
Les défenseurs des riches au front
Vous le savez bien que les pontifes ont toujours leurs croisés pour les défendre et les louanger, la concentration de la richesse (en faisant valoir son ruissellement bienfaiteur), leurs paradis fiscaux, leurs stratégies d’évitement fiscal, le mérite des baisses d’impôts pour les nantis, la création de richesse par la privatisation de nos services publics et de nos sociétés d’État, etc. Aie, ne proposez pas au Québec d’augmenter un peu l’impôt sur le revenu des monarques car vous allez vous faire taxer de socialistes et d’ignorants qui s’attaquent injustement à la crème de la société. Parmi ces courageux experts au service de la classe dominante, il y s les organismes de recherche financés par le patronat comme le C.D. Howe, le Conference Board, le Fraser Institute, l’Institut économique de Montréal, HEC Montréal, etc. Les Crésus ont aussi leurs universitaires affranchis comme Luc Godbout, Pierre Fortin, Robert Gagné et d’autres et bien évidemment leurs propres gros médias écrits et parlés avec leurs journalistes et chroniqueurs émérites : il y a aussi des organismes (ONG) au nom trompeur financés par la caste supérieure comme la Fédération canadienne des contribuables (nantis) : «Taxe sur les ultra-riches (Le Devoir, 31 août 2021). Comptez plutôt sur le 99%».
Québec solidaire ose vouloir instaurer une taxation équitable
Au Québec, proposer et de hausser quelque peu d’impôt des riches et des compagnies est un sujet tabou même si, en 2017, le FMI avait dit : «On devrait augmenter les impôts des plus riches» et aussi en 2013 : «Taxez les riches, dit le FMI» (Le Devoir, 12 octobre 2017 et 10 octobre 2013). Et en 2012, l’ONU et l’OCDE mentionnaient : «L’ONU veut taxer les super-riches» et «OCDE : «les Américains les mieux nantis devraient payer plus d’impôts» (La Presse, 6 juillet 2012 et Le Devoir, 27 juin 2012). Il y a aussi Obama et Biden : «Joe Biden prévoit de taxer les plus riches» (Le Devoir, 29 mars 2022). Aux États-Unis même les plus riches du monde comme Buffet et Gates ont plaidé pour plus de justice fiscale et pour une augmentation de leurs impôts : «Les riches américains devraient payer plus d’impôts» (Le Devoir, 6 octobre 2010).
Warren Buffett, propriétaire majoritaire de Berkshire Hataway, a même dit qu’il était scandaleux de voir qu’il avait un taux d’impôt véritable inférieur à celui de sa secrétaire et de sa femme de ménage. Il en est ainsi car pour les milliardaires le gros de leur richesse est surtout composé de capitaux (comme des actions), de biens immobiliers et d’œuvres d’art. Les gains annuels sur ces actifs effectivement matérialisés et gagnés, mais non encaissés car non cédés, ne sont pas taxés et très peu lors de la vente car au Canada et aux États-Unis il n’y a pas d’impôt annuel sur la richesse, c’est-à-dire sur le revenu économique réel.
Qu’à cela ne tienne, Québec solidaire a osé suggérer ce que d’autres ont fait, incluant les économistes Joseph Stiglitz et Thomas Picketty et malheur lui en prit car il s’est fait tomber dessus à bras raccourcis : «QS veut un impôt sur les grandes fortunes» (Le Devoir, 7 septembre 2022). Pourtant, il y en a un dans la majorité des pays occidentaux.
La malhonnêteté «structurelle» d’Éric Desrosiers du Devoir
Éric Desrosiers c’est connu, n’est pas un partisan de hausser l’impôt sur le revenu, comme l’est aussi son maître à penser, le fiscaliste universitaire Luc Godbout, qui préfère, comme le patronat, l’augmentation de taxes régressives telles que les taxes de vente et la tarification des services publics au nom du principe de l’utilisateur-payeur : «Luc Godbout : hausser la TVQ et les tarifs pour baisser les impôts» (La Presse, 6 mars et le Devoir, 20 mars 2015). Godbout, qui pense toujours comme le patronat, est même favorable pour appliquer la TVQ et la TPQ sur les aliments (La Presse, 27 février 2015) et a reçu en 2015, le chanceux, un appui unanime et total du patronat lors de la publication de son rapport sur la fiscalité commandé par le parti libéral du Québec (La Presse, 4 septembre 2014).
Toujours en se référant aux lucides propositions de Luc Godbout, qui sont calquées sur celles de la minorité possédante (jamais Godbout parle du méfait des paradis fiscaux), le journaliste démagogue Éric Desrosiers du Devoir avait déjà publié les 11 février 2021 et 25 mars 2022 avec la parution de son article d’une page et demie intitulée : «Ces riches insoupçonnés». Là, ledit journaliste a vraiment dépassé les bornes. Pour nous dire que les riches sont déjà beaucoup taxés au Québec, il y est allé d’une démarche vraiment malhonnête en faisant appel à des faussetés, des raccourcis, des omissions et des demi-vérités.
