L’eau privatisée et livrée aux spéculateurs boursiers

https://www.ledevoir.com/economie/599410/une-financiarisation-de-l-or-bleu

L’intérêt mercantiliste des spéculateurs prime sur le bien commun

Après le pétrole, le blé, le maïs, l’électricité, le nickel, le cuivre et j’en passe voilà maintenant que l’eau est privatisée et des banques qui offrent à leurs clients d’acheter des instruments financiers, sous forme de contrats à termes négociés à la Bourse, comme celles de Chicago et du Nasdaq, dans nos fabuleuses sociétés occidentales, capitalistes, et prétendument démocratiques. Cela ne fait qu’exploser les inégalités économiques en enrichissant davantage les monarques, ces parasites qui engrangent des milliards de dollars chaque année en ne créant aucune plus-value collective. Bien au contraire, ils accentuent la misère humaine et la famine dans le monde, bien plus que les Russes qui défendent le Donbass en Ukraine peuplé essentiellement de russophones. Nos médias privés occidentaux font peu de cas de la spéculation qui alimente les hausses de prix de plusieurs produits de base. Plus facile de tenir les Russes et les Chinois responsables de l’appauvrissement de la classe moyenne et des démunis. Pour mettre fin à ces arnaques, il faudrait nationaliser de droit les forêts, le pétrole, l’eau, les mines, les grandes terres agricoles qui sont des ressources naturelles qui appartiennent à la collectivité. Ce n’est pas en misant pompeusement sur la souveraineté alimentaire, comme le fait la CAQ, que l’on va régler le problème.

Le réchauffement climatique accentue les pressions pour la privatisation de l’eau

Ça fait longtemps que le patronat et sa milice universitaire plaide pour la privatisation de l’eau et même de la mer afin de mettre la main sur les poissons et la pêche. Grâce au privé et au marché spéculatif, on pourrait, qu’ils disent, fixer le juste prix de ces ressources vitales à la vie. Mes amis, est-ce qu’il y a plus bien universel et public que l’eau et l’air que l’on va probablement un jour, en raison de la pollution, privatiser? Les charlatans de la privatisation prétendent que la gratuité de l’eau et à sa propriété collective par le biais de la privatisation. Ainsi les entrepreneurs aquatiques pourront alors fixer le juste prix de l’eau grâce au marché spéculatif boursier. Avec le réchauffement climatique, déjà plusieurs régions et pays sont en pénurie d’eau, d’où les pressions de plus en plus vocales et patronales pour la privatiser, ce qui fera augmenter davantage le prix des aliments car les agriculteurs ont besoin beaucoup d’eau : «L’ONU redoute une pénurie mondiale d’eau d’ici 15 ans» (Le Devoir, 21 mars 2015). Le pape François a eu bien raison de dire ceci dans son encyclique Laudate Si : «Il est prévisible que le contrôle de l’eau par de grandes entreprises mondiales deviendra l’une des principales sources de conflits de ce siècle».

Qui milite pour la privatisation de l’eau à des affairistes?

Oui, ce sont les mêmes truands qui préconisent depuis toujours la privatisation de tout, de la santé aux transports en commun, en passant par les garderies, l’électricité, le pétrole et j’en passe. Déjà en 2006, une étude très orientée de la Canadian Imperial Bank of Commerce (CIBC) «anticipait un brillant avenir pour les entreprises actives dans le domaine de l’eau» (tiré de l’article «Après le pétrole, l’eau…» publié dans le Journal de Montréal du 28 novembre 2006).

Bien évidemment, les universitaires affranchis comme l’économiste Marcel Boyer de l’Université de Montréal; les organismes de recherche d’extrême droite liés au patronat, comme l’Institut Fraser, l’Institut économique de Montréal (IEDM) et l’Atlantic Institute for Market Studies; les ex-éditorialistes de La Presse Claude Picher et Alain Dubuc, maintenant professeur émérite aux HEC de Montréal accroché au privé et enfin certains politiciens comme l’étincelante ex-ministre libérale des Finances, Monique Jérôme-Forget, qui avait carrément le dédain pour les services publics et les sociétés d’État et qui avait dit, sans aucune preuve, que l’eau du robinet de Montréal était imbuvable : «Les eaux troubles de Madame Forget» (Le Devoir, 17 septembre 2003).

La chroniqueuse étincelante du Journal de Montréal

Nathalie Elgrably est une chroniqueuse économique vedette au JDM depuis très longtemps. La dame est de la très grosse droite et a été à l’emploi de l’Institut économique de Montréal (IEDM) et de l’Institut Fraser. Dans son étude hérétique publiée en 2008, que tous nos médias ont repris joyeusement, elle a largué des énormités comme celles-ci : «L’eau est bien trop précieuse pour en confier la gestion aux gouvernements (donc le privé c’est mieux). Pour l’eau, Nathalie dit nettement préférer la propriété privée et le libre marché. Les entreprises ont une vision à long terme (pas l’État). Je n’ai pas à me défendre de prendre pour le marché. Ce sont plutôt les «interventionnistes» qui ont à se défendre» (La Presse, 20 novembre 2008). Et cette dame sévit comme chroniqueuse au JDM depuis plusieurs années et se fait un devoir de toujours mettre de l’avant ces idées d’extrême-droite afin d’anesthésier le lecteur. Face aux hausses de prix répétées de l’essence, Nathalie défend toujours courageusement les pétrolières. Les chroniqueurs de la droite vigoureuse règnent au JDM : Facal, Martineau, Dumont, Bock-Côt, Elgrably et cie : en plus ils dégoulinent à TVA et LCN.

