
La privatisation, un thème accrocheur et racoleur pour nos médias
Le Québec est la province au pays qui accorde le plus de place à la santé et aux écoles privées et qui les subventionnent le plus. Depuis plus quarante ans, se rendant à la volonté du patronat et des affairistes, on a privatisé au pays et au Québec de nombreux instruments collectifs, plusieurs services publics, des ressources naturelles et partiellement des joyaux comme Hydro-Québec, la Société des alcools du Québec, les garderies, les aéroports, etc. Tout ça sans aucun débat public même si nos élus dépossédaient la population au profit d’arrivistes. Et ce n’est pas fini, les démagogues professionnels et les politiciens inféodés, profitant d’une bonne couverture de presse continuent, en présentant aux gens à surfer sur le prétendu bienfait de privatiser davantage tout ce qui est public, de la santé, aux écoles, aux postes, aux garderies, aux parcs nationaux en passant, bien évidemment, par la SAQ et Hydro-Québec. Tellement original, audacieux et visionnaire de vouloir privatiser les biens et services publics. Si vous parlez de ça, soyez assurés que vous allez recevoir l’appui de nos médias et les louanges de leur chroniqueurs et éditorialistes.
Les bienfaits des privatisations et la théorie du ruissèlement
Ben oui, ratatiner l’État au profit du privé sera bénéfique pour tout le monde et encore plus pour ceux qui sont au bas de l’échelle. Cela va enrichir le pays, réduire les scandaleuses inégalités économiques en répartissant plus équitablement la richesse comme on l’a vu avec les privatisations d’Air Canada, du CN, de Pétro-Canada, de Télésat, de l’Institut pharmaceutique Armand Frappier, etc. Ces gens vous prennent pour des imbéciles. Ne parlez surtout pas de nationaliser nos ressources naturelles et nos services publics et de taxer davantage les riches et les compagnies, de créer Pharma Québec, de renforcer les lois du travail et environnementales et de suggérer d’autres mesures afin de s’attaquer à la concentration explosive de la richesse car on va dire que vous êtes un attardé qui ne comprend rien à l’économie moderne. Attention, on parle bien de privatisations, mais du privé très subventionné par l’État comme les écoles, Air Canada, le CN, la santé et le pharmaceutique. L’économie de marché moderne doit être subventionnée par l’État et sa main doit être invisible pour certains et visible pour d’autres. En plus, le marché composé théoriquement de millions de concurrents, dont aucun n’est prétendument dominant, est aujourd’hui remplacé par des oligopoles et des cartels dominés par une poignée de transnationales plus grosses que l’État.
Un mouvement citoyen selon Le Devoir
Aie, le 10 mai 2022, cet article d’une grande intoxication idéologique a été publié dans Le Devoir sous la plume de Marco Fortier et intitulé ainsi : «Éducation. Financer les écoles privées pour éliminer l’école à trois vitesses. Un mouvement citoyen propose que Québec paie à 100% pour les écoles privées, mais les oblige à ne plus sélectionner leurs élèves». Franchement inacceptable comme article qui a fait la première page du journal. Aie, quand est-ce nos médias vont-ils arrêter d’aliéner les gens?
Cette idée «révolutionnaire» et très «progressiste» a été formulée par le mouvement citoyen «L’École ensemble» selon Le Devoir. Méchant mouvement citoyen créé et composé tout au plus d’une douzaine de professionnels, du même genre que les lucides de Lucien Bouchard, financé généreusement par la Fondation Chagnon (les anciens propriétaires de Vidéotron qui voulaient vendre leur compagnie à l’anglophone Rogers et qui ont reçu un gros congé fiscal du gouvernement afin de créer cette fondation supposément philanthropique). C’est cette même fondation qui a financé l’Institut du nouveau monde, un organisme tellement nul et insipide. Il me semble que le journaliste aurait pu aller voir sur internet ce qu’est ce prétendu mouvement citoyen l’École ensemble avant de rapporter religieusement et avec entrain ses élucubrations et fantasmes. Un mouvement citoyen de quelques personnes mais qui parle au nom de l’ensemble. Si vous avez du temps à perdre, lisez ledit article de Marco Fortier. Je vous l’ai dit, parlez de privatiser les écoles et la santé, comme le fait Éric Duhaime, et même si ce sont des thèmes usés à la corde et défavorable pour la majorité, les organes d’information vont sauter à pieds joints sur ça car ça rejoint le concept de société voulu par le patronat, les faiseux et les propriétaires des médias, leurs publicitaires et ceux qui les financent et qui les subventionnent.
