
L’ex-banquier devenue superministre : ça lui a monté à la tête
François Legault aime bien les gens d’affaires, en étant lui-même un. De ce fait, il apprécie beaucoup l’ancien banquier de la Banque Nationale, Pierre Fitzgibbon, celui qui se targue de connaître et d’avoir beaucoup d’amis importants qu’il gâte avec des fonds publics même si ça frôle la corruption et le conflit d’intérêt. Fitz est condescendant mais il n’est pas ingrat pour les copains. Et monsieur Fitzgibbon est doté d’une éthique élastique : «La commissaire à l’éthique ouvre une 5e enquête sur Pierre Fitzgibbon» (Le Journal de Montréal, 28 octobre 2022). François Legault ne prend pas au sérieux les remontrances de la commissaire à l’éthique, madame Ariane Mignolet, puisqu’il vient de faire de Fitz un superministre ajoutant l’Énergie à son poste de ministre de l’Économie. Les principes moraux douteux de Fitz jumelés à a gang d’amis et de partenaires en affaires en fait une personne dangereuse puisque le monsieur, aussi le grand patron d’Investissement Québec, gère et décide de l’utilisation de milliards de dollars de notre argent.
Fitz est narcissique et insultant
Dans son excellent texte du 27 octobre 2022, le chroniqueur politique Michel David du Devoir décrit très bien la véritable nature du ministre orgueilleux. Monsieur ne tolère pas que l’on ne partage pas son opinion : il a toujours raison. Dans un différend avec l’actuelle présidente d’Hydro-Québec, madame Sophie Brochu, celle qui donne pour l’entreprise de son conjoint des cours sur la confiance en soi et la réussite (tellement quétaine), monsieur Fiztgibbon, le prétentieux, a dit que madame Brochu n’est pas d’accord avec lui parce qu’elle ne «comprend pas» la complexité du problème de la création de la richesse au Québec qui ne doit pas, selon lui, se limiter à la simple rentabilité d’Hydro-Québec. Heureusement, il y a de l’espoir. Quand il lui exposera l’ensemble de son œuvre de création de richesse, madame Brochu comprendra et alors se ralliera à son point de vue. Comme le dit si bien Michel David : «L’Idée que madame Brochu puisse ne pas partager son opinion en toute connaissance de cause ne semble pas lui avoir effleuré l’esprit». Imbu de sa petite personne, vous dites…
Il se défoule sur la députée de Québec solidaire
En 2021, il a aussi apostrophé la députée de Québec soliadaure dans Mercier, madame Ruba Ghazal (celle qui a pris la relève du formidable Amir Khadir) qui avait osé lui reprocher de ne pas respecter les critères officiels d’admissibilité à l’aide gouvernementale dans l’octroi de subventions et de participations dans des entreprises, surtout dans celles dont il est lié directement ou indirectement. Outré, il avait alors répliqué à madame Ghazal qu’elle ne comprenait pas comment le système (sic) fonctionne et lui avait dit de faire correctement ses devoirs. Pourtant, madame Ghazal ne faisait que reprendre les constats de la vérificatrice générale du Québec, madame Guylaine Leclerc, à qui Fitz ne peut reprocher de ne pas connaître les tenants et aboutissants de l’appareil gouvernemental ou le «système» comme il l’appelle : «Me faire poser des questions de 45 secondes à l’assemblée nationale par des gens qui ne savant pas de quoi ils parlent, ça m’indispose qu’il avait déclaré dans une entrevue au journal de Montréal». Mais pour qui se prend-il? Par contre, monsieur Fitzgibbon n’a rien à redire des questions faciles de certains journalistes qui comprennent vite car ils ne «challengent» aucunement le superministre. Des gens biens, quoi!
Il ne faut surtout pas s’en faire même si…
En 2021, Fitz a embauché son ami personnel, Guy Leblanc, comme patron d’Investissement Québec à 1,1 million$ l’an, soit le double de ce que gagnait son prédécesseur. Pour recruter les meilleurs, il faut bien les rémunérer qu’avait dit Fitz. Propos pas tellement gentils pour l’ancien p.d.g. d’Investissement Québec et des autres hauts fonctionnaires : «Fitzgibbon défend la rémunération de 1,1M$ du PDG d’Investissement Québec (son ami)» (Le Journal de Montréal, 17 mars 2021).
