
Serres : des infopublicités et des publireportages à la tonne
Pour vous remplir la cervelle et amener votre adhésion inconditionnelles, rien de mieux pour nos affairistes, leurs lobbyistes et leurs politiciens de se payer des reportages dans leurs médias, comme l’avait si bien dit l’ancien président de la Banque Nationale, monsieur André Bérard : «Bérard invite les gens d’affaires à acheter des articles dans les jauneaux (et de reportages à la télé et à la radio)x (Le Soleil, 13 novembre 1997), Oui on est en droit alors de parler de médias corrompus au pays.
Ça ne prend pas une grosse lumière afin de constater que ces quatre récents articles publiés dans Le Journal de Montréal, Radio-Canada et Le Devoir n’ont aucune valeur journalistique et informative. Aucun sens critique. Des articles qui ont donné strictement la parole à l’aimable président des Producteur en serre du Québec (un gros et puissant syndicat patronal), monsieur André Mousseau, et ses adeptes commandités qui ont fait valoir les avantages gonflés à bloc de leurs serres pour les Québécois sans que les prétendus journalistes ne soulèvent aucune critique ou objections. Des journalistes qui se sont comportés comme des relationnistes et qui n’ont pas demandé les études sérieuses supportant leurs prétentions; n’ont jamais mentionné les tarifs d’électricité bonbons accordés aux serres; les généreuses subventions gouvernementales versés en argent comptant; et les coûts totaux pour les Québécois de ces cadeaux octroyés à ces dits entrepreneurs. Et puis, la supposée autonomie alimentaire est avancée et voulue par qui? Jamais cela a été la priorité de la population de devenir autosuffisant en matière de production de fraises et de cannabis. Ne serait-il pas préférable de plutôt assurer notre autonomie au niveau des médicaments et des services médicaux public pour lesquels il y a de vraies pénuries et de véritables problèmes d’accessibilité qui perdurent en permanance? Les fruits et les légumes produits ici au Québec dans nos serres privées très subventionnées coûteront-ils moins chers en épicerie que ceux importés disons du Mexique qui doit encourir d’énormes frais de transport? Les journalistes affranchis n’ont jamais osé aborder ces sujets importants avec leurs invités de peur de les irriter. Ben non, les fruits et légumes cultivés ici dans nos serres financées avec notre argent ne coûteront pas moins chers que ceux importés car c’est le cartel des détaillants qui fixent les prix : IGA, Métro et Provigo-Loblaw. Pour notre autonomie, un vrai gouvernement au service du peuple s’attaquerait à ce cartel alimentaire privé qui impose ses prix et nous tient en otage. Hélas, nos élus manquent de courage et d’indépendance.
Les lobbyistes c’est comme la corruption légalisée
Les lobbyistes en Occident sont présents partout et en très grand nombre afin de faire avancer et accepter leurs causes. Allô démocratie. Afin de mieux fraterniser avec les ministres, les lobbyistes sont d’anciens élus qui connaissent à fond la machine. Disons que ça aide. Ce n’est pas d’hier que les lobbyistes des serriculteurs sont à l’œuvre comme le démontre cet article publié dans La Presse du 23 décembre 2000 : «Les producteurs en serre crient famine». Quel titre touchant pour un article de journal supposément indépendant et objectif. Puis, poursuivant leur combat, les serriculteurs ont bénéficié d’une couverture médiatique continuelle et favorable de nos organes de presse comme cet article du 1er septembre 2012 retransmis dans Le Devoir : «Les producteurs en serre veulent de meilleurs tarifs d’électricité. L’économie réalisée permettrait d’améliorer la compétitivité (avec qui?), stimulerait l’achat local (même si c’est plus cher) ainsi que la création d’emploi (des saisonniers peu payés en pleine période de pseudo-pénurie de travailleurs. Bah, on exigera de faire venir des travailleurs étrangers pour combler ces postes). Dans les serres, on est loin des jobs à 100 000$ l’an, comme Legault les aime. Le problème de la population est qu’elle ne peut se payer des lobbyistes, comme le font les GAFAM, Vidéotron, Bekk, pétrolières, les banques, les minières, etc. Dans le cas des serriculteurs, les élus ont entendu leur appel de désespoir et accédé à leurs demandes sans faire aucune étude sérieuse et sans consulter la population. En 2013, Hydro leur accordait alors un tarifs réduit : «Les producteurs en serre choyés» (Le Journal de Québec, 6 novembre 2013). Pendant ce temps, les tarifs d’électricité pour les Québécois ordinaires augmentaient et le gouvernement leur demandait en plus de ménager l’électricité afin de la réserver aux serres, aux centres de données, au Massachussetts, à New York, etc.
