Les mensonges verts et humanistes des banquiers

https://www.lapresse.ca/affaires/finances-personnelles/2020-03-31/les-banques-n-ont-pas-reduit-les-taux-d-interet-malgre-la-demande-d-ottawa

Le pattern du patronat pour emberlificoter le monde

Toutes les grandes entreprises se donnent une image de bienfaiteur en faisant beaucoup de publicité à la radio, la télé, dans les médias écrits et sur les réseaux sociaux. Elles s’achètent aussi souvent des articles de journaux. Mais, d’un autre côté, elles sont les premières à monter au front, et à saupoudrer leur démarche de menaces, pour exiger des baisses d’impôts et des coupures dans tous les programmes sociaux tout en utilisant à fond de train les paradis fiscaux afin d’éviter les impôts sur le revenu. Pour redorer leur apparence, elles embauchent de nombreux lobbyistes de grosses boîtes de relations publiques, des arnaqueurs, des comédiens, et financent des chaires universitaires et leurs professeurs. Comme elles font beaucoup de publicité dans les médias, elles s’assurent de leur bienveillance et de leur docilité, sinon de leur parti-pris. Oui les organes de presse peuvent les critiquer mais pas trop et pour la forme seulement. Ainsi va le capitalisme.

Les prix shylokiens sont le résultat des lois naturelles du marché

Au haut de l’escabeau pour tromper le monde sur leur véritable nature et sur leur essence intrinsèque, il y a bien sûr les pharmaceutiques, les pétrolières, les minières, les firmes technologiques, les GAFAM et bien évidemment les banques. Toutes ces firmes et leurs dirigeants sont louangés à tour de bras par les politiciens et les journalistes qui voient en eux des créateurs d’emplois et des visionnaires. Jamais ils ne perçoivent dans leurs agissements des germes de profiteurs. Même si dans plusieurs secteurs économiques ils opèrent dans un contexte oligopolistique, élus, chroniqueurs et universitaires émérites voient plutôt, avec leurs lunettes roses, un contexte de vive concurrence (internet, banques, pharmaceutique, transport aérien et ferroviaire) et expliquent les prix et les tarifs élevés par l’application des prétendues lois naturelles du marché. Les dirigeants d’entreprises n’y sont pour rien.

L’hypocrisie crasse des banques et le coronavirus COVID-19

Ah ben chose, dans Le Devoir du 24 mars 2020, la Banque TD (Toronto-Dominion) s’est payée une pleine page de publicité à saveur humaniste et empathique sur le fléau du coronavirus CIVID-19 qui a frappé partout fans le monde. Le texte s’intitulait : Nous sommes avec vous». À vous arracher une larme ou deux. Il est écrit dans ce pamphlet publicitaire, ces choses vraiment touchantes qui nous vont droit au cœur : «La TD a toujours été fière de servir (et d’arnaquer) la population canadienne. Notre logo symbolise notre promesse d’enrichir nos collectivités (et s’enrichir aussi) en ces temps difficiles. Le Canada traverse une période éprouvante (mais pas elles qui ont déclaré en pleine période de pandémie des profits et des dividendes records), et nous sommes tous touchés de façon très personnelle». Moi, ces belles paroles viennent me chercher au plus profond de mon être. La Banque TD termine son évangile ainsi : «À nos millions de clients, nous sommes là pour vous». Ça y est, je me remets à pleurer.

Justin exprime seulement un souhait sans rien exiger

Et afin d’aider les gens durant la pandémie, Justin Trudeau, lui aussi très fourbu, a dit qu’il «souhaitait» une baisse des taux d’intérêt gargantuesques qui frisent les 20% pratiqués par les banques sur leurs cartes de crédit Visa et Mastercard (Le Journal de Montréal, 26 mai 2020). Justin, le pantin des États-Unis, a juste exprimé un «souhait» et pas plus. Il ne faut surtout pas irriter les banque qui fournissent plusieurs ministres en politique, en les obligeant à réduire un tant soit peu leurs taux d’intérêt, même en période de profits records annuels.

Réponse fraternelle des banques canadiennes : «Les banques n’ont pas réduit les taux d’intérêt sur leurs cartes de crédit malgré la demande d’Ottawa et de Justin Trudeau» (La Presse, 31 mars 2020). Ce qui me fait dire comme la Banque Toronto-Dominion : «nous sommes avec vous» afin de continuer à vous déplumer. Voyons donc, les banques et toutes les compagnies ont pour seul objectif le bien-être de leurs actionnaires et de leurs dirigeants, quitte à polluer, à détourner de l’argent dans les paradis fiscaux, à exploiter les travailleurs, ici et dans les pays pauvres, et à mentir effrontément.