IEDM : privatiser l’eau et d’enrichir collectivement

Une chance que le ridicule ne tue pas. Toujours en 2008, l’IEDM accouche d’une énième étude préconisant la privatisation de l’eau et son exportation. Ah mon Dieu que nos médias ont adoré l’œuvre de l’IEDM et y consacré une large couverture, comme cette pleine page du JDM du 28 août 2008 : «Un potentiel énorme selon l’IEDM». Sans aucun sens critique, le journaliste asservi prend pour du «cash» toutes les inepties du club de recherche qui se prétend indépendant tout en étant financé «full-pin» par le patronat. Ben oui, que les chercheurs dépendants de l’IEDM ont affirmé : «Si on privatise l’eau et qu’on l’exporte, l’État encaissera des milliards de dollars en redevances. Tellement grossier comme argument. Une insulte à l’intelligence. Que de la poudre aux yeux. Le tata journaliste du JDM Martin Bisaillon aurait pu simplement rétorquer que cela relève de la fumisterie et de la pensée magique car les redevances annuelles versées au gouvernement du Québec par les minières et les forestières représentent des montants insignifiants largement inférieurs aux subventions directes et indirectes qu’elles reçoivent de l’État comme le coût public de la construction de routes et de ports, le reboisement, la décontamination, les tarifs bonbons d’électricité, etc. C’est connu, l’IEDM et les journalistes dits «professionnels» aiment bien rire du monde. Pire que le JDM, La Presse titrait le 28 août 2008 : «Des milliards (pour l’État) avec l’eau (privatisée) du Nord». Vraiment pathétique. Le JDM a renchéri avec le titre suivant : «Des milliards pour le Québec». Encore une épitre de l’IEDM qui a eu droit a une grosse page de texte.

La meilleure vient de l’universitaire Marcel Boyer

Marcel Boyer, professeur en économie à l’Université de Montréal, a longtemps été «chercheur associé émérite» à l’IEDM. Tsé veut dire? Alors privatiser l’eau au Québec et l’exporter au gros prix dans d’autres pays pour l’éminent chercheur (qui a été sur plusieurs comités et commissions mis sur pied afin de moderniser l’État par Charest et Couillard), un geste caritatif et philanthropique comme l’indique si bin le titre sulfureux de sa brillante opinion publiée dans le très cher Devoir du 26 juillet 2018 : «Partager (en la privatisant bien entendu) l’eau (grâce à l’exportation) pour l’éthique (sic) et le commerce (la business quoi et les gros profits engrangés par nos futés «entrepreneurs»). Et Le Devoir qui se fait un devoir éthique de publier ce baratin de bas étage. Marcel Boyer en a publié une autre dans Les Affaires du 30 août 2008 intitulée : «Le Québec devrait exporter son eau douce (après l’avoir privatisée bien évidemment). La détermination de prix concurrentiels (pour l’eau) pourrait inciter à une meilleure utilisation de l’eau (finie la gratuité)». Si je comprends bien, on peut dire ça aussi du pétrole partagé et exporté par l’Arabie saoudite et la Russie : ils font preuve d’un comportement éthique, caritatif et plein de générosité.

L’eau négociée à la Bourse par les spéculations

Incroyable mais vrai, depuis 2020, les nombreuses sécheresses, incendies et vagues records de chaleur aidant, l’eau est dorénavant négociée à la Bourse aux États-Unis (Chicago et Nasdaq) par le biais d’instruments financiers et de contrats à terme. On en est rendu là, incroyable mais vrai. Fini la gratuité de l’eau et sa propriété collective : «La valeur de l’eau en Bourse atteint des sommets» et aussi «Toujours plus rare, l’or bleu cartonne à la Bourse» (Le Devoir, 29 juillet 2022 et 23 avril 2021). Ah qu’il fait bon vivre dans des pays capitalistes démocratiques. Qui a milité pour la privatisation de l’eau aux states? Elle est où la liberté des gens vivant supposément dans des pays démocratiques? Mais chez l’Oncle Sam et de plus en plus de sociétés à propriété collective, les ressources naturelles et les services publics ont été privatisés. C’est la population qui a voulu ça? Mais, vous avez toujours la liberté de chialer et de manifester «pacifiquement» sans rien briser, ce qui ne changera rien à l’ordre du jour prévu par la classe dominante. Sur ce, je dois absolument vous quitter. Je m’en vais téléphoner à mon courtier de banque afin d’acheter des contrats à terme sur l’eau et tant qu’à y être, pourquoi pas sur le blé!

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