
Rafistolage et niaiserie
Déjà dans les années 1970, notre système de santé publique vivotait. Et puis, au nom de l’idéologie capitaliste antidémocratique, les gouvernements péquistes de Lucien Bouchard et les libéraux de Jean Charest et de Philippe Couillard ont retranché des milliards de dollars à la santé publique afin d’atteindre le déficit zéro et de réduire la dette publique, même si le Québec jouissait d’un des meilleurs coefficients d’endettement au monde selon les firmes de notation Moodys et Standard and Poors. Assécher la santé publique et d’autres services publics, comme l’éducation, était voulu, planifié et exigé par la classe dominante afin de les privatiser à des affairistes véreux. Ça fait qu’aujourd’hui le Québec est celui qui fait le plus de place au privé au Canada en santé et en éducation. Et la privatisation continue de plus belle façon éhontée : «Québec (CAQ) veut que le privé puisse augmenter l’offre en santé» (Le Devoir, 26 février 2022). Alors que le réseau public manque dramatiquement de médecins et d’infirmières, on privatise, sachant très bien que les cliniques et les hôpitaux privés vont délester le système de santé publique de leurs faibles ressources humaines, ce qui va naturellement empirer les choses. Personne ne peut prétendre le contraire, à moins d’être un hypocrite ou un menteur. En passant, pour les marchands d’illusion qui, dans leur baratinage, affirment que le privé dans tout c’est mieux que le public, aux États-Unis, le système de santé est intégralement privé avec ses transnationales cotées à la Bourse, et c’est celui qui, en Occident, de loin est le plus couteux. Dans votre utopique marché, la concurrence est une vue de l’esprit. Mes amis, comme le Canada et le Québec ne sont pas des pays vraiment souverains, étant assujettis aux États-Unis sur les plans économique, politique, culturel et social, alors comme aux States, pratiquement tout est privatisé, dont notre système de santé. Ça veut dire qu’en vérité, dans le futur, notre système de santé publique québécois sera de plus en plus privatisé, malgré toutes les fausses promesses et les mensonges formulés par vos charlatans de politiciens au fil des ans. Jamais, et je dis bien jamais, nous allons avoir un droit à un système de santé publique comparable à la France ou le Royaume-Uni et encore moins à la Finlande ou au Danemark.
Des promesses en l’air pour mieux rire de vous
Au cours des dernières années, les politiciens vous ont fait éhontément des promesses, sachant à l’avance qu’ils ne les respecteraient pas par manque de courage et de volonté, comme celles-ci :
- «La CAQ promet un médecin de famille à tous d’ici 12 mois» (Le Devoir, 4 août 2012). Oui, une promesse creuse qui date de 2012 et vous les avez béatement crus;
- «Le PLQ promet un médecin de famille pour tous» (Le Devoir, 24 août 2022). Les libéraux, d’authentiques bouffons qui viennent, en 2022, faire cette promesse alors que Barrette a toujours prétendu qu’il y avait trop de docteurs au Québec. Vivement la disparition du PLQ comme l’ont été le crédit social et l’Union nationale;
- «Un médecin ou une super infirmière en moins de 36 heures, promet la CAQ» (Le Journal de Montréal, 2 septembre 2018). Celle-là date de 2018. À chaque élection, c’est le festival des menteries;
- «La cause des maux en santé (là, il avait raison) : François Legault prône une approche plus musclée avec les médecins» (La Presse, 23 février 2011). En 2018, il avait promis de retrancher pour plus d’un milliard de dollars à leurs salaires astronomiques et François s’est écrasé face à ce puissant syndicat. Non seulement il n’a pas réduit leur rémunération d’un milliard de dollars par année, ne les a pas gelés comme il l’avait aussi promis par après mais les a augmentés d’un milliard de dollars l’an : «Un milliard aux médecins de familles… et toujours plus d’attente» (Le Journal de Montréal, 8 octobre 2020). C’est ça l’approche musclée de François Legault?
- Toujours en 2018, la CAQ promet de voir un médecin en 90 minutes à l’urgence. Résultat : «Toujours (plus de) deux heures pour voir un médecin à l’urgence» (Le Devoir, 27 avril 2022). Et aussi : «Santé Québec. Parmi les pires urgences en Occident (c’est ça le modèle québécois). Les séjours moyens des patients sont plus du double des normes internationales» (Le Journal de Montréal, 3 juin 2016). Un système digne d’un pays du tiers-monde que je vous ai dit et on endure ça. Au moins nos urgences mettent le Québec sur la «map».
