et notre dépendance et surtout en être heureux.