Ledit mouvement citoyen École ensemble c’est du n’importe quoi
Aujourd’hui, le mouvement citoyen École ensemble composé de quelques petits professionnels veut que le gouvernement du Québec subventionne à 100% les écoles privées à but très lucratif, même si en 2018 il avait commandé un sondage Crop, dont les résultats furent rapportés par l’Agence QMI le 30 janvier 2018, qui disait que : «Éducation. Près de 75% des Québécois contre le financement public des écoles privées». Et ben même si en 2018, et d’après leur propre sondage commandité 75% des gens était contre tout financement public des écoles privées, c’est-à-dire zéro subvention, et ben aujourd’hui, allant contre la volonté de la majorité, les bonzes dudit mouvement citoyen École ensemble suggèrent plutôt de la subventionner à 100%. En fait, la cause principale de l’inégalité prévalant dans nos écoles à trois vitesses, c’est justement la présence des écoles privées déjà subventionnées à au moins 75% par l’État québécois et au sous-financement chronique de nos écoles publiques, surtout durant l’ère libérale du tandem infernal Charest-Couillard : «Les écoles privées financées à 75% par l’État québécois, révèle un comité d’experts» (La Presse, 12 juin 2014). Plusieurs provinces canadiennes, dont l’Ontario, ne versent aucune subvention publique aux écoles privées comme aux États-Unis d’ailleurs. Au Québec, les écoles privées subventionnées gangrènent les écoles publiques, ce qui fait qu’ici dans la belle province les étudiants qui fréquentent une école privée au secondaire sont quatre fois plus nombreux en proportion qu’ailleurs au pays et que 72% des élèves du public proviennent d’un milieu favorisé : «Étude de l’IRIS : 4 étudiants du secondaire sur 10 sont hors du système public» (La Presse, 7 septembre 2017).
Et la joke de l’École ensemble continue
Il n’y a pas que Le Devoir qui publie les niaiseries du mouvement citoyen École ensemble parues le 10 mai 2022. Un mois plus tôt, le Journal de Montréal, avec sa lumineuse journaliste Daphnée Dion-Viens, a, le 19 avril 2022, rendu compte des résultats d’un autre sondage Crop, de nouveau commandité par le prétendu mouvement citoyen qui, oh surprise, concluaient que : «S’inspirer de la Finlande : le financement à 100% des écoles privées a la cote. Ça fait toujours bon chic, bon genre et ça prouve un argument choc de prendre comme exemple un élément public des pays scandinaves comme la Suède, la Norvège et la Finlande en omettant toutes les autres mesures sociales et fiscales de ces pays, en jouant sur les mots et sur les faits véritables afin de donner du poids à leurs patentes du tout privé. Dans les faits véritables, la Finlande a aboli l’école privée, comme celle qui est en place au Québec depuis plus de 40 ans (Le Devoir, 9 mai 2018). Il faut être vraiment malhonnête pour commanditer un sondage Crop qui se réfère au système d’éducation en Finlande alors que les sondés n’ont pas les connaissances voulues du modèle d’éducation qui y prévaut. Et que les mêmes commanditaires École ensemble en ont des connaissances limitées et biaisées qu’ils interprètent à leur façon bien spéciale afin que les résultats discutables arrivent à leur réalité parallèle et à leur volonté. Et pour quelles raisons ont-ils ciblé la Finlande, et pas l’Ontario ou les États-Unis qui sont plus près de nous et qui ont à plusieurs égards les mêmes politiques économiques et fiscales? Et pourquoi pas la France ou l’Italie? Vous le savez fort bien, un sondage commandé par quiconque produit toujours les résultats désirés et les mesures préconisées par le commanditaire. Les sondages n’ont absolument rien de scientifique. La devise de firmes de sondage : «Paie et dis-moi ce que tu veux comme réponse».
Qui veut l’école privée subventionnée? Le patronat et les riches
Au Québec, les écoles privées subventionnées à plus de 500 millions de dollars l’an par le gouvernement du Québec n’ont de privé que le nom. Dire que Philippe Couillard et Jean Charest ont coupé des milliards de dollars dans le financement de nos écoles publiques sans jamais réduire les généreuses subventions publiques aux écoles privées. Le patronat, en théorie, est contre la présence de l’État dans l’économie et veut toujours sabrer dans les services publics, sauf quand vient le temps de subventionner les compagnies, l’école, les garderies et la santé privée. En 2014, l’ex-président du Conseil du patronat du Québec, l’étincelant Ghislain Dufour, avait rédigé cette opinion dans La Presse du 8 octobre 2014 : «Coupes dans l’école privée. Un coût additionnel pour l’État». La solution du monsieur était plutôt de couper vigoureusement dans l’école publique. Michel Kelly-Gagnon, ancien boss du Conseil du patronat et actuel dirigeant de l’Institut économique de Montréal, a pondu cette touchante opinion dans leur blogue du JDM, le 5 janvier 2016 : «L’école privée profite à tous les élèves québécois». Et l’économiste émérite de l’UQAM qui faisait partie des lucides autoproclamés, Pierre Fortin, ayant reçu un contrat de consultation, a dit : «Les Cégeps privés font économiser beaucoup chaque année à l’État» (La Presse, 8 février 2014).