Tant que l’on ne s’attaquera pas à la racine du problème
Mes amis, on a beau suggérer toutes sortes de modifications cosmétiques à notre santé publique, rien ne changera tant que ce service public, comme ceux de l’éducation, de garderies et du transport en commun sera tragiquement sous-financé. Vous avez beau préconiser n’importe quel artifice, mais ceux-ci ne seront que des mirages et des mensonges. Aie, ce n’est pas avec des nouveaux organigrammes ou structure organisationnelle que l’on va améliorer les choses.
Voici quelques chiffres issus des données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Institut canadien d’information sur la santé qui démontrent sans l’ombre de la queue d’un doute pourquoi le système de santé publique va empirer tant que l’on ne s’attaquera pas sérieusement, honnêtement et courageusement à ces carences structurelles. Ne vous faites pas d’idées, vos élus ne feront absolument rien à cet effet, bien au contraire, ils vont adopter des politiques qui vont empirer la situation davantage, comme poursuivre la privatisation, car c’est ce qu’ils veulent eux et les lobbyistes du gros privé, en vous faisant accroire que cela améliorera les choses, ce qui est absolument faux ou en promettant des baisses d’impôts qui priverait l’État de milliards de dollars qu’ils devraient plutôt investir prioritairement dans la santé et l’éducation publiques. C’est justement ce que veut la majorité du monde.
Prenons le cas du nombre de médecins par mille habitants, statistique provenant des données de l’OMS :
Canada | 2,4 | Italie | 8,0 |
États-Unis | 2,6 | Grèce | 6,2 |
France | 6,5 | Finlande | 4,6 |
Royaume-Uni | 5,8 | Norvège | 4,9 |
Belgique | 6,0 | Cuba | 8,4 |
Ces quelques chiffres disent tout et expliquent tout. Prenons maintenant le nombre d’infirmières praticiennes au Canada, donnée fournie par l’Institut canadien d’information sur la santé : «L’Ontario devance le Québec en matière d’accès aux soins de santé» (Radio-Canada, 17 mars 2022).
Infirmières praticiennes par 1000 habitants :
Québec | 8 |
Ontario | 25 |
Canada | 18 |
Et dire que le Canada est à ce chapitre à la queue des pays occidentaux.
Retenant une autre données pertinente telle que formulée par l’excellent chroniqueur politique du Devoir, Michel David, dans son texte du 22 janvier 2022 et qui a trait au nombre de lits par million d’habitants :
Québec | 1865 lits |
Canada | 2500 lits |
France | 5800 lits |
Japon | 12 800 lits |
Voilà le cœur du problème. Vous avez bien beau suggérer n’importe quoi tant que l’on augmentera considérablement le nombre de médecins, d’infirmières, de lits, etc., notre système de santé publique va continuer à dépérir à vitesse grand V, comme ce fut le cas au cours des dernières années, malgré les belles fausses promesses. Aie vous privatisez et déjà dans le système public il manque des médecins et des infirmières. Ça va donner quoi comme résultat selon vous? Et si vous baissez les impôts, l’État va prendre son argent où pour reconstruire un tant soit peu notre misérable système de santé publique? Un système inhumain! Elle est où votre liberté dans votre beau pays soi-disant démocratique?
Des leurres comme politique de changement afin d’appâter les nigauds
Juin 2020, Legault nomme le député et homme d’affaires Christian Dubé ministre de la Santé avec pour objectif : «Diagnostiquer ce qui ne va pas» (Le Devoir, 23 juin 2020). Encore du gros niaisage. Ça ne prend pas un génie pour savoir ce qui manque. Monsieur Dubé vient de nous pondre un remède superficiel qui ne règlera absolument rien : «La CAQ veut scinder le ministère de la Santé» (Le Devoir, 18 août 2022). Ce n’est pas ça qui va compenser le manque flagrant de personnel et d’investissement. Le PLQ, pas mieux, veut mettre en place un organisme étatique indépendant en santé» (Le Devoir, 29 novembre 2021). Mais la meilleure solution comique est venue de nul autre que l’ex-ministre libéral de la santé, Yves Bolduc : «Santé : Bolduc s’inspire de la méthode Toyota» (La Presse, 14 juillet 2008). Pourquoi pas la méthode Chrysler?