
Le ministre fédéral Champagne fulmine pour la galerie
La récente panne massive du réseau de Rogers a affecté pendant au moins 20 heures des millions de Canadiens à plusieurs niveaux, dont l’incapacité d’utiliser leurs cartes de débit, a nui aux services d’urgence et aux commerçants, etc. Voilà ce que donne la présence de monopoles et d’oligopoles privés regroupant d’immenses transnationales qui font la loi : les politiciens sont leurs subalternes. Au Canada, le trio Bell-Rogers-Telus contrôle environ 80% du marché du sans-fil. C’est ce que l’on appelle un oligopole, qui sera renforcé puisque Rogers vient d’acquérir son compétiteur Shaw pour 26 milliards de dollars. Et oligopole rime avec consommateurs pris en otage et gros prix : «Les données mobiles, plus chères au Canada que presque partout ailleurs» (Radio-Canada, 13 août 2020). À plusieurs reprises, les élus ont promis de faire baisser ces prix exorbitants qui constituent un vol institutionnalisé mais sans aucun résultat. Une autre preuve que l’on vit en Occident sous la dictature des puissants agents économiques que l’on ose appeler démocratie. Tous les partis politiques, quels qu’ils soient, doivent se soumettre.
Une autre parodie
Comme dans bien d’autres cas impliquant les excès des pharmaceutiques, des banques, des ferroviaires, des pétrolières et des télécommunications, nos élus grimpent toujours dans les rideaux en simulant que ce sont eux qui mènent au pays et qu’ils vont mettre les fripouilles au pas. Bien évidemment, absolument rien ne chance et les consommateurs continuent de se faire joyeusement arnaquer sous le couvert hypocrite d’excuses farfelues comme les tempêtes de neige, la guerre en Irak, les tornades, les chaînes d’approvisionnement, le conflit au Yémen, etc.
Alors, suite à la dernière méga panne du réseau de Rogers, le ministre libéral fédéral de l’Industrie, monsieur François-Philippe Champagne, a qualifié d’inacceptable ce bris de service et fâchés et crinqué, il va rencontrer en personne le patron de Rigers, Tony Staffieri, qui va le recevoir poliment, mais qui va l’envoyer péter dans les fleurs : «Panne de réseau. Le ministre Champagne rencontrera le p.d.g. de Rogers» (Le Devoir, 11 juillet 2022). Ces politiciens sont responsables de cette situation et des prix shylockiens imposés par l’oligopole canadien des communications formé de Bell-Rogers-Telus-Vidéotron, eux qui ont autorisé les fusions-acquisitions dans cette industrie et qui ont privatisé sans débat public et pour des peccadilles les joyaux publics Télésat et Téléglobe.
Oh, oh, le CRTC intervient
La comédie se poursuit. Voilà que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) entre en action : «Le CRTC demande des explications à Rogers. L’agence fédérale veut connaître le «pourquoi» et le «comment» de la panne de vendredi dernier» (Le Devoir, 13 juillet 2022). On n’ira pas plus loin que de demander des explications que Rogers se fera un plaisir de fournir et ainsi le CRTC s’en satisfera afin de clore le dossier et passer à un autre appel.
Remise en question de l’oligopole, mais pas trop
«Remise en question dans le monde des télécoms. Regard sur les avenues possibles pour éviter une nouvelle panne majeure d’un océan à l’autre», tel était le titre de l’article rédigé par la journaliste Violette Cantin et publié dans Le Devoir du 12 juillet 2022, article qui s’assimile un peu beaucoup à un communiqué de presse émis par l’industrie. La journaliste «d’enquête» a interviewé deux experts qu’elle a choisi avec grand soin afin d’avoir des spécialistes pragmatiques qui formulent des recommandations raisonnables et raisonnées, dont le consultant Robert Proulx, qui compte 40 ans d’expertise dans le domaine et qui est, tenez-vous bien, diplômé du MIT aux États-Unis qu’a dit la journaliste afin de nous démontrer toute la compétence de son spécialiste émérite. Bon, naturellement, les deux éminences grises se prononcent contre toute forme de nationalisation et ne font que suggérer des semblants de solutions qui aboutissent au statu quo. Et pour fini son texte percutant, je dirais même révolutionnaire, la journaliste Violette Cantin, s’épanche en disant que : «Puisque Ottawa (PLC) a annoncé le déclenchement d’une enquête, Rogers n’échappera pas à un solide examen de ses pratiques». Aie, ce n’est pas avec ce genre de pamphlet journalistique que l’on va changer le monde et que l’on va faire des enfants forts.