Et d’autres rabais s’ensuivent
Bonne nouovelle pour les serres. Encore une réduction consentie en 2021 pour la CAQ : «Agriculture. Bientôt un rabais (additionnel) de 40% sur la facture d’électricité des serres» (Le Jouornal de Montréal, 24 novembre 2020). Il faut ajouter à ces tarifs bonbons les millions de dollars versés en subvention par le gouvernement afin de financer la construction des serres souvent bâties sur de bonnes terres agricoles. Tout ce vaudeville pathétique de la supposée autonomie alimentaire est une farce grotesque véhiculée et alimentée par nos médias, les promoteurs, qui seuls en bénéficieront, et leurs politiciens. Pour les Québécois ça représente une perte. Mais les serres, comme les Centres de données, l’exportation d’électricité aux États-Unis et la hausse des tarifs résidentiels accroissent le produit intérieur brut (PIB) du Québec et donnent l’impression que la province s’enrichit plus vite que l’Ontario. Chimère hérétique est l’obsession du caquiste François Legault. La prétention que la hausse du PIB enrichit la population est un leurre.
Bon, voici un publireportage comique qui va vous faire rire
Commençons par celui du Journal de Montréal publié le 9 janvier 2023 sous la plume de la jovialiste journaliste Valérie Lesage. Le titre de l’infopublicité : «Enfin des fruits et légumes de chez nous (comme si on en avait jamais produits)». Valérie ne s’est pas cassée la tête et n’a rien fait de compliqué. Pour simplifier et manipuler les faits; pour rendre l’histoire plus emballante; et pour que les Québécois scandent tous en chœur «enfin maîtres chez nous grâce aux serres», Valérie Lesage a interviewé et placoté qu’avec des serriculteurs et surtout avec le sympathique André Mousseau, président de l’association des producteurs en serre du Québec. Bravo pour votre papier, Valérie, et votre sens critique, à ne pas poser de questions embarrassantes.
Radio-Canada se met aussi de la partie
Puis, ne voulant pas être en reste et pour avoir droit à sa part du gâteau, le 3 janvier 2023, Radio-Canada est entrée dans la parade médiatique en publiant un long publireportage consacré entièrement à André Mousseau, qui a pu déballer en toute tranquillité sa cassette grâce à l’oreille attentive de la journaliste Marika Wheeler et de sa plume bienveillante. Le titre du truc publicitaire fut : «Le Québec autosuffisant à 50% (bravo!) pour les fruits et légumes (et pour le cannabis en serre, Marika, c’est combien?)». Allez, les amis, soyez solidaires et ayez un esprit patriotique et acceptez que vos tarifs d’électricité augmentent afin d’accorder d’autres rabais à nos serres québécoises : il faut dépasser le 50% d’autosuffisance alimentaire afin de se rendre à 100% et même davantage, ce qui nous permettrait d’exporter nos fruits et légumes au Mexique, aux États-Unis et pourquoi pas en France.
Les 2 derniers publireportages, mes préférés, reviennent à mon Devoir chéri
Vous allez dire que je suis prétentieux et que je veux faire mon intello, mais moi, oui, moi-même en personne, j’aime beaucoup Le Devoir et le remercie pour nous inonder d’information objective et songée, comme sa couverture médiatique consacrée quotidiennement au conflit en Ukraine. Allez, Québécois : debout et soyez fiers de l’être. Et pour vous aider dans votre recherche d’amour de soi, je vous en prie, lisez ces deux affaires et bidules journalistique publicitaires publiés dans le très honorable Devoir du 14 décembre 2022 sous le titre de : «Agriculture. Des fraises quatre saisons (pas trois mais bien quatre) au Québec dès 2024 (hourra)». Quand ce jour viendra, on devrait le déclarer congé férié où tous les Québécois mangeraient leur sandwich, leur poutine et leur bouillie de fraises au Québec. Mais ma préférée de toutes reste celle rédigée par le perspicace journaliste du Devoir, Alexis Riopel, publiée le 16 mai 2022. Montage publicitaire consacré encore une fois à André Mousseau avec, en prime, une grosse photo du monsieur pdg des serres du Québec. Soyons fiers de nos médias qui savent élever la barre journalistique en tout temps et en tout. On a rien à envier à Courrier international, au Monde diplomatique, à Marianne, à Médiapart, à Nord-Sud en France. Allez, chantez avec moi : «Ah les fraises et les framboises, du bon…».