Mes amis, je crois que je suis en mesure de critiquer le travail du journaliste Éric Desrosiers du Devoir et celui du fiscaliste de l’université de Sherbrooke, Luc Godbout, en matière fiscale car j’ai autant sinon plus de connaissances en fiscalité qu’eux suite à mes cours suivis lors de mes études de comptable agréé et de maîtrise en administration, concentration finance, et de mes six années passées dans des bureaux d’experts comptables dont trois au cabinet international Deloitte, ce qui m’a amené à préparer plus de 300 rapports d’impôt des particuliers et des compagnies. Pourtant, je ne me décris pas comme un expert en fiscalité. Je dis seulement que j’ai suffisamment de connaissances et d’études pour traiter du sujet.
Un impôt sur le revenu et non un impôt sur le nombre
Mes amis, je vais y aller succinctement pour critiquer le travail déplorable du journaliste mais j’y reviendrai dans d’autres textes car ce sont toujours les mêmes mensonges et la même démarche malhonnête que l’on utilise afin de tromper les gens pour qu’ils se résignent et viennent à penser qu’il n’est pas bon de taxer les riches et aussi les compagnies.
Premièrement, dans son pamphlet, le journaliste Éric Desrosiers mentionne cette chimère afin de nous laisser savoir que les riches au Québec paient déjà plus que leur large part d’impôts sur le revenu : «Le cinquième le plus riche des Québécois compte d’ailleurs pour plus de 70% des recettes de l’impôt sur le revenu des gouvernements». Primo, le quidam utilise les statistiques fiscales des particuliers du gouvernement. Hélas, le vrai revenu annuel de tout individu est le revenu «économique» qui inclut tous les gains, ce que ne fait pas le revenu «fiscal» utilisé pour calculer les impôts que nous devons payer dans notre déclaration fiscale, car le fisc ne taxe pas du tout de vrais revenus qui sont le lot des gens nantis, comme les gains matérialisés mais latents (car non vendus) sur les capitaux et les immeubles détenus; les gros gains sur la vente de résidence personnelle, les gains sur les options d’achats d’actions détenues par des dirigeants d’entreprises; l’utilisation d’instruments dérivés par les banques pour reporter les gains sur la vente massive d’actions de compagnies détenues; etc. et le fisc taxe seulement la moitié des gains de capitaux cédés et vendus (dont la moitié n’apparait pas dans les revenus fiscaux, etc.
Dire que 20% des Québécois les plus riches paient 70% de tous les impôts est fallacieux car l’impôt porte bien son nom : c’est un impôt sur le revenu et non un impôt sur le nombre. Monsieur Desrosiers, soyez honnête et donnez-nous le revenu économique véritable de votre 20% de Québécois les plus riches et après on vous dira s’ils paient leur juste part. Monsieur Desrosiers, les statistiques fiscales sont celles déclarées par le contribuable : elles excluent donc les revenus «shippés» dans les paradis fiscaux. Kaptich? Et puis le ministère du revenu publie les statistiques fiscales des particuliers et celles des compagnies. Alors monsieur Desrosiers, vos statistiques fiscales des particuliers que vous utilisez avec votre ami Luc Godbout excluent les milliers d’individus qui s’incorporent en compagnies. Ainsi, ces riches n’apparaissent pas dans les statistiques fiscales des particuliers mais dans celles des compagnies, comme c’est le cas de nombreux médecins, avocats, entrepreneurs, rentiers, etc. Monsieur Desrosiers, des excuses sincères adressées à vos lecteurs seraient de mises.
Rapprocher les impôts payés au PIB est une farce grotesque
Le fiscaliste aimé du patronat (parce qu’il pense comme lui et milite pour les mêmes politiques fiscales que lui) Luc Godbout aime bien pour nous prouver (faussement) ses théories du riche surtaxé rapprocher les impôts payés au Québec au produit intérieur brut (PIB), ce qui est ridicule. Monsieur Desrosiers, on paie l’impôt sur le «revenu» et non sur le «PIB». Il serait si simple, si on voulait vraiment être honnête, de prendre le revenu économique et même fiscal d’un Québécois quelconque, d’un Français, d’un Américain, d’un Italien, etc. et de calculer et nous montrer les impôts sur le revenu qu’ils paient à l’État et ceux qu’ils paient au privé pour les nombreux services publics privatisés (comme ceux aux States) tels que la santé, l’éducation, les garderies. Aie, payer pour notre santé publique au gouvernement est un impôt mais pas pour les primes versées au privé par les Américains qui ont un système de santé privé. Oui, ils ont moins d’impôt à payer à l’État mais plus au privé pour leurs études, leurs garderies, leur eau, etc. Ah oui, payer pour le RRQ au gouvernement est un impôt mais pas pour les primes payées aux assureurs privés dans les pays qui n’ont pas de régime de retraite gouvernemental comme ici au pays et au Québec.
Mes amis, je m’excuse, mais je dois, faute d’espace, m’arrêter ici mais soyez assurés que je vais y revenir afin de contrer les faussetés et les mensonges fiscaux avancés par les experts mystificateurs qui sont dans les faits des gens qui défendent leur propre intérêt égoïste ou celui de leurs commanditaires.