Il faut faire confiance en tout temps à Fitz, même si : «Québec (CAQ) a investi 50M$ en catimini (sic) dans une entreprise (LMPG) proche de Fitzgibbon» (Le Journal de Montréal, 24 octobre 2022). Il y a aussi celle-ci : «100 millions pour Polycor (encore liée à Fitz) après un coup de fil à Fitzgibbon» (Le Devoir, 5 mai 2022). À ce moment, Bernard Drainville, alors animateur à la radio de Cogeco (FM 98,5) avait tenu des propos cinglants quant au comportement singulier du superministre caquiste : «Pierre Fitzgibbon a été une désinvolture renversante. Il n’écoute rien. T’es en politique, bonhomme, il y a des règles à respecter. Si tu ne veux pas les respecter, retourne chez vous» (Le Devoir, 9 juin 2022). La girouette à Bernard Drainville a chané d’opinion sur Fitz maintenant qu’il vient d’être élu et nommé ministre caquiste de l’éducation. Drainville pas mieux que Fitzgibbon.
Les smattes qui disent que les gens ne comprennent rien
Monsieur Fitzgibbon a au moins le mérite de dire tout haut ce qu’il pense vraiment à l’effet qu’il a une influence supérieure à la populace qu’il méprise et à ceux qui ne pensent pas comme lui, et pire encore, à ceux qui le critiquent ouvertement. Ses répliques relèvent de l’insulte mais il n’est malheureusement pas le seul dirigeant politique à agir de la sorte. D’autres sont plus hypocrites mais tout aussi méprisants. Prenons le cas de Jean Charest qui, en 2003, affirmait que la population ne comprenait pas le bien-fondé de ses politiques de coupures dans les services publics et de la tarification de ceux qui resteront en place; de les privatisations de programmes sociaux; de la sous-traitance; des baisses d’impôts aux entreprises; etc. : «Charest tentera de se faire mieux comprendre des Québécois (car on avait rien compris. Trop compliqué pour les morons que nous sommes)» (Le Devoir, 20 janvier 2004). Aie, Jean Charest qui va nous expliquer… La population a toujours bien compris la portée des mesures d’austérité de Charest et de Couillard qu’elle s’est fait imposer même après leurs savantes explications calquées sur celles du patronat.
Nathalie Normandeau : plus démagogue que pédagogue
Vous allez rire de celle-ci. En 2010, alors qu’encore une fois la population se soulevait contre les politiques néolibérales des libéraux au pouvoir au Québec, il y a la scintillante ministre libérale Nathalie Normandeau, autant portée sur l’éthique que le caquuiste Fitzgibbon, qui avait elle aussi dit que la populace ne comprenant pas : «Nathalie Normandeau mise sur la pédagogie (de leurs firmes de relations publiques, de leurs universitaires, de leurs chroniqueurs et animateurs du patronat)» (La Presse, 12 avril 2010). Vouloir faire preuve de «pédagogie» signifie que l’on ne comprenait pas. Que l’on comprenne ou pas importe peu pour nos élus de pays démocratiques : ils vont appliquer et imposer leurs mesures sur ordre de la caste dominante. Mais la meilleure preuve de l’à-propos de mes affirmations est celle-ci : «Couillard promet un dialogue social avant les compressions» (La Presse, 30 avril 2014). En démocratie véritable, on doit dialoguer avant et pas sur les compressions déjà votées et appliquées. Dans ce cas, à quoi sert le dialogue social, sinon d’essayer de nous remplir comme des valises afin de nous soumettre et de nous résigner?
Mes amis, pour des lumières comme Fitz, Charest, Couillard, Normandeau et cie, la vie n’est pas toujours facile : «Écoles publiques. Quand être doué ne rend pas les choses plus faciles» (Le Devoir, 5 octobre 2019). En passant, Fitz devrait suivre l’exemple de cet hockeyeur : «Jonatha Huberdeau s’engage à faire don de son cerveau» (Le Devoir, 16 août 2022). Je propose de nationaliser le cerveau de Fitz.