Legault et Trudeau s’en prennent une fois de plus à l’oligopole du sans-fil… pour la forme
Plusieurs fois, le gouvernement caquiste de François Legault et le gouvernement fédéral de Justin Trudeau s’en sont pris à la mafia corporative canadienne des télécommunications (Vidéotron-Bell-Rogers-Telus) en critiquant leurs tarifs shylockiens et en lui reprochant de ne pas desservir les régions : «Legault dénonce le manque de connexion rapide» (Le Journal de Montréal, 7 octobre 2020). Malgré les semonces électoralistes, l’oligopole a refusé d’aller en régions, tout comme Air Canada d’ailleurs, à moins de recevoir plus de 2 milliards de dollars en subventions, même si ces compagnies réalisent des milliards de dollars en profits chaque année, sans encourir de risques puisqu’elles opèrent dans un contexte oligopolistique : «Ottawa réserve 1,75 milliard$ pour l’accès à internet à haute vitesse» et ««CAQ. 826M$ pour l’internet haute vitesse en région (rendu à plus de 1,3G$)» (Le Journal de Montréal, 9 novembre 2020 et 22 mars 2021). Dans nos sociétés capitalistes et démocratiques, qui mène vraiment, je vous le demande? La population, les gouvernements, les transnationales, les oligarques…?
Les politiciens, de simples figurants
Une vraie farce vos démocraties qui ne sont qu’une illusion. Voici quelques exemples récents qui démontrent bien qui dirige au Canada et en Occident. Vous le savez, au pays, le transport par trains est un monopole de fait avec la présence de seulement deux gros joueurs qui s’entendent comme larrons en foire et qui font la loi. Alors, face à une diminution de service inquiétante, Justin Trudeau a réprimandé le Canadien National (CN, une ex-société d’État) et le Canadien Pacific (CP) : «Ottawa lève le ton à l’endroit du CN et du CP» (La Presse, 7 juillet 2022). Voilà, pas besoin d’en faire plus : seulement à élever la voix pour que le CN et le CP s’amendent honorablement. Ils ont eu très peur. Vous n’avez pas l’impression de faire rire de vous?
Le prix du bois (et des aliments et du pétrole) augmente et nos élus n’y peuvent rien
«Le ministre caquiste des Forêts Pierre Dufour sans arme pour combattre la montée en flèche du prix du bois» (Le Journal de Montréal, 12 mai 2021). Comme pour le pétrole et les aliments, l’éminent ministre caquiste a affirmé la main sur le cœur que : «Il s’avoue démuni pour lutter contre les forces du marché (sic)» (Le Journal de Montréal, 12 mai 2021). Et afin que le «marché» se renforcisse : «Domtar acquiert Produits forestiers Résolu pour 2,7 milliards$ US» (La Presse, 6 juillet 2022). L’ex-ministre libéral, Pierre Paradis, avait quant à lui dit, afin de justifier son inaction face au monopole exercé par Mosanto-Bayer, que : «Les géants des pesticides sont plus puissants que l’État» (Le Devoir, 23 octobre 2015). Donnons raison à Québec solidaire quand ils clament que : «Le Canada est à genoux devant Bayer» (Radio-Canada, 23 juillet 2021). À genoux pas seulement devant Bayer, n’est-ce pas?
La démocratie capitaliste au service de la classe dominante
Parlons maintenant évasion fiscale, qui est une fraude, dans les paradis fiscaux : «Près de 900 Canadiens sont cités dans les Panama Papers» (Le Devoir, 3 avril 2019).
Et puis, qu’est-il arrivé que vous me demandez? Voici la réponse : «Seulement 12 Canadiens identifiés (sur 900) doivent rembourser. Ottawa a envoyé une poignée d’avis de cotisation trois ans après le scandale des «Panama Papers» (Le Journal de Montréal, 18 février 2019). Plus facile de pourchasser fiscalement les ptites gens, n’est-ce pas? La ministre libérale fédérale du Revenu, madame Diane Lebouthillier, qui n’est pas du tout outillée pour régler le problème récurrent de l’évasion fiscale, a largué candidement cette perle : «Ottawa admet son impuissance à saisir de l’argent caché à l’étranger» (Le Journal de Montréal, 22 janvier 2019). Oui, avec un minimum de volonté, ne politiciens occidentaux pourraient éliminer de la carte tous les paradis fiscaux en interdisant aux individus, aux entreprises et aux banques de transférer de l’argent dans ces territoires de havre fiscal et en levant contre ces endroits des embargos et des sanctions et l’interdiction d’utiliser leur monnaie, le dollar. Mais Ils préfèrent en lever contre la Russie, la Chine, l’Iran et Cuba car ce sont leurs maîtres économiques qui utilisent les aimables paradis fiscaux. Voilà pourquoi le chroniqueur du Devoir, Gérard Bérubé, genre réceptionniste, a affirmé en 2018 que : «Hausser l’impôt des mieux nantis ne rapporte pas» (Le Devoir, 29 septembre 2018). Ce qui rapporte c’est de taxer les moins nantis.