La Banque Royale veut une société verte et inclusive

D’autres belles paroles touchantes venant cette fois du grand patron de la Banque Royale du Canada publiées dans Le Devoir du 9 avril 2021 : «Le patron de la Royale plaide pour un Canada plus vert et plus inclusif». C’est beau ça comme attrape-nigaud? Plus égalitaire qu’il a aussi mentionné. Encore de l’hypocrisie de première classe quand on lit en parallèle à ces vœux pieux cet article paru dans Le Devoir du 3 mars 2022 : «Environnement. L’aide des grandes banques canadiennes (incluant la Royale, la plus grande institution financière du Canada) aux énergies fossile bondit de 70% en 2021». Et comme le Canada et les States veulent à tout prix écarter les Russes du marché européen, à la faveur du conflit en Ukraine qu’ils alimentent et stimulent, il faut évidemment s’attendre à une hausse significative de la production du pétrole et du gaz de schiste et de celui des sables bitumineux et aussi à la construction de beaux pipelines et oléoducs au pays afin d’exporter en Europe. Et qui va, selon vous, financer ces gros investissements?

Pour ceux qui encore n’ont pas versé de larmes, voici une autre publicité de la Royal Bank parue dans La Presse du 22 octobre 2013 qui va vous faire succomber : «Quand on croit en nos enfants, ils peuvent s’épanouir». Aie, c’est n’importe quoi.

La TD veut, elle aussi, un pays plus égalitaire

Rien à l’épreuve des banques pour vous intoxiquer et vous soumettre. Cette fois c’est cet article paru dans Le Devoir du 25 novembre 2014, genre publireportage, qui m’a touché : «Le Canada doit agir contre la montée des inégalités (mais sans augmenter le salaire des employés ordinaires, ou si peu, et sans hausser le salaire minimum) dit la Banque TD». Pourquoi nos médias publient-ils toute cette propagande d’affaires? Quels sont les critères qui les incitent à pondre un article truffé de telles inepties? Ah oui, le titre de l’article «infopublicité» se terminait ainsi : «La fiscalité canadienne gagnerait à être plus progressive», mais sans toucher aux paradis fiscaux, aux techniques d’évitement fiscal et sans augmenter l’impôt des entreprises et des riches. Alors qui va-t-on taxer afin de rendre notre fiscalité plus progressive? Si le patron de la Banque TD dit que la fiscalité canadienne doit être plus progressive, c’est donc qu’il admet qu’elle ne l’est pas actuellement, et que certains ne paient pas leur juste part d’impô?

Pas touche aux impôts des banques sinon fini le financement des politiciens

Après avoir dit, afin d’épater la galerie, qu’il fallait une fiscalité moins régressive, et ben la vraie nature des banques est ressortie en 2021 lorsque Justin Trudeau a suggéré d’augmenter l’impôt sur le revenu des banques sur leurs profits exceptionnels. Et ben le p.d.g. de la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC), monté sur ses grands chevaux, a ordonné à Justin de ne pas hausser les impôts des banques et d’aucun secteur industriel au risque, selon lui, de faire fuir les capitaux du pays et de rentre l’industrie bancaire moins compétitive. Comme si actuellement au Canada il y avait une concurrence véritable entre les cinq grandes banques qui forment de fait un oligopole. Elles ont toutes les mêmes taux d’intérêt et frais bancaires et les augmentent toutes en même temps comme dans les industries pétrolières et du sans-fil : «La CIBC défend les banques en réplique à Trudeu qui propose d’augmenter le taux d’imposition de l’industrie bancaire» (Le Devoir, 27 août 2021).

Philanthrope, mécénat de surface et profits records

Pandémie ou pas, voilà où mène la solidarité des banques face à l’épreuve du virus COVID-19 : «De juteux profits pour les banques en 2021. La cagnotte s’élève à 61 milliards$, une hausse de 39% par rapport à la cuvée précédente» (Le Journal de Montréal, 14 mars 2022). En 2021, un bénéfice net de «seulement» 16 milliards$ pour la charitable Banque Royale et de 14,3 petits milliards$ pour la généreuse Banque TD. Des banques fortes en babines afin de pouvoir toujours plus vous détrousser avec de belles paroles creuses. Et il ne faut surtout pas suggérer d’augmenter leurs impôts : n’y pensez même pas.

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